Professeur des écoles

En France, les professeurs des écoles constituent un corps de catégorie A de la fonction publique française regroupant des enseignants ayant pour mission première de travailler avec les élèves scolarisés à l'école primaire publique et privée sous contrat. Ces professeurs travaillent donc avec des enfants généralement âgés de 2 à 11 ans aussi bien à l'école maternelle qu'à l'école élémentaire. L'accès au métier se fait par un concours, suivi d'une période d'essai d'un ou deux ans[1] encadrée par un maître-formateur sous contrôle d'un inspecteur à l'issue de laquelle le professeur des écoles stagiaires est soit certifié en tant que professeur des écoles de classe normale, soit licencié. Les candidats au concours doivent être titulaires au minimum d'un diplôme de niveau master (Bac+5).

Pour les autres articles nationaux ou selon les autres juridictions, voir Instituteur.

Pour un sens plus large et d’autres emplois du mot, voir Professeur.

Le métier de professeur des écoles en France se caractérise par un volume horaire annuel d'enseignement nettement supérieur à la moyenne des pays de l'OCDE [4] et un nombre moyen d'élèves à encadrer plus important[5] pour une rémunération nettement plus faible[6].

Ce corps est créé par la loi d'orientation sur l'éducation no 89-486 du , avec la création des instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) dès le en remplacement des écoles normales qui formaient les instituteurs depuis le XIXe siècle. Ces derniers ont eu, s'ils le souhaitaient, la possibilité de devenir professeurs des écoles par le biais d'un concours interne ou de promotions spécifiques puis par l'ancienneté. Les IUFM ont par la suite laissé la place aux écoles supérieures du professorat et de l'éducation (ESPE) par les réformes du ministre de l’Éducation Vincent Peillon.

Les professeurs des écoles peuvent également enseigner :

  • auprès d'enfants parfois plus âgés (12 à 14 ans), en difficulté, au sein de SEGPA (sections d'enseignement général et professionnel adapté), sections spécifiques dans certains collèges) ou EREA (établissements régionaux de l'enseignement adapté) similaires aux SEGPA mais comportant notamment un internat ;
  • au sein du RASED, réseau d'aides spécialisées aux enfants en difficulté ;
  • en UPE2A, Unité Pédagogique d'Enseignement aux Allophones Arrivants (enfants de 6 à 11 ans);
  • en ULIS-école, Unité locale d'inclusion scolaire (enfants de 6 à 11 ans) (anciennement CLIS) ;
  • en ULIS-collège, Unité locale d'inclusion scolaire (enfants de 11 à 15 ans)
  • en ULIS-lycée, Unité locale d'inclusion scolaire (enfants et jeunes de 15 à 18 ans)
  • en IME, Institut médico-éducatif (enfants et jeunes de 6 à 18 ans) ;
  • en UPI, Unité pédagogique d'intégration (enfants de 12 à 16 ans) ;
  • en IMPRO, Institut médico-éducatif professionnalisant (enfants et jeunesjusqu'à 20 ans) ;
  • en ITEP, Institut thérapeutique éducatif et pédagogique (enfants de 7 à 16 ans) ;
  • en centre de plein air, accueillant sur un temps limité des élèves en situation de rupture avec le système éducatif ;
  • en hôpital de jour ;
  • en MECS, maison d'enfant à caractère social, (enfants de 12 à 16 ans).

Obligations et responsabilités

Les obligations auxquelles sont tenus les professeurs des écoles sont sensiblement les mêmes que celles de l'ensemble des fonctionnaires, notamment avoir un casier judiciaire vierge, auxquelles s'ajoutent les obligations d'enseignement fixées notamment par la loi d'orientation et dans les programmes scolaires. À noter que les notions de « bonne moralité » et de « bonnes mœurs » sont supprimées du statut général des fonctionnaires en 1983 par le gouvernement de Pierre Mauroy sous la présidence Mitterrand.

Les responsabilités sont très importantes : pendant le temps scolaire, de l'arrivée de l'enfant à l'école jusqu'à son départ, ces enseignants en sont personnellement et pénalement responsables.

L'enseignement pratiqué par le professeur des écoles est polyvalent, en effet, il enseigne le français, les mathématiques, l'histoire et la géographie, mais également les sciences expérimentales, la langue vivante, la musique, les arts plastiques, les activités manuelles et l'éducation sportive. Le professeur est donc amené à organiser et à conduire avec ses élèves toutes ses disciplines, en utilisant diverses activités et supports.

