Léon Blum

Léon Blum /leɔ̃ ˈblum/[n 1], né le à Paris et mort le à Jouy-en-Josas (alors en Seine-et-Oise), est un homme d'État français, figure du socialisme.

Pour les articles homonymes, voir Blum.

Léon Blum

Léon Blum en 1936.
Fonctions
Vice-président du Conseil des ministres

(1 mois et 10 jours)
Avec Pierre-Henri Teitgen
Président Vincent Auriol
Gouvernement André Marie
Président du gouvernement provisoire de la République française
(chef du gouvernement et, de facto, de l'État)

(1 mois et 6 jours)
Président Vincent Auriol
Gouvernement Blum III
Législature Ire (IVe République)
Prédécesseur Georges Bidault
Successeur Paul Ramadier
(président du Conseil)
Ministre des Affaires étrangères

(1 mois et 6 jours)
Président Vincent Auriol
Gouvernement Blum III
Prédécesseur Georges Bidault
Successeur Georges Bidault
Ministre du Trésor

(28 jours)
Président Albert Lebrun
Gouvernement Blum II
Prédécesseur Paul Marchandeau
Successeur Paul Marchandeau
Président du Conseil des ministres

(28 jours)
Président Albert Lebrun
Gouvernement Blum II
Législature XVIe
Coalition Front populaire
(SFIO, RRRS, PC, DVG)
Prédécesseur Camille Chautemps
Successeur Édouard Daladier

(1 an et 25 jours)
Président Albert Lebrun
Gouvernement Blum I
Législature XVIe
Coalition Front populaire
(SFIO, RRRS, PC, DVG)
Prédécesseur Albert Sarraut
Successeur Camille Chautemps
Vice-président du Conseil des ministres

(6 mois et 20 jours)
Président Albert Lebrun
Gouvernement Chautemps III
Député

(11 ans et 5 mois)
Élection (partielle)
Réélection 8 mai 1932
3 mai 1936
Circonscription Aude

(8 ans, 4 mois et 30 jours)
Élection 16 novembre 1919
Réélection 25 mai 1924
Circonscription Seine
Biographie
Nom de naissance André Léon Blum
Date de naissance
Lieu de naissance Paris (France)
Date de décès
Lieu de décès Jouy-en-Josas (France)
Nature du décès Infarctus
Nationalité Française
Parti politique SFIO
Fratrie René Blum
Conjoint Lise Bloch
Thérèse Pereyra
Jeanne Levylier
Profession Écrivain
Haut fonctionnaire
Religion Juif agnostique

Membre du Conseil d'État ainsi qu’écrivain, il devient un dirigeant de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) à l’approche des élections législatives de 1919 et refuse l’année suivante de voter l'adhésion à la Troisième Internationale communiste. Il est président du Conseil de à et de à , puis président du Gouvernement provisoire de la République française de à .

Après la victoire de la coalition du Front populaire aux élections législatives de 1936, il forme un gouvernement comprenant plusieurs femmes. Il conduit d’importantes réformes socialistes (congés payés, réduction du temps de travail, etc.) ; en raison de l’hostilité des radicaux, il ne vient pas militairement en aide aux républicains espagnols, ce qui conduit le Parti communiste à lui retirer son soutien. Il redevient président du Conseil l’année suivante, mais pour seulement un mois.

Lors de l'occupation de la France par les armées du Troisième Reich, il est emprisonné par le régime de Vichy, traduit en justice lors d'une parodie de procès à Riom en 1942, puis déporté à Buchenwald. Libéré en 1945, il devient ensuite président du Gouvernement provisoire de la République française et prépare aux institutions de la IVe République.

Biographie

Origines et formation

Léon Blum est le second fils d'Abraham, dit « Auguste »[1] Blum[n 2], qui tient un commerce prospère de rubans et soieries avec ses frères Henri et Émile, la maison « Blum frères »[1] et de Marie Adèle Alice Picart[n 3], tous deux de religion juive. Mariés le [5],[6] dans le 1er arrondissement de Paris, Auguste et Marie habitent au-dessus du magasin au 243, rue Saint-Denis (2e arrondissement), où André Léon Blum naît le [n 4],[7],[8]. Il a un frère aîné, Lucien, né en 1869, et aura trois cadets : Marcel (1875), Georges (1877) et René (1878)[9].

À partir de 1876, aux côtés de Lucien, il fait une scolarité primaire comme interne dans différentes institutions (pensions Roux, rue d'Aboukir ; pension Pignerol). En 1882, il entre en sixième au lycée Charlemagne et est interne à la pension Kahn (rue des Francs-Bourgeois) ; il fait une brillante scolarité secondaire. En 1888, il part au lycée Henri-IV faire sa classe de Philosophie. Il y rencontre André Gide[10] ; à l'âge de 17 ans, il publie ses premiers poèmes dans une revue créée avec celui-ci. En 1889, il obtient le second prix du concours général de philosophie et est reçu au baccalauréat.

En juillet 1890, il est reçu (23e sur 25) à l'École normale supérieure où il va faire la connaissance du futur bibliothécaire Lucien Herr. Mais il se désintéresse des cours et, ayant échoué aux examens de licence de première année, il est exclu de l'école (). Il poursuit ensuite des études de Lettres à l'université de Paris[11], mais commence aussi des études de droit ; il obtient la licence de droit en 1894[12].

Conseiller d'État

Léon Blum se présente alors au concours du Conseil d'État et est reçu à sa deuxième tentative[10]. Âgé de 23 ans, il est nommé auditeur en décembre 1895[12].

Il va y faire une carrière de près de 25 ans, interrompue seulement par ses fonctions de chef de cabinet du socialiste Marcel Sembat, ministre des Travaux publics, de 1914 à 1916.

Il est commissaire du gouvernement dans des affaires célèbres jugées par le Conseil, comme l'arrêt « Granits porphyroïdes des Vosges » de 1912[13], « Époux Lemonnier » de 1918[14] ou encore « Compagnie générale française de tramways » de 1910[15], qui ont contribué à forger la jurisprudence administrative.

Écrivain et critique littéraire

Léon Blum vu par Félix Vallotton, portrait paru dans La Revue blanche, 1900.

Durant la première partie de sa vie, c'est comme écrivain que Léon Blum souhaite être reconnu. Aussi, parallèlement à sa profession de magistrat au Conseil d’État, il consacre l'essentiel de son activité à l'écriture[16].

Léon Blum, au début du XXe siècle, écrit des critiques de livres et pièces de théâtre. Il participe à la revue Le Banquet, dirigée par Fernand Gregh, où il côtoie notamment Marcel Proust et où il donne ses premières chroniques[16]. À partir de , il collabore durant près de neuf années à La Revue blanche[17], où ses chroniques établissent sa réputation dans le milieu littéraire parisien. L'acteur, metteur en scène et professeur Jean-Laurent Cochet estime, pour sa part, qu'il est « le critique le plus intelligent de son époque ». Il côtoie les auteurs de l'époque (Sacha Guitry, Anna de Noailles, par exemple) et fait partie de la vie parisienne. Il se bat même en duel à l'épée le pour une critique avec Pierre Veber, l'auteur de Une Loge pour Faust ; ce duel fut filmé[18]. Loin des conventions bourgeoises, il se prononce pour la liberté amoureuse avant le mariage dans son ouvrage Du mariage (1907) qui fait scandale[19]. Il est à l'époque l'amant de Thérèse Pereyra qu'il épousera plus tard[n 5].

