Droits LGBT en Égypte

Les droits LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) en Égypte sont marqués par l'absence de reconnaissance de l'homosexualité de la part de l'administration au pouvoir dans ce pays. Les relations homosexuelles sont couvertes par la législation générale qui gouverne la moralité publique. Au XXIe siècle, cette législation a été le sujet d'une interprétation plus stricte, ce qui a placé la vie des homosexuels sous la menace continuelle de persécutions et d'emprisonnement.

Droits LGBT en Égypte
Dépénalisation de l'homosexualité Légale de jure, illégale de facto
Sanction Jusqu'à 17 ans de prison, amendes, travail forcé
Identité de genre  Non
Service militaire  Non
Protection contre les discriminations  Non
Mariage  Non
Partenariat  Non
Adoption  Non

Code pénal

L'homosexualité n'est pas illégale de droit en Égypte mais les personnes LGBT sont persécutées dans les faits sous l'accusation de « débauche »[1]. Au début du XXIe siècle, elle a commencé à devenir de facto illégale à travers un large ensemble d'interprétation de plusieurs articles du code pénal égyptien, et d'autres décisions de la politique publique égyptienne en ce qui concerne la sauvegarde de « l'ordre et de la morale publique ».

Les personnes LGBT sont accusées de pervertir les « valeurs » égyptiennes en important des mœurs considérées comme occidentales. Afin de donner des gages aux conservateurs, elles sont ainsi souvent jetées à la vindicte populaire, jouant alors le rôle de boucs émissaires[1].

En l'an 2000, la police a arrêté deux hommes pour outrage public après des informations selon lesquelles ils avaient conclu un contrat de mariage homosexuel[2]. En , la police a effectué une descente lors d'une fête sur un bateau au Caire, embarquant soixante hommes avant de relâcher les étrangers. Les cinquante-deux hommes restant furent arrêtés et jugés pour des motifs judiciaires vagues tels que « violation des enseignements de la religion », « diffusion d'idées dépravées », « mépris de la religion » et « dépravation morale ». L'ONG Human Rights Watch a traduit et publié en ligne des parties du Code pénal[3]. Cette affaire dite du Queen Boat[4] (ou « Cairo 52 ») bénéficie d’une couverture médiatique mondiale et constitue un tournant dans les polémiques liées à l'homosexualité en Afrique. Des artistes internationaux comme Jean-Michel Jarre et Catherine Deneuve manifestent leur soutien aux inculpés[5].

Les 52 Cairotes furent défendus par des organisations de droits humains internationales telles que Human Rights Watch ou Amnesty International. Ils n'avaient cependant pas de soutien organisé, plaidèrent non coupable, et furent jugés par les cours de sécurité de l’État. Des membres du parlement allemand et le président français ont appelé le gouvernement égyptien à respecter les droits de ces citoyens LGBT[6],[7]. Vingt-trois des accusés furent condamnés à la prison avec travaux forcés, tandis que les autres bénéficièrent d'un acquittement[8]. D'autres hommes ont été arrêtés lors de plusieurs descentes visant des homosexuels, bien que les étrangers soient généralement rapidement relâchés.

À plusieurs reprises, récemment, des hommes ont été arrêtés pour avoir rencontré ou tenté de rencontrer d'autres hommes adultes à travers des chatrooms internet et des messageries. Ce fut le cas le , quand un touriste israélien en Égypte fut jeté en prison pour homosexualité, pendant quinze jours, avant d'être relâché et de pouvoir rentrer en Israël[9].

Le , la police a mis en place des contrôles des deux côtés du pont de Qasr el-Nil, qui traverse le Nil dans la ville du Caire et représente un lieu de drague populaire chez les hommes adultes cherchant d'autres hommes pour des relations sexuelles, et y ont arrêté soixante-deux hommes pour homosexualité[10].

En 2004, un étudiant d'université privée de dix-sept ans a reçu une peine de 17 ans de prison, dont deux ans de travaux forcés, pour avoir posté un profil personnel sur un site de rencontres gay[réf. nécessaire].

Les réactions du gouvernement égyptien aux critiques internationales furent, soit de nier qu'il y ait de persécution des personnes LGBT[11], soit de défendre leur politique en affirmant que l'homosexualité était une perversion morale[12].

À la suite de la révolution de 2011, les lieux de rencontre LGBTIQ comme les bars et les discothèques sont fréquemment ciblés par les forces de police. L'application de rencontre Grindr avait annoncé qu'il fallait se méfier de profils créés dans le but d'arrêter les personnes homosexuelles[4].

En 2017 au Caire, la militante Sarah Hegazi se rend à un concert du groupe Mashrou'Leila. Sur une photo, elle arbore un drapeau LGBT. Dans les médias et sur les réseaux sociaux, elle est alors insultée et menacée de mort. Elle est finalement arrêtée avec une dizaine d'autres jeunes militants. La même année, les autorités égyptiennes interdisent aux médias « de montrer des homosexuels ou de promouvoir leurs slogans ». Victime de stress post-traumatique après la torture dont elle affirme avoir été l'objet durant ses trois mois d'incarcération, elle s'exile au Canada puis se suicide, traumatisée par cet épisode[1].

VIH/sida

En 1996, le ministère de la Santé lança une ligne directe nationale sur le sida. Une couverture d'Egypt Today (en) en 1999 traitait de l'épidémie de VIH-sida en Égypte et de l'idée qu'elles étaient considérées comme provenant des étrangers, des homosexuels et des drogués. L'article mentionnait aussi le projet de créer une organisation LGBT pour cibler la communauté LGBT égyptienne, et bien qu'une brochure sur le sécurisexe homosexuel ait été publiée, une telle organisation ne vit jamais le jour[2], et le manque d'informations sur l'épidémie perdure.

En 2005, le gouvernement égyptien commença à permettre des tests de dépistage confidentiels du VIH, bien que plusieurs personnes craignent en étant testées séropositives d'être vues comme homosexuelles, et de facto comme des criminels. Quelques Égyptiens ont accès à des kits de dépistage venant d'Amérique, mais la plupart manquent d'informations fiables sur l'épidémie et de soins de qualité dans le cas où ils sont infectés[13].

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

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