Thérèse de Carthagène

Thérèse de Carthagène (Teresa de Cartagena en espagnol) (Burgos, vers 1425- ?) est une religieuse espagnole, considérée comme la première écrivaine, mystique et féministe espagnole.

Biographie

Sa vie et sa famille sont mal connues. D'après (es)Francisco Cantera Burgos, Thérèse appartient à la famille García de Santa María de Carthagène, une famille espagnole de conversos chrétiens d'origine juive. Ce fut son grand-père Paul de Burgos (né Salomon ha-Levi), rabbin et membre d'une des plus éminentes familles juives de Burgos, qui se convertit le premier au catholicisme avec ses enfants, vers 1390, peu avant les sanglantes persécutions antijuives espagnoles, au moment des premiers assauts contre les juderias. Il prit alors le nom de « Pablo de Santa Maria » et devint évêque de Carthagène puis archevêque de Burgos en 1415.

Thérèse est la fille de Pedro Santa Maria de Carthagène qui excellait dans le domaine militaire et la nièce de Alonso García de Carthagène (1384-1456), évêque de Carthagène puis de Burgos, les deux frères s'étant convertis avec leur père.

Elle déclare dans le prologue de son premier ouvrage avoir étudié à l' Université de Salamanque, comme le reste de sa famille.

Hôtel-église-couvent Santa Teresa à Carthagène

Elle entre au couvent des Clarisses de Santa Clara de Burgos vers 1440[1] et devient probablement par la suite cistercienne[2] après avoir dû s'éloigner de l'hostilité des Franciscains à l'égard des convertis, auxquels elle était pourtant spirituellement liée[3]. Parmi la documentation relative à Teresa de Cartagena, une demande de son oncle, Alfonso de Cartagena, adressée au pape Nicolas V,  le , a été trouvée[4], pour qu'elle puisse se rendre du monastère de Santa Clara de Burgos à un centre cistercien. Elle a pu finir par entrer au monastère de Santa María la Real de las Huelgas[5] ou au couvent de nonnes augustines de (en) Santa Dorotea de Burgos[6] car ce sont, dans les deux cas, des communautés liées à la famille Santa Maria de Carthagène. Pour l'historienne (es) María Milagros Rivera, Teresa était peut-être chanoinesse augustine du monastère de San Ildefonso de la ville de Burgos, fondé par son oncle Alonso en 1456 avec des religieuses du couvent de la rue Santa Dorotea de la paroisse de Santa María la Blanca[7]. Une autre pétition de l'évêque de Burgos est également conservée, demandant, cette fois-ci, qu'une fois que sa nièce ait atteint l'âge de vingt-cinq ans, elle puisse être élue prieure ou abbesse[8].

À la suite d'une maladie, Teresa devient sourde, entre 1453 et 1459. L'écrivaine fait savoir dans ses textes que sa surdité est la cause de son sentiment de solitude à la fois physique et mentale mais sa vocation religieuse semble être apparue plus tard.

Œuvres

Son expérience de sa surdité la conduisent à écrire les deux œuvres que l'on connaît d'elle : Arboleda de los enfermos (Bosquet des malades) où elle s'adresse aux malades du corps mais puisqu'à sa diffusion, on conteste son authenticité, elle veut prouver que c'est bien une femme, religieuse et souffrante qui a écrit le précédent, et compose à la demande d'une parente dont elle s'occupait, (es) Juana de Mendoza, Admiraçión operum Dey (Admiration des œuvres de Dieu) où elle s'adresse cette fois aux malades de l'âme qui refusent de voir la puissance de Dieu agir à travers cette femme délicate et faible[9]. Cette dernière œuvre est considérée comme le premier écrit féministe d'une femme espagnole, où elle défend la capacité intellectuelle des femmes de lire, d'écrire et de penser comme les hommes peuvent le faire mais en se référant toujours à l'omnipotence de Dieu comme source[10] ; elle précise que les différences entre les hommes et les femmes répondent uniquement et essentiellement aux problèmes sociaux car devant le Créateur, ils ont les mêmes mérites et la même estime[11]. L'ouvrage fait à nouveau scandale.

