Taiji (Wakayama)
Taiji (太地町, Taiji-chō) est un bourg du district de Higashimuro, dans la préfecture de Wakayama, au Japon. À la fin des années 2000, l'œuvre cinématographique américaine The Cove, Oscar du meilleur film documentaire en 2010 et traitant de la chasse annuelle aux dauphins de Taiji, l'a rendu célèbre dans le monde entier.
Pour les articles homonymes, voir Taiji.
Taiji-chō 太地町 | ||||
Bourg de Taiji | ||||
Drapeau | ||||
Administration | ||||
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Pays | Japon | |||
Région | Kansai | |||
Préfecture | Wakayama | |||
Maire | Sanno Ko | |||
Code postal | 〒649-5171 | |||
Démographie | ||||
Population | 3 253 hab. (août 2010) | |||
Densité | 546 hab./km2 | |||
Géographie | ||||
Coordonnées | 33° 36′ nord, 135° 57′ est | |||
Superficie | 596 ha = 5,96 km2 | |||
Localisation | ||||
Géolocalisation sur la carte : préfecture de Wakayama
Géolocalisation sur la carte : Japon
Géolocalisation sur la carte : Japon
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Liens | ||||
Site web | http://www.town.taiji.wakayama.jp/index.html | |||
Toponymie
Le toponyme « Taiji » (« 太地 ») est issu du nom de la famille dominant la région au début de l'époque Nanboku-chō (1336-1392) : les Taiji (泰地). Il s'écrivait aussi « 泰地 »[1].
Géographie
Situation
Plus petite municipalité de la préfecture de Wakayama, le bourg de Taiji est situé dans le Sud-Est du territoire préfectoral, au nord-est du cap Shiono (partie est de la péninsule de Kii), partie la plus méridionale de l'île de Honshū, au Japon. Il est divisé en deux, une partie du bourg s'étale au nord de la baie de Moriura[l 1]. Sa façade maritime s'étend au bord de la mer de Kumano et est incluse dans le parc national de Yoshino-Kumano[2],[3].
Démographie
Lors du recensement national de 2015, le bourg de Taiji avait une population estimée à 3 087 habitants, répartis sur une superficie de 5,81 km2 (densité de population de 531 hab./km2)[2],[4]. La population de la municipalité de Taiji diminue sensiblement, chaque année, depuis 1980, année où elle se composait de 4 539 résidents[2]. En 2017, la proportion des personnes âgées de 65 ans et plus était de 41,7 % (30,9 % en 2000), celle des moins de 15 ans 8,6 % (13,4 % en 2000)[2].
Topographie
Sur le territoire de Taiji, un port naturel, l'altitude varie entre 100 et 200 m[2].
Histoire
Le nom de Taiji est mentionné dans le Shoku Nihongi, un texte officiel d'histoire du Japon publié à la fin du VIIIe siècle. En 754, Kibi no Makibi, de retour de mission dans la Chine des Tang pour le compte de l'impératrice Kōken, y décrit son passage au large de l'endroit[2].
XVIIe siècle
Taiji est une cité baleinière depuis l'époque d'Edo (1603-1868), ses habitants pratiquant la chasse à la baleine et aux dauphins. Des techniques de chasse traditionnelles japonaises y sont développées et utilisées depuis le XVIIe siècle, ce qui fait de Taiji le « berceau de la pêche à la baleine[3] »[5],[2].
XIXe siècle
Vers la fin du XIXe siècle, la concurrence de pays comme les États-Unis, contraint les pêcheurs de Taiji à prendre de plus en plus de risques pour pouvoir capturer des baleines. En 1878, une chasse en pleine tempête entraîne la mort par noyade d'une centaine de pêcheurs. Cette perte de main d'œuvre a affaibli durablement l'activité de pêche de Taiji[6],[3].
En 1888, au cours de la mise en place du nouveau système d'administration des municipalités élaboré par le gouvernement de Meiji, les villages de Taiji et Moriura[l 2] sont créés. Taiji absorbe Moriura, l'année suivante[2].
XXe siècle
Après la guerre russo-japonaise 1904-1905), l'industrie de la chasse à la baleine de Taiji est redevenue une activité économique prospère, notamment grâce à l'adoption de techniques modernes de chasse à la baleine[6]. La population de Taiji augmente et, en 1925, le village acquiert officiellement le statut de bourg[2]. Après la guerre du Pacifique (1941-1945), période au cours de laquelle le bourg de Taiji a connu des pénuries alimentaires, le développement de la municipalité reprend, organisé autour de la pêche[2].
Durant la période du « miracle économique japonais », de 1964 à 1969, en particulier, la pression démographique pousse les autorités municipales à faire construire un terre-plein en baie de Moriura, pour poursuivre l'urbanisation du bourg[2].
