Yser

L'Yser (néerlandais: IJzer) est un petit fleuve côtier du nord de la France, dans le département du Nord, et du nord-ouest de la Belgique, dans la province de Flandre-Occidentale.

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l'Yser
(IJzer)

L'Yser à Nieuport.

Cours de l'Yser (Version interactive)
Caractéristiques
Longueur 78 km [réf. nécessaire]
Bassin 1 101 km2 [réf. nécessaire]
Bassin collecteur Yser
Débit moyen m3/s (Nieuport) [réf. nécessaire]
Régime Pluvial océanique
Cours
Source source
· Localisation Buysscheure (France)
· Altitude 30 m
· Coordonnées 50° 48′ 49″ N, 2° 21′ 13″ E
Embouchure Mer du Nord
· Localisation Nieuport
· Altitude m
· Coordonnées 51° 09′ 10″ N, 2° 43′ 25″ E
Géographie
Principaux affluents
· Rive gauche Zwyne Becque
· Rive droite Ieperlee, Peene Becque, Ey Becque
Pays traversés France
Belgique
Principales localités Esquelbecq, Poperinge, Dixmude, Nieuport

Sources : SANDRE:« E4900570 », Géoportail, Banque Hydro

Présentation

L'Yser prend sa source à Buysscheure et Lederzeele (département du Nord) près de Saint-Omer (Pas-de-Calais) en France à 35 m au-dessus du niveau de la mer. Il s’écoule vers la mer du Nord, en traversant les Flandres française et belge pour rejoindre la mer à Nieuport en Belgique, dans un estuaire très artificialisé.

Côté français, ce fleuve fait l'objet d'un Schéma d'Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) .

Côté belge, depuis le début des années 1970, l'Yser sert à produire de l’eau potable (la vallée de l’Yser est démunie en nappes phréatiques exploitables). Un vaste bassin a été construit près de Woumen. Il dessert en eau une partie de la province de Flandre occidentale.

Hydronymie

Bien que son nom signifie « fer » en néerlandais (ijzer), l'Yser tient plus probablement d'une racine pré- ou proto-indo-européenne Isar-a, vraisemblablement perpétuée par les langues celtiques à une époque ancienne[1]. Elle est, en effet, apparentée à l'indo-européen *isərós « impétueux, vif, vigoureux », proche du sanskrit isiráh, de même sens[2]. Ce nom a la même origine que celui de l'Isère, de l'Oise, de l'Isar (Allemagne), de l'Isara (Italie), l'Ésera (Espagne), etc.

Histoire

L’Yser a servi de voie de transport dès l'époque romaine, et peut-être dès la Préhistoire.

Le bas du bassin versant a subi une submersion marine, à la suite d'une montée des océans vers l'an mille avec la Transgression marine Dunkerque III, peut-être avant le retour de l'agriculture et au XIIIe siècle, des aménagements pour en faire une voie navigable (élément de la liaison fluviale canalisée « Ypres - Bruges - mer du Nord »).

Le fleuve n'a été véritablement canalisé qu'avec d'importants travaux de dragage, de défense des berges et de rectification du XVIe au XIXe siècle. Le trafic de péniches y a chuté dans les années 1950 pour être aujourd'hui réservé à la plaisance.

Il a été touché par les deux Guerres mondiales, surtout la première durant laquelle le fleuve a servi de ligne de défense à l'armée belge, notamment lors de la bataille de l'Yser en 1914 lorsqu'une inondation volontaire de la plaine de l'Yser est décidée. Il en subsiste un sol parsemé de nombreuses munitions non-explosées dont certaines ont un contenu toxique susceptible d'être libéré au fur et à mesure de l'avancée de la corrosion. Au début du XXIe siècle, les démineurs belges s'affairent encore à éliminer des charges en tout genre.

Géographie

Parcours en France

Édifice "point de repère" et abri pour les visiteurs, abritant un panneau pédagogique, multilingue à Buysscheure, près de la source de l'Yser, d'une mare communale, d'un verger
L'Yser à Esquelbecq

L'Yser prend sa (ou ses) source(s) à Buysscheure, passe à Bollezeele, Esquelbecq, Bambecque puis franchit la frontière.

