Raymond de Canillac

Raymond de Canillac né à Canilhac vers 1300 et mort en 1373 est un prélat français.

Raymond de Canillac

Le cardinal Raymond de Canillac
Biographie
Naissance vers 1300
Canilhac (France)
Ordre religieux Augustins
Décès
Avignon
Cardinal de l’Église catholique
Créé
cardinal
Titre cardinalice Cardinal-prêtre de Sainte-Croix-de-Jérusalem
Cardinal-évêque de Palestrina
Évêque de l’Église catholique
Fonctions épiscopales Archevêque de Toulouse

.html (en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Parent de Clément VI, il fut archevêque de Toulouse, cardinal avec le titre de cardinal-prêtre de Sainte-Croix-de-Jérusalem puis de cardinal-évêque de Palestrina (1350-1373).

Biographie

Natif de Canilhac, dans le diocèse de Mende, il est le fils de Guillaume de Canillac et d'une sœur du cardinal Bertrand de Deaux. Entré chez les chanoines réguliers de saint Augustin, il fait ses études à l’université de Montpellier où il obtint des grades de docteur en droit et en droit canon[1].

Le prévôt de Maguelone

Nommé prévôt (administrateur) du chapitre de la cathédrale de Maguelone en 1333, ce fut à ce titre, le , qu’il présida le chapitre provincial de Narbonne pour promulguer les statuts de l’ordre des augustins que venait d’approuver Benoît XII. Puis, à sa demande, en 1340, le roi Philippe VI de France confirma les privilèges de son chapitre de Maguelone. Ce fut à cette période, et très certainement dès le début du pontificat de Clément VI, que Raymond de Canillac devint abbé commendataire de Conques[1].

Les Canillac s’allient aux Roger de Beaufort

Tout allait changer pour la famille de Canillac[2] au début de l’année 1345. Guillaume II Roger, vicomte de Beaufort, se remaria avec Garine de Canillac, fille d’Alixène de Poitiers-Valentinois et de Marquis III de Canillac (frère de Raymond) dont elle était la seule héritière[3].

Il ne fallut attendre que jusqu’au 28 mars pour que Raymond de Canillac, son oncle, devienne archevêque de Toulouse par la grâce de Clément VI[1]. Désormais la munificence pontificale allait pourvoir à la pérennité et à la fortune de cette lignée[4]. Le pape, lors du consistoire du , lui remit le chapeau de cardinal-prêtre de Sainte-Croix de Jérusalem. Et le , Guillaume II Roger, devenu comte de Beaufort, établit à la cathédrale Notre-Dame des Doms d’Avignon trois chapellenies, dites de Canillac.

Le négociateur d’Innocent VI

Après la défaite de Poitiers, ce fut sur l’initiative d’Innocent VI, qu’Androin de la Roche, abbé de Cluny, fit accepter, le , le principe d’une négociation entre la France et l’Angleterre. Elle débuta au début du mois de mai à Sovres, paroisse de Brétigny, dans le diocèse de Chartres, sous la présidence du cardinal de Jérusalem.

Parmi les négociateurs français Jean de Dormans, évêque de Beauvais, chancelier du royaume de France, et son frère Guillaume, deux éminents juristes, défendirent âprement la cause royale. La signature du traité de Brétigny eut lieu le . Jean Ier le Meingre, maréchal Boucicaut, fut l’un des signataires du côté français.

Ce fut l’année suivante, le , que Raymond de Canillac devint cardinal-évêque de Palestrina[1]. Il fut le receveur principal du double décime auquel le clergé du Languedoc s’obligeait pour la rançon du roi Jean Ier prisonnier des Anglais.

Le mentor d’Urbain V

Après la mort d’Innocent VI, le premier tour du conclave désigna le cardinal Hugues Roger qui refusa la charge pontificale. Au second tour onze voix se portèrent sur Raymond de Canillac, autre illustre membre du clan des Roger de Beaufort. C’était insuffisant. Finalement ce Guillaume de Grimoard[5], abbé de Saint-Victor de Marseille, qui fut élu le .

Urbain V, au cours de son pontificat, eut à négocier le départ de Bertrand Du Guesclin et de ses routiers qui campaient aux portes d’Avignon. Les exigences financières du futur connétable furent négociées et réduites de moitié[6].

