Sautier
Étymologie
Le mot sautier vient du bas-latin saltarius, salterius, saltuarius « messier, celui qui garde les moissons », du bas-latin saltus, « fonds de terre » ou « grand domaine foncier », qui est une extension de sens du latin saltus, « forêt », qui donne la première définition « garde forestier » ou « garde champêtre ».
Historique
Le sautier (ou aussi saultier, soultier, soutier, sutier, voire psautier) comprend plusieurs définitions qui varient en fonction du temps et du lieu.
Au départ, le sautier est un garde forestier ou un garde champêtre. Une des premières mentions date de 1333[1], dans la Meuse, mais on le retrouve aussi fréquemment en Franche-Comté, en Italie du Nord ou dans les Grisons.
Il prend par la suite le sens d'un « fonctionnaire de l'ordre judiciaire présidant certaines cours inférieures ».
L'acception la plus courante se trouve en Suisse romande[2], où un sautier est « huissier d'un Conseil ou d'un corps constitué, chargé de convoquer, d'introduire, de veiller à la porte, de faire les messages et de diverses fonctions de police ».
À Berne il prend le nom de « (Gros) Weibel », mot très abondamment attesté dès le XIIIe siècle[3].
Le sautier, aujourd'hui, en Suisse romande, correspond à un « huissier communal ».
Genève
À Genève, au moins dès le XVe siècle[4], la Ville comporte au moins 16 guets, des gardes, semblables à la police actuelle, qui patrouillent entre autres la nuit (d'où leur nom). Ceux-ci sont sous les ordres du gros sautier, qui réside à la Maison de la Ville, sorte de concierge[5], et exercent de nombreuses charges qui varient au cours des époques. Il assiste aux séances du Conseil, transmets les ordres ou messages des autorités, convoque les habitants appelés par le Conseil, garde les prisonniers détenus dans la Maison de la Ville, procède à des saisies, estime des objets donnés comme gage, gère le chauffage et le stock de bois, etc. Il porte la livrée de la Ville jusqu'en 1568, date à laquelle on préfère lui attribuer une « petite gaule noire », symbole de son office.
Aujourd'hui, Dans le canton de Genève, le sautier de la République exerce les fonctions de secrétaire général du Grand Conseil (parlement cantonal). Traditionnellement, le sautier est également chargé d'observer le marronnier officiel de Genève pour déterminer la date d'éclosion de la première feuille, une information transmise à la presse et qui annonce le début du printemps. Depuis 2017, le poste est occupé par Monsieur Laurent Koelliker.
Les sautiers ont été successivement[6] :
Début | Fin | Nom |
---|---|---|
Jean de Passy | ||
Michel Lyonardi | ||
Pierre Maniglier | ||
Michel Lyonardi | ||
Humbert Trenchant | ||
Pierre Gervais | ||
Pierre Trenchant | ||
Pétroman Falquet | ||
Aymé des Arts | ||
Lupi Tissot | ||
Jautan Fassoret | ||
Etienne Baudières | ||
Jean Collondaz | ||
Pierre Fabri | ||
David Chapuis | ||
Claude Andrion | ||
Amy Ramier | ||
Gabriel Patru | ||
David Deroches | ||
Siméon Butini | ||
Michel Voisine | ||
Pierre Canal | ||
Jacques Bitri | ||
Nicolas Andrion | ||
Jean des Arts | ||
Gaspard Mestrezat | ||
Michel Rilliet | ||
Etienne Chabrey | ||
Abraham Rigot | ||
Pierre des Confins | ||
Georges Gambiague | ||
Paul de la Maisonneuve | ||
Jean Revilliod | ||
Théophile Sarasin | ||
Isaac Piaget | ||
André Dunant | ||
Marc du Puy | ||
Marc Sarasin | ||
Pierre Galiffe | ||
Jean de Chapeaurouge | ||
Pierre Lect | ||
Jaques Franconis | ||
Gédéon Martine | ||
Jean de la Corbière | ||
Guillaume Dansse | ||
André Mollet | ||
André Gallatin | ||
Pierre de la Rive | ||
Jean-Jacques Trembley | ||
Jean-Antoine de Normandie | ||
Jean Puerary | ||
Ami de Rochemont | ||
Marc le Fort | ||
Frédéric de Chapeaurouge | ||
Jean de la Rive | ||
Louis-Frédéric Lombard | ||
Jean-Gabriel Philibert | ||
Aucun sautier entre 1798 et 1815 | ||
Théodore Paul | ||
Henri Fromont | ||
Isaac Ruff | ||
Joseph Lang | ||
Samuel Démolis | ||
Jules Véresoff | ||
Alphonse Wiedmer | ||
Adolphe-Emile Tombet | ||
Albert Perréard | ||
Henri Fontaine | ||
Jean Hoesner | ||
Pierre Stoller | ||
Myriam Boussina-Mercille | ||
Maria Anna Hutter | ||
Laurent Koelliker |
Neuchâtel
Dans le canton de Neuchâtel, les sautiers sont les huissiers du conseil d’État ou de ceux de la magistrature municipale.
Notes et références
- F.E.W., p. 122.
- On trouve cependant l'acception de garde forestier à Genève, dès 1358 (Emile Rivoire et Victor van Bercheim, Sources du droit de Genève, Genève, 1927, t. 1, p. 151-154, note 1: "Permodo de Orney salterio de Bossier".
- William Pierrehumbert, Dictionnaire historique..., p. 551.
- Jaakko Ahokas propose 1528 comme premier emploi du mot « sautier » comme fonctionnaire régulier de la ville, obligatoirement citoyen de la Ville (p. 276). Gaudy-Lefort écrit que « la charge de sautier, l'époque de la dernière sommation de Gaillard, était chez nous une création toute nouvelle, car elle ne fut instituée qu'apèrs l'alliance de 1526, et à l'exemple de Berne et de Fribourg ». Cependant le mot est employé dès le siècle précédent au moins.
- Les ordonnances sur les offices de 1543 le précisent noir sur blanc: « Qu'il ait la garde de la Maison de la Ville comme concierge » (A.E.G., P.H. 1294, édité dans S.D.G., t. II, p. 430-431).
- « Les sautiers depuis 1483 », sur ge.ch, Grand Conseil de la République et canton de Genève, .
Bibliographie
- Charles Dufresne Du Cange, Glossarium mediae et infimae latinitatis, Paris: Firmin Didot, 1846, vol. VI, p. 44a-c
- Aimé-Jean Gaudy (dit Gaudy-Lefort), Promenades historiques dans le canton de Genève, Genève: Chez Joël Cherbuliez, 1849, p. 189-190
- François Bonivard, Advis et devis de l'ancienne et nouvelle police de Genève..., Genève: Impr. J.-G. FIck, 1865, p. 26-27
- Frédéric Godefroy, Dictionnaire historique de l'ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, Paris: F. Vieweg, 1892, vol. 7, p. 331b-c
- William Pierrehumbert, Dictionnaire historique du parler neuchâtelois et suisse romand, Neuchâtel / Paris: ed. Victor Attinger, 1926, p. 550-551
- Jaakho Ahokas, Essai d'un glossaire genevois d'après les Registres du Conseil de la ville 1409-1536, Helsinki: Société Néophilologique, 1959, p. 275-276
- Walther v. Wartburg, Französisches Etymologisches Wörterbuch..., Basel: Zbinden Druck, 1964, 11 bd, p. 122a-b
- André Holenstein, « Grand sautier » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
- André Holenstein, « Huissier » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
Liens externes
- Sautier, sur le site du Grand Conseil genevois.
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