Son parcours français, entre sa source et la frontière, est long de 46,1 kilomètres[3], avec 27 m de dénivelé sur ce parcours, la pente moyenne est de 0,9 . L’Yser suit la petite vallée qu'il a creusé au cours des âges, traversant le « bocage » relictuel de haies vives du Houtland, région très agricole, presque plate et assez peu peuplée. Après la frontière franco-belge, le profil de la vallée de l’Yser devient asymétrique. Au nord l'eau ruisselle d'un plateau (plateau d’Izenberge, 16 m) caractérisé par une terre fertile cultivée. Au sud l'eau provient plutôt de prairies basses utilisées comme zone d'expansion de crue. L'Yser est ensuite totalement endiguée dans la plaine des polders jusqu’à Nieuport, où un complexe d’écluses, régule l’évacuation de ses eaux vers la mer (à marée basse). L’embouchure est artificialisée, mais comme dans les autres estuaires de cette partie de l'Europe, on trouve un milieu composé de slikkes (parties basses vaseuses) et de schorres (parties hautes) écologiquement intéressantes.

Parcours en Belgique

L'Yser à hauteur du pont de la Knocke à Houthulst

En Belgique, le fleuve irrigue la Flandre-Occidentale sur une distance de 50 km, en particulier les villes de Dixmude et de Nieuport, où il se jette dans la mer du Nord.

Sur son parcours belge, il irrigue environ 5 % du territoire.

C'est le seul fleuve de Belgique qui y a aussi son embouchure, les autres fleuves (Meuse et Escaut) ne font que traverser le pays. Les prairies basses et humides, situées en zone de polder à 3 à 4 mètres au-dessus du niveau de la mer, sont drainées par un vaste réseau de fossés. Trop humides pour être facilement cultivées, elles abritent encore de nombreux prés de fauche et pâtures. Le côté belge abrite de nombreux oiseaux migrateurs aquatiques (milliers d’oies et d'anatidés en hiver, plusieurs espèces de rapaces) qui démontrent que l'Yser est potentiellement un corridor biologique transrégional important pour les oiseaux. Si la naturalité et la qualité écologique du bassin versant étaient restaurées, il pourrait aussi retrouver l'importance qu'il avait autrefois pour des espèces migratrices telles que saumons, truites de mer, lamproies, chabot, anguille, ou pour la loutre (présumée éteinte dans les Flandres depuis les années 1980, avant d'y être observée à nouveau en 2012). Sur une partie du bassin versant, le castor pourrait aussi retrouver sa place.

Affluents

Hydrologie

L'Yser à Bambecque

Le débit de l’Yser a été observé depuis le à Bambecque, à 6 m d'altitude[4]. Le bassin versant du cours d'eau est de 239 km2 à cet endroit.

Son débit moyen interannuel que l'on appelle aussi module est de 1,740 m3/s[4].

Débit moyen mensuel (en m3/s)
Station hydrologique : E4905710 - l'Yser à Bambecque pour un bassin versant de 239 km2 et à 6 m d'altitude[4]
(Données calculées sur 38 ans)
Source : Banque Hydro - MEDDE

L’Yser présente des fluctuations de débits assez faibles. Les hautes eaux se trouvent de la mi-automne jusqu'à la fin de l'hiver, et portent le débit moyen à un niveau qui peut monter de 2.11 à 3,96 m3/s, de novembre à mars inclus (le pic étant en décembre) ; et les basses eaux, d'avril à octobre inclus, la baisse du débit moyen peut aller jusqu'à 0,315 m3/s au mois d'août.

Étiage ou basses eaux

Aux étiages, le VCN3 peut chuter jusqu'à 0,04 m3/s, soit 40 l/s[4].

Crues

Les crues de l'Yser peuvent être importantes. Le QIX 2 est de 23 m3/s tandis que le QIX 5 à 33 m3/s. Le QIX 10 vaut 40 m3/s par rapport au QIX 20 qui, lui, monte jusqu'à 47 m3/s. Enfin, le QIX 50 vaut 55 m3/s[4].

Le débit instantané maximal a été enregistré le et était de 43,2 m3/s tandis que le débit journalier maximal a été enregistré le et était de 37,7 m3/s[4].

Lame d'eau et débit spécifique

La lame d'eau écoulée dans le bassin de l'Aure atteint 230 millimètres annuellement, ce qui est inférieur à la moyenne d'ensemble de la France. Le débit spécifique (Qsp) est de 7,3 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin[4].

Qualité de l’eau

Pour des raisons géologiques et agricoles, le bassin versant de l'Yser est pauvre en eau souterraine exploitable, notamment pour l'eau potable.

