Raymond Duval

Raymond Francis Duval (1894-1955) est un général français qui participa aux deux guerres mondiales et fut commandant supérieur des troupes en Tunisie et au Maroc. Au cours de sa carrière, il réprima l'insurrection de Sétif en mai 1945.

Pour les articles homonymes, voir Duval et général Duval.

Raymond Duval
Naissance
Montpellier, France
Décès  60 ans)
Kasba Tadla, Maroc
Origine France
Allégeance  Armée française -  FFL
Grade Général d'armée (1954)
Années de service 19141955
Commandement 159e RIA (Octobre 1942),
infanterie divisionnaire de la 3e DIA (Mai 1944),
division de Constantine (Mars 1945),
commandant supérieur des troupes de Tunisie (1945-1949),
commandant supérieur des troupes du Maroc (1949-1955)
Conflits Première Guerre mondiale
Guerre civile russe
Seconde Guerre mondiale
Faits d'armes Bataille des Frontières (septembre 1914)
Bataille de la Marne (septembre 1914)
Première bataille de Champagne
Seconde bataille de Champagne
Bataille de Verdun
Bataille de la Somme (novembre 1916)
campagne du haut-Atlas
Bataille de France (1940)
Débarquement en Italie
Libération de Sienne (juillet 1944)
Débarquement en Provence (août 1944)
Bataille des Vosges (décembre 1944)
Distinctions Grand Croix de la Légion d'honneur

Débuts dans l'armée

Fils d'officier, né à Montpellier le , élève au Prytanée militaire de La Flèche. Reçu à l'école spéciale militaire de St-Cyr en 1912, il en sort comme sous-lieutenant le .

Première Guerre mondiale

Il participe à la bataille des Frontières, il est alors fait prisonnier à Maubeuge le . Il s'évade le et rejoint le 9e zouaves avec lequel il fera toute la guerre. Il participe à la bataille de la Marne, et en sort grièvement blessé le de la même année. Il est fait Chevalier de la Légion d'honneur le à 20 ans. Après plusieurs mois à l'hôpital, il retourne au front et participe aux première et seconde bataille de Champagne et de Verdun. Il est promu capitaine le , et participe à la bataille de la Somme, durant laquelle il est fait prisonnier le , à Saint-Pierre-Waast. Il effectuera trois évasions et sera repris avant de rejoindre la ligne de front. La quatrième sera la bonne et il y réussit le .

Entre-deux-guerres

Il ira en Sibérie, avec la mission du général Maurice Janin, jusqu'au . Il ira ensuite en Syrie en 1921, puis rejoindra le 27e bataillon de chasseurs alpins à Annecy en 1922. Il suivra les cours de l'École supérieure de guerre de 1924 à 1926, et aura sa première affectation pour l'Algérie en 1926 à l'état-major du 19e corps d'armée à Alger. Il se marie le . Il devient commandant le . Muté au Maroc à Fès, il participe à la fin de la pacification (campagne du Haut-Atlas). De 1933 à 1935, il est chef adjoint du cabinet du résident général au Maroc ; puis de 1935 à 1939, il est à l'état-major du général, commandant supérieur des troupes.

Seconde Guerre mondiale

Promu lieutenant-colonel en , il est muté à Metz sur la ligne Maginot avec la 3e Armée. Lors de la débâcle de 1940, il est fait prisonnier le avec l'état-major du général, et s'évade peu après pour rejoindre les lignes françaises. Il est nommé colonel le , et part à Ankara comme attaché militaire. À son retour en France en , il prend le commandement du 159e régiment d'infanterie alpine à Grenoble. Après l'invasion de la zone libre par les Allemands, il entre en Résistance et s'évade de France quelques mois après, par avion, avec le général Georges le . Après différents commandements en Afrique du Nord, il est muté en au corps expéditionnaire français en Italie comme commandant de l'infanterie divisionnaire de la 3e DIA, et y gagne le ses premières étoiles de général de brigade. Il libère Sienne en à la tête de ses régiments. Débarquant en Provence en avec la 1re Armée, il remonte le long du Rhône avec ses troupes. Il engage la bataille des Vosges en , à la suite de laquelle il est muté comme commandant de la division de Constantine le (Algérie). Peu après surviennent les évènements de Sétif (, le jour de l'armistice en Europe), durant lesquels il effectue des opérations de maintien de l'ordre très controversées (voir plus loin dans l'article). En , le général de Gaulle le nomme commandant supérieur des troupes de Tunisie (CSTT).

