Élections législatives françaises de 1902

Les élections législatives de 1902 ont eu lieu les et .

Élections législatives françaises de 1902
589 députés
et
Type d’élection Élections législatives
Corps électoral et résultats
Inscrits 11 058 702
Votants 8 412 724
76,07%  0,87

RAD  Fernand Dubief
Voix 2 267 071
26,96%
Députés élus 233
ARD  Adolphe Carnot
Voix 1 808 736
21,50%
Députés élus 114
Progressistes  Alexandre Ribot
Voix 1 307 328
17,70%
Députés élus 88
AL  Jacques Piou
Voix 1 270 321
15,10%
Députés élus 78
PN  Paul Déroulède
Voix 883 336
8,34%
Députés élus 35
PSdF  Jules Guesde
Voix 531 487
6,31%
Députés élus 29
PSF  Jean Jaurès
Voix 344 445
4,09%
Députés élus 12
Représentation de l'assemblée
  • Socialistes révolutionnaires : 29 sièges
  • Socialistes indépendants : 12 sièges
  • RAD : 233 sièges
  • ARD : 114 sièges
  • Progressistes : 88 sièges
  • AL : 78 sièges
  • Nationalistes : 35 sièges
Gouvernement
Sortant Élu
Waldeck-Rousseau
ARD
Émile Combes
RAD
Législature élue
Huitième de la IIIe Rép.

Contexte

Pierre Waldeck-Rousseau et Paul Deschanel, respectivement président du Conseil et président de la Chambre des députés, lors des élections législatives de 1902.

Le scrutin de 1902 est un des plus bipolarisés de toute la Troisième République. Il voit s'affronter deux camps dont la ligne de partage s'est décidée après le reclassement de 1899, juste après le coup de canne du baron Cristiani sur la tête du président de la République à Auteuil, le . En effet, cette goutte d'eau fit déborder le vase des menées nationalistes qui agitaient la France depuis la montée en force des défenseurs de Dreyfus. Lors du vote de confiance au ministère formé le au nom de la défense républicaine par le républicain modéré Pierre Waldeck-Rousseau, les républicains de gouvernement (ex-opportunistes s'étant eux-mêmes rebaptisés progressistes, arrivés premiers aux élections de 1893 avec 254 députés sur 585, première force de la majorité gouvernementale de l'époque) éclatent entre ministériels et antiministériels. Pendant trois ans, le gouvernement Waldeck-Rousseau mène la bataille contre les ligues nationalistes, met au pas l'armée et lance des représailles contre l'Église et particulièrement les congrégations, étroitement mêlées à l'antidreyfusisme. Sa politique anticléricale et la loi sur les associations de 1901 vont fixer, pour plusieurs années, cette ligne de partage passant désormais au sein du camp républicain.

Pour les élections de 1902, la gauche (première utilisation moderne du mot) se constitue en Bloc des gauches, allant des socialistes ministériels (à l'image de Alexandre Millerand) aux ex-progressistes restés avec Waldeck et rebaptisés provisoirement « républicains » (les futurs républicains de gauche), en passant par les républicains socialistes ou socialistes indépendants, les radicaux socialistes et la plupart des radicaux. Le camp antiministériel commencera chez les rares radicaux hostiles au gouvernement (dont Paul Doumer et quelques radicaux du Massif central) et ira jusqu'aux nationalistes, en passant par les progressistes (anciens progressistes passés dans l'opposition et ayant conservé l'appellation), les ex-ralliés (en principe regroupés dans l'Action libérale constituée en parti en 1901, comme les radicaux), les monarchistes et les conservateurs sans épithète.

Système électoral

Les élections se déroulent au scrutin uninominal à deux tours par arrondissements (loi du 13 février 1889).

Résultats

Résultats des législatives françaises de 1902[1]
Partis Voix  % Sièges
Parti républicain radical et radical-socialiste (PRRRS) 2 267 071 26,96 233
Alliance républicaine démocratique (ARD) 1 808 736 21,50 114
Républicains progressistes (Prog.) 1 307 328 17,70 88
Action libérale (AL) 1 270 321 15,10 78
Parti nationaliste (PN) 883 336 8,34 35
Parti socialiste de France (PSdF) 531 487 6,31 29
Parti socialiste français (PSF) 344 445 4,09 12
Total 8 412 724 100,00 589
Abstentions 2 645 978 23,93
Inscrits / participation 11 058 702 76,07

Analyse

La division des républicains de gouvernement et le passage à l'opposition des progressistes ne permet pas au camp antiministériel (à ne pas confondre avec la droite, qui désigne les groupes parlementaires non républicains ; les progressistes restent intransigeants sur le principe républicain) de l'emporter, même s'il arrive très près en voix du camp ministériel (seulement 100 000 voix de différence), essentiellement grâce aux progrès nationalistes. Mais ce sont les radicaux qui progressent le plus. Ceux-ci constituent désormais la principale force politique en France et, surtout, ils se retrouvent au centre de la coalition au pouvoir, le Bloc des gauches. Prenant acte de la victoire radicale et parce que ne désirant pas un tête-à-tête avec eux, le modéré Pierre Waldeck-Rousseau laisse la place à Émile Combes à la présidence du Conseil. Le gouvernement Émile Combes s'illustrera par son anticléricalisme qui le conduira à faire voter la loi de séparation des Églises et de l'État en 1905.

Les socialistes se retirent du Bloc des gauches en 1904, à la suite du congrès de l'Internationale socialiste d'Amsterdam.

VIIIe législature

Durée de la législature : - .

Président de la République : Émile Loubet (jusqu'au ), Armand Fallières ensuite.

Président de la Chambre des députés :

L. Bourgeois président de la Chambre des députés, Le Petit Journal 15 juin 1902.
Liste des gouvernements successifs
Gouvernement Dates (Durée) Président du Conseil Composition initiale
 1 Gouvernement Émile Combes du au (2 ans et 225 jours) Émile Combes (PRRRS) 11 ministres
1 sous-secrétaire d'État
 2 Gouvernement Maurice Rouvier (2) du au (1 an et 25 jours) Maurice Rouvier (ARD) 11 ministres
3 sous-secrétaires d'État
Gouvernement Maurice Rouvier (3) du au (17 jours) 11 ministres
2 sous-secrétaires d'État
 3 Gouvernement Ferdinand Sarrien du au (220 jours) Ferdinand Sarrien (PRRRS) 11 ministres
3 sous-secrétaires d'État

Notes et références

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Jean-Marie Mayeur, La vie politique sous la Troisième République, Le Seuil
  • Frédéric Salmon, Atlas électoral de la France de 1848 à 2001, Le Seuil
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