Thaksin Shinawatra

Thaksin Shinawatra est un homme d'affaires et homme politique thaïlandais né le à Chiang Mai.

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Pour les articles homonymes, voir Shinawatra.

Thaksin Shinawatra
ทักษิณ ชินวัตร
Fonctions
Conseiller économique spécial auprès du Cambodge

(10 mois et 19 jours)
Monarque Norodom Sihamoni
Premier ministre Hun Sen
Premier ministre de Thaïlande

(5 ans, 7 mois et 10 jours)
Monarque Rama IX
Prédécesseur Chuan Leekpai
Successeur Sonthi Boonyaratglin (président du Conseil de sécurité nationale)
Surayud Chulanont
Vice-premier ministre de Thaïlande

(2 mois et 24 jours)
Premier ministre Chawalit Yongchaiyut

(1 an, 1 mois et 1 jour)
Premier ministre Banhan Sinlapa-acha
Ministre thaïlandais de l'Éducation

(3 mois et 25 jours)
Premier ministre Lui-même
Prédécesseur Kasem Watanachai
Successeur Suwit Khunkitti
Ministre thaïlandais des Affaires étrangères

(3 mois et 16 jours)
Premier ministre Chuan Likphai
Prédécesseur Prasong Soonsiri
Successeur Krasae Chanawongse
Chef du parti Thai Rak Thai

(8 ans, 2 mois et 18 jours)
Prédécesseur Parti créé
Successeur Chaturon Chaisang
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance San Kamphaeng, Chiang Mai, Thaïlande
Nationalité Thaïlandais, Monténégrine (depuis 2009)
Parti politique Thai rak Thai
Fratrie Yingluck Shinawatra
Conjoint Potjaman Na Pombejra
Profession Homme d'affaires, entrepreneur
Religion Bouddhisme


Premiers ministres de Thaïlande
Thaksin Shinawatra, le .

Il a été nommé Premier ministre par le roi Rama IX le pour cinq ans. Après les élections du , il a été reconduit pour un second mandat. À la suite de la contestation qui a agité le pays en et des élections anticipées boycottées par l'opposition, il démissionne le 5 avril. Il est remplacé provisoirement par son vice-Premier ministre Chitchai Wannasathit. Il est finalement renversé par un coup d'État, le alors qu'il se trouve à New York pour l'Assemblée générale des Nations unies. Il disposerait également de la nationalité monténégrine[1].

Biographie

Les débuts

Thaksin Shinawatra, ancien lieutenant-colonel de police, docteur en criminologie, diplômé de l'Université du Kentucky (États-Unis) est issu d'une famille aisée sino-thaï de la province de Chiang Mai.

La famille Shinawatra commence à émerger sur la scène politique dès les années 1970 : le père de Thaksin et de Yingluck, Lert, est le premier Shinawatra élu député de la province de Chiang Mai en 1969 ; dans les années 1980, le frère cadet de son père Lert devient à son tour député de Chiang Mai ; en 2001, l'une de ses sœurs cadettes, Yoawapa Wongsawat est élue députée de Chiang Mai ; son beau-frère Somchai Wongsawat est Premier Ministre en 2008 durant un trimestre etc. (mais le fils de Taksin, Phanthongthae, directeur d'une chaîne de télévision anti-militariste, encore jamais impliqué officiellement en politique, est soigneusement préservé afin de prendre un jour le relais de son père, son oncle et sa tante).

En 1987, Thaksin Shinawatra commence sa carrière dans le monde des affaires et crée le Shinawatra Computer and Communication Group. Il obtient par ses anciens collègues un contrat pour équiper toute la police thaï en ordinateurs[2]. Puis, profitant de l'essor spectaculaire de la téléphonie mobile, des liaisons satellite et du boom boursier, il fait rapidement fortune et est devenu aujourd'hui, avec sa famille, la première fortune du pays.

Ensuite, il entame une carrière politique et gravit rapidement les échelons, député du parti Palang Dharma, puis ministre des Affaires étrangères en 1994. Il devient vice-Premier ministre en 1997. Mais son parti explose à la suite de la crise de 1997.

