Victoire de France (1733-1799)

Victoire Marie Louise Thérèse de France, dite Madame Cinquième puis Madame Victoire (1745), née à Versailles le et morte à Trieste le , est l'une des huit filles de Louis XV et Marie Leszczynska.

Pour les autres princesses de ce nom, voir Victoire de France.

Victoire de France
Jean-Marc Nattier, Madame Victoire de France (1748),
château de Versailles.
Biographie
Titulature Fille de France
Dynastie Maison de Bourbon
Nom de naissance Victoire Marie Louise Thérèse de France
Surnom Madame Cinquième
Madame Victoire
Naissance
Versailles (France)
Décès
Trieste (Saint-Empire)
Sépulture Nécropole de Saint-Denis
Père Louis XV
Mère Marie Leszczyńska
Conjoint Aucun
Enfants Aucun

Signature

Biographie

Comme ses sœurs cadettes, Victoire de France est seulement ondoyée à sa naissance. Elle est désignée sous le nom de « Madame Cinquième ». Elle est élevée à partir de 1738 par les religieuses de l'abbaye de Fontevrault, « la reine des abbayes ». Son abbesse, née Louise-Françoise de Rochechouart de Mortemart, a 74 ans et est considérée comme une supérieure à la fois ferme et sage. En 1742 lui succède Louise-Claire de Montmorin de Saint Hérem. « Madame Cinquième  » reçoit le baptême le à Fontevrault avec les prénoms de Victoire Louise Thérèse et s'appelle désormais Madame Victoire ; sa sœur, « Madame Sixième » est également baptisée (Sophie Philippine Elisabeth Justine) et devient Madame Sophie[1].

Victoire est considérée comme la plus belle des filles du plus beau des rois : « Ses yeux sombres ont une douceur inquiétante ; la longue frange de cils ombre ses joues ; la bouche est sensuelle, le menton étroit, le front large ; les cheveux noirs (comme son père) s'harmonisent au teint mat et doré ; la robe brodée d'or, l'écharpe de soie jaune, les dentelles blanches semblent parer un corps voluptueux » écrira Pierre de Nolhac commentant le portrait peint par Nattier[2].

Victoire revient à la cour en mars 1748. Elle est baptisée avec pour parrain son frère le dauphin Louis-Ferdinand et pour marraine la première épouse de ce dernier, Marie-Thérèse-Raphaëlle d'Espagne[Quoi ?].

Très proche de sa mère, la reine Marie Lesczynska, de son frère, le dauphin Louis et de ses sœurs, elle souffre avec eux des adultères du roi, de la rigidité du protocole, de la bassesse des courtisans et se retire peu à peu comme le font également ses proches, de la vie mondaine de la cour. Elle n'en est pas moins une fille obéissante et dévouée que son père surnomme affectueusement « Coche ».

Jean-Marc Nattier, L'Eau (1751), portrait de Madame Victoire, musée d'art de São Paulo.
Victoire de France par Jean-Marc Nattier

Victoire apprend comme son frère et ses sœurs à jouer de divers instruments de musique. Elle excelle au clavecin  plusieurs compositeurs comme Jacques Duphly et Armand-Louis Couperin lui dédièrent des pièces ou des recueils , mais n'apprécie pas les bals où elle doit paraître. Elle montre un goût particulier pour les jardins et les plantes exotiques, un loisir à la mode. Sa sœur aînée, Élisabeth, mariée dès 1739 à un infant d'Espagne, souhaite en 1753 que Victoire épouse son beau-frère, le roi Ferdinand VI d'Espagne. Mais la reine d'Espagne, bien qu'affligée d'une santé des plus médiocres, ne meurt que cinq ans plus tard. Le roi étant lui-même à la dernière extrémité, le mariage ne se fait pas.

Elle fait la connaissance, probablement en 1784, du bailli de Suffren à son retour de la campagne des Indes. Ils deviennent amis, et Suffren lui rend souvent visite, Victoire adorant entendre le récit de ses combats. C'est chez elle, le , que Suffren se trouve mal après que son médecin lui a pratiqué une saignée car la princesse lui trouvait mauvaise mine. Le bailli meurt chez lui cependant, car il est impossible, comme le veut l'usage du temps, que quelqu'un meure dans les appartements d'une princesse de sang.

Quand éclatent les premiers troubles liés à la Révolution française, il ne reste plus qu'elle et sa sœur aînée Madame Adélaïde des dix enfants qu'avait eus Louis XV. Les deux princesses, opposées à la politique anti-chrétienne de l'assemblée révolutionnaire, quittent la France pour Rome en , non sans avoir subi quelques avanies sur leur chemin d'exil. Elles ne doivent leur salut qu'à l'intervention de Mirabeau.

Elles se réfugient de plus en plus loin en Italie. D'abord à Turin, près de leur nièce Clotilde, épouse du prince de Piémont, puis à Rome, protégées par le pape Pie VI qui les loge au palais Farnèse.

Lors de l'arrivée des troupes françaises, elles rejoignent Naples, où règne une sœur de Marie-Antoinette, Marie-Caroline d'Autriche, peu ravie de les voir. Les deux vieilles dames doivent de nouveau fuir en 1798 et traversent l'Adriatique sur une barque à huile. Elles accostent à Trieste, ville des états de l'empereur.

Victoire s'éteint la première, à Trieste, d'un cancer du sein, quelques mois plus tard le . Adélaïde ne lui survit que huit mois. Les deux soeurs étaient accompagnées dans leur exil par la marquise de Roquefeuil.

Leurs corps sont rapatriés en France sous Louis XVIII, et sont inhumés en l'abbaye de Saint-Denis, nécropole royale.

Un roman de Frédéric Lenormand, Les Princesses vagabondes (1998), décrit la fuite de Mesdames en Italie à partir de 1791 et jusqu'à leur mort. Dans sa biographie Mesdames de France, Bruno Cortequisse rend honneur aux filles de Louis XV et décrit leur existence pleine de vacuité.

Ascendance

Notes

  1. Simone Poignant, L'Abbaye de Fontevrault et les filles de Louis XV, Paris, Nouvelles éditions latines, 1966, p. 186.
  2. Pierre de Nolhac, Nattier: peintre de la cour de Louis XV, Paris, H. Floury, 1925, p. 137.

Bibliographie

  • Guillaume Garcia-Moreau, "Entre tradition et Lumières, les choix de Mesdames Tantes", Antologia di Belli Arte, 2009, p. 94-119, lire l'article
  • Casimir Stryienski, Mesdames de France, filles de Louis XV: documents inédits, Paris, Emile Paul, 1911.

Annexes

Article connexe

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