Timor portugais
Le Timor portugais est une colonie portugaise de 1596 à 1975, date à laquelle elle est devenue le Timor oriental.
Durant cette période, le Timor portugais passera sous plusieurs juridictions différentes :
- l'Inde portugaise, de 1642 à 1844 ;
- Macao, de 1844 à 1945 (avec occupation néerlandaise et australienne de 1941 à 1942, puis japonaise de 1942 à 1945) ;
- province ultramarine, de 1946 à 1975.
Drapeau du Portugal |
Armoiries |
Statut |
Colonie et province ultramarine État de l'Empire colonial portugais |
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Capitale | Dili |
Langue(s) | Portugais |
Monnaie |
Pataca luso-timorais (1894-1958) Escudo timorais (1959-1975) |
Population (1970) | 600 000 |
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Densité (1970) | 40 hab./km2 |
Superficie (1975) | 15 410 km2 |
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1596 | Début de la colonisation |
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1859 | Les portugais cèdent officiellement la partie occidentale de l'île |
28 novembre 1975 | Indépendance |
1596-1598 | Philippe II |
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1974-1975 | Francisco da Costa Gomes |
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Entités suivantes :
Les premiers européens à arriver dans la région étaient les portugais en 1515. Des moines dominicains se sont établis sur l'île dès 1556, et le territoire a été déclaré colonie portugaise à partir de 1596. À la suite de la Révolution des Œillets, la Timor portugais déclara son indépendance qui fut acceptée par le Portugal le . Quelques jours plus tard, le l'Indonésie envahit le nouvel état et fait une province .
Le début de la colonisation
Avant l’arrivée des puissances coloniales européennes, l’île de Timor faisait partie des réseaux commerciaux qui s’étendaient entre l’Inde et la Chine et intégraient l’Asie du Sud-Est. Les grandes forêts de bois de santal de l'île constituaient sa principale richesse.
Les premières puissances européennes à arriver dans la région furent les Portugais au début du XVIe siècle, suivis par les Hollandais à la fin du siècle. Tous deux étaient à la recherche des légendaires îles aux épices des Moluques. Les marchands portugais exportèrent du bois de santal de l'île jusqu'à ce que l'arbre disparaisse presque. En 1556, un groupe de frères dominicains fonda le village de Lifau.
En 1613, les Hollandais prennent le contrôle de la partie occidentale de l'île. Au cours des trois siècles suivants, les Hollandais finiront par dominer l'archipel indonésien à l'exception de la moitié orientale du Timor qui restera portugais. Les Portugais introduisirent le maïs en tant que culture vivrière et le café en tant que culture d'exportation. Grâce à l'utilisation du mousquet portugais, les Timorais sont devenus des chasseurs de cerfs et des fournisseurs de cornes et de peaux de destinés à l'exportation. Les Portugais ont introduit le catholicisme romain, ainsi que le système d'écriture latin, l'imprimerie et l'éducation. La langue portugaise a été introduite dans les affaires de l'église et de l'État. Dans le cadre de la politique coloniale, la citoyenneté portugaise était offerte aux hommes qui assimilaient la langue, l'alphabétisation et la religion portugaises. En 1970, 1 200 Timorais de l’Est, en grande partie issus de l’aristocratie, avaient obtenu la citoyenneté portugaise et résidaient à Dili ou dans les grandes villes de la colonie. À la fin de l'administration coloniale en 1974, 30 % des Timorais pratiquaient la religion catholique alors que la majorité continuait à être animiste.
Établissement de la colonie
Le contrôle portugais sur le territoire était ténu, en particulier sur l'intérieur montagneux. Il était en grande partie limité à la région de Dili, et devait s'appuyer sur les chefs tribaux traditionnels. La capitale a été déplacée de Lifau à Dili en 1769, en raison des risques d’attaques des Topasses, qui gouvernaient plusieurs royaumes locaux (Liurai). Au même moment, les Hollandais colonisaient l'ouest de l'île. La frontière entre le Timor portugais et les Indes orientales néerlandaises a été officiellement établie en 1859 par le traité de Lisbonne. Mais ce n’est qu’en 1916 que la Cour d'arbitrage a tracé la frontière définitive qui reste aujourd’hui la frontière internationale entre le Timor oriental et l'Indonésie.
Pour les Portugais, le Timor oriental n’est resté qu’un poste de traite délaissé jusqu’à la fin du XIXe siècle. Les investissements dans les infrastructures, la santé et l’éducation ont été minimes. Le bois de santal est resté la principale culture d’exportation, les exportations de café devenant importantes au milieu du XIXe siècle. Dans les zones où la domination portugaise a été affirmée, elle a eu tendance à être brutale.
