Profession de foi

Une profession de foi (du supin professus du verbe latin profiteor, de pro- ('en avant') et de fateor ('déclarer')) est la déclaration personnelle et publique d'une croyance ou d'une foi. Elle est individuelle, au contraire de la confession de foi (de cum = avec, ensemble et du même verbe déclarer).

Judaïsme

Chez les juifs, la profession de foi prend la forme du Shema Israël (שמע ישראל en hébreu), « Shema Israël Hachem Elokenou, Hachem Ekhad », citation du Deutéronome (6:4) : « Écoute Israël, l'Éternel est notre Dieu, l'Éternel est Un. »[1]. Il est récité chaque jour, matin et soir ; au chevet des agonisants ; par le jeune juif au moment de sa Bar Mitzvah. Il figure sur les téfiline (phylactères), les morceaux de parchemin portés sur le front et le bras gauche, conformément aux instructions du Deutéronome, ainsi que dans un petit rouleau placé sur le linteau de la porte d'entrée, la mezouzah.

Christianisme

Origines

La profession de foi a son origine dans le Nouveau Testament, où les croyants, comme Corneille, déclaraient leur foi en Jésus lors du baptême [2]. Dans la première épître à Timothée au chapitre 6 verset 12, Paul de Tarse rappelle à Timothée sa profession de foi devant plusieurs personnes[3]. Dans l'Église primitive, le kérygme, soit la proclamation de Jésus-Christ Messie et Fils de Dieu, mort et ressuscité, résumait la profession de foi [4].

Catholicisme

La profession de foi est une cérémonie catholique, anciennement appelée « communion solennelle », par laquelle le jeune fidèle renouvelle les engagements pris lors de son baptême. Dans le vocabulaire usuel, les expressions « profession de foi » et « confession de foi » sont employées sans distinction. Le pape Jean-Paul II a publié une encyclique sur la foi et la raison le  : Fides et Ratio. Elle porte sur les relations entre la foi et la philosophie. Elle mentionne le besoin de philosophies présentant une ouverture métaphysique pour assurer une fonction de médiation, et met l'accent sur la substance spirituelle.

Jour de communion solennelle (1969).

La profession de foi peut avoir lieu lors du baptême, s'il ne s'agit pas d'un bébé[5]. Dans un sens plus restreint, la profession de foi est une cérémonie catholique, anciennement appelée « communion solennelle », par laquelle le jeune fidèle renouvelle les engagements pris lors de son baptême. Elle remonte au XVIIIe siècle et est particulière à la France ainsi qu'aux pays des anciennes colonies françaises, particulièrement en Afrique. Elle a lieu généralement au mois de mai ou début juin. Cette cérémonie, qui n'a pas d'existence canonique, est distincte de la confirmation, sacrement qui confirme (renouvelle) le baptême. Comme elle marque parfois la fin de l'enseignement catéchétique et que nombre de jeunes prennent ensuite leurs distances avec l'Église, le cardinal Marty regrettait que trop souvent « la profession de foi sonne le départ à la retraite du jeune chrétien ». C'est malgré tout l'occasion pour les familles de se réunir autour d'un événement religieux, et pour le jeune catholique, celle de recevoir un cadeau, souvent une bible.

Dans la mesure où elle représente l'entrée du jeune dans la communauté des adultes, elle s'apparente à la Bar Mitzwah juive. Relativisons cela : le jeune Bar Mitsvah, s'il devient fils de la loi et de ce fait tenu à l'orthopraxie propre à sa congrégation, est aussi susceptible d'être appelé à la lecture et au commentaire de la paracha comme l'inaugure la cérémonie.

Protestantisme

Dans le protestantisme, la profession de foi est semblable à la confirmation [6]. Elle désigne une cérémonie où un croyant affirme sa foi en Jésus.

Christianisme évangélique

Dans le christianisme évangélique, la profession de foi consiste à témoigner de sa conversion personnelle et de sa foi en Jésus, avant le baptême du croyant [7],[8],[9]. Ce rite est ainsi réservé aux adolescents et aux adultes [10].

Islam

Profession de foi musulmane en écriture arabe calligraphiée (il n'y a pas d'autre dieu que Dieu et Mahomet est son Messager) gravée sur l'une des colonnes de la Grande Mosquée de Kairouan (en Tunisie).

Chez les musulmans, la profession de foi est appelée shahâda (en arabe, « témoignage »), est l'une des cinq obligations du croyant, et la plus importante[11]. Elle consiste en deux énoncés :

  1. Ash-hadou an lâ ilâha ill-Allâh, « j'atteste qu'il n'y a pas d'autre dieu qu'Allah ».
  2. Ash-hadou anna Mouhammadan Rasoûloullah, « j'atteste que Mahomet est son Messager ».

La Shahada est récitée, entre autres, à l'oreille du nouveau-né, et le mourant doit la prononcer avant son dernier souffle. Elle fait également partie de l'Adhân, l'appel à la prière lancé du haut des minarets.

Notes et références

  1. Norman Solomon, Historical Dictionary of Judaism, Rowman & Littlefield, USA, 2015, p. 422
  2. Anthony R. Cross, Recovering the Evangelical Sacrament: Baptisma Semper Reformandum, Wipf and Stock Publishers, USA, 2012, p. 41
  3. Samuel Cheetham, A History of the Christian Church During the First Six Centuries, Macmillan, UK, 1894, p. 114
  4. Schubert M. Ogden, The Understanding of Christian Faith, USA, Wipf and Stock Publishers, , p.74.
  5. William J. Collinge, Historical Dictionary of Catholicism, Scarecrow Press, USA, 2012, p. 359
  6. Pascale Marson, Le guide des religions et de leurs fêtes, Paris, Presses de la Renaissance, 1999, p. 152-153.
  7. Walter A. Elwell, Evangelical Dictionary of Theology, Baker Academic, USA, 2001, p. 132
  8. Sébastien Fath, Une autre manière d'être chrétien en France: socio-histoire de l'implantation baptiste, 1810-1950, Editions Labor et Fides, France, 2001, p. 502
  9. Sébastien Fath, Du ghetto au réseau: Le protestantisme évangélique en France, 1800-2005, Édition Labor et Fides, France, 2005, p. 366
  10. Edward E. Hindson, Daniel R. Mitchell, The Popular Encyclopedia of Church History: The People, Places, and Events That Shaped Christianity, Harvest House Publishers, USA, 2013, p. 33
  11. Roger Foehrlé, L'Islam pour les profs : recherches pédagogiques, éd. Karthala Éditions, 1992, p.  66

Liens externes

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