Le directeur d'école, qui est généralement un enseignant parmi ceux de l'école où il exerce, n'est pas le supérieur hiérarchique de ses collègues. Il est en plus de ses éventuelles responsabilités de professeur des écoles, responsable de l'organisation et du fonctionnement de l'école (planifier les concertations, etc.) en particulier en ce qui concerne les relations avec les services municipaux.

Concours d'accès

Pour devenir professeur des écoles, il faut être lauréat du concours de recrutement de professeur des écoles (CRPE). L'inscription au concours exige une attestation de savoir nager (50 m) et une attestation de Prévention et secours civiques de niveau 1 (PSC1). Les lauréats seront affectés dans un des départements de l'académie dans laquelle ils ont été admis au concours pour effectuer leur année de stage.

Depuis 2010, les professeurs des écoles doivent également posséder un master[7] pour être titulaire de l’Éducation Nationale. La plupart des candidats au concours suivent donc une formation master enseignement à l'ESPE parallèlement à leur préparation au concours. S'ils sont admis, ils valideront leur deuxième année de master en suivant la formation de l'ESPE tout en effectuant leur année de stage dans les écoles où ils ont été affectés.

Pour les personnes ayant une dérogation de diplômes (parents de trois enfants, sportif de haut niveau, admis au troisième concours), la formation se fera au sein d'un DU (parcours universitaire) professionnalisant. Le découpage de l'année entre stage et formation est le même.

Durée de travail hebdomadaire

La durée du travail moyenne hebdomadaire d'un professeur des écoles du secteur public est de 44 heures[8],[3],[2]. Cette durée s'élève à 52 heures[8],[2] par semaine pour les enseignants débutants (Considérés comme ceux ayant moins de 30 ans dans une étude de l'INSEE portant sur l'année 2009/2010). En dehors du temps d'enseignement proprement dit, le travail d'un professeur des écoles inclut également les charges administratives relatives à la classe, les heures de soutien scolaire obligatoire aux élèves en difficulté (appelées Activités pédagogiques complémentaires), les surveillances, la préparation des cours et de la classe, les corrections, les réunions avec les parents et l'équipe éducative, les conseils de cycle, conseils des maîtres et conseils d'école, les formations en dehors du temps d'enseignement (appelées Animations pédagogiques) ainsi que le temps nécessaire à la prise en charge des élèves à besoin particulier (PAI, PAP, PPRE et PPS). Un directeur d'école travaille lui en moyenne 45 heures et 30 minutes[3].

Carrière et rémunération

Le métier de professeurs des écoles est un métier qui ouvre diverses possibilités d'évolution de carrière, en effet un enseignant peut avoir envie d'enseigner dans d'autres niveaux scolaires (collèges, lycées) ou bien changer de métier tout en restant dans le domaine de l'éducation (psychologue scolaire, éducateur spécialisé, maître formateur, inspecteur de l’Éducation Nationale, enseignant spécialisé).

Le revenu principal d'un professeur des écoles augmente au fur et à mesure de son ancienneté et des échelons gravis au sein de son grade.

Tableau de rémunération du professeur des écoles[9]

Données au

Situation Salaire mensuel brut Indemnités (montants bruts)
Année de stage

(Un an) (1)

1 828 € Prime d'entrée dans les métiers d'enseignement, d'éducation et d'orientation versée en deux fois à la première titularisation : 1500 € (brut)

Indemnité annuelle de suivi d'accompagnement des élèves (versée en deux fois) : 1200 € (brut)

Indemnités mensuelles :

  • directeur d'école (part fixe)  : de 107,97 € à 242,93 €
  • directeur d'école (part modulable)  : de 25 € à 168,75 €
  • indemnité professeurs spécialisés  : 69,51 €
  • indemnité ECLAIR part fixe  : 96,33 €
Année de titularisation 2 067 €
Après 10 ans de carrière 2 306 €
Après 20 ans de carrière 2 924 €
Après 30 ans de carrière 3 889 €

(1) La réforme de la formation initiale des personnels enseignants a conduit à rétablir une année de stage qui allie formation au sein des ESPE et mise en situation professionnelle sur un demi temps d'enseignement devant des élèves dans le cadre de la validation de leur M2. Cette année de stage donne désormais lieu à une rémunération équivalent à un temps complet.

