État stationnaire (économie)

L'état stationnaire, en économie, désigne un système économique dont les activités sont relativement stables, ne favorisant ainsi ni la croissance ni la décroissance de celle-ci. L'état stationnaire est ainsi un état de stagnation.

Les ressources naturelles traversent l'économie et finissent comme des déchets et de la pollution.

Historique

Avant les Classiques

La question de la finitude de la croissance économique est abordée par de nombreux économistes dès le XVIIIe siècle. Cette réflexion s'accompagne d'une analyse des facteurs de production nécessaires à la croissance.

Adam Smith et les ressources de la croissance

Adam Smith aborde le sujet d'une limitation supérieure à la croissance dans ses Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations[1].

Thomas Malthus et les limites des récoltes

Thomas Malthus soutient la loi des rendements décroissants, c'est-à-dire que les terres pourront nourrir de moins en moins de personnes, alors que la demande, elle, augmentera de manière croissante avec l'accroissement démographique. Les prix des denrées alimentaires augmentant, le prix du travail (le salaire) augmente aussi ; les profits diminuent, et donc les investissements des entreprises décroissent. Ainsi, l'économie tend vers une stagnation de long terme[2].

David Ricardo et les limites de la rente

David Ricardo reprend l'idée de Malthus et introduit le concept d'état stationnaire[3]. Pessimiste, il souligne le rôle de la limitation des récoltes dans le retour régulier d'une économie à son état stationnaire. Ricardo soutient que la rente, injustement prélevée par les propriétaires, conduit les entrepreneurs à augmenter les salaires, entraînant une baisse des profits et des investissements, et donc, de la croissance[2].

John Stuart Mill et l'ère stable de la richesse

John Stuart Mill soutient que les progrès économiques permettront d'atteindre un état stationnaire de richesse généralisée[4]. Un des chapitres de son magnum opus s'appelle « De l'état stationnaire », où il écrit : « Quelle est la limite ultime vers laquelle le progrès industriel pousse la société ? Quand le progrès s'arrêtera, dans quelle situation pouvons-nous compter qu'il laissera l'humanité ? Les spécialistes d'économie politique ont certainement dû voir, plus ou moins distinctement, que l'augmentation de la richesse n'est pas sans limite »[5].

Le rapport Meadows et la finitude des ressources naturelles

En 1972, le Rapport Meadows, rédigé par des scientifiques du Massachusetts Institute of Technology, montre que la finitude des ressources de la planète rend impossible une croissance infinie. Dès lors, la meilleure situation atteignable par les économies du monde est celle d'un état stationnaire permanent[6]. Certains observateurs ont souligné l'héritage du malthusianisme dans les conclusions du rapport, c'est-à-dire la mise en lumière de l'impossibilité pour les ressources naturelles de se régénérer aussi vite que la croissance économique, poussée par la démographie, l'exige[7].

Concept

Le concept d'état stationnaire renvoie à la possibilité pour un système économique à atteindre, sur le long terme, un équilibre qui ne permette ni croissance, ni décroissance. En macroéconomie, le PIB est défini comme , où le PIB (Y) est égal aux connaissances techniques (A), qui elles-mêmes sont fonction (F) de la quantité de travail (L), du capital (K), du capital humain (H) et des ressources naturelles (N).

En théorisant sur l'évolution de cette variable dans le temps, des modèles économiques sont arrivés à la conclusion que le niveau de croissance économique ou de « création de valeur » allait finir par stagner.

Modèles explicatifs

Modèle de Solow-Swan

Le premier modèle grand modèle explicatif de la croissance fut un modèle de croissance exogène. Proposé par Robert Solow et Trevor Swan, le modèle de Solow met en lumière l'inévitabilité d'un état stationnaire de long terme pour toutes les économies. La démonstration de Solow et de Swan se fonde sur plusieurs mécanismes.

Selon eux, en effet, une économie atteint un état stationnaire sur le long terme dès lors que l'on postule que la productivité des facteurs de production (égale à , soit le rapport entre la création de valeur et la quantité d'heure de travail dépensée pour la produire) est décroissante. En effet, à très long terme, le stock de capital (K) utile à la production de richesse finit par se stabiliser en raison du phénomène de capacité porteuse ; seulement, l'augmentation du stock de capital entraîne une hausse du niveau d'amortissement, si bien que le montant de l'investissement nécessaire pour amortir ce stock de capital augmente lui aussi. Par conséquent, le stock de capital se stabiliserait et l'économie atteindrait un état d'équilibre appelé « état stationnaire ».

Notes et références

  1. Giovanni Arrighi, Adam Smith à Pékin: Les promesses de la voie chinoise - Essais - documents, Max Milo, (ISBN 978-2-315-00152-1, lire en ligne)
  2. Lahsen Abdelmalki et Patrick Mundler, Économie de l'environnement et du développement durable, De Boeck Supérieur, (ISBN 978-2-8041-3132-6, lire en ligne)
  3. Jean-Claude Drouin, Les Grands Économistes, Paris, PUF, , 118 p. (ISBN 978-2-13-057747-8)
  4. Philippe Guilhaume, La France somnambule, France-Empire, (ISBN 978-2-7048-0422-1, lire en ligne)
  5. Tomas Sedlacek et Vaclav Havel, L'économie du bien et du mal: La quête du sens économique, Editions Eyrolles, (ISBN 978-2-212-21415-4, lire en ligne)
  6. Bernard Schwengler, Problèmes économiques contemporains, De Boeck Superieur, (ISBN 978-2-8073-0769-8, lire en ligne)
  7. Philippe Guilhaume, La France somnambule, France-Empire, (ISBN 978-2-7048-0422-1, lire en ligne)

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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