Ses inclinaisons politiques ne sont pas sans avoir d'effets sur ses critiques littéraires. Ainsi, selon Serge Berstein, « le véritable critère de ses critiques est politique. Il porte aux nues les auteurs dont il lui apparaît que l’argument apporte de l’eau au moulin du socialisme. » Pour cette raison, bien qu'apprécié du public et des lecteurs de périodiques, Léon Blum est également un critique contesté en raison de ses critères de choix[16].

Rapports avec la religion

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Personnellement agnostique, il respectait la religion juive de ses parents, se sentait français et juif, et, par la suite, s'est engagé dans plusieurs mouvements sionistes.

Pour une grande partie de la population juive, Blum était un homme politique comme les autres. Mais une partie de cette population a vu d'un mauvais œil son accession au pouvoir, craignant notamment une poussée de l'antisémitisme.

Blum a très tôt souffert de l'antisémitisme. Il en est victime dès sa jeunesse, en tant que critique littéraire et défenseur de Dreyfus. Pour les antisémites, il incarne le « Juif faible », « efféminé »[19]. En raison de son image de dandy, il fait l'objet de caricatures homophobes parfois « particulièrement obscènes »[20]. L'antisémitisme le frappe de plus belle dès qu'il est élu à la Chambre des députés et où ses discours commencent à remporter un grand succès. Il est la cible de nombreuses attaques dans les quotidiens d'extrême droite. Léon Daudet, par exemple, se déchaîne contre cet « hybride ethnique et hermaphrodite » dans L'Action française du .

Affaire Dreyfus

Léon Blum vers 1914.
Plaque sur l'immeuble du 38 rue Guynemer (6e arrondissement de Paris), où Léon Blum vécut de 1897 à 1908.

C'est à l'occasion de l'affaire Dreyfus que Léon Blum se lance réellement en politique. Longtemps convaincu de la culpabilité de Dreyfus, il est sceptique devant les plaidoyers de Bernard Lazare ou de Michel Bréal dont il pense qu'ils cherchent avant tout à défendre sans preuve un coreligionnaire. Finalement, Lucien Herr réussit à le convaincre qu'Alfred Dreyfus a été injustement condamné[16]. Son rôle dans le déroulement de l'affaire est limité. Le devoir de réserve qui le lie en tant que membre du Conseil d’État ne lui permet d'agir qu'en coulisse, en donnant aux avocats de Dreyfus et de Zola des conseils juridiques[16]. Cet engagement provoque sa rupture avec Maurice Barrès, qu'il considérait jusqu'alors comme son maître en littérature et, surtout, sa rencontre en 1897 avec Jean Jaurès, avec qui il se lie d'amitié[16].

Militant socialiste

Il participe aux côtés de Jaurès à la fondation de L'Humanité en 1904, journal dans lequel il tient la rubrique littéraire[19].

En 1905, au moment de sa création, il adhère à la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO)[16].

Cependant, dès l'été 1905, il quitte L'Humanité, devenu le journal du parti, et ne milite plus guère. Ses activités littéraires reprennent le pas sur ses activités politiques. L'historien Serge Berstein avance que ce retrait est peut-être lié à la déception de voir que la SFIO s’organise autour du marxisme dogmatique et révolutionnaire de Jules Guesde, plutôt qu’autour du socialisme réformiste de Jaurès[16].

Première Guerre mondiale

Il rentre en politique au début de la Première Guerre mondiale : en août 1914, réformé pour cause de myopie, il devient chef de cabinet du socialiste Marcel Sembat dans le cadre du gouvernement d'Union Sacrée. Le conseiller d'État y apprend le quotidien de l'action gouvernementale. Lorsque Sembat démissionne en décembre 1916, Léon Blum reprend ses fonctions au Conseil d'État.

Il a toujours soutenu l'effort de guerre et la politique de l'Union sacrée. Malgré les divisions de la SFIO sur la question de la guerre, Blum est resté convaincu qu'il s'agissait de la bonne option. Toutefois, tout en s'opposant aux pacifistes, il ne s'identifiait pas pour autant à l'aile droite du parti.

Élections législatives de 1919

Léon Blum, élu député de la Seine lors des législatives de 1919.

Ce n'est qu'un peu avant les élections législatives de 1919 que Léon Blum accède au cercle dirigeant de la SFIO. Lors du congrès d'avril 1919, Blum tente de préserver les acquis démocratiques et républicains de Jaurès et d'insuffler aux Socialistes une approche progressive de la révolution dans les domaines sociaux, économiques et politiques[21]. C'est grâce à lui que le parti socialiste conserve une apparence d'unité lors de ces élections. La droite l'emporte néanmoins. Blum est élu pour la première fois député de la Seine ; il démissionne alors du Conseil d'État.

Il devient ensuite secrétaire, puis président du groupe parlementaire socialiste. Député de la Seine de 1919 à 1928 — dans la circonscription Charonne - Père Lachaise de Paris[22] — et de l'Aude de 1929 à 1940, circonscription de Narbonne.

Scission du congrès de Tours

Lors du congrès de Tours de 1920, Blum refusa de suivre la majorité en faveur de l'adhésion à la Troisième Internationale. Il prononça à cette occasion un discours resté célèbre, qu'il conclut ainsi :

« Nous sommes convaincus, jusqu’au fond de nous-mêmes, que, pendant que vous irez courir l’aventure, il faut que quelqu’un reste garder la vieille maison. […] Dans cette heure qui, pour nous tous, est une heure d’anxiété tragique, n’ajoutons pas encore cela à notre douleur et à nos craintes. Sachons nous abstenir des mots qui blessent, qui déchirent, des actes qui lèsent, de tout ce qui serait déchirement fratricide. Je vous dis cela parce que c’est sans doute la dernière fois que je m’adresse à beaucoup d’entre vous et parce qu’il faut pourtant que cela soit dit. Les uns et les autres, même séparés, restons des socialistes ; malgré tout, restons des frères qu’aura séparés une querelle cruelle, mais une querelle de famille, et qu’un foyer commun pourra encore réunir[23]. »

Blum montre une réelle divergence vis-à-vis des idées du bolchevisme. Selon des propos relatés par Jean Lacouture dans la biographie consacrée à Léon Blum, celui-ci aurait dit : « Le bolchevisme s'est détaché du socialisme comme certaines hérésies se sont détachées de religions pour former des religions nouvelles […] C'est parce que le bolchevisme a confondu la prise du pouvoir avec la Révolution, le moyen avec la fin, qu'il oriente toute sa tactique vers cette conquête du pouvoir, sans tenir compte ni du moment, ni des circonstances, ni des conséquences, qu'aujourd'hui encore toute la volonté du gouvernement des Soviets est tendue vers la conservation du pouvoir politique absolu, bien qu'il se sache hors d'état d'en tirer la transformation sociale. »

L. Blum au gymnase Japy, lors du congrès socialiste de 1925.

Alliance avec les radicaux

Après l'épisode du congrès de Tours, Blum n'exclut pas des ententes préélectorales avec les radicaux, la SFIO soutenant d'ailleurs en 1924 le gouvernement radical d'Édouard Herriot sans y participer[24]. La SFIO connut des fortunes électorales variables durant les années 1920, mais ne pâtit pas de la division avec le Parti communiste. Blum est cependant battu aux élections législatives de 1928 dans le département de la Seine par Jacques Duclos et il doit attendre une élection partielle en 1929, à Narbonne, pour retrouver le Parlement grâce à l'appel de la fédération de l'Aude dirigée par Eugène Montel.

