Hibernia

Hibernia [hiˈber.ni.a] ou Hibernie ou Hybernie est le mot latin pour désigner l’île d’Irlande. Les Romains appelaient le nord de l’Irlande Scotia en référence aux Scots qui vivaient à cet endroit.

Pour les articles homonymes, voir Hibernia (homonymie) et Hibernie.

L’île d’Ibernie (sans le « H ») selon la Géographie de Ptolémée (IIe siècle de notre ère).

Signification

Le nom d'Hibernie attribué par les latins à l'Irlande proviendrait de la forte influence de l'hiver qui caractérisait cette région aux yeux d'un peuple méditerranéen[1].

Une autre possibilité est qu'Hibernia provient de Ivernia qui, traduit en latin Ierne, était le nom donné à l'Irlande par Pythéas, un marchand et explorateur grec du IVe siècle av. J.-C. ; Ierne venant lui-même de Erin le nom mythologique de l'Irlande. Au début du XXe siècle, ivernian était utilisé en Angleterre par les gens instruits en référence à Hibernia.

Il est plus probable, in fine, que ce nom provienne de l'irlandais primitif *Iweriu (Ériu en vieil irlandais) qui provient lui-même de la racine indo-européenne *PiHwerjoHn (qui signifie « Le pays fertile [2]»).

Les sources historiques du nom

Avant notre ère, Grecs et Romains n'ont que peu de connaissance sur l'Irlande. La plus ancienne trace écrite connue de l'Irlande remonte sous le nom de Herniorum au Ve siècle ou au IVe siècle apr. J.-C. dans les écrits du poète latin Avienus (« Cette île élève au milieu de l'eau sa vaste surface : la nation hibernienne l'habite sur une grande étendue »[3] qui s'inspire d'une vaste compilation d'écrits plus anciens aujourd'hui disparus[4]. Les géographes Strabon parle de l'île d'Ierné, située juste au nord de la Bretagne (comprendre Grande-Bretagne), comme d'une terre froide, écrivant que « ses habitants sont encore plus sauvages que ceux de la Bretagne, car ils sont anthropophages en même temps qu'herbivores[5] et que ces sauvages festoient sur le cadavre de leurs pères et pratiquent l'inceste avec leurs mères et filles ». Pomponius Mela en parle en termes à peu près analogues ; Ptolémée écrit que l'« Hibernie se trouve auprès de l'océan des Hyperboréens »[6] ; Pline l'Ancien dans son Histoire naturelle écrit que « l'île d'Hibernie, située au-delà de la Bretagne, n'est séparée de la côte des Silures (Sud du Pays-de-Galles actuel) que par un très court trajet »[7]. L'historien Tacite évoque à de nombreuses reprises l'île d'Hibernie, par exemple dans La vie de Julius Agricola, il parle de « L'Hibernie, située entre l'Espagne et la Bretagne, et à portée de la mer des Gaules »[8]. L'île d'Irlande n'a jamais été incorporée dans l'Empire romain. Les Romains n'ont jamais envahi l'île ni véritablement influencé ses habitants.

Au IIe siècle apr. J.-C., le géographe Ptolémée établit une surprenante carte d'Irlande, nommant tribus, villes, rivières et reliefs. Ces informations peuvent avoir plusieurs origines, mais démontrent des connaissances et un intérêt grandissants pour l'Irlande. Il est en réalité peu probable, selon nombre d'auteurs tels que J.-J. Tierney[9] et Theodore William Moody[10]que Ptolémée fût jamais allé en Irlande. Ainsi, selon Nora Kershaw Chadwick et Myles Dillon (en), les noms des peuples et cités donnés par Ptolémée « sont d'authenticité douteuse et il est permis de supposer qu’ils proviennent de récits de marins. [...] Il est très peu de noms de peuples ou des cités de Ptolémée qui soient identifiables à des noms de la tradition littéraire irlandaise »[11].

Les peuples gaéliques ont eu de leur côté une influence sur la Bretagne et la Gaule en les harcelant militairement comme le montrent certains textes romains. Les sources historiques irlandaises de l'époque ne mentionnent jamais Rome. Si Rome a été mentionné sous une autre forme, personne n'en a jamais fait la preuve formelle. Cette absence de sources de part et d'autre ne signifie en aucun cas que Rome ou la province romaine de Bretagne n'ont pas eu de relations avec l'Irlande.

