Smoking (vêtement)

Un smoking ou tuxedo au Canada, est un costume de cocktail le plus souvent pour hommes, mais parfois pour femmes.

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Coupe d'un smoking.
Clint Eastwood en smoking en 2007.

Description

Il s'agit d'un ensemble assorti, constitué d'une veste un peu courte (en drap noir de laine et mohair, plus rarement blanc[1]) droite ou croisée à revers de satin ou de faille de soie et d'un pantalon noir à galon de soie, parfois accompagné d'un gilet[n 1]. Le revers du col peut être châle (rond) ou à crans aigus ; la veste droite n'a qu'un seul bouton. Des versions à deux boutons ont fait leur apparition (surtout en Amérique), où ceux-ci sont supposés plus habillés. Il est traditionnel de ne pas avoir de fentes à la veste[2], ni de rabats aux poches[3].

Les coupes classiques sont :

  • Smoking Deauville : droit, un bouton, à col châle ou à cran aigu ;
  • Smoking Capri : croisé, une deux ou trois paires de boutons, à revers à crans aigus ou plus rarement à col châle.

Le smoking peut être porté avec une chemise blanche à col cassé (avec ou sans jabot) mais l'usage contemporain a progressivement admis le col rabattu. Le nœud papillon est noir (alors qu'il est blanc avec une queue-de-pie), en principe de la même matière que les revers. On peut adjoindre à la veste droite une « ceinture de smoking », large ceinture de satin à plis couvrant la taille, ou un gilet noir. Contrairement à l'habit, le smoking se porte aujourd'hui boutonné bien qu'il ne le fut pas à l'origine.

Il est désigné sur les cartons d'invitation à une soirée de cocktail par les mots black tie (par opposition à white tie ou full formal utilisé pour désigner l'habit). Son usage est également toléré sous l'appellation "tenue de soirée"[1].

En anglais, le terme équivalent est tuxedo (en Amérique) ou dinner jacket (en Grande-Bretagne)[1] ; le terme smoking jacket désigne dans le monde anglo-saxon la survivance de son ancêtre, une veste d'intérieur légère rarement usitée de nos jours. Un smoking était en effet à l'origine une veste simple portée dans des fumoirs afin de ne pas avoir une odeur de tabac sur ses vêtements de tous les jours, d'où l'appellation de smoking en français. Les revers de soie permettaient de ne pas brûler le tissu dans le cas de chute de cendres.

Selon les canons de l'élégance classique, le smoking est un vêtement réservé aux cocktails et aux soirées : il est considéré comme plus formel que le costume deux pièces mais moins que la tenue de ville (complet trois pièces appareillées), généralement de rigueur au dîner, ou le frac (ou habit). Cependant, l'influence américaine où le smoking est porté comme unique vêtement formel a contribué à son utilisation de plus en plus fréquente dans des contextes mondains en dehors de sa fonction initiale, en particulier de jour.

Le smoking est coupé dans un lainage noir, le « grain de poudre », qui contient parfois un peu de mohair pour qu'il ne se froisse pas. Les revers et les boutons sont recouverts par de la soie (gros-grain ou faille de soie mais pas en satin, trop brillant[3].

Les barmen portent historiquement un smoking avec un gilet en dessous, ou, depuis les années 1970, une ceinture cummerbund[3].

Historique

Le premier smoking fut créé en 1860 par les tailleurs de Henry Poole & Co. pour Édouard VII du Royaume-Uni[1] alors qu'il était prince de Galles, ce vêtement sans basques qui risquaient d'être brûlées par les cendres et confortable pour s'asseoir aux tables de jeu[4]. La création du smoking aux États-Unis est attribuée à James Potter, qui assista au Tuxedo Park Country Club de New York en 1886, vêtu d'un veston à revers de satin brillant au lieu de la traditionnelle jaquette-cravate blanche. Il présenta son veston comme une variante de la veste (smoking jacket) que les Britanniques portent au fumoir[5]. Le smoking est d'ailleurs à l'origine un vêtement porté à cette occasion et ce n'est qu'après la Seconde Guerre mondiale qu'il commencera progressivement à concurrencer le traditionnel « habit » (ou queue-de-pie) comme tenue de soirée d'abord aux États-Unis puis plus récemment en Europe[6]. De nos jours, le smoking porté traditionnellement par James Bond est considéré comme le modèle le plus classique[1].