Discours de Léon Blum au Congrès socialiste, (photographie agence Meurisse, 1932, Paris, BnF.

Au début des années 1930, la France entra dans la crise économique. C'est aussi à ce moment, après la défaite de la droite parlementaire en 1932, que l'extrême droite prit un nouvel essor. Celle-ci était constituée d'organisations diverses, formées au début des années 1920, qui avaient de nombreux points communs, comme la dénonciation du régime parlementaire[25].

Rapprochement avec les communistes

Parmi les socialistes, deux grandes tendances se dessinaient sur le plan international pour lutter contre le fascisme. D'une part une frange plus à droite, incarnée par les Britanniques, les Scandinaves, les Tchèques et les Polonais qui voulaient adapter le socialisme aux classes moyennes ; et d'autre part une tendance de gauche incarnée par l'Italie, la Suisse, la France et la Belgique qui proposait « une tactique révolutionnaire de lutte prolétarienne pour la conquête du pouvoir […] ». Blum préconisait aussi d'insister sur les intérêts communs des classes moyennes avec les classes ouvrières.

Début juin 1934, des contacts se nouèrent entre la SFIO et le PC, les négociations avancèrent vite grâce à des concessions mutuelles (le PC étant poussé dans certains cas par l'Internationale communiste). Pour la première fois depuis la scission de Tours, ils sont liés par un engagement politique mutuel. L'accord conclu le 27 juillet n'avait pas de finalité électorale directe, mais était orienté vers l'action. Durant les élections cantonales d'octobre 1934, le désistement réciproque accepté pour la première fois fit progresser les deux partis alors que les radicaux régressaient.

En 1935, notamment au moment de la signature de l'alliance franco-soviétique, les tensions entre les tenants d'une guerre antifasciste et ceux qui attachent une importance primordiale à la paix s'intensifient encore.

Vague d'antisémitisme

Charles Maurras et Georges Calzant sont interrogés par un juge d'instruction conséquemment à l'agression commise contre Blum par des Camelots du roy et ligueurs de l'Action française (Le Populaire, ).

Une vague d'antisémitisme d'une très grande ampleur se manifeste déjà durant les mois qui précèdent l'arrivée de Blum au pouvoir. Celui-ci est haï et injurié comme rarement dans une vie politique française, pourtant de tous temps agitée. Charles Maurras appelle au meurtre et écrit dans L'Action française du que Blum est « un monstre de la République démocratique... Détritus humain à traiter comme tel… un homme à fusiller, mais dans le dos »[26],[27].

Agression de février 1936

Les paroles incitant aux actes, le , accompagné du député Georges Monnet et de son épouse, Léon Blum est physiquement agressé boulevard Saint-Germain par des membres de l'Action française et des Camelots du roi qui, l'ayant reconnu dans une voiture, tentent de l'en extirper et de le lyncher, aux cris de « Au poteau, au poteau Blum ! » et « On va le pendre ! ». Il saigne abondamment, blessé au visage et à la nuque, et alors âgé de 64 ans et gisant sur la chaussée, il reçoit encore des coups de pied. Il est transporté à l'Hôtel-Dieu où on le soigne pour une rupture de la veine temporale. La scène est filmée par un opérateur amateur, Gérard Bennett, qui revenait par hasard d'un mariage muni de sa caméra[28].

Léon Blum après la tentative de lynchage de février 1936.

Le chapeau de Blum est retrouvé dans les locaux du mouvement royaliste. Les agresseurs sont identifiés : Léon Andurand, Édouard Aragon, architecte de 50 ans, et Louis-Gaston Courtois, ancien adjudant, employé de 38 ans dans une compagnie d’assurances et vendeur de L'Action française sont condamnés à des peines de 15 jours à trois mois de prison en par le tribunal correctionnel de Paris[28].

Les historiens Louis Bodin et Jean Touchard observent que « L'Action française ne revendique pas ce coup d'éclat ; au contraire, le récit qu'elle en fait [le 14 février 1936] inverse singulièrement les rôles » en attribuant « toute la responsabilité de l'incident » à un Blum soi-disant provocateur et insolent, et le beau rôle aux ligueurs et Camelots du roi qui auraient protégé le député socialiste de « la fureur du public[29],[30]. » L'historien Frédéric Monier relève également que des « journaux d'extrême droite évoquent « l'incident Blum » et cherchent à en minorer la violence, voire à en justifier l'éclatement. (…) L'inversion de la culpabilité se retrouve dans plusieurs journaux de droite, qui rejettent la faute de l'agression sur les victimes[31]. »

Et Maurras réitère ses menaces de mort contre Léon Blum le  : « C'est en tant que juif qu'il faut voir, concevoir, entendre, combattre et abattre le Blum. Ce dernier verbe paraîtra un peu fort de café : je me hâte d'ajouter qu'il ne faudra abattre physiquement Blum que le jour où sa politique nous aura amené la guerre impie qu'il rêve contre nos compagnons d'armes italiens. Ce jour-là, il est vrai, il ne faudra pas le manquer... il conviendra que M. Blum soit guillotiné dans le rite des parricides : un voile noir tendu sur ses traits de chameau ». Et Pierre Gaxotte dans Candide du  : « [Blum] incarne tout ce qui nous révulse le sang et nous donne la chair de poule. Il est le mal, il est la mort »[28],[32],[33].

En , Maurras est condamné pour « provocation au meurtre » à de la prison ferme. Il reçoit de très nombreuses marques de soutien dont celui du pape Pie XI, de mère Agnès (sœur aînée de sainte Thérèse de Lisieux et supérieure du Carmel) et cent députés et sénateurs alsaciens[Quoi ?] signeront une protestation en sa faveur. Le , entre 40 000 à 60 000 personnes viennent même rendre un hommage dit « national » à Maurras à l’occasion de sa libération au Vélodrome d’Hiver, en présence de la maréchale Joffre, Léon Daudet, Pierre Taittinger, Xavier Valat[34]...

Victoire électorale de 1936

Léon Blum (photographie agence Meurisse, 1936, Paris, BnF, département des estampes et de la photographie).

C'est le dirigeant communiste Maurice Thorez qui, par des articles dans L'Humanité, appelle à la formation d'un large « Front populaire » (citant Eugen Fried, représentant de l'Internationale communiste en France), après que l'ancien chef communiste et futur collaborationniste Jacques Doriot l'ait lui aussi proposé deux années auparavant (le projet avait alors été rejeté par Moscou et Doriot exclu du PC). Thorez présente d'ailleurs son projet quelques semaines plus tard devant la Chambre des députés. Il propose aussi d'associer à ce Front populaire les radicaux, qui étaient à l'époque liés à la droite et le parti le mieux représenté à la Chambre. Blum fut conseillé par Georges Boris[35].

