4e armée blindée (Union soviétique)

La 4e armée blindée (en russe : 4-я танковая армия, parfois traduit « 4e armée de tanks »), renommé en 4e armée blindée de la Garde (en russe : 4-я гвардейская танковая армия), était une grande unité de l'Armée rouge durant la Grande Guerre patriotique (la Seconde Guerre mondiale).

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4e armée blindée, puis
4e armée blindée de la Garde

Char léger BA-10 en 1942.

Création juillet 1942
Dissolution 1960
Pays Union soviétique
Allégeance Armée rouge,
puis Armée soviétique
Branche Armée de terre
Type troupes blindées et mécanisées
Rôle exploitation dans la profondeur
Guerres Grande Guerre patriotique
Batailles boucle du Don
opération Koutouzov
offensive Dniepr-Carpates
offensive Lvov-Sandomir
offensive de Sandomir-Silésie
offensive de Haute-Silésie
offensive Prague
Commandant Vassili Kryuchenkin (en)
Pavel Batov (en)
Vassili Badanov (en)
Dmitri Leliouchenko

Grande Guerre patriotique

Première formation

La 4e armée blindée a été formée une première fois le par la directive de la Stavka numéro 994 124 du sur la base des unités de commandement et de soutien de la 28e armée avec les 22e et 23e corps blindés[1].

Selon la doctrine militaire des opérations en profondeur prônée par l'Armée rouge (théorisée par Triandafillov et Toukhatchevski), une armée blindée (Танковая армия, abrégée en TA) est destinée à être engagée après une percée effectuée par une autre armée combinée (composée d'infanterie largement soutenue par des divisions d'artillerie et des brigades de tanks d'accompagnement) ; le rôle de l'armée blindée étaient de servir d'« échelon de frappe opérative » en s'enfonçant le plus loin possible en territoire adverse (jusqu'à 150 à 400 km), si possible ses corps d'armée avançant en parallèle, pour déstructurer tout le système ennemi[2]. Les deux (3e et 5e dès mai-) puis six armées blindées furent les fers de lance des principales offensives soviétiques de la seconde partie de la Grande Guerre patriotique.

Le , alors qu'elle est encore en cours de constitution, manquant d'artillerie, de munitions, de radios et d'officiers[3], la 4e armée blindée est lancée dans une contre-attaque du front de Stalingrad contre la 6e armée allemande lors de son avancée dans la boucle du Don vers la ville de Stalingrad. Lors de ces prémices de la bataille de Stalingrad, elle tente avec la 1er armée blindée de couper les éléments de pointe de la VI. Armee qui avance vers Kalatch. Mal préparée, dépourvue de couverture aérienne et mal synchronisée, l'attaque échoue et la 4e armée doit se replier avant d'être en grande partie encerclée et détruite le dans la boucle du Don aux alentours de Kremskaïa[pas clair].

Le , une partie des restes de la 4e armée blindée est encerclée par les XXIV. Panzerkorps et XIV. Panzerkorps sur la rive occidentale du Don, au sud de Sirotinskaia ; la poche est liquidée peu après[4]. Le , la 4e armée blindée est dissoute, ses unités non mécanisées participant à la formation de la 65e armée.

Seconde formation

La 4e armée blindée a été reformée le par ordre du commandement suprême no 46194 du , regroupant les 11e et 30e corps blindés, le 6e corps mécanisé de la Garde, un régiment de motocyclistes, un régiment de canons automoteurs, du génie, des transmissions[5], etc.

Le elle est intégrée au front de l'Ouest, puis réaffectée le au front de Briansk, au sein duquel elle participe à l'opération Koutouzov contre le saillant d'Orel. Le , la 4e armée blindée est versée dans les réserves de la Stavka, et le elle est affectée au premier front d'Ukraine. Au début de 1944, elle participe à l'offensive Dniepr-Carpates, qui achève la reconquête du sud-ouest de l'Ukraine.