En 1988, une décision de la Commission baleinière internationale (CBI) oblige Taiji à suspendre la chasse commerciale à la baleine. Cependant, les pêcheurs locaux continuent à chasser des petites baleines et des dauphins[2]. La chasse annuelle aux dauphins de Taiji est sujet à controverses, et le bourg subit des pressions continues de divers groupes opposés aux pratiques traditionnels de chasse aux cétacés perpétuées à Taiji[7]. Vers la fin des années 2000, le film documentaire américain The Cove (« La baie de la honte »), récompensé d'un Oscar en 2010, amplifie, à l'échelle international, le mouvement de protestation contre la pêche dirigée des dauphins dans la baie de Taiji. Selon des associations, comme l'ONG Sea Shepherd Conservation Society, les pêcheurs y capturent, chaque année, environ 20 000 dauphins, dont quelques spécimens sont épargnés pour être vendus à des delphinariums, dans le monde entier[8], contre 2 317 dauphins selon l'Agence japonaise des recherches sur les Pêches, qui situe le nombre de dauphins tués juste en dessous du quota de 2 400 dauphins auto-imposé par la municipalité de Taiji.
XXIe siècle
Malgré les protestations internationales, les pêcheurs de Taiji porsuivent leurs captures de petits cétacés, notamment le dauphin d'Électre et la baleine pilote, des espèces qui ne sont pas prises en compte dans la réglementation de la CBI. Les baleiniers de Taiji participent également à la chasse à la baleine de Minke, qui est autorisée, à des fins scientifiques seulement, par la CBI. Selon l'Agence de recherche sur les Pêches, en 2007, 12 813 dauphins ont été capturés au Japon, dont 1 623 dans la préfecture de Wakayama[9].
En , afin de réguler les confrontations automnales répétées entre militants écologistes est pêcheurs locaux, les autorités municipales de Taiji renforce l'effectif policier[10].
Économie
Dans le bourg de Taiji, la pêche est la principale activité économique du secteur primaire. La municipalité possède une industrie manufacturière et des entreprises spécialisées dans la construction. Les services et le commerce de détail constituent un important bassin d'emplois pour le bourg[2].
En 2010, la population active de Taiji était de 1 354 actifs (1 725 en 1995), dont 1 072 dans le secteur tertiaire (79,2 %) et 183 dans le secteur secondaire (13,5 %)[2].
Culture locale et patrimoine
Muséum de la baleine
Le muséum municipal de la baleine[l 3] de Taiji est un complexe muséal dédié aux cétacés, qui a ouvert en 1969[11],[12],[13]. Il informe le public sur le mode de vie des cétacés et l'histoire de la chasse à la baleine[13]. Il héberge une quarantaine de dauphins et quelques baleines de petite taille[14]. En 1992, le muséum enregistre 410 000 visites, plus de 200 000 en 2000 et environ 110 000 en 2015[2].
- Le squelette d'une baleine, exposé à l'intérieur d'un bâtiment du muséum.
- Spectacle d'orques.
- Spectacle de dauphins.
- Reconstitution miniature d'une chasse traditionnelle à la baleine.
Musée du baseball
Le musée du baseball Hiromitsu Ochiai[l 4] rend hommage au joueur de Baseball japonais Hiromitsu Ochiai (en), qui a remporté, à trois reprises, la triple couronne du championnat national[15].
Musée Ishigaki
Le musée Ishigaki commémore le peintre Eitaro Ishigaki (en), originaire de Taiji[16].
Événements
Le festival traditionnel d'été de Taiji, également nommé festival Isana Taiji[l 5], a lieu, chaque année, le , pendant la période d'O-Bon. Il célèbre, depuis 1989, la culture baleinière de Taiji, transmise de génération en génération depuis plus de quatre cents ans[18].
Le festival d'automne de Taiji est le Taiji kujira matsuri[l 6] (festival des baleines de Taiji). Il a lieu chaque premier dimanche de novembre[19]. La kujira odori[l 7] (danse de la baleine), une danse traditionnelle effectuée depuis plus de quatre cents ans par les baleiniers locaux pour célébrer une bonne prise, est, avec la parade de bateaux de pêche[l 8], l'une des principales manifestations de l'événement municipal[20].
Transports
Chemin de Fer
La ligne principale Kisei opérée par la JR West traverse Taiji[1]. La gare de Taiji est la seule gare de la ville et se trouve juste à l'extérieur de la zone Moriura. Une ligne de bus circulaire relie la gare avec les zones touristiques et l'hôtel de ville. Tous les trains locaux et des trains express s'arrêtent à la gare de Taiji.
Routes
Les principales routes traversant Taiji sont la route nationale 42[1], les routes préfectorales 289 et 240.
Éducation
Taiji possède une école élémentaire et un collège.
Jumelages
La ville de Taiji est jumelée à la ville de Broome (Australie), depuis 1981, et à Hakuba (Japon), depuis 1984. En , le conseil municipal de Broome suspend son association avec Taiji, en signe de protestation contre le massacre annuel des dauphins. Cette mesure est annulée quelques semaines plus tard. Les liens entre les deux municipalités sont établis depuis les années 1900, lorsque le Pays du Soleil levant était intéressé par l'industrie perlière australienne[21].