Les accords du Front populaire permettent la victoire aux élections législatives françaises d'avril/mai 1936 et débouchèrent sur le premier gouvernement à dominante socialiste de la IIIe République. Blum devient président du Conseil à partir du mois de juin. Il « ne se charge d'aucune responsabilité particulière pour se consacrer tout entier à la direction du gouvernement ». Le gouvernement est alors composé seulement de socialistes et de radicaux, les communistes le soutenant de l'extérieur. Ce gouvernement de Front populaire est aussi le premier à comprendre des femmes deux sous-secrétaires d'État, Irène Joliot-Curie et Suzanne Lacore , alors qu'à cette époque elles n'ont pas encore en France le droit de voter.

Les raisons de la victoire du Front populaire sont multiples : crise économique, montée en puissance d'Adolf Hitler (p.e. remilitarisation de la Rhénanie le ), scandales financiers, instabilité du gouvernement de la législature de 1932, existence des ligues d'extrême droite, armées et de plus en plus nombreuses, émeutes du 6 février 1934. Tous ces éléments ont participé à son émergence.

Léon Blum en 1936.

Gouvernement de Léon Blum

Les résultats donnant le Front populaire vainqueur aux élections donnent beaucoup d'espoir au sein du prolétariat, qui déclenche une grève générale spontanée. Le socialiste Marceau Pivert (1895-1958) exhorte Blum à prendre le pouvoir immédiatement, en se basant sur cette mobilisation populaire et sans attendre la passation de pouvoir officielle. Mais Blum préfère attendre et présente son premier gouvernement à l'Assemblée nationale le [36]. Ces grèves obligent néanmoins le patronat à négocier avec les salariés et leurs syndicats, et à accorder des congés payés et une baisse du temps de travail. Les accords Matignon sont signés dans la nuit du 7 au .

Dans la guerre d'Espagne, Léon Blum est empêché d'intervenir ouvertement par l'opposition des radicaux et du Royaume-Uni, principal allié de la France, sans oublier l'activisme de l'extrême droite et d'une partie de la droite. Il doit choisir, contre l'avis des Communistes, la non-intervention. Il y a cependant une aide clandestine, organisée par Pierre Cot et Jules Moch. On peut noter que les rapports avec l'Italie sont beaucoup plus difficiles qu'avec l'Allemagne (→ Relations entre la France et l'Italie).

Manifestation du Rassemblement populaire, . Dans la tribune, de gauche à droite : Thérèse Blum, Léon Blum, Maurice Thorez, Roger Salengro, Maurice Viollette, Pierre Cot.

Sur le plan intérieur, le gouvernement Blum parvient à résoudre la crise sociale. Mais dès l'été 1936, il doit faire face à diverses difficultés, parmi lesquelles la dévaluation du franc français à cause de la situation monétaire et la politique financière en général, qui transformèrent l'inquiétude de la droite en opposition résolue.

Les attaques contre le Front populaire et ses figures sont particulièrement nombreuses et d'une rare violence. Les calomnies de l'extrême droite visent toutes les personnalités du Front populaire. Elles ont notamment pour conséquence le suicide du ministre de l'Intérieur Roger Salengro, proche ami de Léon Blum.

Dans la presse française se forment deux camps bien distincts, d'une part les partisans du Front populaire (L'Humanité, Le Populaire, L'Œuvre, Vendredi, Marianne, etc.), d'autre part les opposants de droite et d'[extrême-droite (L'Action française, L'Écho de Paris, L'Ami du peuple, Le Jour, Candide, Gringoire, Je suis partout, etc.). Entre ces deux positions, très peu de journaux ou d'hebdomadaires jouent la carte de la neutralité. La presse allant dans le sens du Front populaire est largement plus faible que la presse d'opposition, et l'une comme l'autre ont contribué à l'échec du gouvernement de Front populaire. C'est dans la presse étrangère, notamment anglo-saxonne, que paraissent les analyses les plus objectives.

Échec du Front populaire

Blum remet sa démission en juin 1937, il est remplacé par un gouvernement radical. En mars 1938, il forme son deuxième gouvernement avec la participation de Pierre Mendès France comme sous-secrétaire d'État au Trésor, mais il est renversé trois semaines plus tard par le Sénat. La défaite définitive du Front populaire a lieu en septembre- avec l'arrivée au pouvoir d'Édouard Daladier, qui s'allie avec la droite plutôt qu'avec la SFIO.

Selon Serge Bernstein, les choix intellectuels de Léon Blum sont pour beaucoup dans l'échec politique de l'expérience du Front populaire. Notamment, sa conviction que seul le prolétariat constitue l’instrument de la transformation sociale et le refus de prendre en compte les classes moyennes qu'il tient pour un groupe résiduel condamné par l’évolution économique. Enfin, l'affirmation que le marxisme constitue la seule clé valable de lecture du monde des années trente et que « toute révision des idées de Marx constituerait un sacrilège ». Pour lui, Léon Blum en arrivant au pouvoir est resté l'homme dont l'action gouvernementale est totalement inspirée par les idées du Parti socialiste. Ainsi, il est emporté en par le vote négatif des sénateurs radicaux qui traduisent « la révolte des classes moyennes, clientèle du radicalisme contre ce qui leur apparaît comme une politique de classe »[16].

Le bilan du Front populaire est mitigé, mais cette brève expérience permet tout de même un nombre important d'avancées dans de nombreux domaines, en particulier dans le domaine social : congés payés (obtenus à la suite de grèves, mais ils figurent déjà dans la profession de foi de Jean-Baptiste Lebas, futur ministre du Travail[37]), semaine de quarante heures, établissement des conventions collectives, prolongement de la scolarité à 14 ans, etc. La relance des dépenses d'armement, priorité absolue devant les dépenses sociales, est également à mettre à son crédit. Le , Blum signe avec Londres et Washington un accord monétaire plaçant la valeur du franc entre 43 et 49 milligrammes d'or contre 65,5 milligrammes précédemment[38].

Face à la conférence de Munich

Lors des accords de Munich pour régler la crise des Sudètes et tenter d'éviter la guerre, en , Léon Blum n'exerce aucune fonction gouvernementale. Il est président du groupe SFIO à la Chambre des députés et principal éditorialiste du journal Le Populaire.

Paul Faure (au centre) et Georges Monnet (à l'arrière-plan).

