Élie Bloncourt

Élie Bloncourt, né le à Basse-Terre (Guadeloupe) et mort le à Antony[1], est un homme politique et résistant français.

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Élie Bloncourt
Fonctions
Député de l'Aisne

(7 mois et 20 jours)
Élection
Législature Ire Assemblée constituante
(IVe République)
Groupe politique SFIO

(4 ans, 1 mois et 8 jours)
Élection
Circonscription 2e circonscription de Laon
Législature XVIe (IIIe République)
Groupe politique SFIO
Prédécesseur Marc Lengrand
Successeur Suppression de la circonscription
Conseiller général de l'Aisne
Élu dans le canton de La Fère

(6 ans et 13 jours)
Successeur Henri Pruvot
Prédécesseur Marc Lengrand
Biographie
Nom de naissance Élie Clainville Marie Edmond Juste Bloncourt
Date de naissance
Lieu de naissance Basse-Terre (Guadeloupe)
Date de décès
Lieu de décès Antony (Hauts-de-Seine)
Nationalité Française
Parti politique SFIO puis MSUD puis
PSU puis UGS puis PS

Famille et jeunesse en Guadeloupe

Élève boursier, Elie Bloncourt obtient son baccalauréat en 1913 au lycée Carnot de Pointe-à-Pitre mais doit arrêter ses études à la mort de sa mère, qui l'élevait seule avec ses cinq frères et sœurs. Elie Bloncourt est un petit-neveu de Melvil-Bloncourt, communard et député de Guadeloupe de 1871 à 1874. Son frère, Max, dit Max Clainville ou Max Clainville-Bloncourt, militant communiste, avocat, actif au sein de la Ligue des Droits de l'Homme, sera un collaborateur et ami proche d'Ho-Chi-Minh, Les deux fils de leur troisième frère, nés en Haïti, seront aussi des militants : Gérald Bloncourt, artiste peintre et photographe, sera responsable politique du service photo de L'Humanité ; Tony Bloncourt, résistant au sein des "bataillons de jeunesse", sera fusillé au Mont-Valérien en .

Invalide de guerre 1914-1918

Il est mobilisé en 1915, à la suite des lois sur la conscription coloniale (il est métis[2]), et combat dans les Dardanelles, à Salonique et en Macédoine ottomane. Il profite d'une permission pour se marier en Guadeloupe en 1917 mais repart pour la région de Verdun sans attendre la naissance de son fils. Il combat ensuite dans le département de l’Aisne, au sein de la division Marchand. Blessé au visage en , il perd définitivement la vue et il est laissé pour mort sur le champ de bataille, finissant la guerre dans un hôpital allemand.

Vie professionnelle et politique dans l'entre-deux-guerres

Rendu à la vie civile, il s’installe en métropole avec sa femme et son fils, apprend le braille et la dactylographie et s’inscrit à la Sorbonne où il obtient une licence de philosophie en 1921. Devenu professeur, il s'installe à La Fère, entre Laon et Saint-Quentin. À partir de 1934, il représente son canton d’adoption au conseil d’arrondissement de Laon et au conseil général de l’Aisne, puis est élu député aux législatives de 1936.

Résistant 1940-1945

Absent de l'Assemblée nationale, lors du vote des pleins pouvoir au Maréchal Pétain en 1940, il intègre rapidement la Résistance et devient président de la SFIO pour la zone occupée. Il contribue à la mise en place du Groupe Libération-Nord, dont il est un des premiers responsables pour le département de l’Aisne. Il organise ensuite le réseau Brutus chargé de surveiller les mouvements de la Wehrmacht. En 1944, le Conseil national de la Résistance le désigne pour diriger le Comité de Libération de l’Aisne. Au cours de la libération de Paris, il investit les bureaux de la rue Oudinot au nom du Gouvernement provisoire de la République française, puis, à Laon, prend officiellement possession de la préfecture le .

Militantisme politique après la Libération

Après la Libération, Élie Bloncourt reprend ses fonctions de professeur de philosophie au lycée Charlemagne. Réélu député de l’Aisne en 1945 aux côtés de son ami Jean Pierre-Bloch, il siège à la commission des territoires d’Outre-Mer. À l’instar de son frère Max Clainville-Bloncourt[3], Élie Bloncourt revendique un socialisme sans concession. Déçu de l’évolution de la SFIO, il se montre hostile aux tendances modérées de Léon Blum et Daniel Mayer. En 1947, mécontent de la rupture socialo-communiste, il ne se représente pas aux élections et quitte le parti. Il fonde alors le MSUD (Mouvement socialiste unitaire et démocratique qui deviendra par la suite le Parti socialiste unitaire) et publie La Bataille socialiste. En 1950, il rejoint l'Union progressiste et appartient à la commission exécutive de ce parti[4]. Il adhère en 1955 à l'Union de la gauche socialiste, qui rassemble des chrétiens de gauche, des trotskistes et d’anciens communistes, mais quitte ce mouvement lorsque celui-ci participe à la fondation du Parti socialiste unifié en 1958. En 1971, à l'âge de 75 ans, il rejoint finalement le nouveau Parti socialiste refondé par François Mitterrand au Congrès d'Épinay.

En 1968, il est témoin à décharge au procès des dix-huit nationalistes guadeloupéens déférés devant la Cour de sûreté de l'État à la suite des violents affrontements de .

Distinctions

Bibliographie

  • « Élie Bloncourt », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960
  • Eric Nadaud, "Elie Bloncourt", in Claude Pennetier (dir.), Dictionnaire biographique Mouvement ouvrier Mouvement social, Période 1940-1968, tome 2, Bel-Buy, Les Éditions de l'Atelier, 2006.
  • Eric Nadaud, « Élie Bloncourt (1896-1978), une figure du socialisme de gauche unitaire », revue Parlement(s), octobre-, p. 120-131.
  • Dominique Chathuant, « Élie Bloncourt, député de l’Aisne », in J. Corzani (dir), Dictionnaire encyclopédique Antilles-Guyane, Désormeaux, Fort-de-France, 1992-1998
  • Assemblée nationale, « Elie Bloncourt », sur Assemblee-nationale.fr, Assemblée nationale, sd (consulté le )

Notes et références

  1. Archives en ligne de Paris 5e, année 1978, transcription de l'acte de décès no 173, cote 5D317, vue 23/31
  2. Dominique Chathuant, « L'émergence d'une élite politique noire dans la France du premier 20e siècle ? », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 2009/1 (n° 101), p. 133-147.
  3. Cf. : Oruno D. Lara, Mortenol ou les infortunes de la servitude, p. 518 : XIXe – XXe siècle : 1850-1950, Paris, Editions L'Harmattan, (lire en ligne). (notice BnF no FRBNF37693776)
  4. Éric Nadaud, « Élie Bloncourt (1896-1978), une figure du socialisme de gauche unitaire », Parlement(s) : revue d'histoire politique, no 12, , p. 118-131 (lire en ligne, consulté le ).

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