Personnalités liées à la municipalité
- Jūrō Oka, le « père de la chasse à la baleine au Japon ».
- Eitaro Ishigaki (en) (1893–1958), artiste américain.
- Kiwako Taichi (1943–1992), actrice. Son nom de scène est un hommage à son village natal : Taiji, qu'elle a finalement choisi de contracter en Taichi[22].
Notes et références
Notes lexicales bilingues
- La baie de Moriura (森浦湾, Moriura-wan).
- Le village Moriura (森浦村, Moriura-mura).
- Le muséum municipal de la Baleine (太地町立くじらの博物館, Taijichōritsu kujira no hakubutsukan).
- Le musée du baseball Hiromitsu Ochiai (落合博満野球記念館, Ochia Hiromatsu yakyūkinenkan).
- 太地浦勇魚祭 (Taijiura Isana matsuri, litt. « fête traditionnelle de la baleine du littoral de Taiji ») ou, plus succinctement 勇魚祭 (Isana matsuri, litt. « fête traditionnelle de la baleine »). « Isana » est un vieux mot japonais signifiant « baleine »[17].
- Le festival traditionnel des baleines du littoral de Taiji (太地浦くじら祭, Taijiura kujira matsuri).
- La danse de la baleine (鯨踊り, Kujira odori).
- La parade de bateaux de pêche (漁船パレード, Gyosen parēdo).
Références
- (ja) Asahi Shinbun, « 太地町 » [« Le bourg de Taiji »], sur Kotobank, (consulté le ).
- (ja) Mairie de Taiji, « 太地町地域強靱化計画 » [« Plan de consolidation de l'aire de Taiji »] [PDF], sur www.town.taiji.wakayama.jp, (consulté le ), p. 2-9.
- (ja) Asahi Shinbun, « 太地[町] » [« Taiji (bourg) »], sur Kotobank, (consulté le ).
- (ja) Asahi Shinbun, « 太地町の要覧 » [« Aperçu du bourg de Taiji »], sur Kotobank, (consulté le ).
- (en) Boyd Harnell, « Taiji officials: Dolphin meat 'toxic waste' » [« Des édiles de Taiji l'affirme : la viande de dauphin est toxique »], The Japan Times, (consulté le ).
- (ja) « 太地町の歴史と文化を探る » [« Histoire et culture de Taiji »], sur www.town.taiji.wakayama.jp, (consulté le ).
- (en) Justin McCurry, « Dolphin slaughter turns sea red as Japan hunting season returns » [« Alors que la saisin de chasse reprend, le massacre de dauphins rend la mer rouge »], The Guardian, (consulté le ).
- Christophe Magdelaine, « Massacre de dauphins au Japon : que se passe-t-il dans la baie de Taiji ? - notre-planete.info », sur Notre-planete.info, (consulté le ).
- (en) Minoru Matsutani, « Taiji told to stop dolphin carnage or sister ties end », The Japan Times, (consulté le ).
- (en) Kyodo News, « Taiji to beef up police for hunt », The Japan Times, (consulté le ).
- (en) Richard O'Barry Dolphin Project, « Taiji Timeline », (consulté le ).
- (en) Préfecture de Wakayama, « Taiji Whale Museum » [« Muséum de la Baleine de Taiji »], sur The Official Wakayama Travel Guide, (consulté le ).
- (ja) Asahi Shinbun, « 太地町立くじらの博物館 » [« Muséum municipal de la baleine du bourg de Taiji »], sur Kotobank, (consulté le ).
- (en) Kyodo News, « Taiji to beef up police for hunt » [« Taiji renforce sa police pour la chasse »], The Japan Times, (consulté le ).
- (ja) Mairie de Taiji, « 太地町を遊んで体験する » [« Découvrir Taiji en s"amusant »], sur www.town.taiji.wakayama.jp, (consulté le ).
- (ja) Mairie de Taiji, « 太地町立石垣記念館 » [« Musée municipal Igashi de Taiji »], sur www.town.taiji.wakayama.jp, (consulté le ).
- (ja) Asahi Shinbun, « 鯨/勇魚 » [« Kujira / Isana »], sur Kotobank, (consulté le ).
- (ja) « 勇魚祭 », Kumano Shimbun on line, (consulté le ).
- (ja) Mairie de Taiji, « 太地町のイベント情報 » [« Les événements de Taiji »], sur www.town.taiji.wakayama.jp, (consulté le ).
- (ja) « 太地町で恒例のくじら祭 伝統の踊り披露、和歌山 » [« Wakayama : Kujira matsuri, un coutume de Taiji, démonstration de danse traditionnelle »], Sankei Shinbun, (consulté le ).
- (en) Kyodo News, « Australian town embraces Taiji again », The Japan Times, (consulté le ).
- Junnosuke Yoshiyuki, Shin omoshiro hanbun taidan (新面白半分対談), Kodansha, 1975, p. 146
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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