Simone Prouvé

Simone Prouvé (née en 1931 à Nancy) est une artiste tisserande française.

Elle crée des œuvres abstraites pour l'architecture ou l'ameublement, d'abord avec les matières traditionnelles, puis avec des matières innovantes comme des fils en inox ou de la fibre de verre[1].

Biographie

Simone Prouvé est née à Nancy dans une famille d'artistes. Son père est Jean Prouvé, ingénieur et industriel, architecte et designer et son grand-père est Victor Prouvé, qui fut, avec Emile Gallé, un des initiateurs du mouvement de l'École de Nancy, fer de lance de l'Art nouveau en France. Elle est la cadette de cinq enfants[2].

Formation

Depuis le plus jeune âge, Simone Prouvé coud, tricote, est dans son élément avec le fil, plus qu'à l'école où, enfant dyslexique, elle rencontre des difficultés[3].

Elle fait des études d'histoire de l'art à Nancy[2]. Puis, en 1949 à 18 ans, soutenue par ses parents, elle quitte Nancy pour apprendre à tisser à Paris et suivre un stage chez Mme Pingusson, épouse de Georges Henri, architecte et ami de son père[3]. Son père, Jean Prouvé, qui lui fait réaliser son premier métier à tisser.

Dans les années 1956, pour se former, elle se rend en Suède auprès d'Astrid Lund, puis en Finlande dans l'atelier de Dora Jung.

De retour à Paris, elle découvre Modulor, notion architecturale illustrée par une silhouette humaine, créée par Le Corbusier. Pour s'amuser, elle tisse une écharpe Modulor constituée de deux bandes, l'une rouge l'autre bleue, comprenant, à l'échelle, les graduations des séries rouges et des séries bleues. L'écharpe parvient à Le Corbusier qui la remercie[4].

Carrière artistique

Simone Prouvé réalise essentiellement des textiles d'ameublement et des textiles pour l'architecture. Elle aime beaucoup travailler avec des architectes et de préférence dès le début des projets. Elle a collaboré avec un grand nombre d'entre eux[1].

Les tapisseries de Simone Prouvé sont de larges panneaux qui peuvent être des revêtements muraux, des cloisons ou des stores. Travaillées sur des métiers traditionnels, ces œuvres intègrent de la fibre optique ou de la couleur pour offrir des cosmogonies imaginaires qui, subtilement superposées à la forme architecturale, transforment en filigrane leurs paysages[5]. Ces panneaux, parfois entièrement constitués de fils inox, sont montés sur des châssis métalliques ou enroulés autour d’un axe pour se dérouler comme un store. Lorsqu’ils sont placés devant une fenêtre, le paysage qui transparaît fait partie intégrante de la création[1].

Elle tisse elle-même, dans son atelier, ses tapisseries qui peuvent faire jusqu'à près de 4 mètres de largeur[6].

En 1954-1955, elle commence sa collaboration avec l'architecte et designer Charlotte Perriand. Leur collaboration durera de nombreuses années[3] et donnera, entre autres deux banquettes devenues célèbres, celle de 1950[7] et la banquette Tokyo de 1954[8]. Ces banquettes qui se vendaient mal à l'époque, ont beaucoup de succès maintenant[8].

À partir de 1956, Simone Prouvé démarre la production de tissus pour banquettes en lin. Les banquettes sont exposées à la galerie Steph Simon. Elle tisse essentiellement des couleurs écrus, gris, beiges, verts olive et noirs. Elle s'occupe également du tissu des banquettes de Charlotte Perriand pour le musée d'art moderne de Paris[3].

Elle réalise à la fin des années 1950 sa première tapisserie à la demande de l'architecte Joseph Belmont pour l'église du Sacré-Cœur de Bonnecousse de Mazamet. La tapisserie est suspendue dans le chœur, derrière l'autel, et représente la Création[9],[10].

Simone rencontre son partenaire, André Schlosser, avec qui elle collaborera de 1963 à 1989. André Schlosser dessine les cartons pour les tapisseries, parfois de très petits dessins, que Simone réalise ensuite. Elle interprète librement les dessins d'André Schlosser, à contre courant des principes de la tapisserie d'Aubusson qui exige une reproduction exacte du carton[3].

À partir des années 1970, le couple se lance dans la réalisation de tapisseries géantes, d'ouvrages hors-normes allant de 20 à 250 m2 voir plus.

Au cours de la décennie suivante, les commandes de réalisations pour l'architecture augmentent et c'est ainsi qu'une trentaine de commandes sont réalisées jusque 1989, comme une commande de l'architecte japonaise Reiko Hayama pour un club de golf en France[3],[11].

