Tour de Ganne

La tour de Ganne, ou simplement tour Ganne, est une ancienne tour fortifiée située à Grez-sur-Loing, dans le département français de Seine-et-Marne. Elle constitue les vestiges du donjon de l'ancien château médiéval, auquel on attribue le nom de château de Grez-sur-Loing. La tour se situe sur la rive gauche du Loing, à proximité de celui-ci.

La tour est classée aux monuments historiques, depuis le [1].

Domonymie

On retrouve plusieurs orthographes, dont Ganne, Gannes, Gal, ou Galles. Il s'agirait d'un surnom souvent attribué aux vieilles ruines de château[a 1]. Il proviendrait, en fait, du latin gannum, signifiant « ridicule »[2], ou ganea, signifiant « bouge ».

La tour portait déjà ce surnom à la Révolution lors de sa vente[a 2].

Historique

Construction

Le roi Louis VI le Gros annexe le vicomté de Gâtinais, à la suite de la révolte de Foulques de Gâtinais. Il étend ainsi le domaine royal.

Ce fief médiéval passa par mariage au XIVe siècle à la famille d'Aussy qui rendent plusieurs hommages aux rois de France, pour leur château de Grez-en-Gâtinais. Édifié dès le Moyen-Âge pour contrôler le passage sur le Loing, ayant un rôle défensif, le château contribue à la fortification des confins de l'Île-de-France (en Beauce et en Gâtinais récemment adjoints à la couronne de France) face à la Bourgogne et la Champagne[3],[4]. Il est mis en défense et restauré à la même époque que d'autres chateaux en gatinais. Yèvre le chatel devient Chatellenie Royale à la même époque ainsi que Moret. À l'époque médiévale, le château contribue à la protection du village en plus des quatre portes et du mur d’enceinte[5].

Exploitation

La cour de France étant nomade, l'édifice abrite notamment Blanche de Castille, qui y séjourne de nombreuses fois tout comme à Moret-sur-Loing et à l'abbaye du Lys[a 3]. On atteste aussi les passages de Philippe IV le Bel et de Jean II le Bon[6]. Le château devient une résidence royale au XIIIe siècle et XIVe siècle, comme en attestent les chartes et actes signés de ce lieu, apprécié des reines[1].

La majeure partie du château subit une destruction durant la guerre de Cent Ans en et . Il ne reste alors plus que le donjon[1].

On suppose que c'est dans ce donjon, que le , Louise de Savoie, mère de François Ier, décède de la peste qui sévissait alors à Fontainebleau alors qu'elle fuyait vers Romorantin[a 2].

Démantèlement

Le système de protection devenant déjà archaïque, la forteresse et les murailles sont supposément démantelées à partir du XVIIe siècle, sous le règne d'Henri IV ou à partir du XVIIIe siècle. Cela laisse ainsi la cité ouverte[7]. On peut apercevoir cet état sur une gravure de Cl. Chastillon, vers 1600, qui présente déjà une enceinte ruinée au pied du château[a 1].

À la Révolution, l'édifice, ayant appartenu au duc d'Orléans Philippe Egalité, est vendu comme bien national. De nos jours, les ruines restent entretenues dans un bon état de conservation[a 2].

Structure

Le donjon, de forme quadrangulaire, mesure 15,30 m sur 12,10 m[a 1]. Tout comme à Moret-sur-Loing, le donjon présente des mêmes dispositions de deux contreforts plats qui encadrent chaque angle. À la suite des destructions, ne subsistent aujourd'hui parmi les ruines, que le côté nord-ouest, une grande partie du côté sud-ouest, une partie minime du côté sud-est[a 4]. Ainsi, on retrouve les angles nord, ouest et sud. On distingue aussi deux courts retours sur les murs manquants (côte nord-est et côté sud-est). Les murs du gros œuvre comportent une hauteur de deux étages et sont épais de 2,30 m. Ils sont composés de pierre calcaire à joints assez épais où figurent des trous de boulins ayant servi aux échafaudages lors de la construction. Les contreforts sont de pierre de taille assemblées à joints minces. Elles sont plus grosses et plus dures que ceux des murs[a 3].

Chaque face comporte deux ouvertures, rectangulaires à l’extérieur. On distingue une ouverture au seuil, près de l'angle nord, qui semblerait s'apparenter à une porte. Vers le contrefort de l'angle sud sont accrochées de pierres d'attente, dont on suppose une appartenance à une échauguette ou à des latrines, auxquelles on accède par l'angle du donjon[a 3].

On distingue l'amorce d'une tourelle extérieure adjointe au donjon sur le retour est de l'angle sud. Il pourrait s'agir de la tourelle d'accès[a 3]. Celle-ci aurait abrité un oratoire dirigé vers l'Orient, et supposerait l'existence d'un dôme disparu de nos jours[3].

Le donjon est une tour circulaire dont il reste de vestiges.

Environs

Jardins

Un parc de 3 000 m2 entoure la tour et les ruines. Peints par de nombreux artistes au XIXe siècle, ces jardins ont été reconstitués tels qu'ils étaient quand Carl Larsson et Jean-Baptiste Camille Corot les ont peints[7]. On retrouve aussi les jardins de la tour de Ganne dans la peinture de Kuroda Seiki[8].

Autres monuments

La tour est située non loin du pont sur le Loing qui enjambe le Loing. Aux pieds de la tour, est conservée une borne royale fleurdelysée numérotée "36"[9]. En contrebas dans le parc, se trouvent deux lavoirs restaurés datant du XIXe siècle, dont celui qui figure sur une toile d'Asai Chū[7], et une grange donné à la ville par Mme Guillerat[6].

Représentations culturelles

Gravure

  • vers 1600 : Vestiges d'Antiquité en la petite ville de Grestz, Cl. Chastillon
  • Le donjon vu du Loing, C. Sauvageot

Peinture

  • 1902 : Pont de Grez-sur-Loing, Asai Chū (aperçu au dernier plan derrière les branches des arbres)

Références

  • André Châtelain, Châteaux forts et féodalité en Ile de France, du XIème au XIIIème siècle, Nonette, Créer, , 507 p. (ISBN 978-2-902894-16-1, lire en ligne), p. 105-108
  1. p. 105.
  2. p. 108.
  3. p. 106.
  4. p. 107 (schéma).
  • Autres références :
  1. Notice no PA00087017, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. (en) Lionel Carley, Frederick Delius : Music, Art and Literature : Music, Art and Literature, Routledge Revivals, , 337 p. (ISBN 978-0-429-84919-0, lire en ligne), p. 144
  3. « Tour de Ganne (Grez-sur-Loing, 12th century-14th century) », sur Structurae (consulté le )
  4. « La Tour de Ganne | Seine-et-Marne Attractivité », sur tourisme.seine-et-marne-attractivite.fr (consulté le )
  5. « Grez-sur-Loing | Seine-et-Marne Attractivité », sur tourisme.seine-et-marne-attractivite.fr (consulté le )
  6. « La ruelle de la Tour Ganne à #Grez-sur-Loing #77 #77880 », sur www.petit-patrimoine.com (consulté le )
  7. Jean-Luc Flohic, Le Patrimoine des communes de la Seine et Marne, t. 2, Paris, Éditions Flohic, , 1500 p. (ISBN 2-84234-100-7), Canton de Nemours - Grez-sur-Loing, « Tour Ganne », p. 1144
  8. « La Tour de Ganne et ses jardins. », sur Cirkwi (consulté le )
  9. « La ruelle de la Tour Ganne », sur ignrando.fr (consulté le )

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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