Sens commun (mouvement politique)

Sens commun est un mouvement politique français de droite né à la suite des manifestations contre la loi Taubira ouvrant le mariage aux couples homosexuels[1]. Il est apparu en 2013 et revendiquait environ 9 000 membres en [2] puis en [3].

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Histoire

L'association Sens commun est créée le , dans le sillage des manifestations contre l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe[4]. Sens commun a été fondé par six personnes issues de la société civile : Arnaud Bouthéon, Faraj Benoît Camurat, Marie-Fatima Hutin, Madeleine de Jessey, Gaspard le Pomellec et Sébastien Pilard. Bien que ces fondateurs soient proches de l'association La Manif pour tous[5], Sens commun n'affiche aucun lien officiel avec cette dernière. Sens commun contractualise par ailleurs un soutien logistique du principal parti de droite, l'UMP (devenu Les Républicains), plusieurs de ses fondateurs ayant auparavant été élus ou candidats sous les couleurs de ce parti[5].

Sébastien Pilard a été le premier président de Sens commun et Madeleine de Jessey sa première porte-parole.

Liste des présidents

  • 2013-2016 : Sébastien Pilard
  • 2016-2017 : Christophe Billan
  • 2017-2018 : Madeleine de Jessey (par intérim)
  • Depuis 2018 : Laurence Trochu

Organisation

La Journée du conservatisme organisée par Sens commun en 2018.

En 2017, l’association revendique « quelque 10 000 adhérents et plus de 200 élus locaux »[4]. Elle est d'abord présidée par Sébastien Pilard, puis par Christophe Billan, avant que l'intérim soit pris jusqu'en [6] par la porte-parole du mouvement, Madeleine de Jessey, également membre du bureau politique de Les Républicains[4] et cofondatrice du mouvement Les Veilleurs[7].

Laurence Trochu, professeur de philosophie, élue conseillère municipale de Guyancourt en 2014 et conseillère départementale de Guyancourt-Montigny en 2015, ancienne porte-parole de François Fillon pendant la campagne présidentielle de 2017, est désignée présidente du mouvement en [8].

Idées politiques

Sens commun se définit comme une association de droite, attachée aux valeurs familiales[9], se déclare défendre l’affirmation de l’État régalien et la valorisation de la Nation[4]. Elle souhaite apparaître comme la référence de la « droite conservatrice »[3].

Fervents opposants à la loi du autorisant le mariage aux couples du même sexe[9], Sens commun déclare promouvoir la « famille traditionnelle »[4] sans se réclamer explicitement d’un courant religieux, bien qu'il réunisse, de fait, une partie de la droite catholique[10] attachée aux valeurs sociales chrétiennes et en dépit des nombreuses opinions que ses militants partagent avec le courant chrétien-conservateur de Jean-Frédéric Poisson[9].

Par ailleurs, Sens commun souhaite la fin du délit d'entrave à l'interruption volontaire de grossesse[11],[12] et « réserver l'adoption aux couples homme-femme », et s’oppose à la procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples de femmes et les femmes célibataires, et à la gestation pour autrui (GPA)[13]. Il veut également « faire de la réduction du nombre d'avortements une grande cause nationale »[14].

Dans le domaine de l'enseignement, Sens commun plaide pour « garantir la liberté pédagogique des établissements hors-contrat » ainsi que la suppression de l'apprentissage des « langues d'origine »[9]pour ne pas prendre le risque de favoriser le développement du communautarisme, dans le souci de l'unité du pays[réf. nécessaire].

En ce qui concerne l'immigration, Sens commun est favorable à un durcissement des conditions d'accès à la nationalité française et à la suppression du droit du sol[9].

Affiliation politique au parti Les Républicains

Sens commun est affiliée au parti Les Républicains. En juin 2014 l'association s'engage à reverser aux Républicains sous forme de subvention une quote-part de ses adhésion et dès les élections régionales de 2015, des membres de l'association étaient présents sur diverses listes de membres du parti[15].

Après la déclaration au mensuel L'Incorrect du président de Sens commun, Christophe Billan, se disant prêt à une "plateforme" politique avec Marion Maréchal-Le Pen, des membres des Républicains ont demandé que l'exclusion de Sens commun soit inscrite à l'ordre du jour du bureau national du parti[16]. Les dirigeants des Républicains (Laurent Wauquiez et Bernard Accoyer) se sont fait confirmer par Sens commun que la ligne de leur président n'était pas celle de l'association et on a rappelé que si Sens commun enfreignait cette consigne, ils n'appartiendraient plus aux Républicains[17].
Le , Christophe Billan, se considérant victime d'un procès stalinien, annonce sa démission de la présidence afin de ne plus pénaliser son mouvement et de retrouver sa liberté de parole[18]. Il précise également, à propos de sa déclaration sur Marion Maréchal-Le Pen, qu'elle aurait été conditionnée à sa rupture avec le FN[19].

Élections

Élection présidentielle 2017

Dans la campagne présidentielle de 2017, Sens commun apporte dès la primaire son soutien au candidat LR François Fillon. Après les accusations gênantes pour le candidat (affaire Fillon) et alors que nombre de ses soutiens font défection, les dirigeants de Sens Commun font bloc autour de lui, considérant à leurs yeux que son programme serait le plus abouti. Ils prennent une part déterminante dans l'organisation et la réussite de la manifestation parisienne du 5 mars place du Trocadéro qui conforte François Fillon[20].

En avril, François Fillon n'exclut pas de nommer certains de ses membres dans son éventuel gouvernement. Cette annonce divise une partie du parti Les Républicains[21].

