< Fonctions d'une variable réelle
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Dans tout ce chapitre, est une fonction définie sur un intervalle et continue en un point et est un entier naturel.

Définition

Définition

On dit que admet un développement limité d'ordre au point s'il existe un polynôme tel que (avec la notation o de Landau) :

.

Dans ce cas, il existe un unique polynôme de degré inférieur ou égal à vérifiant cette propriété ; on l'appelle la partie régulière du développement limité de à l'ordre en .

La fonction cosinus et son développement limité d'ordre 4 au voisinage de 0.

L'idée à retenir est qu'un développement limité est une approximation polynomiale au voisinage du point où il est effectué : l'image le montre bien.

Formules de Taylor

Nous exposons ici trois formules de Taylor :

Formule de Taylor-Young

Si admet une dérivée -ième au point , alors elle admet un développement limité à l'ordre en , donné par ou, sous forme plus compacte :

.

Fin du théorème
Remarque
Pour démontrer ce théorème, on utilise celui d'intégration terme à terme (voir infra). Ces deux théorèmes se généralisent aux fonctions d'un espace vectoriel normé dans un autre : voir Calcul différentiel/Théorèmes utiles#Développement limité.

La formule de Taylor-Young est à usage local (du fait de la présence du ).

Les autres formules de Taylor sont à usage global.

Elles permettent notamment de préciser la valeur du « reste » de la formule de Taylor-Young :

Formule de Taylor avec reste intégral de Laplace

Si est de classe sur , alors pour tout :

Fin du théorème

La formule de Taylor-Lagrange et son corollaire immédiat, l'inégalité de Taylor-Lagrange, sont des généralisations respectives du théorème des accroissements finis et de l'inégalité des accroissements finis (voir Fonctions d'une variable réelle/Dérivabilité).

Formule de Taylor-Lagrange

Si est de classe sur et fois dérivable sur (avec ), alors il existe tel que :

.

Fin du théorème

(Si , on a un énoncé analogue en remplaçant par et par .)

Corollaire : inégalité de Taylor-Lagrange

Si est fois dérivable sur et si , alors :

.

Développements limités des fonctions usuelles en zéro

On a alors les développements limités des fonctions usuelles, directement (ou presque) avec la formule de Taylor-Young :

  • le développement limité à l’ordre d'une fonction polynomiale est la troncature de cette fonction à l’ordre ;

  • avec et (si , c’est un polynôme…) ;
    • Cas particulier : :

      et .

Remarque : On trouvera parfois dans d'autres sources des listes (beaucoup) plus longues de développements limités à connaître. Cependant, ceux présentés ci-dessus suffisent dans la pratique ; les exemples ci-dessous montrent comment obtenir d'autres développements limités à partir de ceux-ci.

Propriétés des développements limités

Somme et produit

Propriété

Soient et deux fonctions sur un intervalle . Si leurs développements limités en un point à l’ordre sont

et

alors :

  1. le développement limité de la somme est donné par :
    ;
  2. le développement limité du produit est donné par
    ,
    est le reste de la division euclidienne de par .

Dérivation et intégration terme à terme

Théorème

Si a un développement limité à l'ordre en :

alors :

  1. toute primitive de a un développement limité à l'ordre en , qui est la primitive terme à terme du développement limité de :
    ;
  2. par conséquent, si est dérivable alors le développement limité de à l'ordre en , s'il existe, est la dérivée terme à terme du développement limité de :
    .
Fin du théorème
Remarque
Ce théorème d'« intégration » (plus exactement : de primitivation) terme à terme s'étend aux fonctions d'un espace vectoriel normé dans un autre : voir Calcul différentiel/Théorèmes utiles#Développement limité.

Pourquoi ne peut-on pas dériver un développement limité terme à terme comme on peut le faire pour une primitive ?

Pour comprendre, on peut prendre l'exemple classique de , prolongée par . Cette fonction admet un développement limité d'ordre en mais n'a pas de limite en donc pas de développement limité en (même à l'ordre ).

L'idée est qu'en dérivant, on « perd (au moins un peu) la régularité » de la fonction (si est de classe , alors est de classe ) et rien n'assure que si admet un développement limité à l'ordre alors en admet un, même à l'ordre .

Par contre, on « gagne en régularité » en intégrant donc on peut être sûr de l’existence du développement limité de .

Composition

Indication de procédé

Soit une seconde fonction, définie sur un intervalle contenant . Si et admettent chacune un développement limité à l'ordre , respectivement en et , alors admet un développement limité à l'ordre en , obtenu en composant ces deux développements limités.

Exemple : développement limité à l'ordre 2 en 0 de

Développement limité à l'ordre 2, en , de :

.

Développement limité à l'ordre 2, en , de donc en 0 de :

.

Développement limité à l'ordre 2 en 0 de :

Fin de l'exemple

Exemples

Les exemples qui suivent illustrent quelques méthodes de calcul des développements limités souvent utilisées et montrent comment, grâce à ces propriétés, on peut obtenir de nouveaux développements limités .

Développement limité en à l’ordre de

Il suffit de remarquer que et d’utiliser le développement limité de et l'intégration des développements limités.

On a alors :

(on se contente de l’ordre : l'intégration permettra d'obtenir l’ordre )

puis :

.

Remarque : Dans cet exemple comme dans tous les autres, on pourrait aussi utiliser la formule de Taylor-Young. Elle a cependant le défaut de nécessiter des calculs de dérivées parfois fastidieux (dans cet exemple, il faudrait dériver la fonction jusqu'à l’ordre ).

Fin de l'exemple
Développement limité en à l’ordre de

On peut par exemple remarquer que . Mais se pose alors un problème : comment faire le quotient des développements limités ?

Formons d’abord les développements limités de et en à l’ordre :

.

L'astuce consiste alors à poser et à composer avec le développement limité de au point .

On obtiendra alors le développement limité de en , qu'on multipliera avec celui de (faites les calculs : c’est un bon exercice).

On obtient, tous calculs faits, le développement limité de en :

  • car en ;
  • .
Fin de l'exemple
Développement limité en de à l’ordre

La méthode à retenir pour effectuer un développement limité au voisinage d'un réel non nul (ici ) consiste à effectuer un changement de variable pour « se ramener en zéro » : on pose donc ici .

On obtient alors :

Fin de l'exemple

Voyez aussi les exercices sur les développements limités.

Applications : calculs de limites et étude locale d'une fonction

La limite d'une fonction en un point est égale à celle de son développement limité en .

Mais il y a nettement mieux : le développement limité donne une « vision » du comportement de la fonction au voisinage du point . En particulier, pour trouver une équation de tangente (ou d'asymptote, voir le paragraphe suivant) en à la courbe de la fonction, il suffit de prendre les termes de degré et du développement limité.
Le signe des termes d'ordre supérieur donne la position de la courbe par rapport à cette tangente (ou asymptote).

Exemple

On reprend l'exemple 3 ci-dessus. On peut en déduire que l'équation de la tangente à la courbe de en est :

.
Fin de l'exemple

Développements limités généralisés

Ce sont des développements limités en ou en . On les déduit de ceux en par un changement de variable .

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