Pipils

Les Pipils peuplent aujourd'hui la zone centrale et occidentale du Salvador et parlent le pipil, un dialecte dérivé du nahuatl. Leurs ancêtres viennent de l'actuel Mexique et se sont installés au Guatemala, au Salvador et au Honduras.

Cet article concerne le peuple pipil. Pour la langue pipile, voir Pipil.

Étymologie

Le mot pipil vient du nahuatl Pipiltzin qui veut dire noble, seigneur ou prince. Il vient aussi du mot Pipiltoton qui veut dire enfant ou jeune homme et que les Tlaxcaltèques, provenant de l'actuel Mexique et alliés des Espagnols, utilisaient pour se moquer des Nahuas centraméricains car le pipil ressemble à du nahuatl prononcé par un enfant.

Histoire

Originaires du centre du Mexique, et après s'être installés dans la région de Veracruz aux alentours des VIe et VIIe siècles, les ancêtres des Pipils s'installent au IXe siècle dans le sud du Chiapas où ils sont influencés par la culture toltèque.

Au Xe siècle, les Pipils s'installent définitivement au Salvador ainsi que dans certaines régions du Guatemala et du Honduras. Plus tard, certains partirent du Honduras pour s'installer au Nicaragua et former le peuple Nicarao.

Au Guatemala, les Pipils fondèrent Isquintepeque (actuellement la ville d'Escuintla) et furent influencés par la culture maya (Quiché et Cakchiquel principalement).

En vert, Cuzcatlan.

Au Honduras, ils s'installèrent dans les régions de Comayagua, Olancho, et Choluteca où ils furent aussi influencés par les Mayas Chortis.

Au Salvador, la Seigneurie de Cuzcatlan fut créée vers le XIIIe siècle pour s'étendre du fleuve Lempa au fleuve Paz (frontière actuelle entre le Guatemala et le Salvador) à l'arrivée des Espagnols. La seigneurie était organisée en petits royaumes comme Izalco, Apanecatl, Apastepetl, Ixtepetl, Guacotecti dirigés par des caciques mais tributaires du royaume de Cuzcatlan.

Pedro de Alvarado conquit Isquintepeque en 1524, Cuzcatlan en 1528 puis les régions honduriennes avant 1530. Lors de l'invasion de Cuzcatlan, le conquistador espagnol fut blessé par la lance du cacique d'Izalco Atonal qui le rendit boiteux jusqu'à la fin de sa vie.

La colonisation espagnole éradiqua les populations pipiles au Guatemala et au Honduras. Au Salvador, le soulèvement paysan de 1932 fut réprimé par Maximiliano Hernandez Martinez et des milliers de Pipils furent tués. Cette répression eut pour conséquence l'abandon par les Pipils de leur langue et de leur tradition pour s'assimiler dans la société salvadorienne. Aujourd'hui, la langue et la culture pipile ont pratiquement disparu.

Culture pipile

Les Pipils, en particulier ceux de la Seigneurie de Cuzcatlan, étaient influencés par la culture aztèque et toltèque en ce qui concerne l'organisation sociale, politique, religieuse et militaire ; mais aussi dans l'architecture, l'artisanat et les sciences (mathématiques, calendrier, médecine, écriture, etc.).

Statuette de la culture Pipil

Organisation sociale

La société pipile était une société martiale dirigée par des rois élus par les guerriers. Les guerriers et les prêtres étaient nommés pipiltun (noble). Les autres groupes étaient les poshtecas (commerçants), qui pouvaient aussi servir d’espions, les amautecas (artisans), les macehualtin (plébéiens) et les esclaves. Les royaumes étaient organisés en communautés ou calpullis qui se faisaient souvent la guerre pour des raisons de territoire, de domination et pour récupérer des esclaves.

Langue

Le pipil (ou Nahuat) est un dialecte dérivé du nahuatl. Sa principale caractéristique est la suppression du tl final en t, comme dans nahuatl/nahuat ou Quetzalcoatl/Quetzacoat.

Économie

Le commerce était très développé et les royaumes pipils commerçaient avec les autres peuples mésoaméricains. Comme dans le reste de la région, la fève de cacao, dont la région d'Izalco était une grande productrice, était utilisée comme monnaie. Il existait donc une unité monétaire et numérique (vicésimal) pour toute la mésoamérique facilitant le commerce et l'échange des connaissances.

Les Pipils vivaient, en plus des produits échangés avec le reste de la région, de la chasse et de la pêche locale. La nourriture était à base de maïs, de haricots, de racines, d’ayotes (espèce de calebasse), de cacao et de fruits.

Comme la plupart des peuples d’Amérique précolombienne, ils ignoraient le fer ou la roue. La plupart des outils étaient en pierre comme les haches, les couteaux ou les pointes de flèche. Ils fabriquaient du textile à partir de coton, de fibre de palme, de bambou ou de sisal (fibre d’agave).

Religion

Le panthéon pipil était très proche de ses cousins Aztèque et Toltèque : Xipe Totec, Ehécatl, Tlaloc, Chac Mool, Tonatiuh (Tonal en pipil) ou Chalchiuhtlicue, étaient vénérés. Les trois principaux Dieux étaient teotl, créateur de l'Univers, Quetzalcoatl (Quetzalcoat en pipil), dont Ce Acatl Topiltzin Quetzalcoatl aurait fondé la ville de Cuzcatlan, et le Dieu pipil Itzqueye.

Les Pipils croyaient au nahual, « l’ange gardien » animal de chaque homme.

Le clergé était constitué du chef religieux nommé Tecti, du Tehuamatine chargé des prédictions, des Teupishques qui s'occupaient des cérémonies et des Tupilzín chargés des objets de culte et d'ouvrir la poitrine lors des sacrifices humains.

Héritage de la culture pipile

Aujourd'hui, la culture pipile a complètement disparu et la langue n'est parlée que par très peu de personnes. Cependant, la culture salvadorienne étant issue du métissage entre la culture espagnole et les cultures des peuples précolombiens, il existe un héritage de la culture pipile. En plus des noms de certaines localités (Apaneca, Sonsonate, Chalatenango, Antiguo Cuscatlan, etc.) et des volcans (Izalco, Quezaltepeque, Chincontepec, etc.), il existe des légendes et des mythes salvadoriens provenant directement des légendes et mythes pipils.

Annexes

Bibliographie

  • (es) Miguel Armas Molina, La cultura pipil de Centro América, Ministerio de Educación, Dirección de Publicaciones, San Salvador, 1976, 73 p.
  • (es) Julio Alberto Domínguez Sosa, Las Tribús nonualcas y su caudillo Anastasio Aquino, EDUCA, San José, Costa Rica, 1984, 276 p. (ISBN 9977-30-038-0)
  • (en) William Roy Fowler, The cultural evolution of ancient Nahua civilizations  : the Pipil-Nicarao of Central America, University of Oklahoma Press, Norman, London, 1989, 331 p. (ISBN 0-8061-2197-1)
  • (en) William R. Fowler, The End of Pre-Columbian Pipil Civilization, Ciudad Vieja, El Salvador, Foundation for the Advancement of Mesoamerican Studies (FAMSI), 2007, 72 p. (bibliographie détaillée)
  • (es) Wolfgang Haberland, Marihua rojo sobre beige y el problema Pipil, Ministerio de Educación, Dirección de Publicaciones, San Salvador, 1978, 34 p.

Discographie

  • (en) The Pipil indians of El Salvador, enregistré et édité par David Blair Stiffler, Smithsonian Folkways recordings, Washington, D.C., 1983, 1 CD (39 min 58 s) + 1 brochure (4 p.)

Liens externes

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