En 1998, il crée un nouveau parti le Thai Rak Thai (ไทยรักไทย, « les Thaï aiment les Thaï ») afin d'appuyer son ambition de devenir Premier ministre. Thaksin (les Thaïlandais utilisent le prénom de préférence au nom de famille) est relativement jeune, dynamique et sait séduire la population. Son programme est assez populiste[3], mais les milieux d'affaires ne sont pas oubliés. Comme toujours, les problèmes de corruption et de détournement de l'argent public sont d'actualité en Thaïlande, mais Thaksin arrive à se dépêtrer de diverses accusations. Sa famille prend le contrôle financier de la seule chaîne de télévision indépendante et 21 journalistes sont renvoyés après avoir critiqué le contrôle de la famille sur la ligne éditoriale[2]. Il finance le parti avec sa fortune personnelle, utilise des techniques électorales modernes, cible les paysans pauvres[2] et remporte les élections législatives du avec un score élevé[4]. Le roi le nomme effectivement Premier ministre.

Selon la politologue Eugénie Mérieau, Thaksin « bouscule l’ordre hiérarchique traditionnel en réclamant une réforme de l’espace politique réservé jusque-là à des personnes qualifiées de « supérieures » en termes moraux et de compétences, excluant les travailleurs pauvres et les petits paysans jugés trop incultes pour voter. Cette volonté de démocratisation s’est accompagnée sur le plan économique, à côté de politiques nettement néolibérales, de stimuli keynésiens destinés à combattre la pauvreté et à contrecarrer les inégalités galopantes résultant de la crise de 1997 »[3].

Thaksin Premier ministre

Il crée une sécurité sociale dans les trois premiers mois de son mandat, ce qui constitue sa réforme la plus importante, conférant aux Thaïlandais démunis le droit de se soigner. En réponse au surendettement dont sont victimes les paysans suite à la suite de la crise financière de 1997, Thaksin déclare un moratoire sur les dettes. Il lance en outre un micro-crédit et des fonds pour les villages, permettant de relancer l'économie dans les campagnes, ainsi qu'un système de bourses pour les provinciaux[3].

Il parvient à financer ses réformes et obtient de bons résultat en matière de gestion de la dette publique ou du taux de croissance, tout en diminuant la pauvreté[3].

Il montre une volonté d'action radicale et même ses adversaires doivent reconnaître ses succès, bien que ceux-ci soient parfois obtenus avec des méthodes qui lui vaudront le surnom de Thaksinator. Il s'attaque au problème de la drogue, promettant de le régler en six mois, son action se solde par plus de deux mille morts dans des opérations de police litigieuses[5] et des critiques contre les exactions d'escadrons de la mort[2]. La crise du poulet est traitée dans une transparence toute militaire[6]. Dans le sud du pays, il traite le problème des revendications des populations musulmanes d'une main de fer ce qui entraîne une insurrection et plus de 2 000 morts[2]. Mais le bilan économique de son mandat paraît positif et sur le terrain social son gouvernement a travaillé à un système de salaire minimal et de sécurité sociale qui lui ont valu une popularité à travers le pays. Cependant, l'échec inattendu du candidat qu'il soutenait pour le poste de gouverneur de Bangkok en a démontré que les critiques de l'opposition commençaient à être entendues.

Des élections législatives se déroulent le afin de renouveler la Chambre des représentants. La popularité de Thaksin avait légèrement baissé fin 2004 et ces élections pouvaient sembler indécises. Mais, d'une façon imprévisible, le tsunami du 26 décembre qui a durement frappé la région de Phuket a été l'occasion pour le Premier ministre de raffermir ses positions. Il a très bien géré la crise, en étant très présent sur le terrain et en montrant l'image d'un gouvernement efficace et actif. Les résultats obtenus par le parti de Thaksin ont dépassé ses espérances et en gagnant 399 sièges sur les 500 de la Chambre, il peut se permettre de gouverner sans coalition. Le Parti Démocrate ne recueille que 80 sièges.

