Trastuzumab
Le trastuzumab (dont le nom de marque est, selon les pays, Herceptin ou Herceptine) est un anticorps monoclonal recombinant spécifique des récepteurs HER2/neu (également appelé ErbB2). Il est utilisé comme médicament anti-cancéreux dans certaines formes de cancer du sein. Afin d’inhiber la croissance tumorale dépendant de HER 2, des anticorps monoclonaux spécifiquement dirigés contre le domaine extracellulaire du récepteur HER 2 ont été développés. Le plus puissant est l’anticorps murin Mab 4D5. Son caractère immunogène, limitant son utilisation a entrainé le développement d’anticorps monoclonaux recombinants humanisés (IgG1) comme le trastuzumab (Herceptin) dont l’affinité pour HER 2 est 3 fois plus importante que le 4D5.
Trastuzumab | |
Herceptin Fab | |
Identification | |
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No CAS | |
No ECHA | 100.224.377 |
Code ATC | L01 |
DrugBank | DB00072 |
PubChem | 736684 |
Propriétés chimiques | |
Formule brute | C6470H10012N1726O2013S42 [Isomères] |
Masse molaire[1] | 145 529,811 ± 7,036 g/mol C 53,4 %, H 6,93 %, N 16,61 %, O 22,13 %, S 0,93 %, |
Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire. | |
Mécanisme d'action
Il bloque la partie extracellulaire du récepteur trans-membranaire (ErbB2, qui active une tyrosine kinase) d'un facteur de croissance dont l'expression est exacerbée dans certains types de cancers du sein et dont l'évolution spontanée est particulièrement rapide[2]. Dans ce cas, le trastuzumab, donné à long terme, entraîne une réduction significative de la mortalité et une augmentation du taux de rémission[3]
Pharmacocinétique
Il est disponible sous forme de perfusion. Sa demi-vie est longue, permettant des injections séparées par des délais d'une à plusieurs semaines[4].
Le volume de distribution du trastuzumab est faible (2,95 litres) et reflète sa distribution exclusive dans le compartiment vasculaire. La demi-vie est fixée à 28 jours mais varie avec la dose administrée (en administration unique, pharmacocinétique non linéaire). L'élimination fait intervenir uniquement le système réticulo-endothélial. La clairance du trastuzumab est corrélée aux poids du patient, aux nombres de sites métastatiques (significativement au-delà de 4 sites) et aux concentrations de domaines extracellulaires circulant du récepteur HER 2 bien qu’aucune corrélation clinique n’existe avec ces taux d’antigènes. L’âge des patients est considéré sans influence sur la pharmacocinétique. Le trastuzumab n'influence pas non plus les concentrations de taxanes ou d'anthracyclines. En revanche, la concentration de trastuzumab est doublée lors de son association au paclitaxel. D'un point de vue pharmacodynamique, le trastuzumab est synergique avec les taxanes et les anthracyclines mais antagoniste avec le cyclophophamide.
Indications
Cancer du sein
Cancer du sein précoce
Le trastuzumab est indiqué dans le traitement du cancer du sein précoce HER2 positif[5] :
- après chirurgie, chimiothérapie (néoadjuvante ou adjuvante) et radiothérapie.
- après une chimiothérapie adjuvante avec la doxorubicine et le cyclophosphamide, en association avec le paclitaxel ou le docetaxel.
- en association avec une chimiothérapie adjuvante associant le docetaxel et le carboplatine.
- en association avec une chimiothérapie néoadjuvante, suivie d’un traitement adjuvant avec le trastuzumab, chez les patients ayant une maladie localement avancée (y compris inflammatoire) ou des tumeurs mesurant plus de 2 cm de diamètre.
Cancer du sein métastatique
Le trastuzumab est indiqué dans le traitement du cancer du sein métastatique HER2 positif[5] :
- en monothérapie, chez les patientes déjà prétraitées par au moins deux protocoles de chimiothérapie pour leur maladie métastatique. Les chimiothérapies précédentes doivent au moins inclure une anthracycline et un taxane, à moins que ces traitements ne conviennent pas aux patientes. Les patientes répondeurs à l'hormonothérapie doivent également être en échec à l'hormonothérapie, à moins que ces traitements ne leur conviennent pas.
- en association avec le paclitaxel, chez les patientes non prétraitées par chimiothérapie pour leur maladie métastatique et chez lesquelles le traitement par anthracyclines ne peut pas être envisagé.
- en association avec le docetaxel, chez les patientes non prétraitées par chimiothérapie pour leur maladie métastatique.
- en association avec un inhibiteur de l’aromatase, chez les patientes ménopausées ayant des récepteurs hormonaux positifs, non traitées précédemment par trastuzumab.
- La Food and Drug Administration (FDA) a approuvé le l'utilisation de l'anticorps conjugué trastuzumab-emtansine (T-DM1) chez des femmes atteintes de cancer du sein HER2 métastatique déjà traitées par trastuzumab et taxanes. Ce traitement est le quatrième approuvé aux États-Unis chez les femmes HER2-positive après le trastuzumab (Herceptin), le lapatinib (Tyker) et le pertuzumab[6],[7].