Mais les sommes exigées restaient énormes et le pape, le , écrivit personnellement au cardinal de Canillac pour s’en justifier :

« D’innombrables gens d’armes, appelés compagnons, sortant du royaume de France et partant en guerre, disaient-ils, contre les infidèles, avaient envahi la Sénéchaussée de Beaucaire et menaçaient d’entrer en ennemi dans le Venaissin, ce qui leur était facile, si les habitants de ce comté ne leur versaient pas un subside. Pour éviter de très graves périls et de très gros dommages, nous avons donné mission d’emprunter, au nom des dits habitants, la somme de 5 000 florins d’or et de la remettre à ces Routiers, ainsi que l’ont déjà fait les habitants des pays voisins[7]. »

Les résidences du cardinal de Jérusalem

Amoiries
Les armes des Canillac.

À Avignon, la Livrée de Canillac était située dans le quartier de la Balance où elle englobait 53 maisons. Sa tour émerge encore de l’hôtel de Bouchony. Une croisée d’ogives est toujours ornée d’un écu aux armes des Canillac[8] et des Roger de Beaufort et un morceau de plafond porte les paracloses aux armes des Canillac et des Mercœur[9]. Dans le relevé de Joseph Marie de Suarès ses armes sont : « D'argent au chien d'azur colleté de gueules à la bordure componée de gueules et d'argent »[10].

À Villeneuve-lès-Avignon, l’hôtel de Canillac sis à l’angle de la place de l’Oratoire et donnant sur la rue de l’Hôpital était célèbre par ses jardins arrosés par les eaux de la source de Montaut à l’exemple du palais pontifical de Clément VI. Cette résidence et sa chapelle Saint-Jean, démolie en 1980, étaient ornées de fresques. Dans la chambre de parement, deux de celles-ci, représentant un Chasseur au cor et un Chasseur au faucon accompagné de sa Dame, furent déposées et achetées par deux musées suisses en 1939.

À Saint-Rémy-de-Provence, Raymond de Canillac fut le propriétaire du château de la Tour, connu de nos jours sous le nom de Tour du Cardinal. Un linteau portait l’inscription maintenant disparue : « Vis pour toi à la campagne, après que tu auras vécu à la ville pour les autres ». Cette maxime avait été gravée dans la pierre selon les ordres du cardinal[11].

La chapelle des Canillac à Maguelone

Le cardinal de Palestrina mourut le à Avignon et fut d’abord inhumé dans l’église des franciscains. Mais il n’avait pas oublié Maguelone. Par testament, il y fonda, près de la cathédrale Saint-Pierre, une église dédiée à la Sainte-Trinité qui fut ensuite érigée en collégiale. Il demanda aussi d’y être inhumé[1]. Son tombeau se trouve à l’intérieur de la cathédrale dans la chapelle des Canillac, sur le mur du transept gauche.

Œuvre

Le cardinal Raymond de Canillac est l’auteur d’un Recollectorum liber[1].

