Siège de Kut-el-Amara
Le siège de Kut-el-Amara est un épisode de la Première Guerre mondiale qui s'est déroulé du au : la ville de Kut-el-Amara, au sud de Bagdad, occupée par les Britanniques pendant la campagne de Mésopotamie, est assiégée par les Ottomans. Après l'échec de plusieurs armées de secours, la garnison britannique doit se rendre au bout de quatre mois et demi de siège.
Date | au |
---|---|
Lieu | ville de Kut-el-Amara, au sud de Bagdad |
Casus belli | Déclaration de guerre du 5 novembre 1914 |
Issue | Victoire ottomane |
Empire britannique | Empire ottoman |
général Charles Townshend | Noureddine Pacha Colmar von der Goltz Halil Bey |
31 000 soldats 6e division indienne Poona (en) | 31 000 à 41 000 soldats Commandement régional d'Irak (en) 6e armée ottomane |
13 000 prisonniers et 16 000 pertes | 10 000 pertes |
Batailles
- Afrique du Nord
- Caucase
- Perse
- Dardanelles
- Mésopotamie
- Sinaï et Palestine
- Ctésiphon (11-1915)
- Kut-el-Amara (12-1915)
- Romani (8-1916)
- Magdhaba (12-1916)
- Révolte arabe
- Rafa (1-1917)
- Bagdad (3-1917)
- 1re Gaza (3-1917)
- 2e Gaza (4-1917)
- Aqaba (7-1917)
- Beer-Sheva (10-1917)
- 3e Gaza (11-1917)
- Jérusalem (12-1917)
- Megiddo (9-1918)
- Damas (9-1918)
- Alep (10-1918)
Coordonnées 32° 30′ 53″ nord, 45° 49′ 08″ est
Contexte
Le général britannique Sir Charles Townshend, récemment revenu d'une permission en Inde pour raison de santé, reçoit l'ordre d'avancer sur Kut-el-Amara, une importante base turque située sur le Tigre, à 500 km au nord de la principale base britannique de Bassorah. Townshend estime que sa force de quelque 11 000 hommes est inadaptée.
Son offensive, qui débute le , est sérieusement entravée par la chaleur intense, le manque de transport fluvial et la nécessité de détacher l'une de ses deux divisions afin de protéger ses fragiles lignes de communication.
Malgré tout, il arrive à l'extérieur de Kut-el-Amara le . Le général ottoman Noureddine Pacha, chef du Commandement régional d'Irak (en), commande 10 000 soldats protégés par des tranchées, équipés de 40 pièces d'artillerie.
Les 27 et , le général britannique Sir Charles Townshend lance ses forces contre les Turcs qui défendent Kut-el-Amara. L'attaque réussit et les Turcs perdent 5 300 combattants (dont 1 300 prisonniers). Cependant, Noureddine Pacha entame un repli ordonné vers une position au sud de Bagdad qui conduit à la bataille de Ctésiphon. Les pertes britanniques s'élèvent à 1 230 hommes et les forces britanniques de la 6e division Poona, se replient sur la ville de Kut le , poursuivis par les Turcs. Sa division ne compte plus que 11 000 hommes (!) et il attend des renforts britanniques venant de Bassorah. Les forces ottomanes de Noureddine Pacha les y rejoignent le , date du début du siège qui dure jusqu'au .
Siège
Le siège se fait sous la direction du général allemand Colmar von der Goltz, surnommé Goltz Pacha, ancien chef de la mission militaire allemande, nommé Mushir (maréchal) et chef de la 6e armée ottomane. Celui-ci, historien de formation, prend exemple sur le siège d'Alésia et fait bâtir des fortifications pour se prémunir tant de l'intérieur que de l'extérieur. Devant cet enfermement, le général britannique Townshend envoie sa cavalerie vers le sud.
Le , la colonne de secours britannique fait une première tentative pour atteindre Kut-el-Amara. Elle est composée des 19 000 soldats du corps du Tigre du général Fenton Aylmer, mais doit faire face à plus de 30 000 Turcs. Ces troupes britanniques affrontent les Turcs une première fois lors de la bataille de Sheikh Sa'ad (en) le .
