Primat des Gaules

Le titre de primat des Gaules est conféré depuis 1079 à l'archevêque de Lyon, ancienne capitale des Trois Gaules alors terre d'Empire, en vertu de l'ancienneté de son siège (remontant à l'époque gallo-romaine), et de l'autorité qu'il a exercée par le passé sur les autres évêques de France. Le titre de primat conféré à un archevêque lui garantit une juridiction théorique sur plusieurs provinces ecclésiastiques. En France, seuls les titres de primat des Gaules et de primat de Normandie, attribués respectivement aux archevêques de Lyon et de Rouen, sont encore utilisés (auxquels il faut ajouter le titre honorifique de primat de Lorraine porté par l'évêque de Nancy et de Toul).

Primat des Gaules


Titulaire actuel
Olivier de Germay

Création XIe siècle
Durée du mandat choisie par le Pape
Résidence officielle Archidiocèse de Lyon
Site internet http://lyon.catholique.fr/

Histoire

La première mention de la fonction primatiale apparait sous le règne de Louis le Pieux, et est attribué à l'archevêque de Bourges Aïulf sous le terme : « Es patriarcali primae praelatus honore sediss ». L'archevêque suivant Rodulf utilise également le terme. En 875, la fonction de primatie fut rattachée à la personne de l'archevêque de Sens (à l'époque d'Anségise) par Jean VIII au Concile de Ponthion sans que le pape n'utilise le terme de primatie. Cette proposition, plus politique que canonique, était soutenue en sous-main par Charles le Chauve, qui voulait ainsi justifier ses prétentions politiques sur tout l'empire carolingien. L'archevêque de Reims, Hincmar, s'y opposa fermement, s'appuyant sur le droit canon, et la proposition du pape ne fut pas reconnue, sauf par l'archevêque de Bordeaux, Frotaire, pour des intérêts personnels[1].

Grégoire VII confirme la primatie de Lyon à l'archevêque Gébuin par une bulle le , après une contestation au concile de Poitiers de 1078. Il écrit que l'église de Lyon avait joui de ce privilège per annorum longa curriccula. Il a clairement par ce fait voulu supprimer la primatie alors revendiquée par le puissant archevêque de Sens. Cette primatie est alors étendue sur les quatre provinces dites "lyonnaises" du Bas-Empire[2]. Mais le pape limite également les pouvoirs de cette distinction. Son titulaire n'est plus qu'une juridiction d'appel, et il n'exerce plus le vicariat apostolique[3].

Elle est contestée régulièrement, et au Concile de Clermont du , le pape Urbain II confirme de nouveau les privilèges de Lyon et déclare que l'archevêque de Sens devait soumission et obéissance au primat. Dans les faits, l'archevêque de Sens est souvent un membre du conseil du roi, présent à Paris dans son prestigieux Hôtel de Sens et plus influent que toute autre autorité religieuse. Ce n'est qu'en 1516, malgré les protestations de l'Université et du Parlement de Paris, qui par édit confère le titre de Primat des Gaules et de Germanie au président du Campont, que le concordat de Bologne clôt ce chapitre du gallicanisme.

Calixte II, ancien archevêque de Vienne, octroie la dignité de "Primats des Primats des Gaules" à l'archevêque de Vienne. Il devient ainsi le supérieur des archevêques d'Aix, d'Auch, de Bourges, de Bordeaux, d'Embrun et de Narbonne pour un territoire correspondant à l'ancien diocèse romain des 7 provinces. Cette dignité est supprimée en même temps que l'archidiocèse de Vienne par la Constitution Civile du Clergé en 1790 et n'est pas rétablie par le concordat de 1801.

En 1696, la primatie des Gaules est contestée par le primat de Normandie. Un procès opposa Claude II de Saint-Georges, archevêque de Lyon et primat des Gaules, à Jacques Nicolas Colbert, archevêque de Rouen, et primat de Normandie. La cause en était que l'archevêque de Rouen voulait réaffirmer sa suprématie et son indépendance, à la suite d'un visa délivré par le primat des Gaules pour la nomination à une cure située sur le diocèse de Rouen. Terminé en 1702, le procès devant la justice du Royaume de France finit par faire triompher l'archevêque de Rouen, malgré la légitimité prouvée et démontrée de la primatie des Gaules et simplement par défaut de possession. Cette curiosité de l'histoire fit que le primat de Normandie s'est retrouvé l'égal du primat des Gaules, le premier faisant juridiction sur sa seule province ecclésiastique, le second sur le reste de la France : les trois autres Lyonnaises[4].

Notes et références

  1. Louis de Lacger, « La primatie d'Aquitaine du VIIIe au XIVe siècle », Revue d'histoire de l'Église de France, vol. 23, no 98, , p. 31 à 34 (ISSN 0398-4214, lire en ligne).
  2. Lyon même, Rouen, Tours, Sens.
  3. voir Gadille J., p. 67.
  4. Histoire de l'Église de Lyon, par Étienne-Joseph Poullin de Lumina, 1770, chap. III, p. 414-463, Procès pour la primatie avec l'archevêque de Rouen.

Bibliographie

  • Augustin Fliche, « La primatie des Gaules depuis l'époque carolingienne jusqu'à la fin de la querelle des Investitures (876-1121) », dans Revue historique, janvier-, tome 173, p. 329-342 (lire en ligne)
  • Jacques Gadille (dir.), Le diocèse de Lyon. Histoire des diocèses de France, Tome 16, Beauchesne, 1983, Paris, 350 p. (ISBN 2-7010-1066-7)
  • François Villard, « Primatie des Gaules et réforme grégorienne », dans Bibliothèque de l'école des chartes. 1991, tome 149, livraison 2, p. 421-434 (ISSN 1953-8138) Lire ici
  • L'abbé Rony, « Saint Jubin, archevêque de Lyon et la primatie lyonnaise », dans Revue d'histoire de l'Église de France. 1929, tome 15, no 69, p. 409-430 Lire ici

Articles connexes

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