Presqu'île (Lyon)

La Presqu'île est une partie de la ville de Lyon qui s'étend sur les 1er et 2e arrondissements. La Presqu'île est classée au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1999. Géographiquement, la Presqu'île constitue la partie centrale de la ville de Lyon.

Pour l’article homonyme, voir Presqu'île.

Presqu'île

Vue aérienne de la presqu'île de Lyon, depuis le sud.
Localisation
Pays France
Région Auvergne-Rhône-Alpes
Coordonnées 45° 45′ 14″ nord, 4° 49′ 47″ est
Cours d'eau Rhône et Saône
Géographie
Longueur 4,5 km
Largeur 830 m
Altitude 163 m
Géolocalisation sur la carte : Lyon
Géolocalisation sur la carte : Rhône
Géolocalisation sur la carte : France
La place des Terreaux, dans le nord de la Presqu'île

Étymologie

Le lieu se serait d'abord appelé, à l'époque romaine, Canabae ou île des Canabae, du latin canaba (pl : canabae), barraque, cellier, hangar. Ce nom désigne en général, le quartier d'une ville romaine où se pressent les entrepôts de commerce. Le commerce à Lugdunum, le « Lyon » antique, est essentiellement fluvial. C'est ainsi que le nom Canabae s'est retrouvé lié au quartier de la presqu'île. Ce nom est attesté par deux inscriptions romaines :

  • Un bloc retrouvé rue Clotilde-Bizolon (2e arr.) : ce piédestal (1,69 m de haut, 70 cm de large) indique que les négociants en vins demeurant dans les kanabae élèvent une statue en l'honneur de leur patron[1].
  • En novembre 1809, un grand fragment est retrouvé dans la Saône où on lit : « [-]ian[-] negotiatores v]inari(i) C[abanenses] » : les négociants en vin du quartier des Canabae[2].

Le mot « presqu'île », quant à lui, n'est attesté dans la langue française qu'en 1546[3].

Description

L'hôtel-Dieu et le Rhône
La fontaine de Bartholdi sur la place des Terreaux
Le musée des beaux-arts de Lyon (palais Saint-Pierre)

Géographie

D'orientation ouest-sud-est/est-nord-ouest, la presqu'île est longue de 4,5 km du quartier des Terreaux, aux pieds de la colline de la Croix-Rousse jusqu'à la pointe du confluent. Elle est large d'environ 650 à 700 mètres mais atteint une largeur maximale de 830 m dans le quartier de la Confluence et minimale de 570 m aux Cordeliers. Elle est bordée à l'ouest par la Saône, à l'est par le Rhône.

La presqu'île est constituée aujourd'hui de plusieurs quartiers dont le centre-ville de Lyon (Bellecour, Les Terreaux, Les Chartreux, Les Cordeliers et Ainay), Perrache, Sainte-Blandine, La Confluence, jusqu'au bas des pentes de la colline du quartier de la Croix-Rousse, pour ne citer que les principaux. Elle accueille un axe piétonnier parmi les plus longs d'Europe : la rue de la République, avec des banques, de nombreux magasins d'alimentation, de la mode, des salles de cinéma, des brasseries et des restaurants. La rue Mercière est au centre de la Presqu'île et la place Bellecour, l'une des plus grandes places d'Europe, en est un lieu d'attraction.

Sociologie

La presqu'île est constituée de plusieurs quartiers à la sociologie distincte. On peut distinguer quatre zones du nord au sud :

Hydrologie

L'archéologie, grâce aux fouilles préventives et aidée des géographes, géomorphologues et sédimentologues, permet de dresser la topologie du site à travers les âges :

  • À l'âge du bronze, la plaine alluviale du Rhône est stable comme le confirment les traces d'habitat retrouvées sur la rive gauche du Rhône[4].
  • Au premier âge du fer (800 à 450), l'activité hydrologique est plus forte : la présence de bancs de galets déposés par le Rhône sur le bas du flanc de la colline de Fourvière (actuel quartier Saint-Jean), montre que le confluent devait se situer vers Saint-Paul. Le sous-sol de la presqu'île montre des vastes bancs de cailloux séparés par des chenaux de dix à vingt mètres de large et profonds de un à trois mètres : la géomorphologie parle de « tressage » : des bras fluviaux actifs au cours instable : la presqu'île est inhabitable au premier âge du fer.
  • Au second âge du fer (450 à ), un changement s'opère : la presqu'île est une plaine d'inondation. Son niveau s'élève à chaque crue grâce à l'apport des sables et limons. Les anciens chenaux du premier âge du fer se colmatent petit à petit. Le Rhône se retire vers l'est, la Saône quitte son chenal au pied de la colline de Fourvière et décrit un tracé proche du cours actuel. La presqu'île est née. Le confluent se décale à l'est et se stabilise au sud du quartier actuel d'Ainay.
  • Quand la colonie romaine arrive en , la presqu'île offre un paysage proche de ce qu'elle est aujourd'hui si ce ne sont les chenaux résiduels qui ne sont en eau que lors des crues. La presqu'île ne sera finalement peuplée qu'à partir du Ier siècle[5],[6].

