Proto-celtique
Le proto-celtique ou celtique commun est la proto-langue reconstituée à l'origine de toutes les langues celtiques connues. Il se rattache aux langues indo-européennes occidentales, avec les langues italiques, les langues germaniques et le grec. La relation exacte entre ces branches est encore discutée.
Proto-celtique *Galatis tangʷās | |
Période | du IVe millénaire av. J.-C. au IIIe millénaire av. J.-C. |
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Langues filles | Langues celtiques |
Région | Europe centrale |
Typologie | flexionnelle |
Classification par famille | |
Codes de langue | |
ISO 639-1 | cel-pro |
La plus ancienne culture archéologique pour laquelle on ait des indices qui permettent de la considérer comme proto-celtique est la culture des champs d'urnes de l'âge du bronze tardif de l'Europe centrale, dans le dernier quart du IIe millénaire av. J.-C. En est issue à l'âge du fer la culture de Hallstatt, vers 800 av. J.-C., considérée comme pleinement celtique.
La reconstruction du proto-celtique est en cours. Le témoignage du celtique continental est important pour reconstituer la phonologie et certains éléments de morphologie, mais est encore trop peu abondant pour permettre une reconstruction de la syntaxe. Bien que nous disposions de phrases complètes en gaulois et en celtibère, la plus ancienne langue celtique à disposer d'une littérature substantielle est le vieil irlandais, qui fait partie des langues celtiques insulaires. Le lexique peut être reconstruit sur la base de la méthode comparative de la linguistique historique.
Phonétique historique
Phase précoce
- Labialisation : indo-européen commun *gʷ > celtique b
- Fusion des séquences de consonnes vélaires suivies de */w/ en labio-vélaires
- *kw > kʷ
- *gʰw > gʷʰ
- *gw > gʷ (on ne sait pas avec certitude si ce changement s'est produit avant ou après le précédent, donc si ce nouveau *gʷ est resté tel quel ou a subi la labialisation comme le *gʷ préexistant)
- Les consonnes occlusives sonores aspirées de l'indo-européen commun perdent leur aspiration et fusionnent avec des occlusives sonores simples préexistantes, sauf pour *gʷ dont la forme préexistante avait déjà été labialisée[1]
- *bʰ > b
- *dʰ > d
- *gʰ > g
- *gʷʰ > gʷ
- *e devant une consonne sonante suivie de *a (mais pas de *ā) devient *a : ex. *eRa > aRa
- Épenthèse d'un *i après les consonnes liquides syllabiques suivies d'une occlusive :
- *l̥T > liT
- *r̥T > riT
- Épenthèse d'un *a devant les autres consonnes sonantes syllabiques :
- *m̥ > am
- *n̥ > an
- *l̥ > al
- *r̥ > ar
- Disparition de toutes les laryngales non syllabiques subsistantes
- Assimilation de *p suivi de *kʷ plus tard dans le mot en *kʷ : *p...*kʷ > *kʷ...*kʷ (la même règle joue dans les langues italiques)
- ē > ī
- ō > ū en syllabe finale
- Loi d'Osthoff : les voyelles longues s'abrègent devant une sonante suivie d'une occlusive (V:RC > VRC); les diphtongues longues sont également affectées.
Phase tardive
- Une occlusive devient */x/ devant une autre occlusive ou un */s/ (C₁C₂ > xC₂, Cs > xs)
- Disparition du /p/ hérité de l'indo-européen commun :
- par sonorisation p > b devant liquide (pL > bL)
- par vocalisation p > w devant nasale (pN > wN)
- par fricatisation p > ɸ dans les autres positions (sauf peut-être après *s) ; la fricative /ɸ/ s'est amuïe dans les langues celtiques historiques, mais subsiste peut-être sous la forme d'un /h/ dans quelques noms propres antiques d'origine celtique : Hercunia, Hibernia
- ō > ā
- ei > ē
- ew > ow
- uwa > owa
Datation
La période d'individualisation du proto-celtique est controversée. Par le passé, on a essayé de la déterminer par association avec des cultures archéologiques particulières présumées celtiques, ou par glottochronologie. Pour diverses raisons, aucune de ces méthodes ne donne vraiment satisfaction. Dans les années 2000, plusieurs équipes ont abordé la question par la linguistique informatique, avec des résultats non concordants. Gray et Atkinson ont estimé la date à 6100 BP (4100 av.J.C.) alors que Forster et Toth l'ont estimée à 8100 BP (6100 av.J.C.), mais ces dates sont beaucoup plus anciennes que ce qui est généralement accepté, et sujettes à une forte incertitude, peut-être +/-1500 ans.
La théorie de la continuité paléolithique suggère que le celtique ait émergé d'un refuge ibérique après la dernière glaciation, mais cette théorie n'est généralement pas acceptée.
Le proto-celtique a pu être parlé jusqu'en 800 av. J.-C., date de la culture de Hallstatt.
Annexes
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Proto-Celtic language » (voir la liste des auteurs).
Notes et références
- L'évolution de ce nouveau *gʷ dans les langues celtiques ultérieures ne se confond pas avec celle de *b, de sorte que l'on sait que les deux sons devaient rester distincts en proto-celtique.
Bibliographie
- (en) Frederik H. H. Kortlandt, Italo-Celtic Origins and Prehistoric Development of the Irish Language, Leyde, Rodopi, 2007.
- (en) Ranko Matasović, Etymological Dictionary of Proto-Celtic, Leyde, Brill, 2009.
- (de) Wolfgang Meid et Peter Anreiter (dir.), Die größeren altkeltischen Sprachdenkmäler : Akten des Kolloquiums Innsbruck, 29. April - 3. Mai 1993, Innsbruck, 1996, 265 p.
- (de) Stefan Schumacher, Die keltischen Primärverben : Ein vergleichendes, etymologisches und morphologisches Lexikon, Innsbruck, Institut für Sprachen und Literaturen der Universität, 2003.
- (en) Nicholas Zair, The Reflexes of the Proto-Indo-European Laryngeals in Celtic, Leyde, Brill, 2012.
Voir aussi
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