Théories sur l'origine de Christophe Colomb

Les origines génoises de Christophe Colomb sont reconnues par les historiens depuis la fin du XIXe siècle[1], et surtout depuis la publication en 1931 de l'ensemble des documents d'archives disponibles dans le volume Cristofor Colombo : Documenti e prove della sua appartenenza a Genova[2]. Cependant, quelques théories alternatives circulent aux marges du champ des recherches historiques[3].

Pour les articles homonymes, voir Christophe Colomb (homonymie).

Monument à Christophe Colomb, à Gênes, vers 1860

Théorie sur l'origine catalane

Charles J. Merrill, professeur de langues européennes et d'études médiévales à l'université Mount St. Mary's aux États-Unis, est un expert de la littérature catalane médiévale. Diplômé de l'université Duke, lui et son équipe ont passé une année à étudier les origines de Christophe Colomb à Cerbère, à la frontière franco-espagnole. En 2008, il publie Colom of Catalonia: Origins of Christopher Columbus Revealed, ouvrage dans lequel il soutient que Christophe Colomb était catalan, né d'une famille de Barcelone hostile à la Couronne d'Aragon. A l'instar de Luis Ulloa, il estime que le navigateur appartenait à la famille Columbus, qui avait combattu contre Jean II d'Aragon, père du roi Ferdinand le Catholique dans la guerre de 1462-1472. Merrill tente de démontrer également que la langue maternelle de Colomb était le catalan[réf. nécessaire].

D'autres historiens non catalans défendent la thèse de l'origine catalane de Colomb comme le Péruvien Luis Ulloa ou les Américains Wilford R. Anderson, Estelle Irizarry et Frederick J. Pohl[réf. nécessaire].

Théorie sur l'origine crypto-juive

Selon des historiens juifs, Christophe Colomb s'appelait Cristobal Colon et était le fils de Susanna Fontanarossa (qu'on écrit aussi Fontanarosa) et de Domingo Colon de Pontevedra. En Espagne, ce patronyme est porté par des juifs, certains déférés devant l’Inquisition [4].

Plusieurs auteurs (le premier est Salvador de Madariaga en 1952[5]) ont soutenu une théorie selon laquelle Christophe Colomb aurait des origines juives ibériques (famille juive de Galice ayant trouvé refuge à Gênes) et aurait été un converso, Juif converti publiquement de force au christianisme – voir la limpieza de sangre. Cette hypothèse s'appuie notamment sur ses lettres et manuscrits qui contiendraient des caractères et termes hébraïques que l'on retrouve uniquement dans le ladino[6]. En Espagne à cette époque, même des juifs convertis continuaient à être persécutés et étaient contraints de quitter leur pays ; d'autres conversos continuaient de pratiquer le judaïsme en secret.

Le « chasseur de nazis » Simon Wiesenthal postule que Colomb était un séfarade soucieux de cacher son judaïsme mais aussi désireux de trouver un lieu de refuge pour ses compatriotes persécutés. Wiesenthal affirme que l'idée de Colomb de naviguer vers l'ouest pour atteindre les Indes était moins le résultat des théories géographiques de l'époque que de sa foi dans certains textes bibliques, en particulier le Livre d'Isaïe, citant à plusieurs reprises deux versets de ce livre : « Car les îles espèrent en moi, Et les navires de Tarsis sont en tête, Pour ramener de loin tes enfants, Avec leur argent et leur or. » (60:9) et « Car je vais créer de nouveaux cieux Et une nouvelle terre » (65:17). Selon Wiesenthal, Colomb a estimé que ses voyages avaient confirmé ces prophéties[7].

Bien que cette thèse ait été étayée à plusieurs reprises[8], les historiens privilégient l'origine génoise, tout en n'excluent pas une éventuelle ascendance juive converso[9]. Cependant, le fait qu'il était un homme cultivé, peut expliquer ses connaissances de la religion juive.

Autres théories

Théorie sur l'origine portugaise

Statue de Christophe Colomb à Cuba

Selon Augusto Mascarenhas Barreto[10] Christophe Colomb aurait été Salvador Fernandes Zarco, noble illégitime natif de la ville de Cuba au Portugal, et petit-fils de João Gonçalves Zarco, ancien navigateur portugais découvreur de l'archipel de Madère. Il aurait été un espion au service du roi portugais Jean II, dans une mission ayant pour objectif de détourner les Espagnols de leur recherche d'un passage vers l'Inde.