Histoire

Présence romaine

La presqu'île actuelle correspondrait approximativement à ce que certains historiens[7] ont appelé l'île des Canabae. L'existence de la Presqu'île est attestée au Ier siècle, tandis que des crues provoquaient à chaque fois la formation de plusieurs petites îles[8]. La Presqu'île semblerait avoir été créée par l'intervention des populations qui se sont installées aux abords de la Saône et du Rhône. De nombreuses hypothèses ont été émises concernant l'évolution topographique de la Presqu'île.

« Toutes ces hypothèses (ont) en commun de supposer une configuration de la presqu’île antique différente de ce qu’elle pouvait être au Moyen Âge, mais surtout de donner une image figée de cette presqu’île durant toute la période romaine, sans envisager qu’elle ait pu connaître une évolution entre les débuts de l’Empire et les IIIe ou IVe siècles[9].

Moyen Âge

Un bourg d'outre-Saône, cité au IXe siècle, est établi à l'extrémité du franchissement de la Saône. Ce bourg pourrait avoir été établi au-devant de l'église Notre-Dame de la Platière. Entre 1052 et 1077, est construit le pont du Change et le centre du bourg aurait été déplacé autour de l'église Saint-Nizier[10],[11].

Au Moyen Âge et sous la Renaissance, l'activité marchande et d'imprimerie de la rue Mercière, au cœur de la Presqu'île, en faisait une rue très fréquentée. Il en reste au XXIe siècle les brasseries et restaurants qui se la sont appropriée et n'en perpétuent pas moins la réputation.

Renaissance

L'axe marchand de la presqu'île est constitué des actuelles rue Mercière, place des Jacobins (anciennement place Confort), rue Confort, et rue Bellecordière.

XVIIIe siècle

Le 23 janvier 1770, le Consulat adopte le plan d'Antoine Michel Perrache visant à remblayer la presqu'île au sud de l'enceinte d'Ainay et de repousser ainsi vers le sud le confluent du Rhône et de la Saône. Un nouveau lit rectiligne est creusé pour le Rhône et les multiples bras de l'ancien lit du fleuve sont comblés, rattachant ainsi une série d'îles à la presqu'île[12],[13].

Le 13 février 1777, le consulat ordonne, à la demande de Perrache, la démolition de l´enceinte d'Ainay[12].

Percées du XIXe siècle

C'est à cette époque, à l'exemple de Paris et de ses grands boulevards haussmaniens, que sont percés les deux grands axes actuels, à savoir la rue Victor Hugo et la rue de la République (alors rue Impériale).

La Presqu'île est reliée au plateau de la Croix-Rousse par deux funiculaires : celui de la rue Terme en 1862 et celui de Croix-Paquet (actuelle ligne C du métro) en 1891.

Aujourd'hui

La presqu'île constitue le cœur historique de la ville et une zone marchande de premier ordre. Le chiffre d'affaires du commerce en presqu'île est égal à celui généré par le centre commercial de la Part-Dieu (3e arr.).

Monuments et lieux culturels

La Presqu'île est aujourd'hui le vrai centre de Lyon, elle est la continuité urbaine de la cité antique, du Vieux-Lyon (médiéval et renaissance) par ses rues renaissances (rue Mercière), ses grandes artères haussmanniennes, ses places, ses hôtels particuliers et ses monuments classiques. Elle est classée au patrimoine mondial de l'Unesco. Voici les monuments les plus remarquables :

Accessibilité

Navette 91, actuelle ligne S1, des TCL de la Presqu'île partant du terminus Saint-Paul Gare

Ce site est desservi par les stations de métro Hôtel de Ville - Louis Pradel (lignes A et C), Cordeliers (ligne A), Bellecour (lignes A et D), Ampère - Victor Hugo (ligne A) et Perrache (ligne A), ainsi que par les stations de tramway Perrache (lignes T1 et T2), Suchet (ligne T1), Sainte-Blandine (ligne T1), Hôtel de Région - Montrochet (ligne T1) et Musée des Confluences (ligne T1).

Notes et références

  1. CIL XIII, n° 1954
  2. CIL XIII, n° 1788
  3. Le petit Robert de la langue française 2007
  4. Collectif, sous la direction de Matthieu Poux et Hugues Savay-Guerraz, Lyon avant Lugdunum, Infolio éditions, 2003, p. 29
  5. Collectif, sous la direction de Matthieu Poux et Hugues Savay-Guerraz, Lyon avant Lugdunum, Infolio éditions, 2003, p. 30
  6. Grégoire Ayala, Lyon. Évolution d’un bord de Saône de l’Antiquité à nos jours : la fouille du parc Saint-Georges, bilan préliminaire, Revue archéologique de l'Est (RAE), 56, 2007, p. 153-185.Lire en ligne sur la RAE
  7. dont l'archéologue Amable Audin, Essai sur la topographie de Lugdunum
  8. presqu'île et crues au Ier siècle
  9. Le Rhône et la Saône à l'époque romaine. Extrait de Gallia 56, 1999. »
  10. « Place, actuellement rue de la Platière », sur Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel ; Ville de Lyon, (consulté le )
  11. Bernard Gauthiez, « La topographie de Lyon au Moyen Age », Archéologie du Midi Médiéval, vol. 12, (lire en ligne)
  12. « Secteur urbain concerté dit Entreprise Perrache », sur Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel ; Ville de Lyon, (consulté le )
  13. « Secteur urbain dit Presqu'île Perrache, puis Derrière les voûtes », sur Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel ; Ville de Lyon, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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