Par l'écriture et la rhétorique chrétiennes, Thérèse de Carthagène défend ses droits et ceux des autres femmes. Ainsi, la religieuse a participé à la querelle des femmes, débat initié par Christine de Pizan, qui s'est déroulé de la fin du XIVe siècle jusqu'à la Révolution française, et défendait l'entrée des femmes dans le monde universitaire, académique et intellectuel de l'époque.

Ces deux traités de réflexion religieuse écrits dans la seconde moitié du XVe siècle ont été copiés par Pedro Lopez del Trigo après 1481. Actuellement, ces textes sont contenus dans un codex et conservés à la bibliothèque du monastère royal de San Lorenzo de El Escorial.

Fin de vie

On ignore à quelle date elle est morte. Toutefois, Teresa de Carthagène vivait encore en 1478 puisqu'elle est inscrite parmi les héritiers de son père dans la sentence qui répartissait les biens familiaux transmis par son neveu, Frère Iñigo de Mendoza[12].

Bibliographie

  • Baury, Ghislain, Thérèse de Carthagène : Bosquet des malades. Admiration des œuvres de Dieu. Paroles et silence d'une femme dans la Castille du XVe siècle, Paris, e-Spania Books, 2021, (ISBN 9782919448418), lire en ligne (page consultée le 22/03/2021).

Notes et références

  1. (es)Cortés Timoner, Mª Mar (2004). Teresa de Cartagena, le premier écrivain mystique en langue espagnole . Malaga: Université de Malaga, p. 38
  2. Kim, Yonsoo (2008). Le savoir féminin et la souffrance corporelle du début de l'ère moderne . Córdona: Service des publications de l'Université de Córdoba. p. 150-160
  3. (es)Márquez Villanueva, Francisco (2014). ucsb.edu.span.d7_eh / les / site les / conversos / volume2 / 02ehumanconv.FMV.pdf "Cartagena et Ávila: les deux Teresas" . p. Quatre cinq.
  4. Kim, Yonsoo (2008). Le savoir féminin et la souffrance corporelle du début de l'ère moderne . Córdona: Service des publications de l'Université de Córdoba. p. 150-160.
  5. Kim, Yonsoo (2008), op. cit., p. 35
  6. (es)Rivera Garretas, María-Milagros (2013). «La documentation de Teresa de Cartagena à Santa Clara de Burgos (1446-1452) et autres données» . Barcelone: Conseil supérieur de la recherche scientifique. p. 609.
  7. Caballé, Anna, 1954-, Rivera, María-Milagros,, Baranda, Nieves, et Trueba, Virginia,, La vida escrita por las mujeres. I, Por mi alma os digo : de la Edad Media a la Ilustración, Círculo de Lectores, (ISBN 84-226-9862-5, 978-84-226-9862-3 et 84-226-9863-3, OCLC 912291182, lire en ligne)
  8. Kim, Yonsoo (2008), op. cit., pp. 160-161
  9. (es) Mónica Vidal (IX Congreso Argentino de Hispanistas, Universidad Nacional de La Plata. FaHCE. El hispanismo ante el bicentenario.), « Los espacios en la obra de Teresa de Cartagena », Memoria Académica, (lire en ligne [PDF])
  10. (es)Cortés, Timoner Mª del Mar (2004). «Poner riquezas en mi entendimiento: Sor Juana Inés de la Cruz y Sor Teresa de Cartagena: Obras de Sor Juana y Admiraçión operum Dey: Creación y Pensamiento de las Mujeres». Universidad de Barcelona. pp. 384-385.
  11. (en)Hutton, Lewis (éd.) (1967), Teresa of Cartagena, Grove of the Sick. Admiraçion operum Dey, Madrid, BRAE. pp. 118 à 119
  12. Caballé, Anna (2003), op. cit., p. 51

Liens externes

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