Rova de Manjakamiadana

Le rova de Manjakamiadana ou palais de la Reine est l'ancienne demeure officielle des souverains de Madagascar au XIXe siècle, à Antananarivo.

Rova de Manjakamiadana

Le palais après sa reconstruction en 2010.
Architecte James Cameron
Coordonnées 18° 55′ 25″ sud, 47° 31′ 55″ est
Pays Madagascar
Subdivision administrative Antananarivo
Subdivision administrative Analamanga
Localité Antananarivo
Géolocalisation sur la carte : Antananarivo

Le rova de la Ville des Mille

Perché sur l'une des plus hautes collines de la ville, il est visible à des kilomètres. Le site était depuis le XVIIe siècle au moins le siège d'une importante garnison royale merina, ce rova ayant d'ailleurs valu son nom à la ville (Antananarivo, la « Ville des Mille » [soldats]). C'est sous les règnes d'Andrianampoinimerina (1787-1810), unificateur de l'Emyrne, et de Radama Ier (1810-1828), conquérant de la plus grande part de l'île de Madagascar, que les premiers aménagements significatifs d'une résidence royale sont effectués.

Le palais royal du XIXe siècle

Le site sous le règne d'Andrianampoinimerina en 1800.
Plan du site avec ses bâtiments en 1990.
Plan de l'entrée du Palais de la Reine à Tananarive.

L'édifice édifié à la demande de la reine Ranavalona Ire sur les plans de l'ingénieux français Jean Laborde (dont le navire sur lequel il avait embarqué s'est échoué sur la côte Est de Madagascar. Depuis ce temps, il n'est plus jamais reparti de l'île. Il deviendra par la suite premier consul de France à Madagascar et amant de la reine), a été construit en bois, matériau noble dans la tradition malgache (mais seul le plancher était en bois précieux), la pierre considérée comme matériau tabou est alors réservée aux fondations et aux tombeaux[1].

Deux décennies plus tard, il est rebâti en pierre sous la direction du missionnaire et architecte écossais James Cameron, qui ajoute un temple protestant à l'ensemble royal, à la suite de la conversion au christianisme de la reine Rasoherina et du premier ministre Rainilaiarivony.

L'ensemble est complété par d'autres pavillons (le Palais d'argent, notamment) et son entrée est encadrée par un arc de triomphe surmonté d'un épervier, symbole de la royauté merina. De plus, les bâtiments bâtis par Andrianampoinimerina ont été conservés religieusement et rappellent le rova traditionnel d'origine.

Le site devient le mausolée des rois d'Emyrne, puis de Madagascar. L'architecture générale de la cité royale est très particulière et difficilement classable : on y dénote cependant une sobre influence italienne.

Lors de l'annexion coloniale française de 1896, la monarchie est abolie ; le palais perd sa fonction politique mais est préservé par le gouverneur Galliéni, qui y rassemble les reliques de la royauté, tandis que lui-même va résider à l'ancienne ambassade de France à Tananarive, qui deviendra plus tard le palais présidentiel d'Ambohitsorohitra.

Incendie et lente réhabilitation

Reconstruction de la Chapelle royale et de Besakana, 2013

Après l'indépendance, le Rova ne retrouve pas la fonction politique qui était la sienne autrefois, mais intègre le patrimoine national de la République malgache. Devenu un musée, il est le théâtre d'un incendie désastreux le  : les collections d'œuvres d'art, les intérieurs et les toitures disparaissent dans les flammes, tandis que la structure de l'édifice elle-même - ses piliers et fondations étant en bois précieux de la côte Est - est dangereusement fragilisée.

Cet incendie, dont l'enquête n'est pas parvenue à établir l'origine accidentelle ou criminelle, a provoqué un véritable traumatisme dans l'esprit national malgache, car ce palais est un symbole très fort pour eux, au-delà des Merina[2].

Le rova en 2019.

Seules les tombes royales du temple protestant ont pu être restaurées dès 1996-1997, les finances de l'État ne permettant pas plus.

Un plan général de rénovation a finalement débuté en 2006 sous la conduite notamment de la société Colas Madagascar (filiale locale du l'entreprise française Colas) et les deux premières phases de la restauration consistent en :

  • pour la première, la consolidation des fondations et des façades (en remplaçant les anciens pylônes de bois par du béton armé) s'est terminée en décembre 2009.
  • pour la seconde, le remplacement des pierres de la façade et la pose du toit recouvert d'ardoise bleue d'Angers.

Les travaux se sont brutalement arrêtés en 2009 en raison de la crise politique sous la présidence de Marc Ravalomanana. Celui-ci se voit obligé de démissionner à la suite du putsch co-orchestré par des militaires mutins soutiens d'Andry Rajoelina, maire de Tananarive et principal opposant à Marc Ravalomanana.

La reprise des travaux avait été annoncée le par le Président Rajoelina, avec un appel d'offres lancé le remporté par Colas Madagascar. Le Président avait fixé la date butoir des travaux pour le , date de la célébration du 60e anniversaire de l'indépendance du pays[3]. Ce délai est difficilement tenable pour les équipes de Colas Madagascar qui sont chargées durant cette troisième phase de rénover l'intérieur du palais puis l'extérieur avec la construction d'un Colisée dans l'enceinte du palais. Cette dernière initiative provoque un tollé dans la société malgache qui y voit une volonté de dénaturer profondément la nature du site historique[4],[5]. Le , diverses associations de protection du patrimoine ou liées à l'ancienne famille royale introduisent plusieurs recours devant le Conseil d'État demandant l'annulation du permis de construire et l'annulation des décrets de création du conseil scientifique ayant approuvé le projet et de nomination de ses membres arguant de l'absence de consultations de plusieurs instances, dont l'Unesco et la violation de plusieurs textes législatifs ou réglementaires[6]. Le confinement dû à la crise sanitaire de la COVID-19 bouleverse significativement le projet. C'est le , soit 25 ans après son incendie, que le Palais de Manjakamiadana, Besakana (pavillon avoisinant le palais) sont inaugurés officiellement par le président Andry Rajoelina, mais pas le Kianja Masoandro (Amphithéâtre romain que le président a décidé de construire dans un des anciens jardins). Ce dernier a également rebaptisé le Rova d'Antananarivo en Rova de Madagascar.

Notes et références

Liens externes

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