Food and Drug Administration
La Food and Drug Administration (FDA, « Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux »[1]) est l'administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments.
Cet organisme a, entre autres, le mandat d'autoriser la commercialisation des médicaments sur le territoire des États-Unis.
Historique
- 1906 (juin) : le président Théodore Roosevelt signe le Food and Drug Act, également appelé Wiley Act d’après son principal artisan[2]. Cette loi répond aux inquiétudes de l'opinion publique alertée par les reportages des journalistes d'investigation de l'ère progressiste[2].
- 1927 : Le « Bureau de la chimie » est réorganisé en deux entités distinctes. Les fonctions régulatoires sont reprises par l'« Administration des denrées, médicaments et insecticides » (Food, Drug, and Insecticide Administration) et les fonctions non régulatoires sont reprises par le « Bureau de la chimie et des sols » (Bureau of Chemistry and Soils).
- 1930 : Le nom d' « Administration des denrées, médicaments et insecticides » est raccourci en « Administration des denrées et médicaments » (Food and Drug Administration) dans une loi d'appropriation de l'agriculture.
- 1938 : Le président Franklin D. Roosevelt signe le Federal Food, Drug, and Cosmetic Act[3], texte contraignant dans lequel la FDA puise son autorité, et qui devait répondre au drame national survenu l'année précédente qui avait vu mourir une centaine de personnes par ingestion de l'élixir sulfanilamide, médicament rendu toxique par la présence de diéthylène glycol[4].
- 1953 : La FDA est placée sous l'autorité du « Ministère de la Santé, de l’Éducation et du Bien-être ».
- Le Naval Ordnance Laboratory de White Oak est investi par la FDA et devient son nouveau quartier général. Cependant, des restrictions de budget ont ralenti le déménagement de beaucoup des bureaux de la FDA.
L'administration fédérale prépare des réformes législatives en vue de réformer le système de surveillance, jugé inadapté (en juin 2009, des produits de Nestlé, faits à partir de pâte de cookie (en), ont été rappelés, les produits contenant la bactérie potentiellement mortelle E. coli O157:H7, habituellement présente à l'intérieur des intestins des bovins[5]).
En novembre 2017, la FDA autorise la commercialisation d'une pilule "traçable" aux États-Unis visant à traiter la schizophrénie et les frénésie. Elle est équipée d'un système permettant de détecter si un patient l'a ingéré[6]. Cette innovation cherche à surveiller que les patients prennent leur traitement. Cependant, elle soulève des questions éthiques sur la vie privée des patients[7].
Législation
- 1906 : Pure Food and Drug Act
- 1938 : Federal Food, Drug, and Cosmetic Act
- 1944 : Public Health Service Act (en)
- 1951 : Food, Drug, and Cosmetics Act Amendments (en) PL 82–215
- 1953 : Flammable Fabrics Act (en) PL 83–88
- 1960 : Federal Hazardous Substances Labeling Act (en) PL 86–613
- 1962 : Food, Drug, and Cosmetics Act Amendments (en) PL 87–781
- 1965 : Federal Cigarette Labeling and Advertising Act (en) PL 89–92
- 1966 : Fair Packaging and Labeling Act (en) PL 89–755
- 1966 : Child Protection Act (en) PL 89–756
- 1970 : Federal Cigarette Labeling and Advertising Act Amendments (en) PL 91–222
- 1972 : Consumer Products Safety Act (en) PL 92–573
- 1976 : Medical Device Regulation Act (en) PL 94–295
- 1986 : Comprehensive Smokeless Tobacco Health Education Act (en) PL 99–252
- 1988 : Anti—drug Abuse Act (en) PL 100–690
- 1990 : Nutrition Labeling and Education Act (en) PL 101–535
- 1992 : Prescription Drug User Fee Act (en) PL 102–571
- 2011: FDA Food Safety Modernization Act PL 111–353
Organisation
Le siège de la FDA est à Silver Spring dans le Maryland. Elle salarie environ 9 300 personnes et gère un budget annuel de 2,3 milliards de dollars (chiffres 2008).
Prérogatives
La FDA n'a pas autorité pour exiger le retrait d'un médicament du marché ; elle ne peut qu'inviter l’entreprise concernée à retirer volontairement le produit incriminé du marché.
Controverses
Le Federal Food, Drug, and Cosmetic Act exige que tout produit contenant des substances nouvelles soit testé par les entreprises avant d'être soumis à l'examen de la FDA qui décidera ou non de sa mise sur le marché. L'agence ne réalise pas d'études toxicologiques, elle examine les données fournies par les demandeurs.