Déclin politique

En , la famille Shinawatra vend Shin Corp, la maison-mère, pour plus d'un milliard de livres sterling. Les comptes, alors rendus publics, montrent que la valeur de l'entreprise a quadruplé depuis que Thaksin est au pouvoir et que l'entreprise n'a jamais payé d'impôts[2]. À partir de , la situation se dégrade pour Thaksin. Accusé une nouvelle fois d'avoir profité de sa position pour favoriser des opérations financières bénéficiant à ses proches alors que la Constitution du pays impose formellement que les dirigeants politiques abandonnent toutes fonctions dans le domaine privé, il se retrouve mis en cause et fragilisé. Il pense cependant redresser la situation en décrétant des élections législatives anticipées le .

Les partis d'opposition thaïlandais annoncent alors leur intention de boycotter ces élections nationales du pour protester contre le rejet de leurs propositions de réforme politique par le Premier ministre. Thaksin entame des négociations avec eux, mais refuse leurs propositions. Le boycott est donc décrété par le Parti démocrate, le Chart Thai (CTP) et Mahachon. Le bras de fer a accentué la crise déclenchée par un mouvement d'opinion croissant (dizaines de milliers de manifestants à Bangkok) en faveur d'une démission de Thaksin, soupçonné de corruption et d'abus de pouvoir.

Thaksin est finalement renversé par un coup d'État militaire, mené par le général Sonthi Boonyaratglin, le alors qu'il se trouve à New York pour l'Assemblée générale des Nations unies.

Le 21 septembre, il se rend au Royaume-Uni en visite privée. À la suite de ces événements, l'ex-premier ministre reste en exil à Londres, où il possède une résidence.

Mandat d'arrêt lancé contre Thaksin Shinawatra en août 2008

En , Thaksin est reconnu coupable de conflit d’intérêts dans le cadre d’une transaction immobilière liée à son épouse et condamné par contumace à deux ans d'emprisonnement par la Cour suprême criminelle des délits politiques, une justice fortement politisée affirme la politologue Eugénie Mérieau[7], alors qu'il est en fuite à Hong Kong. Les autorités thaïlandaises essayent d'obtenir son extradition[8].

Début , des manifestations monstres, menées par les Chemises rouges, demandant le retour de Thaksin au pouvoir se sont déroulées à Bangkok. La répression violente du Gouvernement d'Abhisit Vejjajiva a fait trois morts et 113 blessés. Depuis son exil, Shinawatra aurait promis que si les autorités s'en prenaient aux manifestants, il reviendrait.[réf. nécessaire]

Il a ensuite vécu à Dubaï[9] avant de s'installer dans un pays voisin de la Thaïlande, le Cambodge, où il est arrivé le , à l'invitation du Premier ministre Hun Sen. Thaksin Shinawatra a été nommé conseiller économique du gouvernement cambodgien[9]. La Thaïlande a aussitôt réclamé l'extradition de Thaksin Shinawatra, refusée par le Cambodge. Les relations, déjà tendues, entre les deux pays, se sont donc un peu plus dégradées[10].

Le , la cour suprême rend son jugement sur les avoirs de Thaksin gelés dans les banques locales depuis 2007, soit environ 1,7 milliard d'euros. Considérant qu'il avait illégalement conservé des parts dans le conglomérat de communication Shin Corp alors qu'il dirigeait le pays mais qu'une partie de cette somme était en sa possession avant ses mandats, elle ordonne la confiscation d'un milliard d'euros. Les Chemises rouges du Front national uni pour la démocratie et contre la dictature (UDD), qui comptent nombre de ses partisans, ont organisé une grande manifestation à partir du à Bangkok pour obliger le gouvernement à organiser des élections anticipées[11].

Cette manifestation aboutit à une occupation pacifique d'une partie du centre financier de Bangkok (Siam Square, Trade Center). Ces campements sont plus tard contraints de devenir camp retranché des chemises rouges, lorsque le gouvernement décide d'en finir. Les forces armées donnent l'assaut final le , les manifestants finissent par se rendre mais la répression a été sanglante et a fait au moins 16 morts. Le gouvernement ne cède sur aucune des revendications, pas d'élections anticipées[12]. Un coup d'arrêt aux partisans de Thaksin est donné, mais la mobilisation reste active en province, moins médiatisée, tandis que la Cour criminelle de Bangkok a émis le , un mandat d’arrêt international pour «terrorisme» contre Thaksin Shinawatra[13].