Colomb serait une forme latinisée de son nom d'espion. Dans sa signature hiératique, est lisible « Xpo Ferens ». Xpõ signifiant Christ en grec et Ferens porté en latin, donc « le porteur de Christ »). Il associe la référence de « Christ » à son propre nom (le Christ est venu au monde comme un messie ou un sauveur, salvador en portugais). De même, l'expression Ferens issue de son sigle s'associe également à Fernandes et à son monogramme le plus utilisé où les lettres S, F et Z sont discernées (pour Salvador Fernandes Zarco).

Cette théorie a été reprise par le cinéaste Manoel de Oliveira dans son film Cristóvão Colombo - O Enigma (Christophe Colomb, l'énigme) en 2008. Elle a également inspiré le journaliste et écrivain José Rodrigues dos Santos pour son livre O codex 632.

Manuel da Silva Rosa (pt) dans son livre O Mistério Colombo Revelado (en français Le mystère Colomb révélé) a montré que cette théorie n'avait aucune base documentée et a proposé que Colomb était le prince Segismundo Henriques, né sur l'île de Madère et fils du roi Ladislas III. Selon l'historien portugais, le roi polonais ne serait pas mort à la bataille de Varna et se serait réfugié sur cette île après la défaite contre les Ottomans[11].

Réception

Deux critiques du livre de l'auteur de cette théorie furent publiés dans la littérature scientifique :

Like so many others, Barreto claims to have penetrated the mist that surrounds Columbus. Like so many others, he has found it easy to pluck a détail from here and a détail from there in support of his thesis. As with so many others, this tendentiously Autolycan methodology can only remain inadéquate to the task of fashioning a Columbus to taste[12].

« Comme tant d'autres, Barreto affirme avoir découvert les mystères qui entourent Colomb. Comme tant d'autres, il a trouvé commode de picorer des détails ici et là pour appuyer sa théorie. Et comme tant d'autres, cette méthodologie « Grandgousier » ne peut qu'être qu'inadéquate pour déguster un « mets » aussi délicat que Colomb. »

This book is filled with unconventional speculation and circumstantial evidence. The author has a vivid imagination. Reading this book is somewhat like reading an espionage novel: if you do not take it seriously, it makes the book fun to read[13].

« Ce livre est rempli de spéculations non conventionnelles et de preuves circonstancielles. L'auteur a une imagination fertile. La lecture de ce livre tient un peu de la lecture d'un roman d’espionnage : si vous ne le prenez pas au sérieux, le livre est amusant à lire. »

Dès la sortie du livre de Barreto, Luís Guilherme Mendonça de Albuquerque[14] (1917-1992), qui fut directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales, a dressé la liste, dans le chapitre X de son ouvrage intitulé Dúvidas e Certezas na História dos Descobrimentos Portugueses, de toutes les théories connues concernant l'histoire, jamais démontrée, d'un Christophe Colomb portugais[15], utilisées par Mascarenhas Barreto pour écrire en une dizaine de mois sa compilation de textes sur les pseudo origines portugaises de Colomb.

Théorie sur l'origine mallorquine

Depuis que l'historien péruvien Lluís Ulloa[16] a avancé, dès 1927, dans La vraie genèse de la découverte de l'Amérique[17], l'hypothèse d'origines catalanes pour Christophe Colomb, d'autres chercheurs ont approfondi cette piste, en dépit de sa fragilité.

Des historiens de l'île de Majorque, tels que Gabriel Verd Martorell et Joan Cerdà, ont émis l'hypothèse que Christophe Colomb serait né dans cette île, précisément à Felanitx[18].

Aucun élément historique sérieux n'atteste cette théorie

Croyances populaires et théories diverses

Une maison dite natale de Colomb se trouve aussi à Calvi[19], en Haute-Corse, citadelle génoise à l'époque.

Comme l'a écrit Samuel Eliot Morison dans sa biographie de Colomb : « (...) personne du vivant de l'Amiral ou pendant les trois siècles qui ont suivi sa mort n'a eu le moindre doute quant au lieu de sa naissance. Par la suite, des hypothèses audacieuses ont fait de lui un Castillan, un Catalan, un Corse, un Grec, un Arménien[20]. »

  • Michele Fratianni, Did Genoa and Venice kick a financial revolution in the quattrocento?, .
  • Carlo Cuneo, Memorie sopra d'antico debito pubblico mutui, Compere e Banca di s.Giorgio in Genova, 1842.
  • Eric James Steele, Unmasking Columbus, 2006.
  • Roger Duprat, Christophe Colomb était français, Godefroy de Bouillon, 1997.
  • Gérard Garrigue, Christophe Colomb le Catalan, Confluences, 1992.

