Salim Halali

Salim Halali (en arabe: سليم الهلالي), de son vrai nom Simon Halali[3] né le à Bône, Annaba, en Algérie[1],[2] et mort le à Cannes (Alpes-Maritimes) en France[3],[2], est un chanteur français d'Algérie interprète de musique arabo-andalouse et populaire. Il était surnommé « Le Bécaud arabe ».

Biographie

Salim Halali est né dans une famille originaire de Souk Ahras. Son père est d'origine Ottomane et sa mère, Chalbia une judéo-berbère d'Algérie. À quatorze ans, il quitte le cocon familial, et débarque en 1934 à Marseille[4].

Salim Halali dans les années 1930

Vers 1937, Salim Hallali va à Paris et connaît le succès dans les clubs parisiens de flamenco. Sa rencontre à Paris avec l'artiste algérois de music-hall Mohamed el Kamel (de son vrai nom Mohammed Hamel) fut déterminante. Ce dernier a écrit les premières chansons de Salim Halali comme Andaloussia (J'aime une fille andalouse), Sevillane, Taâli, Ardjaâ lebladek, Bine el barah oua el youm (Entre hier et aujourd'hui), Mounira (prénom d'une de ses sœurs), Nadira, El ouchq saïb, El qelb chahik etc. Plus tard, Mohand Iguerbouchène lui a composé une cinquantaine d'autres chansons. En 1938, il fait une tournée européenne et ses disques de flamenco en arabe connaissent le succès en Afrique du Nord. Parmi ses autres succès figurent Al ain zarga (L’œil bleu), Mahenni zine (La beauté m'a troublé) Habibti samra (Ma brune bien-aimée)et Dour biha ya chibani une reprise de l'Algérien Cheikh Mohamed BEDJAOUI.[5]

Pendant l'occupation allemande, Salim Halali vit avec sa jeune sœur Berthe, rue François Miron dans le quartier du Marais à Paris. Ils seront dangereusement concernés par les rafles allemandes. Berthe (âgée de moins de 17 ans) sera arrêtée, internée à Drancy le , et déportée le de la même année par le convoi n° 59 à destination du camp d’extermination d’Auschwitz avec son jeune fils, Claude, né le , un bébé de moins de 7 mois.[6]

Salim échappera aux rafles allemandes grâce au fondateur et premier recteur de la Grande Mosquée de Paris Si Kaddour Benghabrit, qui parvient à dissimuler ses origines juives en lui fournissant une fausse attestation de musulman et en gravant le nom de son défunt père sur une tombe anonyme du cimetière musulman à Bobigny (Seine-Saint-Denis)[7]. En effet, le , le ministère des Affaires étrangères à Vichy note que « les autorités d’occupation soupçonnent le personnel de la mosquée de Paris de délivrer frauduleusement à des individus de race juive des certificats attestant que les intéressés sont de confession musulmane. L’imam a été sommé, de façon comminatoire, d’avoir à rompre avec toute pratique de ce genre »[8].Si Kaddour Benghabrit naquit à Sidi Bel Abbès (Algérie) en 1868. Il était intellectuel et non docteur en foi. Il a à son actif plusieurs ouvrages, était aussi mélomane, oudiste et violoniste. Il engage Salim Halali au café maure de la mosquée où il se produit en compagnie de grands artistes tels Ali Sriti et Ibrahim Salah. Après la guerre, il renoue avec le succès et suscite même l'admiration de l'égyptienne Oum Kalsoum. Salim Halali, fut considéré comme chanteur de variétés et non de musique arabo-andalouse puisqu'il n'avait pas eu de formation formelle dans ce domaine[réf. nécessaire].

En 1947, il crée à Paris un cabaret oriental, Ismaïlia Folies, dans un hôtel ayant appartenu à Ferdinand de Lesseps et situé dans la prestigieuse avenue Montaigne. En 1948, il en crée un second, Le Sérail, rue du Colisée.

En 1949, il s'installe au Maroc et rachète un vieux café dans le Maarif, quartier cosmopolite de Casablanca qu'il transforme en un prestigieux cabaret, Le Coq d'Or. Le cabaret est fréquenté par les familles riches du pays et des personnalités de passage. Le Coq d'Or est détruit dans un incendie et Salim revient alors en France, à Cannes, au début des années 1960.

Salim Halali, homosexuel, était connu pour son goût des soirées fastueuses dans sa villa où il faisait venir un éléphant dans ses jardins. Musicalement, il donne un tournant à sa carrière en sortant un 33T en français et en donnant un spectacle à la salle Pleyel à Paris au début des années 1970. Alors que le succès est au rendez vous, Salim Halali décide de se retirer. Dans les années qui suivent, il donne des concerts à Paris, Montréal et Casablanca. En 1993, après avoir bradé sa magnifique Villa Saint-Charles (Rue Saint-Charles à Cannes) il décide de finir ses jours dans une maison de retraite à Vallauris dans l'anonymat le plus complet.

Délaissé mais aussi interdisant à tous qu'on lui rende visite hormis à quelques amis proches, il meurt à Cannes en . Selon ses derniers vœux, ses cendres ont été dispersées au jardin du souvenir du crématorium de Nice.

L'auteure-compositeur et interprète Fishbach a repris un de ses titres, La babouche sur son album À ta merci.

Cinéma

Salim Halali est l'un des personnages principaux du film Les Hommes libres d'Ismaël Ferroukhi, sorti en 2011. Il est incarné par Mahmoud Shalaby. Le film est critiqué par le chercheur au CNRS Jean Laloum, qui émet des réserves sur la véracité de certains faits présentés dans le film suite à « l’absence d’archives ou d’autres sources historiques » pouvant les confirmer et à la « crédibilité sujette à caution » des témoignages de Salim Halali.[9]

Sources

Références

  1. (en) Hisham Aidi, Rebel Music : Race, Empire, and the New Muslim Youth Culture, Random House, , 432 p. (ISBN 978-0-307-90868-1, lire en ligne), p. 323.
  2. « Salim Halali (1920-2005) - Auteur - Ressources de la Bibliothèque nationale de France », sur data.bnf.fr (consulté le ).
  3. « Dossier de presse, p. 10, interview de Benjamin Stora »
  4. MOHAMED AMESKANE, « Décès du troubadour de l'amour », Maghress, La Gazette du Maroc, (lire en ligne, consulté le )
  5. Kawther Medjadi, « Cheikh M'hamed Bédjaoui-Chaouche (1902-1937) », sur Andaloussiate (consulté le )
  6. Arch. AN-F/9/5735 et 5748 fiches d’internement extraites du fichier du camp de Drancy (adultes) et de celui des enfants internés à Drancy. Suivant l’arrêté du portant apposition de la mention « Mort en déportation » sur les actes et jugements déclaratifs de décès paru dans le Journal officiel n° 144 du , p. 10016, Valaix, née Halali (Berthe, Beïa) le à Bône (Algérie), est décédée le à Auschwitz ; son fils, Claude André Valaix, né le à Paris (15e), est décédé, près de trois semaines plus tard, le 30 septembre 1943, dans le même camp d’extermination
  7. « Trésors de la chanson judéo-arabe » (consulté le )
  8. Ministère des Affaires étrangères (Paris), série Guerre 1939-1945, Vichy, C Etat français, 139.
  9. Jean Laloum, « Cinéma et histoire. La mosquée de Paris et les Juifs sous l’Occupation », Archives juives, (lire en ligne)

Liens externes

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