Sergueï Lavrov
Sergueï Viktorovitch Lavrov (en russe : Сергей Викторович Лавров [sʲɪrˈgʲej ˈvʲiktərəvʲɪtɕ ɫɐvˈrof][1]), né le à Moscou (URSS), est un diplomate et homme politique russe. Membre du parti Russie unie, il est ministre des Affaires étrangères depuis 2004.
Pour les articles homonymes, voir Lavrov.
Sergueï Lavrov | ||
Sergueï Lavrov en 2019. | ||
Fonctions | ||
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Ministre russe des Affaires étrangères | ||
En fonction depuis le (17 ans, 6 mois et 8 jours) |
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Président | Vladimir Poutine Dmitri Medvedev Vladimir Poutine |
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Président du gouvernement | Mikhaïl Fradkov Viktor Zoubkov Vladimir Poutine Dmitri Medvedev Mikhaïl Michoustine |
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Gouvernement | Medvedev I et II Michoustine |
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Prédécesseur | Igor Ivanov | |
Biographie | ||
Nom de naissance | Sergueï Viktorovitch Lavrov | |
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Moscou (URSS) | |
Nationalité | Russe | |
Parti politique | Russie unie | |
Diplômé de | Institut d'État des relations internationales | |
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Ministre des Affaires étrangères | ||
Biographie
Origines et études
Il naît à Moscou d'un père arménien originaire de Tbilissi[2]. Sa mère est fonctionnaire au ministère du commerce intérieur d'URSS. Il étudie à l'école secondaire no 2 de Noguinsk, puis reçoit une médaille d'argent de l'école no 607 de Moscou avec enseignement renforcé en anglais, à la fin de ses études secondaires.
En 1972, il sort diplômé à Moscou de l'Institut d'État des relations internationales du ministère des Affaires étrangères de l'URSS.
Il parle couramment le cinghalais (langue officielle du Sri Lanka), le divehi (langue officielle des Maldives), l'anglais, et a un niveau correct en français[3].
Carrière de diplomate
En 1972, il est attaché auprès de l'ambassadeur de l'URSS au Sri Lanka. De 1976 à 1981, il travaille au département des organisations internationales du ministère des Affaires étrangères de l'URSS. De 1981 à 1988, il est premier secrétaire, conseiller puis conseiller en chef de la représentation permanente de l'URSS auprès de l'ONU. De 1988 à 1990, il est le chef adjoint du département des relations économiques internationales du ministère des Affaires étrangères de la Russie. De 1990 à 1992, il est le directeur du département des organisations internationales et des problèmes globaux du ministère des Affaires étrangères.
De 1992 à 1994, il est vice-ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, sous la présidence de Boris Eltsine. De 1994 à 2004, il est le représentant permanent de la Fédération de Russie auprès de l'ONU. Il acquiert durant cette période une bonne connaissance du fonctionnement du Conseil de sécurité de l'ONU[2].
Ministre des Affaires étrangères
Il remplace Igor Ivanov au poste de ministre des Affaires étrangères de la Russie le . Il possède le rang d'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de Russie. Il est membre permanent du conseil de sécurité de Russie.
Il entretient de mauvais rapports avec la secrétaire d'État américaine Condoleeza Rice[4]. Le Daily Telegraph révéla le que le ministre employa dans une conversation téléphonique avec son jeune homologue britannique David Miliband, dans le contexte du conflit russo-géorgien en Ossétie du Sud d' : « Who are you to fucking lecture me[5]? », ce qui fit la une des tabloïds anglais[6]. Entre 2008 et 2012, sous la présidence de Dmitri Medvedev, plus libéral que son prédécesseur et successeur Vladimir Poutine, Sergueï Lavrov se fait plus mesuré, s'abstenant de critiquer l'intervention militaire franco-britannique en Libye et s'opposant à des lois anti-américaines votées par la Douma[7].
À partir de 2013, il est particulièrement actif dans la défense d'un statu quo à propos de la guerre civile syrienne en refusant une intervention militaire non encadrée par l'ONU[8] et en signant avec son homologue américain John Kerry à Genève une résolution mettant sous contrôle international les armements chimiques de l’État syrien, ce à quoi s'oppose la rébellion islamiste. La médiation de Lavrov et l'intervention russe en Syrie seront analysées comme un véritable « succès international » pour la Russie[4]. Il n'a par ailleurs pas donné suite à la politique de ''reset'' (en) entre les États-Unis et la Russie voulue par Barack Obama[7].
En 2014, il est en première ligne face au secrétaire d'État américain John Kerry qu'il rencontre plusieurs fois dans le cadre de la crise de Crimée et des suites de la révolution de Maïdan.
- Conférence de presse avec William Hague (2011).
- Avec John Kerry en 2016.
