Plautien

Caius Fulvius Plautianus, dit Plautien, est un homme politique de l’Empire romain, sénateur, consul et préfet du prétoire de l’empereur Septime Sévère et beau-père de Caracalla. Accusé de complot, il est sommairement exécuté le .

Biographie

Début

Plautien est originaire de Leptis Magna, port de la province d’Afrique, compatriote et ami du futur empereur Septime Sévère avec lequel sa famille serait peut-être alliée[1] En 193, ce dernier prend le pouvoir et avant d’entrer à Rome, envoie Plautien en Orient, pour qu’il capture les fils de son rival Pescennius Niger[2], qui sont exilés puis exécutés en 196[3].

Son début de carrière n'est pas formellement connu. Les historiens font des attributions divergentes d'une dédicace[4] faite par une Fulvia Nepotilla trouvée à Leptis Magna dont les premières lignes ont été martelées et la suite concerne son frère qui fut préfet a vehiculis et procurateur du vingtième sur les héritages (le XX Hereditatium). Joyce Reynolds estime avec prudence qu'il pourrait s'agir de Plautien, suivi sur cette interprétation par Pietro Romanelli et Anthony Birley, tandis que Hans-Georg Pflaum et Michel Christol considèrent que le Fulvius évoqué appartient à une branche latérale des Fulvii[5]. De 193 à 195, Plautien est préfet des vigiles à Rome, sans que l'on sache s'il a été nommé à ce poste par Didius Julianus ou par Septime Sévère, voire par Pertinax[6],[7].

Ascension

En 196, Sévère confie à Plautien la préfecture du prétoire, qui apparaissait sur une inscription en date du [8]. Plautien accompagne Sévère lors de sa campagne de 196-197 contre Clodius Albinus, puis contre les Parthes de 197 à 198[9]. Entre 197 et 202, Sévère lui décerne les ornements consulaires. Comme ami de l'empereur, Plautien bénéfice d’une influence notable, qui lui permet d’amasser une fortune considérable[10]. Il aurait fait mourir son collègue Quintus Emilius Saturninus[11], afin de demeurer l’unique préfet du prétoire.

Par son influence sur Sévère, il obtient en 202 que Caracalla, fils et héritier de l’empereur, soit fiancé[12] puis marié[13] à sa fille Fulvia Plautilla. Devenant ainsi le beau-père de l’héritier impérial, Plautien accède au Sénat romain et au clarissimat[14] et sa famille est cooptée au sein des familles patriciennes (adsumpto inter patr(icias) / famil(ias))[15].

En 203, Plautien se voit accorder le consulat ordinaire, associé au frère de l'empereur, Publius Septimius Geta, et, honneur supplémentaire, est coopté au collège des pontifes[16]; Il exerce simultanément son consulat, la charge de pontife et la préfecture du prétoire, et accompagne Sévère lors de son voyage à Leptis Magna en 203[17]. Lié à la famille impériale, Plautien est nommé au côté de l'empereur dans de nombreuses inscriptions. Si son nom est martelé sur l'inscription de Calocaerus[18], les titres honorifiques de très noble pontife, de préfet du prétoire voire de compagnon (comes) des expéditions impériales qui subsistent l'identifient sans ambiguïté[19]. De nombreuses statues sont élevées en son honneur[20]. Selon l’Histoire Auguste, Sévère, irrité que Plautien ait placé sa statue au milieu de celles de ses parents, le déclare ennemi public et fait abattre ses statues, puis se réconcilie avec lui et l’associe à son triomphe [de 202][21].

Chute finale

L’importance de son pouvoir est perçue comme une menace par Caracalla et son influente mère Julia Domna. Selon Hérodien, Caracalla, qui avait subi très jeune un mariage imposé, détestait son épouse Plautille[22], menaçant lors de leurs disputes de la faire tuer, elle et son père, dès qu'il serait empereur. Plautien, recueillant les plaintes de sa fille, prit la menace au sérieux, d'autant plus que Sévère connaissait des problèmes de santé, laissant croire à une fin proche. Pour prendre les devants, Plautien aurait préparé l'assassinat de Caracalla et de Sévère en chargeant un officier de sa garde de les tuer pendant la nuit. Pour se couvrir, l'officier exigea un ordre écrit de la main de Plautien, puis s'empressa de révéler le complot avec cette preuve. Convoqué par Sévère, accusé par Caracalla, Plautien se défendit en affirmant être victime d'une machination, mais Caracalla le fit sommairement exécuter par les gardes le [23].