Ce petit fleuve est concerné par la Directive-cadre sur l'eau, c'est-à-dire qu'il doit retrouver un « bon état écologique » d'ici 2015. Au fur et à mesure de son cours il est de plus en plus eutrophisé et turbide, essentiellement à cause des activités agricoles. Le bassin versant a été fortement modifié à la suite des conversions de prairies en terres agricoles labourées.

Quelques élevages hors-sols de porcs, volailles et bovins peuvent aussi avoir des impacts directs ou indirects en termes d'apports de nitrates, phosphore et autres produits chimiques (hormones susceptibles de jouer un rôle de perturbateur endocrinien, métaux lourds issus des lisiers, microbes, antiparasitaires et biocides utilisés pour nettoyer les élevages, etc.). la restauration d'une trame verte (bandes enherbées, ripisylves, zones humides restaurées, boisements inondables, zones d'expansion de crue ayant également une utilité de lagunage naturel des eaux accueillies, sur les berges du fleuve et de ses affluents est une possibilité envisagée par certains territoires, compatible en France avec le SDAGE élaboré par l'Agence de l'eau Artois-Picardie.

La quasi-totalité du bassin versant a été touchée par les deux Guerres mondiales, classée pour partie en zone rouge après la Première Guerre mondiale. Les nappes et eaux superficielles peuvent donc localement être affectées par des séquelles de guerre, avec par exemple des munitions non-explosées, d'éventuelles armes chimiques qui pourraient - avec l'avancée de leur corrosion - répandre leur contenu toxique.

Contrat de rivière, SAGE

À la suite du contrat de rivière achevé en 2004, une démarche de Schéma d'Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) a été initiée sur le bassin versant de l'Yser. Le SAGE est un outil de gestion intégrée de la ressource en eau issue de la Loi sur l'Eau du . Le SAGE s'établit dans une large concertation au sein d'une Commission Locale de l'Eau.

L'animatrice (Valérie LORENSKI) du SAGE de l'Yser peut s'appuyer sur diverses études dont une étude sur le ruissellement et l’érosion (en fort accroissement sur ce secteur) pour notamment sensibiliser les agriculteurs aux pratiques plus respectueuses de l'environnement et de l'eau. Pour améliorer la qualité hydrobiologique de l’Yser, le SAGE doit notamment intégrer les enjeux suivants :

Il concerne tant les eaux superficielles que les eaux souterraines.
Des intérêts contradictoires sont à réconcilier, dont aménagements hydrauliques et piscicoles, soucis d'accélération des écoulements en période de forte pluie et de se prémunir des sécheresse d'étiages en été.

Le SAGE s'inscrit dans le SDAGE qui devient aussi avec les lois Grenelle II et Grenelle I le principal cadre d'application de la trame bleue régionale, faisant elle-même partie de la trame verte et bleue nationale, déclinaison nationale du réseau écologique paneuropéen. Dans ces trois contextes, la dimension transfrontalière est importante.

L'Yser doit aussi contribuer au sauvetage de l'anguille européenne, dans le cadre du règlement européen qui impose aux États membres des mesures pour sauver cette espèce en déclin rapide et continu depuis les années 1970.

Les acteurs du Contrat de rivière, puis du SAGE

Des acteurs incontournables dans cette zone très agricole et parmi les plus drainées de France et de Belgique sont l’Union des syndicats d’assainissement du Nord (USAN) et la Chambre d’agriculture du Nord, ainsi que le conseil général du Nord qui a d'importantes responsabilités en matière de gestion des Watringues. Ils doivent concourir à améliorer la qualité écologique du bassin versant, avec la communauté de communes, et l'appui des associations locales (Yser Houck, Houtland Nature, Bien vivre à Oudezelle, Buysschere Bocage…)

Financeurs

L'animation et les études du SAGE de l'Yser sont financées principalement par :

Voir aussi

Liens externes

Données de la Banque Hydro - station de Bollezeele - Bassin Versant = 33 km2

Notes et références

  1. Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Errance, , 440 p. (ISBN 978-2-87772-369-5), p. 191
  2. Xavier Delamarre, op. cit.
  3. Sandre, « Fiche cours d'eau - l'Yser (E4900570) » (consulté le )
  4. Banque Hydro - MEDDE, « Synthèse de la Banque Hydro - L'yser à Bambecque (Engelshof) (E4905710) » (consulté le )
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