Après le premier tour, François Fillon a semblé regretter ce soutien : « Pendant une semaine, je n’ai parlé que de Sens commun. Et ça a occulté tout le reste »[22].

Pour le second tour entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron, contrairement à François Fillon, le mouvement refuse le « front républicain »[23] ,[24]. Sens Commun considère que les programmes des deux candidats ne sont pas satisfaisants. Il laisse donc les électeurs libres de choisir en leur âme et conscience. En raison de ce choix, Christian Estrosi[25] et le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde[26] demandent, sans succès, l'exclusion du mouvement Sens Commun des Républicains.

Élections législatives 2017

À l'occasion des élections législatives de 2017, Sens commun voit six de ses membres obtenir l'investiture Les Républicains[27] :

Cinq de ces candidats sont éliminés dès le premier tour et un sixième est en ballottage très défavorable face à La République en marche[28]. À l'issue du second tour, aucun des candidats n'entre à l'Assemblée nationale.


Élus

Conseillers régionaux

A l'issue des élections régionales de 2015, le mouvement obtient 10 élus[29] :

Depuis, Roch Brancour a quitté le mouvement en janvier 2019[30] et Anne Lorne, installée à New York, a démissionné en septembre 2019[31].

Conseillers départementaux

Le mouvement obtient 7 élus à la suite des élections départementales de 2015[32],[33] :

Notes et références

  1. Valérie Hacot, « Sens commun, ce lobby ultra-conservateur qui infiltre la droite », leparisien.fr, (lire en ligne, consulté le ).
  2. Jean-Sébastien Soldaïni, « Qui est le groupuscule "Sens commun", soutien de François Fillon ? », europe1.fr, (lire en ligne, consulté le ).
  3. « Sens commun veut redonner de la voix contre la PMA et incarner le « mouvement conservateur » », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  4. « Sens commun : quel est ce mouvement derrière Fillon ? », Ouest-France.fr, (lire en ligne, consulté le )
  5. Laura Motet, pour Les Décodeurs, « Qu’est-ce que Sens commun, l’association qui entend peser à droite ? », LeMonde.fr, (lire en ligne)
  6. « Madeleine de Jessey annonce son retrait de la direction de Sens Commun. - L'Incorrect », L'Incorrect, (lire en ligne, consulté le )
  7. Paul Piccarreta, « Les Veilleurs : “Cultive-toi et marche” », sur lavie.fr, .
  8. Laurence Trochu nommée présidente de Sens Commun Europe 1, 9 avril 2018
  9. lesechos.fr : Sens commun : trois questions sur le mouvement qui soutient François Fillon.
  10. lexpress.fr
  11. « Le délit d’entrave à l’IVG définitivement adopté par le Parlement », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  12. Agnès Leclair, « Le «délit d'entrave à l'IVG» adopté à l'Assemblée dans un climat houleux », lefigaro.fr, (lire en ligne, consulté le ).
  13. rtl.fr Sens Commun : quel est ce mouvement évoqué pour le gouvernement de Fillon ?.
  14. « Le nouveau secrétaire d'État Jean-Baptiste Lemoyne, soutien zélé des anti-mariage pour tous », BuzzFeed, (lire en ligne)
  15. CNEWS Matin du 18 avril 2017 : Tout savoir sur Sens Commun, que Fillon veut dans sa majorité.
  16. l'espres.fr du 24 10 2017 : Exclure ou garder Sens commun? L'autre dilemme de LR.
  17. BFMTV du 25 10 2017 :Sens commun: Wauquiez lâche le président, mais pas le mouvement.
  18. « Christophe Billan : «Je démissionne de la présidence de Sens commun» », sur lefigaro.fr, (consulté le )
  19. Christophe Billan, interviewé par Marion Mourgue, « Christophe Billan : "Je démissionne de la présidence de Sens commun" », Le Figaro, vendredi 10 novembre 2017, page 6.
  20. Émilie Trevert, « Sens commun-Fillon, pour le meilleur et pour le pire », lepoint.fr, (consulté le ).
  21. « Fillon : Sens Commun divise la droite », ladepeche.fr, (lire en ligne, consulté le ).
  22. lelab.europe1.fr du 26 avril 2017 : Défait au premier tour de la présidentielle, François Fillon regrette que Sens commun ait « totalement plombé » sa fin de campagne.
  23. Libération.fr du 24 avril 2017 : Sens commun refuse de choisir pour le second tour entre Macron et Le Pen.
  24. mediapart.fr du 24 avril 2017 : Sens commun refuse le front républicain de Fillon.
  25. Libération.fr : Christian Estrosi demande l'exclusion de Christine Boutin, Françoise Hostalier et des membres de Sens commun.
  26. laprovence.com : Lagarde (UDI) demande à LR d'exclure Boutin et Sens commun.
  27. Législatives 2017 : investitures LR / Sens Commun.
  28. Paul Laubacher, « Législatives : la déroute de Sens commun, émanation de la Manif pour tous », L'Obs, 12 juin 2017.
  29. Elections régionales : présentation des élus Sens Commun
  30. Angers. Roch Brancour et le mouvement Sens commun, c’est fini !
  31. Démission d'Anne Lorne (LR) de la Région: "Je n'ai commis aucune faute"
  32. Neuf élus aux élections départementales de 2015
  33. Sept succès électoraux pour Sens Commun
  34. Laurence Trochu désignée présidente de Sens commun Valeurs Actuelles, 9 avril 2018

Annexes

Bibliographie

  • Laura Motet, « Qu’est-ce que Sens commun, l’association engagée dans la campagne de François Fillon ? », lemonde.fr, (lire en ligne, consulté le ).

Articles connexes

Liens externes

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