Le , pendant les négociations et avant la signature des accords, il s'exprime ainsi : « il n'est pas possible que la souveraineté et l'indépendance de la Tchécoslovaquie lui soient maintenant arrachées lambeau par lambeau. […] Ce qui est en cause, c'est le sort de l'Europe, le sort de la liberté en Europe, Grande-Bretagne et France comprises[39]. » Le jour de la réunion de la conférence, le , il pense que « la guerre est probablement écartée. Mais dans des conditions telles que moi, [...] je n'en puis éprouver de joie et que je me sens partagé entre un lâche soulagement et la honte[40]. » Le , jour même de la conférence, semblant se parler à lui-même, il considère qu'« on commettrait une grave erreur si on contrariait en quoi que ce soit cet espoir et cette joie, car ils sont en eux-mêmes une puissance de paix et une chance de paix[41]. » Le lendemain de la signature des accords de Munich, le 1er octobre, il fait part de son « « sentiment de délivrance[41] » et cinq jours après, le , il va à l'encontre de l'opinion dominante et de la position pacifiste de Paul Faure en publiant dans Le Populaire un éditorial où il « demande un effort de surarmement plus intense et plus hâtif[42]. »

Son attitude a longtemps été controversée : il est tantôt qualifié de « munichois », tantôt (le plus souvent) d'« antimunichois ». Il apparaît aujourd'hui comme acquis qu'étant intimement opposé aux accords, il a cédé à l'ivresse générale qui s'est alors emparée de l'opinion publique ainsi que de la grande majorité de la classe politique. Dans son propre parti, l'ancienne tendance de Marceau Pivert, bien que désormais démissionnaire, dispose d'une influence réelle et Blum n'ose pas affronter directement ses militants. Comme on le constate ci-dessus, il semble approuver les accords le jour de leur signature ainsi que dans les quelques jours suivants. Néanmoins, quelque temps après, il se ravise et il montre une fermeté croissante envers les gouvernements fascistes et dans l'effort pour le réarmement de la France, au prix de la division de son propre parti. L'unité de la SFIO n'éclate pas publiquement avant le vote du à Vichy mais jusqu'à cette date, la ligne politique pacifiste des « paul-fauristes », tenant l'appareil du parti, s'oppose de plus en plus durement à la résolution du courant blumiste regroupé autour du Populaire et de Georges Monnet[43].

Seconde Guerre mondiale

Léon Blum condamne l'attitude du PC face au pacte germano-soviétique, attitude qui provoque le départ d'un certain nombre de communistes qui se tournent vers la SFIO, avec l'aval de Léon Blum, mais contre l'avis d'autres socialistes. Blum se met aussi à dos une partie des socialistes en particulier Paul Faure à cause de ses positions non pacifistes.

Survient la débâcle. Le , Léon Blum emmène sa famille à Montluçon, municipalité de Marx Dormoy. En compagnie du maire SFIO de la commune alliéroise, il rentre ensuite à Paris le , croyant Paul Reynaud et Georges Mandel toujours présents dans la capitale. Blum et Dormoy s'avisent alors de l'absence de tout membre du gouvernement. Ils visitent la Chambre des députés déserte avant de regagner Montluçon, où ils apprennent que le gouvernement s'est réfugié à Bordeaux. Les deux socialistes y parviennent à leur tour, tant bien que mal en plein exode, dans la nuit du 14 au [44]. Autrefois confiant en la réputation « républicaine » de Philippe Pétain[45],[46], Blum apprend avec stupeur l'attitude capitularde du maréchal le [44]. Affecté par la chute du gouvernement Paul Reynaud survenue le lendemain, le chef socialiste croit encore au départ imminent des ministres devant l'avancée des troupes allemandes[47]. Il donne son aval à la participation de deux membres de la SFIO (Albert Rivière et André Février) au gouvernement Philippe Pétain[48] mais il ne nourrit plus aucune illusion vis-à-vis du maréchal[49], à plus forte raison lorsque ce dernier, dans son discours du , impute la responsabilité de la défaite à « l'esprit de jouissance », désignant ainsi le Front populaire comme bouc émissaire[50],[51].

Léon Blum et Marx Dormoy sortant du théâtre du Grand Casino de Vichy où siège l'Assemblée nationale en .

Bien qu'isolé, suscitant l'hostilité de plusieurs hommes politiques et rejeté par nombre de ses camarades socialistes, Léon Blum se rend à Vichy[51]. Lors du vote des pleins pouvoirs à Pétain (), il fait partie des quatre-vingts parlementaires de l'Assemblée nationale (sous la IIIe République, nom donné à la réunion des deux chambres) qui votent contre, mais le dirigeant socialiste ne prend pas la parole de crainte que son intervention déclenche publiquement le reniement de la majorité de son groupe parlementaire[52],[53]. La peur de Laval, les intimidations du ministre de l'Intérieur Adrien Marquet[54], l'issue de Mers-el-Kébir (3-6 juillet 1940) et le pacifisme peuvent en partie expliquer que la quasi-totalité des 569 élus présents aient voté les pleins pouvoirs, mais Léon Blum est extrêmement affecté de la désaffection de nombre de siens : « […] D'un autre côté, Léon Blum ne peut qu'être frappé par le fait que des centristes, chrétiens ou conservateurs, aient résisté et voté contre le projet Laval »[55].

La Cour suprême de justice est instituée par Pétain, en juillet 1940, pour rechercher les responsables politiques de la guerre. Un grand nombre d'hommes politiques sont condamnés. Blum s'en indigne. Réfugié à Colomiers, à coté de Toulouse, chez son ami Eugène Montel, il y reçoit une invitation à partir aux États-Unis de Roosevelt, rencontre de nombreux socialistes (Jules Moch, Vincent Auriol, Daniel Mayer…), entend l'appel du 18 juin mais il y est arrêté le 15 septembre 1940, en dépit de son immunité parlementaire, interné en France au château de Chazeron dans le Puy-de-Dôme, puis à Bourassol, non loin de Clermont-Ferrand. Ces lieux de détention deviennent le lieu de ralliement des Socialistes résistants, comme Jean Pierre-Bloch, Félix Gouin son avocat ou André Philip. L'ancien chef de gouvernement se tient consciencieusement au courant de la situation et exhorte ses camarades à résister.

« Léon Blum déporté ! », titre en une du Populaire, édition clandestine de l'organe du parti socialiste (1942).
Par ordre du maréchal Pétain, les journaux reçoivent la consigne d'annoncer, en gros caractères et sur 5 colonnes, « le châtiment des responsables » présumés de la défaite[56] ().

Il est traduit devant la Cour suprême de justice (cour spécialement créée par le régime de Vichy) lors du procès de Riom mais sa défense, et celle de Daladier, est si efficace et si courageuse que le procès est suspendu sine die. Au-delà de Blum ou Daladier, ce sont les présidents du Conseil et les membres du Front populaire qui sont visés. Vichy leur reproche notamment d'être responsables de la défaite en ayant empêché le réarmement de la France par la mise en place de réformes sociales. Blum démontre avec brio que le réarmement n'a jamais été aussi intense que sous le Front populaire, au contraire des gouvernements l'ayant précédé, dont un qui eut pour ministre de la Guerre le maréchal Pétain.

Blum est transféré au fort du Portalet dans les Pyrénées, puis encore transféré par les Allemands en tant qu'otage d'État au camp de concentration nazi de Buchenwald le 31 mars 1943, dans des maisons hors de l'enceinte du camp, avec d'autres personnalités politiques, notamment Georges Mandel. Ses conditions de détention ne sont pas celles du camp voisin, et il peut épouser Jeanne Levylier (1899-1982), qui l'y a rejoint volontairement après autorisation de Pierre Laval[57],[58].

Son frère René Blum, directeur d'opéra, fondateur du Ballet de l'Opéra à Monte-Carlo, est torturé puis tué à Auschwitz : il considérait comme une désertion de se réfugier hors de France comme ses amis le lui conseillaient[59].

Durant sa détention, Léon Blum entretient une importante correspondance et commence à écrire un ouvrage de réflexions qu'il termine en décembre 1944 et qui sera publié après la guerre sous le titre À l'échelle humaine.

Le , devant l'avance alliée, les Allemands emmènent Léon Blum et sa femme dans un convoi de plus de 130 prisonniers et le , ils se retrouvent dans un hôtel à Niederdorf en Tyrol du Sud, où, le 30 avril, ils voient les premiers soldats américains[60].