Notes et références

  1. (en) Salvador Miranda, Cardinal Raymond de Canillac, University Park, Miami, FL 33199, 2009.
  2. La prestigieuse baronnie de Canillac était pauvre. S’étendant à l’ouest du Gévaudan et en Rouergue, elle comprenait la plupart des paroisses des Causses au-delà du Lot et du Tarn jusqu’au confluent de la Jonte. Son château principal était à Canilhac. Situé sur un éperon du Causse, il embrassait, du haut de son donjon, une vue magnifique sur l’Aubrac, la vallée du Lot, le Sauveterre, jusqu’aux hauteurs de la Margeride et du Truc de Randon. Mais ses terres produisaient uniquement du seigle, des lentilles et des châtaignes. Des pâturages permettaient l’élevage du mouton.
  3. Le nom des Canillac (de Canillago) est cité, dès le premier quart du XIe siècle, dans le Breve de la paz de Memde puis, en 1036, dans le Cartulaire d’Aniane. Ce ne fut qu’en 1254 qu’apparut dans cette famille le prénom de Marquès ou Marquis. Garine, étant la nièce du cardinal Bertrand de Deaux, on peut se douter que ce fut ce prélat qui, à la demande de Clément VI, arrangea cette union. Le couple eut un fils prénommé Marquis, quatrième du nom. À la mort de sa mère, en 1359, son grand-oncle le cardinal de Canillac devint son tuteur. Ce fut de lui que Marquis hérita, le , de la seigneurie de Saint-Laurent, des fiefs de Canilhac, Montjuif, Combret et la Canourgue.
  4. Le second frère de Marquis III, Pierre de Canillac profita des coupes claires faites par la Peste Noire. En 1348, il devint abbé de Montmajour, charge qu’il quitta cinq ans plus tard pour monter sur le siège épiscopal de Saint-Pons-de-Thomières. Devenu évêque de Maguelone, en 1361, il mourut avant de rejoindre sa nouvelle charge. Garine avait un grand-oncle, Dieudonné (ou Déodat) que la faveur pontificale avait sorti du monastère d’Aniane, en 1347, pour le placer sur le siège de l’évêché de Saint-Flour alors qu’il languissait comme simple moine sous la coupe de son parent l’abbé Pons de Canillac. Le pape, qui ne voulait pas que Maguelone échappât aux Canillac, le nomma à ce siège. Traditionnellement, les évêques de Maguelone cumulaient leur charge avec celle de trésorier pontifical.
  5. Son père, Guillaume II de Grimoard du Roure, seigneur de Grisac, dans le Gévaudan, avait épousé Amphélise (Euphélise ou Élise) de Sabran, dame de Montferrand, près de la Canourgue, dans la baronnie de Canillac.
  6. Le , le trésorier du comtat imposa les communes du Venaissin de 540 florins forts pour payer les gens d’armes protégeant Avignon et fit lever, en janvier 1366, une taille exceptionnelle de 5 000 florins destinée à couvrir la part pontificale achetant le départ des routiers (Archives secrètes du Vatican, Libri Introitus et Exitus mercatorum, Reg. Avenion, Urbanis V).
  7. Cf. P. Lecacheux et G. Mollat, Lettres secrètes et curiales du pape Urbain V (1362-1370) se rapportant à la France extraites des registres d’Avignon et du Vatican. Paris, 1955.
  8. Le blason des Canillac se lit « D’argent au lévrier rampant de sable colleté d’or ». Cf. J. de. Font-Réaulx, « Les cardinaux d’Avignon, leurs armoiries et leurs sceaux », in Annuaire de la Société des amis du palais des papes, XLVII – LII, n° 140 à 186, 1971–1975.
  9. En février 1360, le cardinal de Canillac fut obligé de rétrocéder aux syndics d’Avignon les édifices et maisons de sa Livrée qui avaient été construits sur la via publica et qui obstruaient l’entrée de la rue de la Miraillerie.
  10. Joseph Marie Suarès, relevé des blasons de la Livrée de Florence, Avignon 1668, cité par Hervé Aliquot, Cyr Harispe, in Avignon au XIVe siècle. Palais et décors, Éditions École Palatine, 2006, p. 26 (ISBN 2-9522477-1-4).
  11. E. Leroy, « La Tour du Cardinal à Saint-Rémy des origines aux Peytavin », Bulletin philologique et historique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1962[réf. incomplète].

Annexes

Bibliographie

  • François du Chesne, Histoire de tous les cardinaux françois de naissance ou qui ont été promus au cardinalat par l’expresse recommandation de nos roys, Paris, 1660.
  • (la) É. Baluze, Vitae paparum Avenionensium, sive collectio actorum veterum, Vol. I et II. Paris, 1693.
  • J. B. Christophe, Histoire de la papauté pendant le XIVe siècle avec des notes et des pièces justificatives, Paris, 1853.
  • H. Fisquet, La France pontificale, histoire chronologique et biographique des archevêques et évêques de tous les diocèses de France depuis l’établissement du christianisme jusqu’à nos jours, divisée en 17 provinces ecclésiastiques, Paris, 1864-1873.
  • Guillaume Mollat, « Contribution à l’histoire du Sacré Collège de Clément V à Eugène IV », Revue d’histoire ecclésiastique, T. XLVI, 1961.
  • H. Aliquot, Avignon, de Montfavet à Villeneuve. Vie et Patrimoine, Éditions École Palatine, 2004.
  • H. Aliquot et Cyr Harispe, Avignon au XIVe siècle. Palais et décors, Éditions École Palatine, 2006.

Articles connexes

Liens externes

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