Sarah Hegazi

Sarah Hegazi (en arabe : سارة حجازي, aussi écrit Hegazy ou Higazy), née en 1989 en Égypte et morte le à Toronto (Canada), est une militante pour les droits LGBT et marxiste égyptienne. Elle est arrêtée et torturée en prison en Égypte durant trois mois après avoir brandi un drapeau arc-en-ciel durant un concert de Mashrou' Leila en 2017 au Caire. Hegazi vit avec un stress post traumatique résultant des tortures subies en prison. Elle se suicide en .

Arrestation initiale

Le , Sarah Hegazi assiste à un concert de Mashrou'Leila dont le chanteur principal, Hamed Sinno, est ouvertement gay et brandit un drapeau arc-en-ciel en faveur des droits des LGBT[1],[2]. Les photos deviennent rapidement virales sur les réseaux sociaux et dès le lendemain, les journaux et les télés alimentent une campagne de dénigrement contre cette « orgie satanique ». S'ensuit une vague d’arrestations contre la communauté LGBT : en trois mois, au moins 200 personnes sont incarcérées[3].

Sarah Hegazi est arrêtée le 1er octobre 2017. Elle est emprisonnée, battue et maltraitée par des détenus, désignée comme homosexuelle par les geôliers[4],[2]. Elle est ensuite envoyée dans la prison pour femmes d'Al-Qanater, où elle dit plus tard avoir été torturée à l'aide de chocs électriques, notamment dans les parties génitales, et soumise à un isolement total[2]. Elle est libérée et condamnée à une amende de 2000 livres égyptiennes (113 dollars américains[5]). Craignant de nouvelles poursuites, et victime d'une campagne de haine sur internet, Hegaz accepte la proposition d'asile au Canada en 2018[6],[2]. Avec elle s'exile Alaa Ahmed, lui aussi torturé pour avoir brandi un drapeau arc-en-ciel[2]. Son avocat, Mostafa Fouad, s'exile aussi en Turquie[2].

Opinions politiques

Au lycée, elle devient salafiste[2]. Mais le printemps arabe l'éveille à la conscience politique et aux questions des genres. Hegazi devient sensible au combat LGBT et communiste. Elle soutient le parti Bread and Freedom Party pendant qu'elle vit en Égypte, et s'engage avec le Spring Socialist Network une fois au Canada[7]. Hegazi raconte avoir été licenciée de son travail pour s'être opposée au régime de Sissi en Égypte[8]. Neuf ans après la révolution égyptienne de 2011, Hegazi écrit que « l'ancien régime tentera tout, même de sacrifier des icônes importantes du régime, afin de rester au pouvoir ou de reprendre le pouvoir », décrivant le président Sissi comme « le dictateur le plus oppressif et violent de notre histoire moderne », ajoutant que « les révolutionnaires croient que la bataille est une bataille de classes[9] ». Hegazi a aussi dit que la révolution étant restée incomplète, la conséquence est que « la plupart d'entre nous sont maintenant dans la tombe, en prison ou en exil ».

Éducation

Sarah Hegazi appartient à une famille de la moyenne bourgeoisie égyptienne conservatrice musulmane[2]. En 2010, elle obtient un baccalauréat en systèmes d'information de l'Académie Thebas et en 2016, un autre diplôme du Centre de formation continue de l'Université américaine du Caire. Grâce à l'enseignement à distance, Hegazi a obtenu des certificats en « Fighting for Equality: 1950-2018 », « Feminism and Social Justice », « Research Methods », « Diversity and Inclusion in the Workplace » et « Understanding Violence » de l'Université Columbia, l'Université de Californie à Santa Cruz, la School of Oriental and African Studies, l'Université de Pittsburgh et l'Université Emory, respectivement[10],[11],[12].

Mort

Rassemblement à Paris en mémoire de Sarah Hegazi, le .