En , les 1re armée blindée de la Garde, 3e armée blindée de la Garde et 4e armée blindée sont regroupées en Ukraine occidentale et affectées au premier front ukrainien d'Ivan Koniev pour être utilisées dans le cadre de l'offensive Lvov-Sandomir contre le groupe d'armées Ukraine du Nord allemand. Une des deux percées initiales est confiée aux 60e et 38e armées entre Brody et Ternopol sur un front d'attaque étroit (14 km)[6]. Le , malgré une préparation d'artillerie très concentrée, l'assaut de l'infanterie ne débouche pas, contre-attaqué dès le par les 1re panzerdivision et 8e panzerdivision et 14e division SS Galicie, l'adversaire étant arrêté grâce à un soutien aérien massif (le front dispose de 3 246 chasseurs et bombardiers). Le , l'échelon d'exploitation que représentent les 387 blindés (chars de combat et canons automoteurs)[7] de la 4e armée blindée est engagé dans le secteur d'attaque de la 60e armée[8], sans percer mais repoussant les troupes allemandes au-delà de Zolotchev, puis de Peremychliany le 22 et de Nikolaïev le 23. La 4e armée blindée ne réussit pas à fermer l'encerclement de Lvov par le sud. Lvov est finalement évacuée par les Allemands le 27[9]. La 4e armée blindée marche ensuite par Drogobytch jusqu'aux pieds des Carpates, puis rejoint les rives de la Vistule, passant dans la tête de pont de la rive gauche le [10]. La premier front ukrainien passe alors sur la défensive, en attendant son rééquipement et le rétablissement de sa logistique. Pour l'opération Lvov-Sandomir, la 4e armée blindée a avancé de 340 km à travers les lignes allemandes[11].

L'armée entre dans la tête de pont de Sandomir, où s'entassent aussi la 3e armée de la Garde, les 5e et 13e armées ainsi que les 1re et 3e armées blindées de la Garde. Pendant l'été 1944, l'armée est immobilisée six jours sur les 16 jours de l’offensive par manque de gazole (malgré l’usage en remplacement d’un mélange kérosène de chauffage avec de l'essence le tout pris aux Allemands, parfois avec de la vodka)[12].

En 1945, la 4e armée blindée participe aux opérations en Haute-Silésie.

4e armée blindée de la Garde

Le , la 4e armée blindée devient la 4e armée blindée de la Garde.

Elle participe à la bataille de Berlin. Puis elle est envoyée d'urgence pour participer à l'opérations de Haute-Silésie, pour contrer l'opération Gemse qui visait à briser le siège de Breslau. Enfin elle participe à l'Offensive Prague.

Notes et références

  1. (en) David Glantz et Jonathan M. House, When Titans Clashed : How the Red Army Stopped Hitler, Lawrence, University Press of Kansas, , 557 p. (ISBN 978-0-7006-2120-0).
  2. Jean Lopez, « Armée de tanks soviétique : l'autre solution », dans Infographie de la Seconde Guerre mondiale, Paris, Perrin, (ISBN 978-2-262-06825-7), p. 56-59.
  3. Jean Lopez, Stalingrad : la bataille au bord du gouffre, Paris, Economica, coll. « campagnes & stratégies » (no 68), (réimpr. 2017), 485 p. (ISBN 978-2-7178-5638-5), p. 157.
  4. Lopez 2008, p. 162-163.
  5. (en) Walter Scott Dunn Jr. (préf. David Glantz), Hitler's Nemesis : The Red Army, 1930-45, Mechanicsburg, Stackpole Books, , 249 p. (ISBN 978-0-8117-3543-8), p. 96.
  6. Jean Lopez, Opération Bagration : La revanche de Staline (été 1944), Paris, Economica, coll. « Campagnes & stratégies » (no 110), , 409 p. (ISBN 978-2-7178-6675-9), p. 300.
  7. Lopez 2014, p. 302.
  8. Lopez 2014, p. 310.
  9. Lopez 2014, p. 316.
  10. Lopez 2014, p. 320.
  11. La distance de 340 km correspond au trajet Ozernaïa, Peremychliany, Nikolaïev, Drogobytch jusqu'à Baranov.
  12. Jean Lopez, Berlin : Les offensives géantes de l'Armée Rouge, Vistule-Oder-Elbe (12 janvier-9 mai 1945), Paris, Economica, coll. « Campagnes & stratégies » (no 80), , 644 p. (ISBN 978-2-7178-5783-2), p. 135.

Voir aussi

Bibliographie

  • (ru) Владимир Оттович Дайнес [Vladimir Daĭnes], Советские танковые армии в бою [« Les armées blindées soviétiques dans la bataille »], Moscou, Яуза/Эксмо, , 797 p. (ISBN 978-5-699-41329-4).

Articles connexes

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