Annexes

Notes et références

  1. Jacques Heers, Christophe Colomb, Hachette, 1981, p. 21-23.
  2. Mise au point au début de Marianne Mahn-Lot, Christophe Colomb, Seuil, 1960, p. 3-8.
  3. « Christopher Columbus continues to fascinate and beguile. For the Quincentenary, scores of works have appeared-some representing real advances, others restoking cold fires, still others (the majority) using Columbus as a avatar for a variety of presentist purposes. In ail this, some issues have shown themselves to be time-less-and deathless. One is his nationality; well over a dozen places have been suggested over the years, including Denmark, England, and America. No amount of Columbus' own testimony, contemporary opinion, or documentary evidence has managed to bring closure to this issue. » (en) David Henige, The Hispanic American Historical Review, Vol. 73, No. 3. (Aug., 1993), p. 505-506.
  4. Tina Levitan, Jews in American Life, New York, 1969, p. 5; cf. aussi Cecil Roth, Personalities and Events in Jewish History, Philadelphie, 1953, p. 192-211.
  5. Salvador de Madariaga, Christophe Colomb, Calmann-Lévy, Paris, 1952, 538 pages (ISBN 978-2-266-04727-2)
  6. Estelle Irizarry, The DNA of the writings of Columbus, San Juan de Puerto Rico: Ediciones Puerto, 2009.
  7. (en) Simon Wiesenthal,Sails of Hope: The Secret Mission of Christopher Columbus, Macmillan Publishing Co., Inc., New York, 1973
  8. Sarah Leibovici, Christophe Colomb juif : défense et illustrations, Éd. Maisonneuve & Larose, 1986
  9. Henry Méchoulan, Les Juifs du silence au Siècle d'or espagnol, éd. Albin Michel, 2003
  10. Augusto Mascarenhas Barreto, Le portugais Christophe Colomb, agent secret du roi Dom João II, édition Referendo, Lisbonne, 1988 (600 pages)
  11. (en) Fiona Govan, « Christopher Columbus 'was son of Polish king’ », sur telegraph.co.uk,
  12. (en) David Henige, The Hispanic American Historical Review, Vol. 73, No. 3. (Aug., 1993), pp. 505-506
  13. (en) Delno C. West, The American Historical Review, Vol. 98, No. 5. (Dec., 1993), p. 1590
  14. Luís Guilherme Mendonça de Albuquerque
  15. Albuquerque, Luís de, Dúvidas e Certezas na História dos Descobrimentos Portugueses, 2 vols., Lisboa, Círculo de Leitores, 1991.
  16. http://www.cecolom.cat/luisulloa.htm
  17. http://www.telechargerslivres.site/les-meilleures-ventes/christophe-colomb-le-catalan/
  18. http://www.vilaweb.cat/media/attach/vwedts/presencia/colom.pdf
  19. « Pas touche aux origines de Christophe Colomb », sur Corse-Matin. Historiquement et génétiquement il est démontré qu'il ne peut être ni génois ni catalan ni majoorquin ni calvais mais par la toponymie ,l'oralitée et l'histoire du chroniqueur Giovanni Della Grossa de la contrée du Sia qu'il du quitter en 1459.C'est là que se situe la forêt de Culombu et valle Ruje (rojo ou rubra) dont il prit l'appellation en s'exilant telle une adresse du fait des circonstances dramatiques.Cela est aussi démontré par ses diverses signatures avec l'apostrophe Cristophor' Colon pour indiquer sa provenance géographique ,lieu méconnu à l'époque.Se sont des dépaissaces des bergers de Calacuccia des yeronimus a la tour du rujulacciu et dont il indiquait avec sa signature.iI était du NIOLU allié au Leca de Cinarca pro-aragonais en guerre contre le génois Antonio Spinola qui détruisit le Sia et la forêt de Culombu pour devenir la Balagne déserte ainsi appelée par la suite.Ces explications font l'objet d'un livre écrit par Victor Géronimi:Christphe Colomb corse du Niolu 1445-1506.
  20. Samuel Eliot Morison, Christophe Colomb, Amiral de la Mer océane, Saint-Clair, Neuilly-sur-Sein, 1974, p. 19.
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