Doctrine politique
Sergueï Lavrov se donne pour modèle Alexandre Gortchakov, ministre des Affaires étrangères d'Alexandre II, qui après la défaite de la guerre de Crimée avait restauré la position de la Russie face aux puissances européennes[4]. Il a été marqué par la gestion américaine de la guerre du Kosovo confirmant le déclassement international de la Russie[4]. La proclamation unilatérale de l’indépendance du Kosovo (2008) formera un précédent que Lavrov rappellera lors du rattachement de la Crimée à la Russie en 2014[9],[10].
Il est l'un des hommes clefs du gouvernement de Vladimir Poutine et l'un des rares dirigeants à occuper un tel poste depuis le début de ses présidences[4]. Il bloque par veto cinq résolutions devant ouvrir la voie à une intervention militaire atlantiste en Syrie sous couvert de l'ONU, ce qui lui vaut dans les chancelleries occidentales le surnom de « Minister Niet »[11]. Suivant le président russe dans son entreprise de retrouver l'influence de son pays du temps de l'URSS, il est un défenseur résolu de la non-ingérence et de l'inviolabilité des frontières (en particulier lors des crises libyennes et syriennes), ce qui l'a parfois placé dans une situation délicate, notamment après la crise ukrainienne de 2014[2].
Condamnant l'extension de l'OTAN vers l'Est, « toujours plus près de la frontière russe », il affirme qu'elle constitue « la source de tous les problèmes systémiques qui ont surgi dans les relations que la Russie entretient avec les États-Unis et l'Union européenne »[4].
Pour Evguenia Obitchkina, professeur au MGIMO, « à la différence des diplomates soviétiques contaminés par l'idéologie, Sergueï Lavrov perpétue la tradition étatiste de la puissance russe et maintient parfaitement le cap fixé par le président »[7].
Décorations
Décorations russes
- Première classe de l'ordre du Mérite pour la Patrie (1re classe en 2015, 2e classe en 2010, 3e classe en 2005 et 4e classe en 1998).
- Médaille de l'ordre de l'Honneur (1996).
- Médaille d'honneur de l'ordre du service diplomatique de la Fédération de Russie (2004).
- Médaille de l'ordre de saint Daniel de Moscou, 1re classe (2010), décernée par le patriarche de l'Église orthodoxe russe, et 2e classe.
Décorations étrangères
- Médaille de l'ordre de Saint Mesrop Mashtots (en) (Arménie, ).
- Médaille de l'ordre de l'amitié des peuples (Biélorussie, 2006).
- Grand-cordon de l'ordre de la Liberté (République serbe de Bosnie, 2018).
- Médaille de l'ordre de l'Amitié (Kazakhstan, 1re classe en 2012, 2e classe en 2005).
- Médaille de l'ordre de l'Amitié (Laos).
- Grand-croix de l'ordre de Saint Agatha (en) (Saint-Marin, 2019).
- Première classe de l'ordre du drapeau serbe (Serbie, 2016)[12].
- Grand-croix de l'ordre du Soleil (Pérou, 2007).
- Médaille l'ordre Vietnamien de l'amitié (en) (Viêt Nam, 2009).
Autres distinctions
- Médaille d'honneur de l'Ossétie du Sud, () - pour sa grande contribution personnelle envers le renforcement de la sécurité internationale, la paix et la stabilité dans le Caucase et le développement des relations amicales entre la république d'Ossétie du Sud et la Fédération de Russie.
- Membre d'honneur de la Société orthodoxe russe de Palestine
Annexe
Notes et références
- Prononciation en russe retranscrite selon la norme API.
- Isabelle Lasserre, « Sergeï Lavrov, le Tayllerand de la diplomatie russe », in Le Figaro, jeudi 17 avril 2014, page 8.
- La fabrique des diplomates de Poutine sur le site www.lexpress.fr, 11 mars 2016
- « Sergueï Lavrov, pilier géopolitique de Poutine », Frédéric Pons, Conflits, no 10, juillet-août-<, p.16-19
- Ce qui pourrait se traduire par : « Qui êtes-vous pour me faire cette putain de leçon ? ».
- 'Who the f*** are you to lecture me?': Russian minister's extraordinary rant at David Miliband, dailymail.co.uk, 13 septembre 2008
- Pierre Avril, « Sergueï Lavrov, diplomate charmeur et intransigeant », Le Figaro Magazine, semaine du 16 décembre 2016, page 24.
- Pierre Avril, « Lavrov, le nouveau "M. Niet" russe », in Le Figaro, vendredi 13 septembre 2013, page 6.
- Lavrov reminds of Kosovo recognition in connection with Crimea's reunification with Russia, tass.ru, 4 février 2015
- Interview by the Russian Foreign Minister, Sergey Lavrov, in a special edition of the programme “Voskresny vecher s Vladimirom Solovyovim” on the “Russia 1” TV channel, Moscow, 11 April 2014
- « Lavrov, minister niet », sur huffpostmaghreb.com,
- « Foreign Minister Sergey Lavrov’s remarks at the presentation of the Order of the Serbian Flag, First Class, Belgrade, December 12, 2016 », sur mid.ru,
Article connexe
Liens externes
- Ressources relatives à la vie publique :
- (en) C-SPAN
- (en) Politifact
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