Événements de Sétif

Pour un article plus général, voir Massacres de Sétif et Guelma.

Sur instruction du général de Gaulle, du gouverneur général d'Algérie Yves Chataigneau, du sous-préfet André Achiary et sous la responsabilité du général Duval, l'armée a mené une action sanglante pour réprimer cette insurrection, qui sonna la fin de la cohabitation pacifique entre pieds noirs et Algériens et la naissance du sentiment national algérien.

Bien qu'ayant pour objectif officiel de rétablir l'ordre, cette répression aveugle eut pour conséquence de cristalliser un profond sentiment d'injustice déjà latent dans la population. Estimant que l'on juge une action par ses conséquences et non par ses intentions, plusieurs analystes stratégiques estiment que la France métropolitaine avait l'intention non avouée de se débarrasser des départements d'Algérie pour préserver son potentiel de développement.

  • L'occasion fut donnée d'identifier et de liquider les réseaux financiers nazis qui soutinrent la frange radicale et indépendantiste du mouvement national algérien. Les autorités françaises n'en firent rien.
  • Si une majorité de pieds noirs avait fini par accepter, de gré ou de force, l'indépendance de l'Algérie, il n'en était pas de même pour la population musulmane qui était majoritairement pro-française, ou du moins avait objectivement intérêt à obtenir les mêmes droits que les citoyens français de la métropole (droit de vote, protection sociale, etc.) Ce mouvement de normalisation de la société algérienne était inévitable et était inscrit dans les luttes naissantes pour l'égalité et les droits civiques, en métropole mais aussi en Inde, aux États-Unis, et ailleurs encore.

Cela aurait été un sérieux handicap pour la reconstruction de l'économie française. Il fallait à tout prix trouver le moyen de pousser ces Algériens à haïr la France.

  • Le mouvement nationaliste algérien naissant avait besoin d'un sérieux coup de pouce et les massacres de Sétif y contribuèrent. Cela mis un coup d'arrêt à l'évolution de la société algérienne et cristallisa les antagonismes, ce qui déboucha sur la guerre d'indépendance.
  • Les communistes furent un temps divisés sur la question de savoir s'il fallait soutenir les luttes sociales et les droits civiques des travailleurs algériens plutôt que la lutte pour l'indépendance pure et simple, puis finalement optèrent pour le soutien au F.L.N., sans doute sous la pression de Moscou qui voulait élargir son influence dans la région.

L'ampleur du massacre de Sétif acheva de convaincre les hésitants.

Raymond Duval écrivit à sa femme : « Depuis le , un fossé s'est creusé entre les deux communautés. Un fait est certain : il n'est pas possible que le maintien de la souveraineté française soit exclusivement basé sur la force. »

Après-guerre

De 1945 à 1949, il est commandant supérieur des troupes de Tunisie, et est nommé général de division le . De 1949 à 1955, il est commandant supérieur des troupes du Maroc, et est nommé général de corps d'armée le , puis obtient sa 5e étoile de général d'armée le . Grand-croix de la Légion d'honneur le . Alors qu'il procédait à des opérations de maintien de l'ordre le après les émeutes d'Oued Zem et Khénifra, son avion, qu'il pilotait lui-même, s'écrase près de Kasba-Tadla (sur les contreforts de l'Atlas marocain). Il est déclaré "mort pour la France", par décision ministérielle du .

Citation

  • « Je vous ai donné la paix pour 10 ans, si la France ne fait rien, tout recommencera en pire et probablement de façon irrémédiable. » (À propos du massacre de Sétif).

Une nouvelle insurrection, qui conduira à l'indépendance, interviendra en .

Voir aussi

Bibliographie

  • Annie Rey-Goldzeiguer, Aux origines de la guerre d'Algérie 1940-45, éditions La Découverte, 2002, p. 330-334.

Liens externes

  • Armée et histoire militaire françaises
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