C'est avec une commande pour un établissement bancaire à Reims qui exige des matériaux ignifugés que Simone Prouvé commence à travailler sur les fils résistants au feu[3]. Les fils de coton résistant mal aux traitements d'ignifugation, il faut explorer d'autres pistes[1]. Elle commence à utiliser des matériaux industriels, tels des fibres de verre, d’inox souple et raide, de polyéthylène, de polypropylène, le Celvyl, le kevlar et même le cuivre à partir de 2002[5],[3]. Ces matériaux vont devenir sa marque de fabrique et, parfois, elle participe, avec les industriels, à leur mise au point[6].

Lors de la restauration de la galerie Myslbek à Prague, plusieurs œuvres d'art sont demandées. L'architecte Claude Parent commande une tapisserie à Simone Prouvé. Lui-même dessine, pour le hall d'entrée, de grands carreaux en biais dont Simone Prouvé s'inspire. Elle réalise trois tapisseries carrées en inox de 3,60 m de côté[5],[12].

Elle collabore encore à la création d'une extension au musée Bourdelle (1989-1992), réalisée par Christian de Portzamparc[6], au nouveau musée Matisse de Le Cateau-Cambresis, réalisé par les architectes nancéiens Emmanuelle et Laurent Beaudouin et le musée André Malraux du Havre auquel avait participé son père Jean Prouvé dans les années soixante[1].

Le Fonds national d’art contemporain (FNAC) a acquis deux de ses panneaux[6].


Expositions

  • Nancy, magasin Prévert et Club des arts, expositions de tissages 1956
  • Nancy, Galerie Art fonctionnel, exposition de tentures, tapis, métrages 1958
  • Paris, Galerie Meubles et Fonctions, exposition de panneaux non feu 1995, acquisition d’un panneau inox et verre par le Fonds national d’art contemporain
  • Paris La Défense, Centre français d’électricité, concours d’idées « 1997-1998 logement social : pour mieux vivre ensemble », panneau inox, fibre de verre, fibre optique 1998
  • Ile de France, Show-room GKD, 1998
  • Lyon, Architecte Iwan Ponsonnet, exposition collective « L’art et vous, l’architecture et vous, … » 2001, avec Pascale Lion
  • Paris, Galerie Meubles et Fonctions, expositions de panneaux inox et verre M0 2001
  • Saint-Amand-en-Puisaye (Nièvre), exposition collective « L’art et la matière » 2012
  • Paris, Galerie Collection Arts de France, exposition collective 2013
  • « Au fil du temps, Simone Prouvé, tissage à la main et Hervé Saint Hélier, photographe », Espace Beaurepaire, Paris, -05 [5].
  • Guern (Morbihan), Passage d’encres, Moulin de Quilio, expositions de 2014 à 2016
  • Salle des ventes Piasa, expositions-vente « Textile- Art » et « Bois-Textile XIVe-XXIe siècle » 2015
  • « Des livres en Guern », Passage d'encres, Guern, [13].
  • « Simone Prouvé, Tissages », Galerie Mercier, Paris, -[14].
  • Pantin, Biennale Emergences, exposition de panneaux 2018
  • Pantin, Biennale Emergences, exposition de panneaux 2020

Liens externes

Références

  1. « Simone PROUVÉ | Art Lorrain », sur artlorrain.com (consulté le )
  2. « Catherine Prouvé : l'interview hommage à son père », sur Cotemaison.fr, (consulté le )
  3. « En voiture Simone! », sur Le Strict Maximum., (consulté le )
  4. Le Corbusier, MODULOR 2 - 1955 (La parole est aux usagers), Editions de l'architecture d'aujourd'hui,
  5. « SIMONE PROUVÉ Tissage à la main HERVÉ SAINT HÉLIER Photo CHROMATICS Mobilier | Espace Beaurepaire » (consulté le )
  6. Arlette Barré-Despond (dir.), Dictionnaire des arts appliqués et du design international, Paris, Edition du Regard, (ISBN 978-2841050246)
  7. « Charlotte Perriand, banquette, ca 1950 » (consulté le )
  8. « Charlotte Perriand, Le Corbusier, Pierre Jeanneret, Jean Prouvé, Isamu Noguchi, Marcel Breuer, Pierre Chapo, Artcurial, 16 mai 2018 à 20:00, Paris » (consulté le )
  9. « Patrimoine d'Aussillon: L'église du Sacré Coeur de Bonnecousse », sur aussillon.pagesperso-orange.fr (consulté le )
  10. « Aussillon : église du Sacré-Cœur de Bonnecousse. », sur Diocèse d'Albi (consulté le )
  11. « Simone Prouvé panneaux », sur simoneprouve.fr (consulté le )
  12. (cs) Zdeněk Hölzel, « Spolupráce architektů a umělců », Bulletin 3/16 -Česká Komora Architektů, , p. 84-86 (lire en ligne)
  13. « Moulin de Quilio. Grande braderie d'art, aujourd'hui », sur Le Telegramme, (consulté le )
  14. « Mercier et associés - Architecture, Design, Documentation », sur mercieretassocies.com (consulté le )

Liens externes

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