Pierre de Hagenbach

Pierre de Hagenbach, ou Peter von Hagenbach (né en 1423 à Hagenbach et mort le , Breisach), aussi appelé Pierre d’Archambaud ou Pierre d'Aquenbacq, est un chevalier bourguignon qui a joué un rôle important dans les guerres de Bourgogne. Sa condamnation est le premier exemple d'un procès pour crimes de guerres dans l'Europe moderne.

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Biographie

Chevalier bourguignon, il est issu de la petite noblesse alsacienne. La famille était originaire du village de Hagenbach où elle possédait un château.

Pierre de Hagenbach était commandant de la 9e compagnie d'ordonnance des troupes du duc de Bourgogne, Charles le Téméraire. En raison des services rendus au duc lors la guerre contre le royaume de France, d'abord au sein de la ligue du Bien public, il est nommé en 1469 bailli des territoires du Haut-Rhin mis en gage par le duc Sigismond d'Autriche à Charles le Téméraire à la suite du traité de Saint-Omer.

Chef de guerre talentueux, membre de l'ordre de Saint-Georges de Bourgogne, il a été aussi dépeint par les chroniqueurs de l'époque (surtout ceux du côté de ses ennemis) comme un homme au caractère brutal et dévoyé. Il fut pour autant un serviteur fidèle et attaché aux intérêts de son maître, Charles le Téméraire, duc de Bourgogne.

À la suite de la révolte de la ville de Breisach, il est arrêté, jugé et décapité[1] après un procès sommaire organisé par les villes impériales (Strasbourg, Bâle et les villes du Haut-Rhin, alliées à Berne et aux Cantons suisses) dont il avait lésé les intérêts économiques.

Le procès de Hagenbach est important pour l'histoire du droit international étant donné que c'est le premier procès dans l'histoire moderne pour crimes de guerre. Hagenbach est en effet responsable, en tant que commandant, pour les crimes commis par les soldats sous son contrôle[2],[3].

Pierre de Hagenbach a laissé dans l'histoire de l'Alsace le souvenir d'un personnage sans pitié, ayant abusé de son autorité, une sorte d'âme damnée de Charles le Téméraire. Les premiers chroniqueurs qui l'évoquèrent faisaient partie du camp de ses ennemis et lui forgèrent une légende noire. Il a fallu attendre le XXe siècle et les travaux des historiens Stouff et Nerlinger pour que ce portrait soit nuancé et que l'on découvre les multiples facettes de la vie de ce chevalier sundgauvien.

Une tête momifiée d’un homme aux cheveux roux conservée dans les réserves du musée Unterlinden à Colmar passa longtemps, selon la tradition, pour être celle de Pierre de Hagenbach. Il est connu que les restes de Pierre de Hagenbach furent rendus à sa famille et l’on savait que Pierre de Hagenbach n’était pas roux. En réalité, cette tête qui se trouvait jusqu’en 1796 conservée comme relique dans la cathédrale de Fribourg est probablement, comme l'a avancé l'historien Pantaleon Rosmann en 1844, celle d’un chevalier de l’ordre de Malte ou des Hospitaliers de Saint-Jean fait prisonnier et décapité par les Turcs [4],[5].

Romans

Dans son roman, Anne de Geierstein, écrit en 1829, Walter Scott fait figurer au château de Ferrette les méfaits de Pierre de Hagenbach.

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • Olivier Matteoni, "Hagenbach (procès)" , dans Dictionnaire Encyclopédique de la Justice Pénale Internationale (2017), pp.500-502.
  • Georges Bischoff, « Pierre de Hagenbach », dans Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 14, p. 1 378.
  • (de) Hildburg Brauer-Gramm, Der Landvogt Peter von Hagenbach : die burgundische Herrschaft am Oberrhein 1469-1474, Musterschmidt, Göttingen, Berlin, Frankfurt, 1957, 379 p. (texte remanié d'une thèse).
  • Gabrielle Claerr-Stamm, Pierre de Hagenbach : le destin tragique d'un chevalier sundgauvien au service de Charles le Téméraire, Société d'histoire du Sundgau, 2004 (ISBN 2-908498-16-2).
  • Philippe de Commynes, Mémoires, Pocket Agora, 2004, Présentation et traduction par Joël Blanchard, pp. 262, 322 (ISBN 2-266132-63-6).
  • Charles Nerlinger, Pierre de Hagenbach et la domination bourguignonne en Alsace (1469-1474), Berger-Levrault, Nancy, 1890, 172 p. (extrait des Annales de l'Est).

Articles connexes

Liens externes

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