Édouard Lockroy

Édouard Lockroy dit Lockroy fils, de son vrai nom Édouard-Étienne-Auguste Simon, est un journaliste et homme politique français né le à Paris où il est mort le .

Pour les articles homonymes, voir Édouard Simon et Simon.

Resté fidèle à l'extrême gauche pendant les années 1870, Lockroy se rapprocha ensuite du républicanisme et surtout du parti radical-socialiste, dont il devint l'une des figures de proue sous la Troisième République. Longtemps à la tête du ministère de la Marine, il engagea une politique navale volontariste et expansionniste. Son passage au ministère du Commerce et de l'Industrie lui permit par ailleurs de soutenir activement l'édification vivement contestée de la tour Eiffel.

Son nom a été donné à une station de recherche située sur la péninsule Antarctique, Port Lockroy.

Biographie

Édouard Simon est le fils de Joseph-Philippe Simon (1803-1891), comédien et auteur dramatique qui avait pris le pseudonyme de Lockroy (son père, général d'Empire, lui ayant interdit d'employer son nom), et d'Antoinette-Stéphanie Jullien, fille de Marc-Antoine Jullien fils[1] qui publiera elle-même deux ouvrages, Contes à mes nièces en 1868 et Les Fées de la famille en 1886.

La Commune et l'Assemblée, 1871.

Après avoir entamé des études artistiques, Édouard Lockroy s'engage en 1860 sous les ordres de Giuseppe Garibaldi et participe à l'unification de l'Italie. Il passe les trois années suivantes en Syrie en tant que secrétaire d'Ernest Renan. À son retour à Paris, Lockroy devient un opposant actif au Second Empire au travers d'articles publiés dans les colonnes du Figaro, du Diable à quatre, puis du Rappel. Au cours du siège de Paris, il reçoit le commandement d'un bataillon.

Carrière parlementaire

Caricature d'Édouard Lockroy par Georges Lafosse parue dans Le Trombinoscope de Touchatout en 1874.

En , il est élu député à l'Assemblée nationale sur les bancs de l'extrême gauche. Il s'y distingue notamment en protestant contre les négociations de paix.

Un mois plus tard, Lockroy fait partie des signataires de la proclamation pour l'organisation d'élections de la Commune de Paris, et démissionne de son mandat de député. Arrêté lors d'affrontements à Vanves, il est emprisonné à Versailles puis à Chartres jusqu'en juin où il est libéré sans procès. Élu au conseil municipal de Paris sur les listes des républicains radicaux aux élections du 30 juillet 1871, il est incarcéré à nouveau pour la rédaction d'articles polémiques dans la presse, puis en 1872 après un duel avec Paul de Cassagnac.

Lockroy effectue son retour à la Chambre en 1873 en tant que député radical-socialiste des Bouches-du-Rhône, puis d'Aix-en-Provence à la suite des élections de 1877. Il défend alors, avec Clemenceau, François Raspail et Victor Hugo, l'amnistie pleine et entière pour les Communards. En il est l'un des signataires du manifeste des 363, députés s'opposant au gouvernement de Broglie[2].

Le , il épouse Alice Lehaene, veuve de Charles Hugo, le fils de l'écrivain.

Le , Édouard Lockroy organise une conférence pour venir en aide à la situation financière de l'ancienne communarde et veuve du colonel Marie La Cécilia. Étienne Carjat, Charles Callet y participent et Clémenceau en assure la présidence[3],[4].

Aux législatives de 1881, il est élu à la fois à Aix et dans le 11e arrondissement de Paris. Contraint de choisir, il porte alors sa préférence sur son mandat parisien (il sera par la suite réélu à de multiples reprises et siège jusqu'en 1910). Au cours des élections de 1893, Lockroy est la cible d'un attentat perpétré par un cocher et un poète du nom de Moore, qui tire plusieurs balles en sa direction sans le blesser grièvement.

