Socapalm

Socapalm (officiellement Société Camerounaise de Palmeraies) est une société agro-industrielle opérant au Cameroun. C'est la plus grande entreprise de production d'huile de palme du pays, gérant des plantations sur quelque 78 529 hectares à Mbongo, Dibombari, Mbambou, Edéa, Kienke et Eséka, 32 500 hectares directement exploité et 18 265 hectares indirectement exploité via des plantations familiales[1]. Le groupe Socapalm a 3 200 salariés, 2 338 planteurs sous-traitants qui auraient eux-mêmes 3 000 ouvriers agricoles. Au total, près de 30 000 personnes seraient dépendantes de Socaplam[1].

Socapalm

Création 1968
Dates clés 2000 : privatisation
Fondateurs Etat du Cameroun
Forme juridique Société anonyme
Siège social Rue de la Motte Piquet (Bonanjo), BP 691, Douala
 Cameroun
Actionnaires Socfinaf (67 %), État du Cameroun, coté en Bourse
Activité Agroalimentaire
Produits huile de palme
Société mère Socfin (Socfinaf)
Sociétés sœurs Safacam
Filiales SPFS
Effectif 30 000
Site web www.socapalm.com

Histoire

Elle est le résultat d'un programme gouvernemental lancé dès 1963 avec l'aide de la Banque mondiale[2]. Elle a été privatisée en 2000, date à laquelle elle est entrée dans le giron du groupe Socfin par l'intermédiaire d'Intercultures. Le groupe français Bolloré contrôle lui-même près de 40 % de Socfin et partage cette dernière avec les deux familles du groupe Rivaud (repris par Bolloré en 1995), Fabri et de Ribes[3].

Responsabilité environnementale et sociétale

Usine Socapalm Dibombari - Souza

Socapalm a été source de problèmes sociaux et écologiques importants[4],[5].

Avant sa privatisation, elle a confisqué sans compensation des terres appartenant coutumièrement aux populations locales et son expansion s'est faite[2] au détriment des écosystèmes adjacents dont dépendaient ces mêmes populations. Leur souveraineté alimentaire en était ainsi menacée[6]. En outre, les produits agrochimiques utilisés dans la monoculture et les rejets de son usine à Kienké polluaient les cours d'eau avoisinants[7]. Dans la plantation, les conditions de vie et de travail avait entraîné la multiplication de grèves et de protestations[8]. Les revendications dénonçaient les baraquements et latrines collectives insalubres, le manque d'accès régulier à l'eau et à l'électricité, les travaux pour environ 7,6 euro par jour.

Socapalm a entamé un vaste effort pour mettre aux normes internationales toutes ses installations : traitement par lagunage de toutes ses eaux de rejet, engrais naturel et rénovation de ses villages (électrification, adduction d'eau potable, rénovation des infirmeries et création de nouvelles écoles, qui sont aujourd'hui supérieures à la norme de l'habitat que l'on rencontre traditionnellement au Cameroun. Ces rénovations attisent la convoitise des riverains qui souhaiteraient que la Socapalm puissent leur offrir des prestations identiques à celles des employés de l'entreprise bien que ces mêmes riverains bénéficient de l'électrification, des écoles et d´un accès à l'eau potable offerts par Socapalm. En outre, depuis la privatisation en 2000, Socapalm a restitué plus de 21000 ha à son légitime propriétaire l'État du Cameroun.[source insuffisante]

Depuis 2008, Socapalm a engagé un vaste effort de rénovation de ses installations, villages et infrastructures. Une usine neuve et des villages neufs ont été construits ; les établissements scolaires rénovés ainsi que les structures médicales.[source insuffisante]

Plantation Socapalm de Dibombari

Après la diffusion sur l'antenne de France Inter de deux émissions présentant une perspective critique sur les plantations que gère Socapalm à Kienké et à Dibombari, Vincent Bolloré et la SA Bolloré ont lancé des poursuites à l'encontre de Radio France[9]. La première enquête, réalisée par le journaliste Benoît Collombat et diffusée en mars 2009 dans l'émission Interception[10], portait sur plusieurs secteurs d’activité du groupe Bolloré au Cameroun. Le volet des plantations de la Socapalm n'a pas été jugé diffamatoire par le tribunal de grande instance de Paris[11]. L’autre, une interview accordée par la photographe Isabelle Alexandra Ricq et menée par Rebecca Manzoni dans son émission Eclectik du [12], ne donnera finalement pas lieu à un jugement, le groupe Bolloré ayant retiré sa plainte deux semaines avant la date d’audience prévue[13].