Le XXe siècle
Au début du XXe siècle, le ralentissement de l’économie de la métropole a poussé les Portugais à exploiter davantage de richesses de leurs colonies, ce qui a entraîné une résistance accrue à la domination portugaise au Timor oriental. En 1910–1912, une rébellion timoraise est maîtrisée par le Portugal en faisant appel à des troupes de ses colonies au Mozambique et Macao. Ce conflit entraîne la mort de 3 000 Timorais de l'Est.
Bien que le Portugal fût neutre pendant la Seconde Guerre mondiale, le Timor portugais fut occupé en par une petite force britannique, australienne et néerlandaise afin de prévenir une invasion japonaise. Cependant, les Japonais ont envahi Timor en . Sous l'occupation japonaise, les frontières des néerlandaises et portugaises ont été ignorées, l'île de Timor devenant une seule zone d'administration militaire. 400 commandos australiens et néerlandais piégés sur l'île par l'invasion menèrent une campagne de guérilla, qui immobilisa les troupes japonaises et leur causa plus de 1 000 pertes. À la fin de la guerre, entre 40 000 et 60 000 Timorais étaient morts, l'économie était en ruine et la famine généralisée.
Après la Seconde Guerre mondiale, les Portugais ont rapidement récupéré leur colonie, tandis que le Timor occidental est devenu partie intégrante de l’Indonésie devenue indépendante en 1949. Pour reconstruire l'économie, les administrateurs coloniaux ont forcé les chefs locaux à fournir des travailleurs, ce qui a conduit à une dégradation du secteur agricole. Le rôle de l'Église catholique au Timor a été dans le domaine de l'éducation que lui a confiée le gouvernement portugais. Dans l'après-guerre, les niveaux d'enseignement primaire et secondaire ont considérablement augmenté, même si leurs niveaux de base était alors très faible. Bien que l'analphabétisme ait été estimé à 93 % de la population en 1973, la petite élite instruite des Timorais produite par l'Église dans les années 1960 et 1970 fournit les chefs des partis en lutte pour l'indépendance pendant l'occupation indonésienne.
Fin de la domination portugaise
À la suite d'un coup d'État de 1974, le nouveau gouvernement du Portugal s'est prononcé en faveur d'un processus de décolonisation graduel des territoires portugais en Asie et en Afrique. Lorsque les partis politiques du Timor oriental ont été légalisés pour la première fois en avril 1974, trois acteurs principaux ont émergé :
- L'Union démocratique timoraise (UDT) s'est engagée à préserver le Timor oriental en tant que protectorat du Portugal tout en annonçant en septembre son soutien à l'indépendance
- Le Fretilin proche des doctrines universelles du socialisme et du droit à l'indépendance se déclare le seul représentant légitime du peuple
- L’APODETI s'est exprimée en faveur de l'intégration du Timor oriental à l'Indonésie, craignant qu'un Timor oriental indépendant ne soit économiquement faible et vulnérable.
Le , le nouveau gouvernement portugais nomma Mário Lemos Pires, officier de l'armée, gouverneur et commandant en chef du Timor portugais. Dans le même temps, les différends politiques entre les partis timorais ont rapidement donné lieu à un conflit armé, impliquant la police coloniale et l'armée portugaise. Incapable de contrôler le conflit avec les quelques troupes dont il disposait, Lemos Pires décida en de quitter Dili avec son état-major et de transférer le siège de l'administration à l'île d'Atauro (située à 25 km de Dili). Dans le même temps, il a demandé à Lisbonne d'envoyer des renforts militaires.
Le , le Fretilin déclare unilatéralement l'indépendance du territoire en tant que République démocratique du Timor. Le , les forces armées indonésiennes lancèrent une invasion du Timor oriental. Lemos Pires et son personnel ont alors quitté Atauro, embarqué sur les navires de guerre portugais et se sont dirigés vers Darwin, en Australie. Les navires de guerre portugais appelés en renfort patrouillèrent dans la région jusqu’en mai 1976, date à laquelle Lisbonne rappela ses forces considérant qu’une action visant à expulser les troupes indonésiennes et reprendre le contrôle de l'île n’était pas envisageable.
Le , l’Indonésie annexa officiellement le Timor oriental, le déclarant 27e province . Les Nations Unies, toutefois, n'ont pas reconnu l'annexion et ont continué à considérer le Portugal comme la puissance administrative légitime du Timor oriental.
Après la fin de l'occupation indonésienne en 1999 et une période de transition administrée par les Nations unies, le Timor oriental est devenu officiellement indépendant en 2002.
Source
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Portuguese Timor » (voir la liste des auteurs).
Articles connexes
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