Organisation au sein de l'école

En fonctionnement normal, chaque professeur des écoles est dit « adjoint » au sein de l'école, à l'exception du professeur ayant accepté la charge de direction (appelé directeur de l'école). Ce dernier n'a théoriquement aucune relation hiérarchique avec les autres professeurs, mais assure notamment la responsabilité administrative (inscription, radiation des élèves, etc.) et gère le fonctionnement de l'école au côté des autres enseignants et des personnels qui peuvent éventuellement être présents comme une aide maternelle, ou le personnel d’entretien.

Les professeurs assument l'intégralité de l'enseignement (français, mathématiques, histoire et géographie, sciences expérimentales, langue vivante, musique, arts plastiques, activités manuelles et éducation sportive) soit 24 heures d'enseignement par semaine en classe entière, auxquelles s’ajoutent le temps de préparation et de correction et les 108 heures annuelles de service qui se répartissent conformément à l'article 2 du décret no 2008-775 du , de la manière suivante[10] :

  • Trente-six heures consacrées aux activités pédagogiques complémentaires organisées par groupes restreints d'élèves dans le but d'aider les élèves ayant des difficultés d'apprentissage. Ces activités sont organisées sur le temps scolaire.
  • Vingt-quatre heures consacrées à l'identification des besoins des élèves et à l'organisation des activités pédagogiques complémentaires.
  • Vingt-quatre heures consacrées à des travaux en équipes pédagogiques et aux relations avec les parents notamment.
  • Dix-huit heures consacrées à la participation aux animations pédagogiques.
  • Six heures consacrées à la participation aux conseils d'école obligatoires.

En dehors de l'éducation prioritaire, le temps de travail minimal de présence obligatoire à horaire imposée, hors surveillances, est de 27 h par semaine (24 h d'enseignement devant l'ensemble des élèves en classe, 2 h d'aide personnalisée, 1 h de réunion et formation), auxquelles il faut ajouter :

  • la préparation quotidienne des séances ainsi que les supports utilisés (cahiers, fiches, matériel pédagogique, etc.) ;
  • la correction quotidienne des travaux des élèves (cahiers d’exercices, etc.) ;
  • la participation aux concertations de l'école, par cycles, pédagogiques ;
  • le suivi ou la constitution de dossiers des élèves en très grande difficulté ou handicapés pour qu'ils soit orientés ;
  • le temps de formation et de mise à jour des connaissances théoriques et institutionnelles (programmes notamment) ;
  • la programmation et la progression des enseignements ;
  • l'organisation des sorties scolaires ;
  • la participation à ces sorties scolaires (à l'exception du temps comptabilisé dans la journée de classe).

Chaque enseignant décide (ou non) d'organiser des sorties sur son temps libre.

Le point de vue de la Cour des comptes

Dans son rapport de "gérer les enseignants autrement"[11], la Cour reconnaît le caractère global des missions des enseignants, qui va bien au-delà des heures de cours et regrette que le ministère de l’éducation nationale n’en ait pas tiré les conséquences sur la définition de leur temps de service.

La Cour relève que ce temps de service ignore également le rythme variable des besoins durant l’année scolaire. Les heures de cours entrent dans un cadre hebdomadaire fixe, sans que cela corresponde nécessairement aux besoins des élèves, et alors que cela rend les remplacements plus coûteux et plus complexes à assurer.

Gestion de la mobilité géographique

La mobilité des enseignants du premier degré (instituteurs et professeurs des écoles) est gérée au niveau intradépartemental par les DSDEN, sous l'autorité des DASEN. Les changements de département sont gérés par un système d'inéat et d'exeat[12].

Ce système d'inéat et d'exéat fonctionne à la façon (c'est-à-dire sur le principe) du système d'inéat et d'exéat des prêtres, bien que à une échelle départementale plutôt que diocésaine[13],[14]. Le mot exéat, vient du latin exéat, et de exire (sortir)[15].

Le premier , à l'occasion de la simplification du département de la Seine en plusieurs départements, posant à cette époque le problème de manière singulière pour ce département[16].

En 1986, le problème se pose pour les instituteurs ou des P.E.G.C. qui souhaitent un retour au pays natal, rendu difficile par le déséquilibre entre les régions du Sud de la France, excédentaires en instituteurs, et les régions déficitaires du nord et de l'est de la France, ce qui fait apparaître les besoins de rendre à la fois plus simple et plus facile à comprendre par les intéressés, le système[17].