Notes

  1. D'après Michel Udiany, L'histoire des mondes imaginaires : De la Tour de Babel à l'Atlantide, Editions Jourdan, , 411 p. (ISBN 978-2-87466-349-9), « 18. Les terres lointaines de l'ouest » ; voir également « Irlande – Cartes et documents », sur Lexilogos – Mots et merveilles d'ici et d'ailleurs (consulté le ).
  2. D'après (en) John T. Kochlang, Celtic Culture : A Historical Encyclopedia, ABC-CLIO, , p. 709,
  3. Avénius, Ora maritima
  4. http://www.arbre-celtique.com/encyclopedie/hiberni-ierne-sacra-ins-irlande-6146.htm
  5. Strabon, Géographie
  6. http://www.arbre-celtique.com/encyclopedie/hibernie-par-ptolemee-6263.htm
  7. Pline l'Ancien, Histoire naturelle
  8. Œuvres complètes de Tacite. Tome second. Histoires. Notes et index / traduction de Dureau de Lamalle, Garnier frères, 1875, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57866299/f420.image.r=Hibernie.langFR
  9. The Greek geographic tradition and Ptolemy's evidence for Irish geography, in RIA Proc., Ixxxvi (1976) sect.C, p. 257-265
  10. A New History of Ireland, p. 140, Oxford University Press, 1976
  11. Les Royaumes celtiques, éditions Armeline, Crozon, 2001, pages 38-39, (ISBN 2-910878-13-9).

Bibliographie

  • Gerhard Herm, The Celts, St. Martin's Press, 2002 (ISBN 0312313438).
  • T. F. O'Rahilly, Early Irish History and Mythology, Medieval Academy of America, 1947
  • T. F. O'Rahilly, Irish Dialects, Past and Present, 1932
  • T.F. O'Rahilly, The Goidals and Their Predecessors, London, The British Academy, 1935
  • Volume V14, Page 789 of the 1911 Encyclopedia Britannica
  • "Ptolemy's Ireland", copyright (c) 1997-2006
  • C.F.C. Hawkes, Pytheas: Europe and the Greek Explorers, Oxford University Press, 1977
  • John Haywood, Atlas historique des Celtes, trad. Colette Stévanovitch, éditions Autrement, coll. Atlas/Mémoires, Paris, 2002, (ISBN 2-7467-0187-1).
  • Stevenson, Edward Luther. Trans. and ed. 1932. Claudius Ptolemy: The Geography. New York Public Library. Reprint: Dover, 1991. levrenn II, pennad kentañ
  • Byrne, Francis John, Irish Kings and High-Kings. Batsford, London, 1973 (ISBN 0713458828)
  • Duffy, Seán (ed.), Atlas of Irish History. Gill & Macmillan, Dublin, 2nd edn, 2000 (ISBN 0717130932)
  • Nora Chadwick, The Celts, Pelican Books, 1971
  • C. Thomas. Cairney, Clans and Families of Ireland and Scotland - An Ethnography of the Gael AD 500-1750, Willow Bend Books, 1989.
  • Richard Bradley, The Prehistory of Britain and Ireland, Cambridge University Press, 2007, (ISBN 0521848113), (ISBN 9780521848114)
  • T. M. Charles-Edwards, Early Christian Ireland, Cambridge University Press, 2000, (ISBN 0521363950), (ISBN 9780521363952)
  • Barry Raftery (en), Pagan Celtic Ireland: The Enigma of the Irish Iron Age, Thames and Hudson, 1998 (ISBN 0500279837)
  • Barry Raftery (en), Patrick Galliou, L'Irlande celtique avant l'ère chrétienne, Errance, 2006 (ISBN 2877723208)
  • Lloyd Robert Laing, The Archaeology of Celtic Britain and Ireland, C. AD 400-1200: C. AD 400 - 1200, Cambridge University Press, 2006 (ISBN 0521838622)
  • Simon James (en),The Atlantic Celts - Ancient People or Modern Invention? (ISBN 0299166740)
  • Francis Pryor (en), Britain B.C. : life in Britain and Ireland before the Romans (ISBN 0007126921)
  • John Collis, The Celts : origins, myths & inventions (ISBN 0752429132)
  • Colin Renfrew, Archaeology and Language - The Puzzle of Indo-European languages Origins (ISBN 0521354323)


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