En 2011, il pousse sa sœur, Yingluck Shinawatra, à briguer le poste de Premier ministre. Après les élections législatives du 3 juillet 2011 où son parti, le Pheu Thai, obtient 265 sièges sur les 500 de l'assemblée, elle accède à ce poste. La large victoire des pro Thaksin aux élections pose désormais le délicat problème de l'amnistie de l'ex-Premier ministre[14]. En 2014, après une crise politique, Yingluck Shinawatra est destituée de son poste par la Cour suprême et l'armée provoque un coup d'État.

Football

En , Shinawatra achète, via sa société UK Sports Investments, le club anglais de football de Manchester City Football Club pour une somme évaluée à 122 millions d'euros[15],[16]. Shinawatra avait déjà essayé d'acheter le club de Liverpool en 2004[17]. Les associations de défense des droits de l'homme Amnesty International et Human Rights Watch ont critiqué la vente de parts de City à Shinawatra, le décrivant comme « une personne violant les droits de l'homme de la pire espèce. »[18] Dès son arrivée, Shinawatra convainc Sven-Göran Eriksson, ancien entraîneur de la sélection anglaise, de venir entraîner MCFC[19]. La prise de contrôle du club est acceptée par Shinawatra et la premier League le considère comme une personne adéquate et intègre pour diriger un club[20].

En , Shinawatra revend son club au Abu Dhabi United Group (ADUG).

Références

  1. « Thaksin Shinawatra est monténégrin », sur www.dhnet.be (consulté le )
  2. (en) A fit and proper Premiership?, BBC News, 31 juillet 2007.
  3. « Populisme en Thaïlande : "Thaksin Shinawatra reste l'homme qui divise le pays" », sur Asialyst, (consulté le )
  4. André et Louis Boucaud, « En Thaïlande, la chute d'un milliardaire devenu politicien », Le Monde Diplomatique, , p. 16 et 17 (lire en ligne)
  5. Christophe Paget, Radio France Internationale, « Fréquence Asie : "Idées reçues sur la Thaïlande" par Eugénie Mérieau aux éditions "Le cavalier bleu" » (Texte et Audio 3min 40s), sur rfi.fr,
  6. « Le 23 janvier 2004, après avoir nié qu’il tentait d’étouffer l’affaire, et sous la pression des organisations de la société civile et des partis d’opposition, le gouvernement a admis l’existence de l’épidémie. De nombreuses sources confirment cependant que l’industrie et les autorités savaient que la grippe faisait rage depuis plusieurs mois. » En Thaïlande, les sacrifiés de la grippe aviaire sur le site Europe-Solidaire.org
  7. Eugénie Mérieau, Les Thaïlandais : lignes de vie d'un peuple, Paris, HD ateliers henry dougier, , 160 p. (ISBN 979-10-312-0445-1), p. Chapitre 2 : Business et politique, une affaire de famille / Portrait des Shinawatra pages 49 et 50
  8. (en) Le journal Pattaya-News du 26-02-2009
  9. A. C. et N. S., « Thaksin est arrivé au Cambodge », sur Cambodge soir hebdo,
  10. Bruno Philip, « Depuis Phnom Penh, Thaksin sème la zizanie entre le Cambodge et la Thaïlande », Le Monde, (lire en ligne)
  11. Arnaud Dubus, « Thaksin se fait taxer un milliard par la justice », Libération, (consulté le )
  12. Tout revient à la normale en Thaïlande sur Le Figaro.fr 23 mai 2010
  13. Les partisans de Thaksin attendent leur heure sur RFI.fr le 26 mai 2010
  14. La menace Thaksin sur thailande-fr.com le 29 août 2011
  15. (en) Dr Shinawatra honoured to become City chairman, MCFC, 6 juillet 2007.
  16. Thaksin Shinawatra s'offre le club de football de Manchester City, La Tribune, 21 juin 2007.
  17. (en) Ex-Thai PM steps up Man City bid, BBC News, 1er mai 2007
  18. (en) A fit and proper Premiership?, BBC News, 1er août 2007.
  19. (en) Chairman aims to move forward, MCFC, 9 juillet 2007.
  20. (en) A fit and proper Premiership?, BBC News, 1er août 2007.

voir aussi

Article connexe

Liens externes

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