Rue Hubert-Colombier

La rue Hubert-Colombier est une voie publique de Vichy (Allier), caractéristique de l'architecture Belle Époque de cette ville[1]. Elle est remarquable par l'unité et la qualité[2] des villas la bordant, de style néo-gothique et néo-flamand[2], avec une ligne d'horizon néo-classique[2]. La plupart des bâtiments de la rue sont inscrits aux monuments historiques.

La rue Hubert-Colombier vue depuis le sud, côté rue du Maréchal Foch. On aperçoit au centre, en brique rouge, la ville Van Dick et en arrière plan, le clocher de l'église Saint-Blaise.

Situation et accès

La rue, d'environ 120 m de long pour 8 de large[2], court de la place d'Allier (quartier du Vieux-Vichy) jusqu'à la rue du Maréchal-Foch.

Origine du nom

Elle porte le nom d'Hubert Colombier[2] (1850-1899)[1], banquier  il est le fondateur et propriétaire de la Banque de Vichy  et avocat, il est bâtonnier au tribunal de Cusset[3], ville dont il sera également le maire.

Historique

La rue est aménagée à la fin des années 1890[3]. en bordure du Vieux Vichy par Hubert Colombier[2],[1]. À cette époque, il existe une zone encore non lotie entre le Vieux Vichy et le Vichy thermal, juste derrière la place Rosalie (actuelle rue de la Source-de-l'Hôpital), où Hubert Colombier avait installé son établissement bancaire[1],[Notes 1]. Il fait l'acquisition en 1894, aux enchères à la criée, d'une propriété de 4 000 m2[1] comprenant une grande maison et des dépendances qui appartenaient à Charles Gravier, propriété revendue à la suite de la faillite de sa « ferme modèle »[1]. En , l'architecte vichyssois Antoine Percilly, alors un des architectes les plus reconnus de la station thermale[1], établit un plan de lotissement[1] et dès le mois de juillet, les travaux de viabilisation sont entrepris par Sébastien Lacarin (grand-père du futur maire de Vichy, Jacques Lacarin)[1].

Hubert Colombier la nommera « rue Méphisto »[1] mais elle sera connue des habitants de Vichy comme la « rue Colombier »[1].

La grande majorité des villas construites le seront par Percilly mais trois autres architectes y construisirent également, Henri Decoret, Henri Despierre et, pour le chalet du gardien, une étroite maison à une des entrées de la rue, Honoré Vianne[1].

Hubert Colombier y fait construire une villa pour lui-même et d'autres destinées à la location[2], ainsi que le chalet du gardien[2]. Elle est alors une voie privée, fermée à chaque extrémité par un portail en fer forgé[2].

En 1903, il est discuté lors du conseil municipal de la suppression des grilles à l'entrée de la rue et de son classement comme voie publique à la demande de l'architecte Percilly que la municipalité s'occupe des canalisations d'égout mais la voie restera finalement privée jusque dans les années 1950[4]. Pendant l'Occupation, la Milice française démonte les portails en fer forgé pour s'en servir pour protéger l'entrée du Petit Casino[4] (actuel centre culturel Valery Larbaud) situé à l'angle de la rue et dont elle avait fait son siège.

Après guerre, des habitants protestent qu'« une des plus belles rues de Vichy soit si mal entretenue ». Les propriétaires la cèdent finalement à la commune en 1956, la rue devenue voie publique est goudronnée et les piliers qui supportaient les grilles à l'entrée sont détruits[4].

La plupart des façades et des toitures ont été inscrites aux Monuments historiques le .