Cette position peut donner matière à critiques et conflits. Ainsi, selon le vétérinaire Burroughs, chargé de l'examen de la demande d'autorisation de mise sur le marché de la somatotropine fabriquée par l'entreprise Monsanto, et interrogé par Marie-Monique Robin dans son livre Le monde selon Monsanto[8] : « le dossier fourni par Monsanto était aussi haut que moi […] Or, le règlement de la FDA nous impose de ne pas dépasser un délai de cent quatre-vingts jours pour analyser les données[9]. En fait, c'est une technique des entreprises pour décourager un examen minutieux : elles envoient des tonnes de papiers en espérant que vous vous contenterez de les survoler[9]. J'ai très vite compris que les données ne visaient qu'à prouver que la rBGH [-nb :- en anglais : recombinant Growth Hormone Bovine-, ou rBST - recombinant Bovine Somatotropin- par l'entreprise Monsanto] dopait effectivement la production laitière[9]. Les scientifiques travaillant pour Monsanto ne s'étaient pas du tout intéressés à des questions cruciales [...][9] » Burroughs, quand il a vu que des « données manquaient », demande à l'entreprise de « revoir sa copie[10] ». Il est d'abord suivi dans sa requête par la FDA, avant de se trouver « mis sur la touche[10],[11] ». « On m'a bloqué l'accès aux données que j'avais moi-même demandées, jusqu'à ce que je sois complètement dépossédé du dossier. Et puis, le 3 novembre 1989, mon chef m'a raccompagné à la porte, c'était fini pour moi [licencié]... […] pour incompétence[11]. » Lorsque la journaliste lui demande si la FDA a été trompée par Monsanto, Burroughs répond : « Trompé n'est pas le mot juste, car cela signifierait que cela se serait passé à son insu. Non, l'agence a sciemment fermé les yeux sur les données dérangeantes parce qu'elle voulait protéger les intérêts de la société, en favorisant au plus vite la mise sur le marché de l'hormone transgénique[11]… »
Directeur de la publicité chez Monsanto, Phil Angell déclarait au sujet des OGM : « Notre intérêt est d'en vendre le plus possible. En garantir l'innocuité, c'est le boulot de la FDA ». Ces propos déclenchèrent une vive polémique sur le rôle de la FDA[12].
La FDA a le pouvoir de rendre un médicament ou un aliment commercialisable aux États-Unis. Les liens entre des firmes pharmaceutiques, les milieux financiers et le gouvernement américain ont permis d'autoriser des aliments[13], vaccins ou médicaments dangereux (ou inutiles), ou d'interdire des médicaments, appareils[14] ou thérapies concurrentes des thérapies autorisées. Pour exemple, l'histoire de l'approbation de l'aspartame pour un usage alimentaire en donne un aperçu[15].
Notes et références
- « Protection de l’approvisionnement des États-Unis en produits alimentaires », novembre 2003. 2/16. Consulté le 5 février 2011.
- (en) US Food and drug administration, « History of the FDA The 1906 Food and Drugs Act and Its Enforcement » (consulté le 2 avril 2009)
- (en) U.S Food and Drug Administration - Federal Food, Drug, and Cosmetic Act
- U.S Food and Drug Administration
- (en) Nestlé Recall Leaves A Mystery in Its Wake, The Washington Post, 21 juin 2009
- (en-GB) « FDA approves 'trackable' pill », BBC News, (lire en ligne)
- Natalie Rahhal, « FDA approves first ever trackable pill that syncs with a cell phone », Daily Mail, 14 bovembre 2017 (lire en ligne)
- Le Monde selon Monsanto, Marie-Monique Robin 2008 chapitre 5 : L'affaire de l'hormone de croissance bovine : la Food and Drug Administration sous influence, p. 102.
- Le monde selon Monsanto, op. cit., p. 103
- Le monde selon Monsanto, op. cit., p. 104
- Le monde selon Monsanto, op. cit., p. 105.
- Noam Chomsky et Edward Herman, La Fabrication du consentement. De la propagande médiatique en démocratie, Agone, 2008
- (en) Independent Institute (en), « Why the FDA Has an Incentive to Delay the Introduction of New Drugs », sur http://www.fdareview.org (consulté le 17 avril 2008)
- (en) The Independent Institute, « Some Remarks About Medical Devices », sur http://www.fdareview.org (consulté le 17 avril 2008)
- Sophie Caillat, « L’aspartame blanchi par les experts : quelques raisons de douter », sur rue89.nouvelobs.com, (consulté le 14 novembre 2016)
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Milton et Rose Friedman, Free to choose: a personal statement, New York: Harcourt Brace Jovanovich, 1980 (ISBN 0-15-133481-1).
Articles connexes
- Generally recognized as safe (GRAS)
- Dose journalière admissible (DJA)
- Sécurité sanitaire des aliments
- Toxicologie alimentaire
- Michael R. Taylor (nommé Deputy Commissionner for Food par Obama, cet avocat travailla pour Monsanto où il fut chargé de la communication)
Liens externes
- (en) Site officiel
- (en) FDA Review
- Portail de la pharmacie
- Portail de l’alimentation et de la gastronomie
- Portail des États-Unis
- Portail de la médecine