Fonctions ministérielles

Au sein du nouveau cabinet ministériel de Charles de Freycinet, formé en , Lockroy obtient l'important portefeuille du Commerce et de l'Industrie, qu'il conserve sous le gouvernement Goblet (1886-1887). Sa popularité le place en tête des élections à Paris, sa participation au gouvernement Freycinet étant perçue comme la perspective d'une réconciliation entre le radicalisme parisien et le républicanisme officiel. Son passage au ministère du Commerce et de l'Industrie lui permet notamment d'organiser les premiers préparatifs pour l'Exposition universelle de Paris de 1889 : dans une lettre pleine de « mordant », Lockroy soutient l'édification de la tour Eiffel contre l'opinion réfractaire du « Paris artistique ». Il enverra, au contraire, une lettre très élogieuse au pédagogue François Gouin pour sa nouvelle méthode d’apprentissage des langues étrangères.

Après le scandale de Panama et la crise boulangiste, Lockroy s'affirme comme l'une des principales figures du Parti radical. Il devient vice-président de la Chambre des députés en 1894-1895, avant d'être nommé ministre de la Marine sous le gouvernement de Léon Bourgeois. Les réformes drastiques qu'il engage dans son domaine de compétence alarment les politiciens les plus modérés, mais il gagne la confiance de l'opinion et peut ainsi conserver son portefeuille sous les gouvernements Brisson (1898) et Dupuy (1898-1899).

Lockroy accorda son soutien au gouvernement de Pierre Waldeck-Rousseau, mais critique activement la politique navale menée par Camille Pelletan sous le gouvernement de Combes (1902-1905), période au cours de laquelle il accède à nouveau à la vice-présidence de la Chambre des députés.

En 1905, il vote la loi de séparation des Églises et de l'État. Il meurt le [5] et est inhumé trois jours plus tard au cimetière du Père-Lachaise (26e division)[6]

Œuvres

Édouard Lockroy a été tout au long de sa carrière l'avocat de la politique navale française, qu'il souhaitait voir s'affirmer avec davantage de volontarisme. Il est notamment l'auteur de :

  • La Marine de Guerre (1890)
  • Six mois rue Royale (1897)
  • La Défense navale (1900)
  • Du Weser à la Vistule (1901)
  • Les Marines française et allemande (1904)
  • Le Programme naval (1906)

Parmi ses autres ouvrages, on compte M. de Moltke et la Guerre future (1891), le Journal d'une bourgeoise pendant la Révolution (1881), inspiré de lettres écrites par son arrière-grand-mère, Rosalie Jullien et L'Île révoltée (1877) qui retrace ses aventures auprès de Giuseppe Garibaldi, en compagnie d'Alexandre Dumas[7].

Il publia ses mémoires sous le titre de Au hasard de la vie : Notes et Souvenirs ; préface de Jules Claretie (1913)

Sources

  • Colonel Henri Charbonnel, De Madagascar à Verdun, Vingt ans à l'ombre de Gallieni, Éditions Karolus, 1962
  • « Édouard Lockroy », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]

Liens externes

Notes et références

  1. Marie-Claude Delieuvin, Marc-Antoine Jullien, de Paris, 1775-1848: théoriser et organiser l'éducation, Paris, L'Harmattan, 2003, 380 pages, p. 347, note 316 (ISBN 2747550338).
  2. Fiche sycomore
  3. « Marie David, femme La Cécilia », sur La Commune de Paris, (consulté le )
  4. Marcel Cerf, « Napoléon et Marie la Cécilia », sur www.commune1871.org (consulté le )
  5. André Nède, Nécrologie, in Le Figaro, 23 novembre 1913, p. 2, lire en ligne sur Gallica
  6. E. Delaroche, « Les obsèques de M. Édouard Lockroy », in Le Figaro, 26 novembre 1913, p. 2, lire en ligne sur Gallica
  7. Voir également à ce sujet Viva Garibaldi : Une odyssée en 1860 d'Alexandre Dumas.

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