A la fin de juillet 1945, il est cité comme témoin dans le procès Pétain. Il y décrit ce qu'il avait vu à Vichy le 10 juillet 1940 : « J'ai vu là pendant deux jours [dit-il] des hommes s'altérer, se corrompre comme à vue d’œil, comme si on les avait plongés dans un bain toxique. Ce qui agissait, c'était la peur : la peur des bandes de Doriot dans la rue, la peur des soldats de Weygand à Clermont-Ferrand, la peur des Allemands qui étaient à Moulins... Et le bruit qu'on faisait courir, [...] c'est : « Ceux qui ne voteront pas ne coucheront pas dans leur lit ce soir... »[61] ».

Refusant un poste de ministre proposé par de Gaulle, il reprend ses articles quotidiens dans le journal Le Populaire.

Après-guerre

Léon Blum, chef du gouvernement dit « de la Saint-Sylvestre » (-).

Il est le chef de la délégation française, puis le président de la conférence constitutive de l'UNESCO, après avoir négocié l'annulation des dettes de guerre de la France auprès des États-Unis : les accords Blum-Byrnes de mai 1946 autorisent par la même occasion la diffusion des films américains dans les salles de cinéma françaises, introduisant une composante de l’American way of life dans la culture de masse à la française.

Après l'élection, le , d'une nouvelle assemblée nationale, son président, Vincent Auriol, qui exerce en fait les fonctions de chef de l'État, sollicite Léon Blum le 12 décembre pour diriger le dernier gouvernement provisoire, du au (c'est le gouvernement dit « de la Saint-Sylvestre », premier gouvernement uniquement composé de socialistes). Pendant cette période de transition Blum fait progresser les négociations avec les Travaillistes anglais au pouvoir pour aboutir au traité d'alliance franco-britannique de Dunkerque du , première pierre d'une stratégie européenne de défense.

Le , à la suite de la démission du gouvernement Ramadier, le président de la République Vincent Auriol charge Léon Blum de former un nouveau gouvernement[62]. Cependant, le 21 novembre, l'Assemblée nationale lui refuse l'investiture par 300 voix sur 619[63]. Le lendemain, les députés accordent leur confiance à Robert Schuman[64]. C'est aussi l'époque où Léon Blum signe un article dans le quotidien socialiste Le Populaire pour demander des négociations avec le Viet Minh[65]. Le , Blum devient brièvement vice-président du Conseil dans le gouvernement d'André Marie mais il n'y tient qu'un rôle honorifique[66].

Le , Léon Blum dépose à la barre des témoins lors du procès de la Cagoule, organisation clandestine d'extrême droite.

Il se retire ensuite dans sa maison de Jouy-en-Josas près de Versailles où il meurt, le , d'un infarctus à l'âge de 77 ans. Il est resté directeur politique du Populaire jusqu'à sa mort, dénonçant notamment le danger que constitue, selon lui, le RPF, le parti gaulliste, pour le régime parlementaire.

Ses obsèques nationales, aux frais de l'État, ont lieu le place de la Concorde. Son éloge funèbre est prononcé par le président Vincent Auriol, Daniel Mayer, Guy Mollet, Yvon Delbos et Louis de Brouckère.

Vie privée

Après la mort de sa première femme Lise Bloch[6],[67], épousée en 1896, décédée en 1931 et dont il a eu un enfant, Robert (1902-1975), Léon Blum se remarie avec Thérèse Pereyra en 1932, dont il était l'amant depuis 1911[68]. Elle meurt en 1938 à Paris, dans une clinique de la rue Georges-Bizet, où elle se trouvait pour subir une opération de la vésicule.

Léon Blum vit ensuite à partir de 1940 avec Jeanne Levylier, (ancienne épouse d'Henri Torrès et d'Henri Reichenbach), qu'il épouse en troisièmes noces en 1943 au camp de Buchenwald[69], où elle avait demandé à le rejoindre.

Avocat du sionisme

Léon Blum a été, tout au long de sa vie politique un sympathisant avoué du sionisme modéré et plus tard solidaire d'Israël, n'y voyant « aucun heurt possible dans sa triple qualité de Socialiste, de Français et de Juif »[70]. Léon Blum lui-même a prononcé cet acte de foi : « Juif français, né en France d’une longue suite d’aïeux français, ne parlant que la langue de mon pays, nourri principalement de sa culture, m’étant refusé à le quitter à l’heure même où j’y courais le plus de dangers, je participe cependant à l’effort admirable miraculeusement transporté du plan du rêve au plan de la réalité historique, qui assure désormais une patrie digne, également libre à tous les Juifs qui n’ont pas eu comme moi la bonne fortune de la trouver dans leur pays natal […]. Je m’en suis toujours senti fier et j’en suis plus que jamais solidaire[71]. »

Kibboutz Kfar Blum en 1946.
Kibboutz Kfar Blum en 2014.

Dès 1919, il intervient pour infléchir la position diplomatique française sur le « Foyer national juif » autorisé en Palestine par les autorités anglaises[71]. En 1928, en coopération avec de grands dirigeants inspirés comme Arthur Rubinstein et Edouard Bernstein, il a créé le « Comité socialiste pour la Palestine »[71]. En 1929, il entre à l'Agence juive pour la Palestine, comme représentant de la gauche non-sioniste[72] et exalte, devant le congrès de Zurich de cette organisation, l'esprit de peuple juif[73].

En hommage à sa contribution à la cause sioniste, un kibboutz de Galilée fondé en 1943, est baptisé « Kfar Blum » (le village de Blum)[74]. Dès avant la Seconde Guerre mondiale, il avait exprimé sa fierté « en tant que Français, socialiste et Juif » que son nom soit associé à ce kibboutz[75].

Après 1945, il est, dans ses fonctions politiques et gouvernementales, un artisan actif de la reconnaissance d'Israël sur le plan international. Proche de Chaim Weizmann[76], premier président d'Israël, il participe à la construction de l'étroite alliance diplomatique, économique, militaire et technologique qui unit la France de la IVe République et l'État israélien.

Décorations

Sources primaires

Les papiers personnels de Léon Blum sont conservés aux Archives nationales sous la cote 570AP[78].

Œuvres

Léon Blum en 1937.
  • Nouvelles conversations de Goethe avec Eckermann, 1901.
  • En lisant : réflexions critiques, 1906.
  • Du mariage, 1907 (évoqué par André Gide dans Corydon).
  • Stendhal et le beylisme, 1914.
  • Bolchévisme et socialisme, Librairie populaire, 1927.
  • Souvenirs sur l'Affaire, Paris, Gallimard, coll. Folio Histoire, 1935 (ISBN 2070327523).
  • La Réforme gouvernementale, 1936.
  • Pour être socialiste.
  • À l'échelle humaine, 1945, Paris, Gallimard ; éd. poche, Paris, Gallimard, 1971, coll. Idées.
  • L'Histoire jugera, Montréal, Éditions de l'Arbre, 1943.
  • Le Dernier mois, Diderot, 1946.
  • Révolution socialiste ou révolution directoriale ?, Spartacus, 1947.
  • Discours politiques, 1997.

