Tlaloc
Tlaloc, appelé aussi Tlalocantecuhtli (« celui qui fait ruisseler les choses », « celui qui sème », en nahuatl) est un dieu aztèque de l'eau, qui tenait un rôle prépondérant dans la mythologie et la religion des Aztèques, comme c'était le cas de tous les dieux de la pluie dans les religions mésoaméricaines.
Tlaloc | |
Dieu de la mythologie aztèque | |
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Tlaloc représenté dans le codex Magliabechiano | |
Caractéristiques | |
Fonction principale | Dieu des eaux, de la foudre et des séismes et créateur du Troisième Soleil |
Fonction secondaire | Divinité de la pluie et de l'agriculture, propagateur des épidémies et seigneur des montagnes |
Représentation | Homme richement vêtu muni de longs crocs et d'yeux exorbités tenant dans sa main un serpent |
Résidence | Teteocan Tlalocan |
Groupe divin | Panthéon aztèque |
Équivalent(s) par syncrétisme | Chac (Mayas), Savi (Mixtèques), Thor (Scandinaves), Zeus (Grecs), Raiden (Japonais) |
Culte | |
Région de culte | Empire aztèque |
Temple(s) | Templo Mayor de Tenochtitlan |
Famille | |
Fratrie | Tezcatlipoca |
Conjoint | Chalchiuhtlicue |
• Enfant(s) | Tlaloques Tlaloquetotontli Huixtociahuatl |
Symboles | |
Attribut(s) | Hache, outils agricoles |
Animal | Serpent |
Couleur | Bleu |
Tonalpohualli | |
Jour aztèque : Mazatl (cerf) |
Treizaine : 7e : Quiahuitl (Pluie) |
Mythologie
Attributs
Tlaloc était le dieu de l'eau, principalement, et par conséquent de la pluie, de la foudre et de l'agriculture. On lui attribuait les morts liées à l'eau (noyades) ou la foudre ainsi que de nombreuses maladies, comme la goutte[1], l'hydropisie, les ulcères, la lèpre et les maladies de peau[2]. Les personnes décédées dans de telles conditions étaient censées être accueillies sur son territoire, le Tlalocan, pour y jouir d'une bienheureuse vie éternelle.
Les quatre points cardinaux lui étaient aussi attribués. Il était censé y demeurer, ainsi qu'au sommet des montagnes, entouré de nombreux dieux mineurs, les Tlaloques, ainsi que de ses compagnes, Chalchiuhtlicue, la déesse des eaux douces et des torrents, et Huixtociahuatl, la déesse des eaux salées et de la mer[3].
Représentation
Tlaloc était représenté généralement avec un masque pourvu de long crocs et de grands yeux ronds entourés de cercles qui étaient souvent des serpents[3]. Cette représentation était très ressemblante à celle des dieux de la pluie d'autres civilisations de la Mésoamérique, comme Chac chez les Mayas, et son origine remonte au moins à la civilisation de Teotihuacan entre les IIIe et VIIIe siècles.
Il était aussi souvent représenté avec un chapeau et des instruments rappelant ses attributs (la hache, qui représentait l'éclair, et des outils aratoires)[3].
Religion
Importance
Tlaloc était un dieu redouté en Mésoamérique, car la sécheresse et les cyclones tropicaux y étaient des risques naturels majeurs pour les populations. Il était, à l'origine, la principale divinité des tribus sédentaires et rurales du Mexique central jusqu'à l'arrivée vers les XIe siècle/XIIe siècle de tribus guerrières venues du nord, qui apportèrent de nouveaux cultes, notamment celui du Soleil (Huitzilopochtli) et celui du ciel nocturne étoilé (Tezcatlipoca).
À l'époque du triomphe aztèque, à partir du XIVe siècle, le syncrétisme religieux donna au culte de Tlaloc une importance comparable à celle de Huitzilopochtli, au sommet du panthéon et du Templo Mayor de Tenochtitlan, où s'élevaient, dans sa forme définitive inaugurée sous l'empereur Ahuitzotl, deux sanctuaires consacrés l'un à Tlaloc, peint en bleu et blanc, et l'autre à Huitzilopochtli, peint en rouge et blanc (le blanc étant la couleur de la pureté pour les Mexicas).
Le Quetzacoatl Tlaloc Tlamacazqui (littéralement « Le Serpent à plumes prêtre de Tlaloc ») occupait dans la hiérarchie sacerdotale un rang équivalent au grand prêtre de Huitzilopochtli : « À la tête de l'église mexicaine, il y a deux grands prêtres égaux en pouvoir : celui de Uitzilopochtli et celui de Tlaloc »[4].
Rites
Pour éviter les colères de ce dieu redoutable, de nombreuses cérémonies lui étaient consacrées tout au long de l'année[3], mais on lui dédiait en particulier le premier mois de l'année rituelle (Atl caualo, chez les Aztèques, qui signifie « arrêt de l'eau » en nahuatl, et que les autres peuples de langue nahuatl appelaient Quauitl eua, « l'arbre s'élève ») ainsi que le seizième (Atemoztli, « descente de l'eau »)[5]. Lors de ces cérémonies, et en particulier lors des mois qui lui étaient consacrés[5], les Aztèques lui dédiaient, ainsi qu'à ses compagnons les Tlaloques, des sacrifices humains, généralement des enfants qui étaient noyés[3].
Les personnes décédées des éléments attribués à Tlaloc (foudre et eau), ainsi que les femmes mortes en couches[1], n'étaient pas incinérées mais enterrées avec un bâton en bois sec qui devait repousser dans le Tlalocan[3].
Lors du mois d'« Etzalqualiztli », ses prêtres se baignaient dans la lagune en imitant les cris et les gestes des oiseaux aquatiques[6] et en agitant des cloches à brouillard[3].
On lui fabriquait de petites idoles d'amarante qu'on tuait symboliquement avant de les manger[3].
Notes et références
- Soustelle 1970, p. 75.
- Soustelle 2002, p. 224.
- Comte, p. 262.
- Soustelle 1970, p. 9.
- Soustelle 1970, p. 92.
- Soustelle 1970, p. 93.
Bibliographie
- Jacques Soustelle, Les Aztèques à la veille de la conquête espagnole, Paris, Hachette Littératures, coll. « Pluriel », , 318 p. (ISBN 2-01-279080-1)
- Jacques Soustelle, Les Aztèques, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je? », , 127 p. (ISBN 2-13-053713-8).
- Jacques Soustelle, L'univers des Aztèques, Paris, Hermann, , 169 p. (ISBN 2-7056-5901-3, présentation en ligne)
- Christian Duverger, L'origine des Aztèques, Éditions du Seuil, .
- Fernand Comte, Larousse des mythologies du monde, Paris, France Loisirs, , 321 p. (ISBN 2-7441-8611-2).
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