Salauds de pauvres ! (réplique)
Salauds de pauvres ! (salauds d'pauvres !), est une invective lancée par l'acteur Jean Gabin dans le film de Claude Autant-Lara La Traversée de Paris, sorti en 1956.
Situation
Jean Gabin joue le rôle de Grangil, un artiste peintre, personnage énigmatique et misanthrope qui se retrouve un peu malgré lui à faire équipe avec un chauffeur de taxi au chômage, Martin, joué par Bourvil.
Les deux compères doivent transporter dans les rues de Paris un chargement de viande, issu du marché noir, dans des valises pendant le couvre-feu, mais tout ne se passe pas si facilement. La réplique intervient alors que, menacé par une ronde de police, les deux se sont réfugiés dans un bistro. Devant le manque de solidarité des bristrottiers et les regards torves des consommateurs sur leurs valises, Grangil lance la réplique « Salauds d'pauvres ! » avant de quitter le bistro.
Analyse
Cette réplique, écrite par les dialoguistes Marcel Aymé et Jean Aurenche (le film est tiré d'une nouvelle de Marcel Aymé), vient après une diatribe de Jean Gabin/Grangil adressée à la cantonade dans le bistro et décrivant le patron et sa femme : « Non mais regarde-moi le mignon avec sa face d'alcoolique, sa viande grise. Avec du mou partout ! Du mou, du mou, rien que du mou ! Dis donc, tu ne vas pas changer de gueule, un jour ? Et l'autre, la rombière, la gueule en gélatine et saindoux. Trois mentons et les nichons qui dévalent sur la brioche... cinquante ans chacun, cent ans pour le lot... Cent ans de connerie ! », situation qui stigmatise la lâcheté du « français moyen », prêt à dénoncer son voisin sous le régime de Vichy, résigné dans sa vie de soumission où ne se trouve plus aucune humanité.
Martin, gêné, se demande : « Où est-ce qu'il va chercher tout ça ? »
Grangil, excédé, poursuit : « Mais qu'est-ce que vous êtes venus faire sur Terre, nom de Dieu, vous n'avez pas honte d'exister, hein ? [...] Regarde-les, tiens ! Ils bougent même plus ! Et après ça ils iront aboyer contre le marché noir... Salauds d'pauvres ! Et vous là, affreux ! Je vous ignore, je vous chasse de ma mémoire ! J'vous balaie. »[1].
Postérité
- La réplique est reprise par l'humoriste Coluche dans un de ses sketches et lui redonne une nouvelle popularité[2].
- Un film à sketches sorti en 2019 reprend la réplique comme titre : Salauds de pauvres, réalisation collective[3].
Notes et références
- La séquence vidéo sur le site Franceculture.fr « Violents, grossiers et soiffards : les "salauds de pauvres" de 1840 aux gilets jaunes en passant par Jean Gabin », article de Chloé Leprince.
- « Salauds de pauvres » sur le site Libération.fr.
- « "Salauds de pauvres" : inédit et courageux » sur le site Leparisien.fr.
Voir aussi
Bibliographie
- Bernard Chardère, Les Dialogues cultes du cinéma français, Larousse, 2004 (ISBN 9782035054623)
Lien externe
- « Salauds de pauvres », analyse sur le site Disjecta.canalblog.com.
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