Hommages

Blum dans la fiction

Cinéma

Télévision

Notes et références

Notes

  1. Prononciation en français de France standardisé retranscrite selon la norme API.
  2. Né le à Westhoffen, commune française située dans le département du Bas-Rhin, Abraham Blum s'installe à Paris peu avant 1848. Il adopte ensuite le prénom francisé « Auguste »[2],[3].
  3. Bien que Marie soit née le [4] à Paris, sa famille était originaire de Ribeauvillé, en Alsace[5]. Le nom Picart, « à consonance chrétienne », était courant chez les juifs alsaciens depuis au moins le décret napoléonien du [2].
  4. Extrait du registre d'état civil du 2e arrondissement de Paris (1872) : Du onze avril mil huit cent soixante douze, à midi. Acte de naissance d'André Léon, du sexe masculin, né avant hier matin à onze heures, rue Saint-Denis 243, à nous présenté ; fils de Abraham Blum, négociant, âgé de quarante et un ans, et d'Adèle Marie Alice Picart, son épouse, âgée de trente ans, domiciliés susdite maison. Le tout en présence d’Ernest Wormus, négociant, âgé de trente quatre ans, demeurant rue Saint-Denis 243 ; et de Célestin Lévy, négociant, âgé de quarante et un ans, demeurant même maison. Sur la déclaration faite à Nous, adjoint au maire, officier de l'état civil par le père présent qui a signé avec les témoins et Nous après lecture. Signé : Célestin Lévy, Wormus, A. Blum, Roger-Dhostel. (Archives de Paris).
  5. Voici, la critique du Veilleur de nuit de Sacha Guitry, par Léon Blum en 1911 (date de création de la pièce) :
    « Le Veilleur de nuit est une des meilleures comédies de Sacha Guitry. Elle a de la gaîté, de l'esprit, de l'exubérance, de l'émotion, de l'ironie. Beaucoup d'intelligence. Elle a la désinvolture et l'audacieuse assurance de la jeunesse. Il y a du comique, et même du bouffon, et une facilité soudaine à envisager les choses sous leur aspect sérieux et quasi mélancolique. Sacha Guitry a de l'aplomb, mais il n'a pas de toupet. Il n'est jamais effrayé, jamais arrêté par les sujets qu'il aborde, par les types qu'il entrevoit, par les mots qui lui viennent à l'esprit. Et cette liberté n'est jamais affectée ni cynique ; même si on a pu évoquer à son propos le grand nom d'Henry Becque. René Benjamin a très joliment dit de lui qu'il était notre Molière. »

Références

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  2. Lacouture 1977, p. 15.
  3. Greilsammer 1996, p. 17-18.
  4. Bulletin de la Société des amis de Léon Blum.
  5. Greilsammer 1996, p. 18.
  6. Registre d'état civil du 1er arrondissement de Paris, mariages, année 1869, Archives de Paris.
  7. Lacouture 1977, p. 16.
  8. Greilsammer 1996, p. 19.
  9. Monier 2016, p. 15.
  10. Joël Colton, Léon Blum, Éditions Arthème Fayard, .
  11. Jean Lacouture n'indique pas de résultats concernant une licence de Lettres.
  12. Louis Bodin et Jean Touchard, Front Populaire, 1936, Librairie Armand Colin, .
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  14. « Le Conseil d'État : 26 juillet 1918 - Époux Lemonnier », sur conseil-etat.fr, (consulté le ).
  15. « Conseil d'État, du 11 mars 1910, 16178, publié au recueil Lebon », sur legifrance.gouv.fr, (consulté le ).
  16. Serge Berstein, Léon Blum, un intellectuel en politique, Histoire@Politique, 2008/2 (n° 5), page 8
  17. Greilsammer 1996, p. 86-87.
  18. « Un duel, un attentat », Le Figaro, (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consulté le ).
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  20. Florence Tamagne, « Caricatures homophobes et stéréotypes de genre en France et en Allemagne : la presse satirique, de 1900 au milieu des années 1930 », sur histoiredesmedias.com, (consulté le )
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  23. Compte rendu sténographique du 18e congrès national du Parti socialiste SFIO tenu à Tours, les 25, 26, 27, 28, 29 et 30 décembre 1920, publié en 1921 et republié en brochure à plusieurs reprises par la SFIO. Dans la Revue L'OURS « Pour la vieille maison ».
  24. Éric Agrikociansky, Les partis politiques en France au XXe siècle, Librairie Armand Colin, .
  25. Serge Wolikow, Le Front populaire en France, Éditions Complexe, .
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  27. Louis Bodin et Jean Touchard, Front populaire, 1936, Paris, Armand Colin, coll. « L'Histoire par la presse », 1985, 233 p.  (ISBN 2-200-37091-1), p.  33-34.
  28. Cédric Gruat, « 1936 : l’agression filmée de Léon Blum », Arkheia - Revue d'Histoire, mémoire du Vingtième siècle en Sud-Ouest, nos 17-18, (lire en ligne)
  29. Georges Gaudy, « Un crime de lèse-majesté », L'Action française, no 45 (29e année), , p. 1 (lire en ligne).
  30. Louis Bodin et Jean Touchard, Front populaire, 1936, Paris, Armand Colin, coll. « L'Histoire par la presse », , 233 p. (ISBN 2-200-37091-1), p. 31
  31. Monier 2016, p. 121.
  32. Charles Maurras, « La politique », L'Action française, no 136 (29e année), , p. 1 (lire en ligne).
  33. Monier 2016, p. 123.
  34. Stéphane Giocanti, Charles Maurras : le chaos et l'ordre, Paris, Flammarion, coll. « Grandes biographies », , 575 p. (ISBN 2-08-210495-8), p. 393.
  35. Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Georges Boris : trente ans d'influence : Blum, de Gaulle, Mendès France, Paris, Gallimard, , 460 p. (ISBN 978-2-07-012762-7, présentation en ligne).
  36. .
  37. Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, éditions de l'Atelier, article « Lebas (Jean-Baptiste) ».
  38. Alfred Colling, La Prodigieuse histoire de la Bourse, Paris, Société d'éditions économiques et financières, , p. 385.
  39. Lacouture 1977, p. 435.
  40. Lacouture 1977, p. 435-436.
  41. Greilsammer 1996, p. 411.
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  43. Greilsammer 1996, p. 410-416.
  44. Berstein 2006, p. 632.
  45. Dans le journal Le Populaire du , Léon Blum qualifiait Philippe Pétain comme étant « le plus noble et le plus humain de nos chefs militaires » (Le Populaire, , no 5859, p. 1, gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8233318/f1.item.
  46. Bénédicte Vergez-Chaignon, Pétain, Paris, Perrin, , 1039 p. (ISBN 978-2-262-03885-4), p. 322-323.
  47. Greilsammer 1996, p. 428.
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  49. Greilsammer 1996, p. 432-433.
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  53. Monier 2016, p. 188.
  54. Adrien Marquet : de Jaurès à Pétain, les dérives d'une ambition, film documentaire de Barcha Bauer, 2008.
  55. Greilsammer 1996, p. 436.
  56. Christian Delporte, Claire Blandin et François Robinet, Histoire de la presse en France, XXe – XXIe siècles, Paris, Armand Colin, coll. « U. Histoire », , 350 p. (ISBN 978-2-200-61332-7).
  57. Léon Blum, Le Dernier Mois, Arléa, , 96 p. (ISBN 978-2-86959-652-8, lire en ligne).
  58. Pierre Assouline, « Quand Léon Blum était un otage de marque », sur La République des Livres, (consulté le ).
  59. Claude Wainstain, « Le Blum des Ballets russes », L'Arche, no 629, octobre 2010, Paris.
  60. Peter Koblank, Die Befreiung der Sonder- und Sippenhäftlinge in Südtirol. (« La Libération des Prisonniers… en Tyrol du Sud »).
  61. Jules Roy, Le Grand Naufrage : Chronique du procès Pétain, Albin Michel, , 326 p. (ISBN 978-2-226-34153-2, lire en ligne)
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  64. « L'ancien ministre des Finances a formé le nouveau gouvernement », L'Est Républicain, , p. 1 (lire en ligne)
  65. " Indochine 1940-1955 : la fin d'un rêve" par Jacques de Folin ; préface d'Olivier Todd aux éditions Perrin en 1993 Franc-Tireur%20%201948%20%20indochine&f=false.
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  67. Sœur de Maurice Bloch (magistrat) et grande tante de François Bloch-Lainé
  68. Julie Clarini, « Biographie. Thérèse, la « citoyenne Blum » », Le Monde, (lire en ligne).
  69. Dominique Missika, Je vous promets de revenir : 1940-1945, le dernier combat de Léon Blum, Paris, éditions Robert Laffont, avril 2009 ; 324 p. + cahier photographique de 8 p.
  70. La formule est de Roland Schwob, dans un article consacré à « Léon Blum, un Juif », paru dans le Bulletin de nos Communautés, bulletin ancêtre de Tribune juive article.
  71. Cf. article « Léon Blum » de Lazare Landau (1993) (lire en ligne).
  72. « Non sioniste » est un vocable qui distingue les juifs partisans du sionisme qui n'avaient pas fait le choix du « retour » en Palestine, mais travaillaient au sein des structures institutionnelles de leur nation d'appartenance (la France et la Gauche française dans le cas de Léon Blum).
  73. Source R. Schwob, cité ci-dessus.
  74. Décision qui a reçu l'accord de Léon Blum lui-même. Lazare Landau, « Léon Blum », sur Site du Judaïsme d'Alsace et de Lorraine (consulté le ).
  75. François Heilbronn, « Pourquoi pas au Panthéon », dans L'Arche, no 659, avril 2016, p. 103.
  76. Cf. notamment cet article publié par l'Union des Étudiants Juifs de France, « Sionisme et socialisme : nous nous sommes tant aimés ».
  77. Base Léonore.
  78. Voir la notice dans la salle des inventaires virtuelle des Archives nationales.
  79. Léon Blum, Archives de France, Palais Soubise, 1972, Paris, Archives de France, , XXI-95 p., p. 95.
  80. Birnbaum 2016.

