Transdisciplinarité

La transdisciplinarité est une posture scientifique et intellectuelle. Elle a pour objectif la compréhension de la complexité du monde moderne et du présent. Le mot transdisciplinarité a été inventé par Jean Piaget, en 1970.

Éclairage du concept

La transdisciplinarité est définie par Basarab Nicolescu par trois postulats méthodologiques : l'existence de niveaux de réalité et de perception, la logique du tiers inclus et la complexité.

La transdisciplinarité se distingue ainsi de la pluridisciplinarité et l’interdisciplinarité en ce sens qu’elle déborde les disciplines d’une part, mais surtout d’autre part que sa finalité ne reste pas inscrite dans la recherche disciplinaire proprement dite.

Ainsi, comme l’indique son préfixe « trans », la transdisciplinarité est la posture scientifique et intellectuelle qui se situe à la fois entre, à travers et au-delà de toute discipline.[1] Ce processus d’intégration et de dépassement des disciplines a pour objectif la compréhension de la complexité du monde moderne et présent, ce qui constitue déjà, a priori, un premier élément de légitimité (ou de légitimation).

Dans un tel contexte, comment parler alors de transdisciplinarité avec des concepts qui sont ceux de spécialistes ? Les analogies (comme l’entropie et la néguentropie) permettent, avec toutes les précautions que ces dernières requièrent, l’utilisation d’un langage commun. Cependant il faut faire attention au réductionnisme, car l’utilisation de concepts nomades, aussi riches soient-ils, nécessitent de grandes précautions épistémologiques, au risque sinon de produire l’effet inverse. Ce caractère pernicieux de ce que nous appelons des concepts nomades est à souligner, car trop souvent nous avons observé les dégâts de leur mauvais emploi. Certes, c’est bien en utilisant des concepts propres à l’horticulture et à l’élevage que Charles Darwin a élaboré sa théorie de la sélection naturelle, mais il va de soi que ce nomadisme « épistémologiquement » fonctionnel de certains concepts n’est pas une constante dans l’histoire de l’évolution des sciences… Or, quand de telles analogies (ou l’emploi de concepts nomades) fonctionnent correctement, il en résulte des progrès scientifiques et techniques considérables : l’œuvre de Darwin est là pour en témoigner…

Autre élément de légitimation, s’il y en a une, est le projet (plus ou moins avoué) de la constitution d’un nouvel « espéranto scientifique », une sorte de nouveau langage ayant pour finalité, entre autres, la mise en place d’« un savoir autonome d'où résultent de nouveaux objets et de nouvelles méthodes ». « Utopie scientifique » par excellence, qui nécessite par conséquent un certain recul, la transdisciplinarité n’en demeure pas moins une posture intellectuelle riche aux potentiels disciplinaire, scientifique et épistémologique non négligeables, à qui veut bien se donner la peine de la pratiquer : elle apparaît ainsi beaucoup plus comme un nouveau paradigme que comme une discipline à part entière.

Les débats sur la sémantique des termes « trans-, inter- et pluridisciplinarité » dépassent d'ailleurs la recherche à expression française (voir p.ex. Brand, Schaller et Völker 2004 pour une synthèse des questions terminologiques qui occupent la recherche en langue allemande).

Actuellement, la transdisciplinarité est un domaine académique consolidé qui donne lieu à de nouvelles recherches appliquées, notamment en Amérique latine et dans les Caraïbes. En ce sens, la recherche transdisciplinaire et biomimétique de Javier Collado [2] on Big History représente une écologie de la connaissance entre les connaissances scientifiques et la sagesse ancestrale de peuples autochtones, tels que peuples autochtones en Equateur. D'après Collado [3], la méthodologie transdisciplinaire appliquée dans le domaine de la Grande Histoire cherche à comprendre les interconnexions de la race humaine avec les différents niveaux de réalité qui co- existent dans la nature et dans le cosmos, et cela inclut les expériences mystiques et spirituelles, très présentes dans les rituels du chamanisme avec ayahuasca et d'autres plantes sacrées. Dans l'abstrait, l'enseignement de la Grande Histoire dans les universités Brésil, Équateur, Colombie et Argentine implique une vision transdisciplinaire qui intègre et unifie diverses épistèmes qui sont dans, entre et au-delà des disciplines scientifiques, c'est-à-dire, y compris la sagesse ancestrale, spiritualité, art, les émotions, les expériences mystiques et d'autres dimensions oubliées dans l'histoire des sciences, spécialement par l'approche positiviste.

Sciences humaines

L'écologie humaine, ou plutôt l'oïkologie humaine (littéralement et étymologiquement le discours sur l'« habiter », au sens large du terme), procède dans sa démarche d’analyse et de compréhension de la complexité du monde moderne dans lequel nous vivons d’une approche fondamentalement transdisciplinaire. Or, il ne s’agit pas d’une discipline à proprement parler, comme nous pourrions le croire à la lecture de nombreux ouvrages et d'articles relatifs à cette dernière, mais d’une forme d’attitude que nous nous devons d’avoir et de transmettre aux générations futures. Il ne s’agit pas non plus de la constitution d’un discours sur le discours, d’une méta-science qui aurait pour prétention d’expliquer la complexité en se positionnant comme une nouvelle épistémologie des disciplines actuelles, telles qu'elles sont conçues actuellement. Non, rien de tout cela. C’est parce que l’écologie humaine procède volontairement de transdisciplinarité que celle-ci ne peut se concevoir comme une nouvelle discipline.

Notes et références

  1. Pierre de Coninck, « De la disciplinarité à la transdisciplinarité : à la recherche d'une panacée ou d'une attitude? », Info-Stoper, Sherbrooke, Université de Sherbrooke, vol. 4, no 1, , p. 1-7
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Annexes

Articles connexes

Liens externes

Écologie Humaine

Bibliographie

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