Le , l'entreprise a exercé un droit de réponse sur Le Monde diplomatique, dans lequel Gilles Alix, directeur général de la société Bolloré, rappelle que le Groupe Bolloré n'est qu'actionnaire minoritaire de la Socapalm, ce qui signifie qu'il ne peut être tenu garant des conditions de travail des employés qui y travaillent[14].

Un vaste programme de préservation de l'environnement ainsi que la refonte de ses procédures a permis à Socapalm d'être la première plantation de palmiers en Afrique à obtenir la certification ISO 14001 en .[source insuffisante]

Depuis 2000, la Socapalm signe un bail emphytéotique pour une durée de 60 ans. Elle loue ses terres a un prix dérisoire à l'état camerounais, qualifié de "prix d'ami", de 604 069€ pour 78 529 ha par an soit 7,69€ par hectare. A comparer avec le montant des parcelles louées aux paysans camerounais autour des zones agro-industrielles qui oscille entre 61 et 154€ par ha par an[15].

Le , le Groupe Bolloré s'est vu assigné devant le Tribunal judiciaire de Nanterre par une coalition d'ONG camerounaises et françaises pour des accusations liées à l'accaparement de terres (les plaignants parlent de 20000 ha), la pollution des eaux par le rejet direct de produits chimiques et de non-redistribution équitable des richesses[16]. Il n'a pas respecté « les engagements qu’il a souscrits en 2013 auprès des travailleurs et des riverains de la Socapalm »[17].

En 2020, un reportage de la RTBF a filmé les plantations de la Socapalm et dénonce le traitement infligé aux travailleurs sous-traitants qui n'ont aucun équipement de protection individuel (que ce soit pour la récolte ou pour l'utilisation de produits phytosanitaires) et vivent dans des maisons insalubres. Elle y a également filmé des travailleurs mineurs[18]. La Socapalm dénonce le vol des images, les propos de personnes hostiles et le caractère mensonger du reportage[19].

Références

  1. http://eco.rue89.com/2010/12/07/socapalm-au-cameroun-lepine-du-groupe-bollore-179546
  2. Gerber, J.-F., 2008. Résistances contre deux géants industriels en forêt tropicale: populations locales versus plantations commerciales d’hévéas et de palmiers à huile dans le Sud-Cameroun. Montevideo: World Rainforest Movement (WRM)
  3. Orange, M., 2009. Enquête sur la face cachée de l'empire Bolloré. Médiapart, février 2009.
  4. « Protection et défense des victimes de crimes économiques », sur SHERPA.
  5. Deltombe, T., 2009. Port, rail, plantations: le triste bilan de Bolloré au Cameroun. Le Monde Diplomatique, avril 2009.
  6. Ricq, I. A., 2009. Bolloré au Cameroun, un bilan en images. Le Monde Diplomatique, 16 juin 2009.
  7. Ricq, I. A. et J.-F. Gerber, 2010. Dix réponses à dix mensonges à propos de la Socapalm. Montevideo: World Rainforest Movement (WRM).
  8. Pigeaud, F., 2008. Les Camerounais exploités des palmeraies de Bolloré. Libération, 11 mars 2008.
  9. Survie France, avril 2010.
  10. Collombat, B., 2009. Cameroun, l'empire noir de Vincent Bolloré. France Inter, mars 2009.
  11. Libération, mai 2010.
  12. Eclectik, France Inter, 12 septembre 2009.
  13. Deltombe, T., 2009. Jusqu’où ira la "leçon de journalisme" de Vincent Bolloré?. Le Monde Diplomatique, juin 2010.
  14. Droit de réponse de la société Bolloré, Le Monde diplomatique, 17 décembre 2010
  15. Rosa Moussaoui, « Cameroun. Socapalm, des terres agricoles louées à prix d’ami », L'Humanité, (lire en ligne).
  16. Guy Marie BANDOLO, Michel MVONDO, Simon BATOUM, « Au Cameroun, l'huile de palme de la discorde », France 24, (lire en ligne).
  17. Olivier Petitjean, « Des paysans cambodgiens attaquent le groupe Bolloré en justice », Bastamag, (lire en ligne).
  18. Justine Katz, « Banques : sur les routes cachées de notre argent », sur rtbf.be, La Une, (consulté le ).
  19. « Communiqué de presse de la Socapalm », sur Société Camerounaise de Palmeraies, (consulté le ).

Articles connexes

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