Observation

La France se distingue des 29 autres pays de l'OCDE et de ceux de l'Union européenne par des salaires d'enseignants clairement plus bas que la moyenne en début et en milieu de carrière[18]. De plus, depuis 1980 les salaires des fonctionnaires, dont les professeurs, ne suivent plus l'inflation et leur pouvoir d'achat a donc baissé de 20 % sur la période 1980-2004. Cette baisse s'aggrave depuis 2010 à cause du gel du point d'indice salarial des fonctionnaires alors que le niveau d'étude demandé est lui de plus en plus important[19]. Les professeurs des écoles sont donc recrutés au niveau Master (Bac+5) après un concours sélectif et une année de stage à un niveau de rémunération correspondant au SMIC + 18%[20] pour une moyenne de 52 heures de travail par semaine[21].

Notes et références

  1. La période est portée à deux ans en cas de prolongation ou de prorogation.
  2. Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) - Le temps de travail des enseignants du premier degré public en 2010 - Juillet 2013
  3. Challenges - Idées reçues : La vérité sur le temps de travail des profs - 18/11/2013 - « 44 heures par semaine pour les professeurs des écoles du public. Selon une enquête de l'Insee portant sur l'année 2009-2010, les professeurs des écoles du public déclarent travailler en moyenne 44 heures par semaine, dont 25H30 passées avec les élèves. Les directeurs d'école travaillent 45H30. »
  4. Données de l'OCDE - Volume horaire annuel d'enseignement en 2018 pour l'enseignement primaire dans les différents pays de l'OCDE - Graphique - OCDE (2019), Salaires des enseignants (indicateur). doi: 10.1787/f0c0ccda-fr (Consulté le 15 décembre 2019)
  5. Données de l'OCDE - Nombre moyen d'élèves par enseignant pour les pays de l'OCDE (2017) - OCDE (2019), Heures d’enseignement (indicateur). doi: 10.1787/866c004c-fr (Consulté le 15 décembre 2019)
  6. Données de l'OCDE - Salaire des enseignants du primaire dans les différents pays de l'OCDE (2018) - OCDE (2019), Salaires des enseignants (indicateur). doi: 10.1787/f0c0ccda-fr (Consulté le 15 décembre 2019)
  7. Professeur des écoles, réforme et nouveau master
  8. Les echos - Quel est le véritable temps de travail des enseignants - 18/10/2016 - « Dans le primaire. Une étude de l'Insee de 2010 indique que les enseignants travaillent en moyenne 44 heures par semaine. [...] les moins de trente ans travaillent en moyenne 52 heures par semaine, soit 10 heures de plus que les professeurs plus âgés. [..] le temps de travail des enseignants varie en fonction du niveau enseigné. Les enseignants de maternelle passent en effet moins de temps en correction. »
  9. « La rémunération des enseignants », sur Ministère de l'Education Nationale et de la Jeunesse (consulté le )
  10. Naïl Ver, Adeline Paul et Farid Malki, Professeur des écoles : droits, responsabilités, carrière, Retz Éditions, 2014
  11. http://www.ccomptes.fr/Actualites/A-la-une/Gerer-les-enseignants-autrement
  12. Anne Lamotte, « "C'est totalement absurde" : quand des professeurs sont en vacances forcées parce qu'on ne finalise pas leu... », sur francetvinfo.fr, Franceinfo, (consulté le ).
  13. « Archives de l'Église d'Alsace : organe de la Société d'histoire de l'Église d'Alsace / fondateur Joseph Brauner ; directeur André Marcel Burg ; [couverture dessinée par Ernest Valenta] », sur Gallica, (consulté le ).
  14. « Recueil des sommaires de la jurisprudence française », sur Gallica, (consulté le ).
  15. « Dictionnaire étymologique de la langue françoise, où les mots sont classés par familles : contenant les mots du dictionnaire de l'Académie françoise.... précédé d'une Dissertation sur l'étymologie. T. 1 / par B. de Roquefort,... ; par J.-J. Champollion-Figeac,... », sur Gallica, (consulté le ).
  16. « Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris », sur Gallica, (consulté le ).
  17. https://www.senat.fr/questions/base/1986/qSEQ860400242.html
  18. Maryline Baumard, « Trois leçons de l'OCDE sur le salaire des enseignants », Le Monde, (lire en ligne).
  19. http://www.sundep.org/spip.php?article204
  20. https://www.education.gouv.fr/cid101179/la-remuneration-des-enseignants.html (consulté le 8 janvier 2020)
  21. Voir note ci-dessus

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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