Elle se suicide le [2]. Une courte lettre attribuée à Hegazi, écrite en arabe, a circulé sur les réseaux sociaux après sa mort. Cette lettre indique : « À mes frères et sœurs - j'ai essayé de trouver la rédemption et j'ai échoué, pardonnez-moi. Pour mes amis - l'expérience a été difficile et je suis trop faible pour y résister, pardonnez-moi. Pour le monde - vous avez été cruels dans une large mesure, mais je vous pardonne »[13]. Sa mort a été rapportée dans divers médias internationaux, les hommages à son militantisme en étant un thème récurrent[14],[15],[16]. Le chanteur Hamed Sinno a partagé un hommage à Hegazi sur son profil Facebook qui disait "لروحك الحرية", ou « la liberté pour votre âme ». Plus tard, le chanteur Libanais compose une courte chanson récitant les derniers mots que Sarah partage sur son profil d'Instagram : "Le ciel est plus beau que la Terre, et moi je veux le Ciel." Il partage cette chanson aussi sur son profil Facebook. Le magazine socialiste canadien Spring a publié une nécrologie à Hegazi qui dit : « Je me souviens qu'elle a dit : “Je ne me suis jamais sentie aussi vivante que pendant la révolution”. En son honneur et pour pouvoir satisfaire notre sens de la vie, c'est notre devoir de continuer à lutter pour la révolution ici, en Égypte, et dans le monde[7] ».

Après sa mort, une vaste vague de solidarité voit le jour dans le monde entier en même temps qu’une compagne d’infox et de discrédit - menée principalement par la chaîne Al Jazeera et certaines pages dans les réseaux sociaux, et aboutissant à la suppression de la page Wikipédia en langue arabe Sarah Hegazi. Cette suppression est largement considérée comme suite logique de cet acharnement médiatique anti-LGBTQ[2]. Le corps de Sarah Hegazi ne peut pas être rapatrié en Égypte selon son souhait en raison des menacent en ligne de la déterrer pour profaner sa sépulture[3].

Pour la directrice Moyen-Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch, Sarah Leah Whitson, Sarah Hegazy était « clairement en souffrance, traumatisée par sa torture [...] au cas où quelqu’un aurait un doute, le gouvernement égyptien l’a tuée ».

Références

  1. « Sarah Hegazi, une vie détruite », sur 360°, (consulté le )
  2. « Le bonheur brisé de Sarah Hegazy, militante LGBT égyptienne », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  3. Martin Roux, « Égypte. Mort de Sarah Hegazy, une plaie toujours ouverte », sur Orient XXI,
  4. (en) « After Crackdown, Egypt's LGBT Community Contemplates 'Dark Future' », NPR.org (consulté le )
  5. (en-US) « Two held in Egyptian anti-gay crackdown are freed on bail », Egypt Independent, (consulté le )
  6. (en) Mythreyee Ramesh, « Who Was Sarah Hegazi – Egyptian LGBTQ Activist Who Died By Suicide » [archive du ], sur The Quint, (consulté le )
  7. « Our tribute to comrade/rafeqa Sarah Hegazi », springmag.ca
  8. « Interview: lessons from Egypt’s counter-revolution for Sudan », springmag.ca
  9. « The Egyptian revolution: Nine years later », springmag.ca
  10. https://www.instagram.com/p/B1XtvcmhAJW/
  11. « Sarah Hegazi on Instagram: “Diversity in the workplace. نستقبل مباركتكم في الكورس الثالث اللي خلصته.” », Instagram
  12. « Sarah Hegazi on Instagram: “ياعبسلام تاني شهادة في كورسات الاونلاين ، والمرة دي عن النسوية والعدالة الاجتماعية .” », Instagram
  13. « Egyptian LGBTQI+ Activist Sara Hegazy Dies Aged 30 in Canada »,
  14. « In memory of Sarah : Reflections on violence, fear and pain », sur dis:orient (consulté le ).
  15. « Egyptian LGBTQ+ rights activist Sarah Hijazi has died, aged 30 », Gay Times,
  16. « Trauer um ägyptische LGBTIQ-Aktivistin Sarah Hijazi »,

Article connexe

Liens externes

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