Attente de l'armée de secours
Le , le général Sir Charles Townshend, commandant de la garnison assiégée de Kut-el-Amara, informe le commandant de la colonne de relève avançant sur la ville, le général Fenton Aylmer, qu'il ne lui reste des vivres que pour deux ou trois semaines.
La colonne britannique de Fenton Aylmer est arrêtée par les Turcs à la bataille de Hanna le . Le même jour, les rations de la garnison sont divisées par deux, même si la découverte d'un stock d'orge soulage un peu les craintes (il semble que Townshend avait volontairement sous-estimé ses réserves de vivres auprès de ses supérieurs pour hâter l'envoi des secours). Les Britanniques envoient plus de troupes les semaines suivantes et prévoient de relancer une opération de relève, qui débute le .
Le , après avoir mal conduit ses troupes lors de la bataille de Dujaila (en) le 8, le général Fenton Aylmer est remplacé à la tête du 3e corps d'armée (surnommé « Corps du Tigre ») par le général George Gorringe (en), qui a pour mission de briser le siège turc de Kut-el-Amara. Mais l'avancée britannique est reportée et ne reprend que le .
Le , les avions britanniques commencent à larguer des vivres sur la garnison assiégée de Kut-el-Amara. Le commandant de la garnison, le général Sir Charles Townshend, prévient que ses vivres seront épuisés le 19. La veille, la colonne britannique marchant sur Kut-el-Amara est repoussée par les Turcs.
Le , ses vivres étant pratiquement épuisés et l'avancée de la force de relève étant bloquée, le commandant de la garnison britannique demande la permission d'entamer des pourparlers de reddition avec les Turcs. De son côté, le négociateur T. E. Lawrence (Lawrence d'Arabie) offre 2 millions de Livres et la promesse de ne pas continuer les efforts contre la Turquie contre la levée du siège.
Reddition et conséquences
Le , après 147 jours de siège, les Britanniques de Kut-el-Amara se rendent. Quelque 13 000 soldats sont faits prisonniers. Environ 2 500 malades ou blessés sont relâchés par les Turcs, mais le reste part vers les camps. Environ 4 800 d'entre eux mourront de maladie, d'épidémie ou par manque de soins et de nourriture.
Ainsi, les prisonniers eurent jusqu'à 70 % de pertes tant leurs conditions de détention furent difficiles, certains Indiens furent enrôlés de force dans les forces de l'Armée des Volontaires Indiens qui regroupait des ex-prisonniers de tous les fronts occidentaux et qui combattirent pour les forces ottomanes sous le commandement de Amba Prasad Sufi.
Par comparaison, le traitement offert à Charles Townshend lui sera reproché : il fut logé de manière très confortable dans un petit palais, sur l'île d'Halki, dans la mer de Marmara et les troupes à Alep.
Reprise de la ville ultérieurement
Les forces britanniques ne relanceront une offensive qu'après avoir été reformées et les lignes de ravitaillement rétablies. Bagdad tombera en 1917.
Les 22 et , le général sir Frederick Maude, commandant en chef des forces britanniques qui avancent sur Bagdad, lance une grande attaque sur les Turcs à Kut-el-Amara. Il lance une fausse offensive sur la droite des forces turques afin de couvrir ses troupes qui traversent le Tigre, puis il dirige de grandes attaques sur les deux flancs turcs. Après sa défaite dans l'offensive (qui prendra le nom de deuxième bataille de Kut-el-Amara), le commandant turc, Kara Bekr Bey, ordonne à ses troupes de se replier sur Bagdad. Les Turcs abandonnent Kut-el-Amara le .
Notes et références
Bibliographie
- M. Moukbil Bey, La Campagne de l'Irak 1914-1918 : le siège de Kut el-Amara, Paris, Berger-Levrault, , 195 p.
- Edward O. Mousley (trad. Georges Cros), Les Sièges de Kut-El-Amara, Paris, Payot, , 200 p.
Documentaires télévisés
- Milieu du 1er épisode : Les erreurs des généraux, de la série : Les grandes erreurs militaires, sur Planète+.
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