Après son exécution, Plautien est frappé de damnatio memoriae, ses statues sont détruites[24], et son nom est effacé des inscriptions publiques.

Après la mort de Plautien, son fils Caius Fulvius Plautus Hortensianus et sa fille Fulvia Plautilla sont exilés à Lipari, puis exécutés en 211 ou 212, après l’ascension au trône de Caracalla[25].

Notes et références

  1. Hérodien, III, 10.6.
  2. Histoire Auguste, Vie de Sévère, 6, 10 ; Pescinnius Niger, 5, 2
  3. Histoire Auguste, Pescinnius Niger, 6, 2-3
  4. IRT 00572 = AE 1931, 00002
  5. Christol 2007, p. 218
  6. Inscription d'Ostie CIL XIV, 4380
  7. Christol 2007, p. 217
  8. AE 1935, 156 ; Christol 2007, p. 219
  9. Christol 2007, p. 231
  10. Dion Cassius-Jean Xiphilin, lxxv.14.1; Hérodien, III.10.6.
  11. Anne Daguet-Gagey, « Septime Sévère », sur Google Books, Payot, (consulté le ), p. 348.
  12. CIL 11, 1336.
  13. Dion Cassius-Jean Xiphilin, lxxvi.1.2; CIL 6, 226.
  14. Inscription de Bulla Regia citant son titre de clarissime et de préfet du prétoire CIL VIII, 25526 = AE 1906, 00024
  15. Inscription italienne CIL 11, 8050 ; Christol 2007, p. 231-232
  16. Christol 2007, p. 225-226
  17. Corbier 1974, p. 216 ; Christol 2007, p. 229
  18. Inscription de Calocaerus CIL MLXXIV, {{{2}}}
  19. Autres inscriptions : CIL 6, 226; CIL 6, 227.
  20. Dion Cassius-Jean Xiphilin, lxxv.14.6; CIL 13, 1681.
  21. Histoire Auguste, Vie de Sévère, 14, 5 et 7
  22. Gagé 1934, p. 63
  23. Dion Cassius-Jean Xiphilin, lxxvi.2–5; Hérodien, III.11.4–9.
  24. Dion Cassius-Jean Xiphilin, lxxv.16.4.
  25. Dion Cassius-Jean Xiphilin, lxxvi.6.3, lxxvii.1.2.

Bibliographie

  • (la + fr) Auteur inconnu (trad. du latin par André Chastagnol), Histoire Auguste, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1244 p. (ISBN 2-221-05734-1)
  • Mireille Corbier, « Plautien, comes de Septime-Sévère », Mélanges de philosophie, de littérature et d'histoire ancienne offerts à Pierre Boyancé, Rome, Publications de l'École française de Rome, no 22, , p. 213-218. (lire en ligne)
  • Michel Christol, « Comes per omnes expeditiones : l’adulation de Plautien, préfet du prétoire de Septime Sévère », Cahiers du Centre Gustave Glotz, 18, , p. 217-236 (lire en ligne)
  • Jean Gagé, « La postérité de Caracalla », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, no 1 78e année, , p. 63-67 (lire en ligne)
  • (it) Fulvio Grosso, « Ricerche su Plauziano e gli avvinimenti del suo tempo », Atti del Accademia nazionale dei Lincei, ser. 8, Rendiconti della classe di scienze morali, storiche e filologiche, 23, 1968, 1-2, p. 7-58
  • Alfred Merlin, « Inscriptions récemment découvertes en Afrique, relatives à Plautien et à sa famille », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, no 4, 49e année, , p. 471-476 (lire en ligne)
  • Christian Settipani, Continuité gentilice et Continuité familiale dans les familles sénatoriales romaines à l'époque impériale, Linacre College, Oxford University, coll. « Prosopographica & Genealogica », , 597 p. (ISBN 1-900934-02-7)
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