Bibliographie

Biographies

Politique de Léon Blum

  • Philippe Bauchard, Léon Blum, Le pouvoir pour quoi faire, Paris, Arthaud, 1976.
  • André Donneur, « Léon Blum et les leaders austromarxistes de l’internationale », dans Liliane Perrein (éd.), Léon Blum, socialiste européen, Bruxelles, Complexe, 1995 (ISBN 978-2870275764).
  • Raphaël Draï, « Léon Blum ou le socialisme des comportements », Cités, vol. 43, no 3, , p. 89-107 (lire en ligne).
  • Robert Frank, Le Prix du réarmement français (1935-1939), Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Série France XIXe-XXe siècles » (no 13), (1re éd. 1978), 382 p. (ISBN 2-85944-050-X).
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  • Jules Moch, Rencontres avec... Léon Blum, Paris, Plon, , 365 p.
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  • Pierre Renouvin (dir.) et René Rémond (dir.), Léon Blum, chef de gouvernement (1936-1937) : colloque de la Fondation nationale des sciences politiques, Paris, 26-27 mars 1965, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, coll. « Références » (no 3), (1re éd. 1967, Armand Colin), 439 p. (ISBN 2-7246-0454-7, présentation en ligne), [présentation en ligne].
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  • Antoine Tarrago (préf. Christine Bard), Léon Blum et l’émancipation des femmes, Paris, Tallandier, , 284 p. (ISBN 979-10-210-3771-7).
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  • Michel Winock (dir.), Les Années trente. De la crise à la guerre, Paris, Le Seuil, coll. « Points », 1990 (ISBN 9782020113892).
  • Gilbert Ziebura (trad. Jean Duplex), Léon Blum et le parti socialiste (1872-1934) [« Leon Blum : Theorie und Praxis einer sozialistischen Politik : 1872 bis 1934 »], Paris, Armand Colin, coll. « Cahiers de la Fondation nationale des sciences politiques » (no 154), , II-407 p. (présentation en ligne).

Front populaire

  • Louis Bodin, Jean Touchard, Front Populaire, 1936, Paris, Armand Colin, 1961.
  • Guy Bourdé, La Défaite du Front Populaire, Paris, Maspero, coll. « Bibliothèque socialiste », 1977.
  • Jean-Paul Brunet, Histoire du Front populaire (1934-1938), Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1991 (ISBN 978-2130442882).
  • Jean-Pierre Rioux, Révolutionnaires du Front populaire, Paris, UGE, coll. « 10-18 », 1973.
  • Serge Wolikow, Le Front populaire en France, Bruxelles, Éditions Complexe, coll. « Questions au XXe siècle », 1999 (ISBN 978-2870276280).

Études portant sur le contexte

  • Éric Agrikoliansky, Les Partis politiques en France au 20e siècle, Paris, Armand Colin, coll. « Synthèse », 2000 (ISBN 978-2200250300).
  • Pierre Birnbaum, Un mythe politique, la « République juive » : de Léon Blum à Pierre Mendès France, Paris, Fayard, coll. « Nouvelles études historiques », , 417 p. (ISBN 2-213-02106-6, présentation en ligne), [présentation en ligne], [présentation en ligne].
    Réédition : Pierre Birnbaum, Un mythe politique, la « République juive » : de Léon Blum à Pierre Mendès France, Paris, Gallimard, coll. « Tel » (no 257), , 417 p. (ISBN 2-07-073555-9).
  • Damon Mayaffre, Le poids des mots : le discours de gauche et de droite dans l'entre-deux guerres : Maurice Thorez, Léon Blum, Pierre-Étienne Flandin et André Tardieu (1928-1939), Paris, Honoré Champion, coll. « Lettres numériques » (no 1), , 798 p. (ISBN 2-7453-0267-1, présentation en ligne).
  • René Rémond, La République souveraine : la vie politique en France, 1878-1939, Paris, Fayard, , 434 p. (ISBN 2-213-60204-2, présentation en ligne).
    Réédition : René Rémond, La République souveraine : la vie politique en France, 1878-1939, Paris, Pluriel, coll. « Pluriel », , 434 p., poche (ISBN 978-2-8185-0343-0).
  • Olivier Wieviorka, Les orphelins de la République : destinées des députés et des sénateurs français, 1940-1945, Paris, Seuil, coll. « L'univers historique », (1re éd. 2001), 472 p. (ISBN 978-2-02-128374-7, présentation en ligne), [présentation en ligne].

Articles connexes

Liens externes

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