Pour femmes

Smoking Yves Saint Laurent au De Young Museum de San Francisco.

Dans les années 1920, les garçonnes deviennent un courant de mode incontournable ; le smoking va devenir un élément de leur garde-robe[7]. Dès 1930, dans le film Cœurs brûlés, Marlène Dietrich apparaît dans une scène qui sera décrite comme « scandaleuse », habillée par Travis Banton d'un smoking[8]. Plus tard, Elsa Schiaparelli réalise une veste de smoking pour ses clientes. Katharine Hepburn dans La Femme de l'année approche Spencer Tracy dans cette tenue.

Dès les années 1950 Emilio Pucci, qui sera suivi la décennie suivante de Courrèges, prône le pantalon pour les femmes[9]. Mais c'est le couturier Yves Saint Laurent qui au milieu des années 1960, juste après avoir quitté Dior, créé une pièce copiée de ce vêtement masculin. Lancée en haute couture, porté par Catherine Deneuve[10]Le Smoking de Saint Laurent est rapidement décliné dans la gamme prêt-à-porter Saint Laurent rive gauche.

Chanel intègre le smoking à sa collection féminine de 1972. Helmut Newton en fait un élément indispensable de beaucoup de ses photos, jusqu'à faire la couverture en de Vogue Paris avec Vibeke Knudsen[7],[11].

Bien plus tard, pour les défilés printemps-été 2013 à Paris, les maisons Lanvin avec Alber Elbaz, Dior avec Raf Simons, Balmain, Ackermann, Hedi Slimane pour Saint Laurent Paris sur Anja Rubik revisitent ce costume devenu féminin[12].

Culture populaire

  • Le Smoking est un film avec Jackie Chan où son personnage porte un smoking high-tech lui donnant plusieurs pouvoirs.
  • Le smoking est l'accessoire de mode qui caractérise James Bond, icône représentative d'une vision du gentleman moderne élégant et décontracté.


Notes et références

Notes de contenu

  1. Définition du Dictionnaire de la mode de Maurice Lenoir (Maison Gründ, 1951) : « veston de drap noir (quelquefois blanc pour l'été ou les pays chauds) à revers de soie, ouvert comme un habit de soirée, portée par les hommes dans les dîners de demi-gala, au fumoir, au théâtre et dans les cérémonies, où l'habit n'est pas de rigueur ».

Références

  1. « Smoking or no smoking ? », Le Figaro Magazine, , p. 81 (ISSN 0184-9336)
  2. Scavini, « Veste : et les fentes ? », Le Figaro Magazine, semaine du 9 décembre 2016, page 142.
  3. Scavini, « Du bon usage du smoking », Le Figaro Magazine, semaine du 23 décembre 2016, page 95.
  4. Dominique Gaulme et François Gaulme, Les habits du pouvoir : une histoire politique du vêtement masculin, Flammarion, , 287 p. (ISBN 978-2-08-124292-0 et 2-08-124292-3)
  5. (en) Black Tie Guide - History: Origins
  6. Black Tie Guide - History: Post-War
  7. « Êtes-vous boyish ? », Air France Madame, Condé Nast, no 156, , p. 56 (ISSN 0980-7519, lire en ligne)
  8. Marta Represa, « Le costume hollywoodien en 4 dates », L'Express Styles, no 3201, , p. 56 (ISSN 0014-5270)
  9. Noël Palomo-Lovinski (trad. de l'anglais par Lise-Éliane Pomier), Les plus grands créateurs de mode : de Coco Chanel à Jean Paul Gaultier, Paris, Eyrolles, , 192 p. (ISBN 978-2-212-55178-5), « André Courrèges », p. 128
  10. Florence Evin, « Un homme qui aimait la femme », sur lemonde.fr, M, (consulté le )
  11. (en) « Le smoking », Voguepedia, sur vogue.com, Condé Nast (consulté le )
  12. Philippe Azoury, « Smoking Girls », Obsession, no 7, , p. 118 à 122 (ISSN 0029-4713, lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes


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