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

Le Castel français
  • no 1 Maison dite Castel français, construite par l'architecte Antoine Percilly entre 1897 et 1900, inscrite aux Monuments historiques[5]. Sous le régime de Vichy, le bâtiment abrita le Commissariat au reclassement des prisonniers rapatriés. François Mitterrand y travaillera[2] du 1er mars 1942 au 11 mars 1943[6] ;
  • no 3, Villa Jacob, construite par Percilly premier quart du XXe, inscrite aux Monuments historiques ;
  • no 5, Villa Charlotte ou villa Victor Hugo, construite par l'architecte Percilly, premier quart du XXe ;
  • no 7, Villa Hubert, la première construite par Percilly[1], dessinée dès et achevé en 1897, nommé du prénom du propriétaire du lotissement, elle était destinée à la location[1], inscrite aux Monuments historiques[7] ;
  • no 8, Villa Paul (prénom d'un fils d'Hubert Colombier) ou villa Decoret, construite par Henri Decoret, en 1897, inscrite aux Monuments historiques[8] ;
  • no 9, Villa Van Dyck, construite par Percilly, entre 1897 et 1900, inscrite aux Monuments historiques[9]. Entre 1940 et [Notes 2] elle abrita la résidence de l'ambassadeur d'URSS[1], Alexandre Efremovitch Bogomolov.
  • no 10, Villa Manon, construite par Percilly, premier quart du XXe, inscrite aux Monuments historiques[10] ;
  • no 11, Villa Jurietti, construite Henri Despierre[11] entre 1897 et 1900, inscrite aux Monuments historiques (outre la façade et la toiture, comme les autres villas, le vestibule, l'escalier, le salon, la salle à manger, le salon, l'élévation et le décor intérieur sont également protégés)[12]. Cette villa a été commandée par Jacques Jurietti (1832-1919), beau-père d'Hubert Colombier, et propriétaire du Cercle international, un cercle de jeux à Vichy[1]. C'est lui qui fit venir l'architecte lyonnais Despierre qui lui avait construit son cercle de jeux en 1880[1].
  • no 12, Villa Le Mesnil, construite par Percilly premier quart du XXe, inscrite aux Monuments historiques[13] ;
  • no 14, Villa Art Nouveau, construite par Percilly, premier quart du XXe, inscrite aux Monuments historiques (outre la façade et la toiture, la porte, l'escalier, la cheminée, le vestibule, la salle à manger, le salon et le décor intérieur sont également protégés)[14]
  • no 16, Villa Parva, construite par Percilly, premier quart du XXe, inscrite aux Monuments historiques[15] ;
  • no 18, Villa Saint-Michel-Archange (initialement villa Colette, prénom d'une des filles d'Hubert Colombier, renommée vers 1930), construite par l'architecte Percilly, premier quart du XXe, inscrite aux Monuments historiques[16] ;
Chalet du gardien
  • no 20, Chalet du gardien,

Construit par Honoré Vianne[1], entre 1897 et 1900[1], dans un style néo-médiéval sur une surface au sol très réduite (12 m2) à l'une des entrées de la rue, il était destiné à héberger le gardien. Ce fut la première construction du lotissement et la seule réalisée par Vianne (alors âgé de 70 ans, c'est sa dernière construction connue[1]). Le rez-de-chaussée, bien que très étroit, abrita une boutique[1]. Le chalet fut inscrit aux Monuments historiques en 1978 et la ville le revendit à un particulier en 1997[1]. Un second chalet, assez similaire, devait être construit à l'autre extrémité de la rue mais le permis de construire fut refusé pour un défaut d'alignement[1].

Notes

  1. Sa banque était installée à l'actuel n°6 de la rue de la Source-de-l'hôpital. On peut y remarquer, encore aujourd'hui, au centre de la grille de fer forgée protégeant la vitre de la porte d'entrée, les lettres H et C entremêlées, initiales d'Hubert Colombier.
  2. Le régime de Vichy, sous l'impulsion de Darlan, rompra ses relations diplomatiques avec l'Union soviétique le 28 juin 1941, quelques jours après le début de l'invasion allemande de l'URSS, entrainant le départ de l'ambassadeur. Le régime soviétique établira des relations diplomatiques avec le Comité français de libération nationale, peu après sa création, en juin 1943 et Alexandre Bogomolov sera l'ambassadeur soviétique auprès de ce comité.

Références

  1. Fabienne Pouradier Duteil, « La Rue Hubert-Colombier », Revue de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Vichy et des Environs, no 154, , p. 67 à 89.
  2. Jean Débordes, Vichy au fil de ses rues, Thionne, éditions du Signe, , 301 p. (ISBN 2-908938-29-4), p. 55 et 56.
  3. Notice no PA00093339, base Mérimée, ministère français de la Culture
  4. Nicole Périchon, Éphémérides vichyssoises : 365 jours de l'histoire de Vichy, Champétières, éditions des monts d'Auvergne, , 275 p., « 11 mars 1903 : La rue Hubert Colombier », p. 41.
  5. Notice no PA00093339, base Mérimée, ministère français de la Culture
  6. Nicole Périchon, ibid « 1er mars 1942 : Arrivée de François Mitterrand », p. 37.
  7. Notice no PA00093353, base Mérimée, ministère français de la Culture
  8. Notice no PA00093361, base Mérimée, ministère français de la Culture
  9. Notice no PA00093360, base Mérimée, ministère français de la Culture
  10. Notice no PA00093356, base Mérimée, ministère français de la Culture
  11. La base Mérimée indique erronément Percilly comme architecte de la Villa Jurietti. D'autres données de la base sur les monuments de cette rue sont sujettes à caution.
  12. Notice no PA00093355, base Mérimée, ministère français de la Culture
  13. Notice no PA00093357, base Mérimée, ministère français de la Culture
  14. Notice no PA00093351, base Mérimée, ministère français de la Culture
  15. Notice no PA00093358, base Mérimée, ministère français de la Culture
  16. Notice no PA00093359, base Mérimée, ministère français de la Culture

Voir aussi

Article connexe

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