Cancer gastrique métastatique
Le trastuzumab est indiqué dans le traitement de l’adénocarcinome métastatique de l'estomac ou de la jonction œsogastrique HER2 positif, en association avec la capécitabine ou le 5-fluoro-uracile et le cisplatine, chez les patients n’ayant pas été précédemment traités pour leur maladie métastatique. Le trastuzumab doit être utilisé uniquement chez les patients atteints d’un cancer gastrique métastatique dont les tumeurs présentent une surexpression de HER2 définie par IHC2+ confirmée par un résultat FISH+ ou SISH+[Note 1] , ou par IHC3+. Des méthodes d’analyse précises et validées doivent être utilisées[8].
Effets secondaires
Les plus fréquents sont une réaction allergique dans moins de 10 % des cas[9]. Une toxicité cardiaque a été décrite, le plus souvent réversible, dont le mécanisme n'est pas clair[10].
L'administration avec les anthracyclines, drogues majeures de chimiothérapie contre le cancer du sein, pourrait provoquer des problèmes cardiaques à type de dysfonctionnement ventriculaire gauche voire d'insuffisance cardiaque dans plus d'un quart des patientes[11]. Cependant cette toxicité cardiaque semble beaucoup plus rare dans d'autres études[12].
Cardiotoxicité
Dans la cellule myocardique, HER2 à un rôle essentiel à la fois dans l’embryogénèse et dans le maintien des fonctions contractiles des cardiomyocytes. L’inhibition tardive de HE 2 se traduit par une cardiomyopathie dilatée et une augmentation de la sensibilité aux anthracyclines. La neuréguline 1 est produite par les cellules endothéliales cardiaques. Sa liaison à HER4 entraîne une dimérisation HER2/HER4 et l’activation de la voie MAPK impliquée dans les processus de survie, de prolifération et contraction.
L'incidence de la survenue d'une cardiomyopathie ou d'une insuffisance cardiaque est variable suivant les études. Elle serait inférieure à 2 % pour l'apparition de signes d'insuffisance cardiaque et autour de 7 % lorsque l'on considère seulement une diminution de la fraction d'éjection de plus de 20 %. Ces chiffres augmentent sensiblement si le traitement est associé avec une anthracycline[13]. Ils seraient bien supérieurs chez la femme âgée, concernant dans ce cas, près d'un tiers des personnes traitées[14].
Divers
Législation : en Belgique, réservé à l'usage hospitalier.
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Trastuzumab » (voir la liste des auteurs).
Notes
- Pour l'anglais : Silver In Situ Hybridization
Références
- Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
- (en) Human breast cancer: correlation of relapse and survival with amplification of the HER-2/neu oncogene, DJ Slamon, GM Clark, SG Wong, WJ Levin, A Ullrich, WL McGuire, Science, 1987;235;4785;177-182
- (en) 2-year follow-up of trastuzumab after adjuvant chemotherapy in HER2-positive breast cancer, Ian Smith, Marion Procter, Richard D Gelber, Sébastien Guillaume, Andrea Feyereislova, Mitch Dowsett, Aron Goldhirsch, Michael Untch, Gabriella Mariani, Jose Baselga, Manfred Kaufmann, David Cameron, Richard Bell, Jonas Bergh, Robert Coleman, Andrew Wardley, Nadia Harbeck, Roberto I Lopez, Peter Mallmann, Karen Gelmon, Nicholas Wilcken, Erik Wist, Pedro Sánchez Rovira, Martine J Piccart-Gebhart, Lancet 2007;369:29-36
- (en) Leyland-Jones B, Gelmon K, Ayoub JP et al. Pharmacokinetics, safety, and efficacy of trastuzumab administered every three weeks in combination with paclitaxel. J Clin Oncol 2003;21:3965-3971
- [PDF]Synthèse d'avis HAS ()
- Dossier de presse FDA ()
- S. Verma et al., « Trastuzumab emtansine for HER2-positive advanced breast cancer », The New England journal of medicine, vol. 367, no 19, , p. 1783-1791 (PMID 23020162, lire en ligne)
- [PDF]Synthèse d'avis HAS ()
- (en)Notice pharmacologique (en anglais)
- (en) Hudis CA, Trastuzumab — Mechanism of Action and Use in Clinical Practice, N Eng J Med, 2007;357:39-51
- (en)Slamon DJ, Leyland-Jones B, Shak S et al. Use of chemotherapy plus a monoclonal antibody against HER2 for metastatic breast cancer that overexpresses HER2, N Engl J Med, 2001;344:783-792
- (en)Gianni L, Eiermann W, Semiglazov V et al. Neoadjuvant chemotherapy with trastuzumab followed by adjuvant trastuzumab versus neoadjuvant chemotherapy alone, in patients with HER2-positive locally advanced breast cancer (the NOAH trial): a randomised controlled superiority trial with a parallel HER2-negative cohort, Lancet, 2010;375:377-384
- Bria E, Cuppone F, Fornier M et al. Cardiotoxicity and incidence of brain metastases after adjuvant trastuzumab for early breast cancer: the dark side of the moon? A meta-analysis of the randomized trials, Breast Cancer Res Treat, 2008;109:231–239
- Chen J, Long JB, Hurria A et al. Incidence of heart failure or cardiomyopathy after adjuvant trastuzumab therapy for breast cancer, J Am Coll Cardiol, 2012;60:2504-2512
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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