Paul Vanuxem
Paul Fidèle Félicien Vanuxem, né le à Bully-les-Mines (Pas-de-Calais)[1] et mort le dans le 5e arrondissement de Paris, est un militaire et journaliste français. Ayant servi pendant la Seconde Guerre mondiale et la guerre d'Indochine, il est par la suite connu pour ses prises de position en faveur de l'Algérie française[2] et du Sud Viêt Nam[3].
Pour les articles homonymes, voir Vanuxem.
Biographie
Paul Vanuxem fait ses études à l'université de Lille[réf. souhaitée], où il obtient une licence de philosophie[3]. Il commence sa carrière de professeur au collège Mézeray à Argentan puis à Charleville-Mézières. Il s'implique dans l'histoire locale, créant la Revue du pays d'Argentan[4].
En 1930, il embrasse la carrière militaire et entre à Saint-Cyr. Il rejoint les tirailleurs marocains à sa sortie. Plus tard, il combat pendant la campagne d'Italie, notamment à la bataille de Monte Cassino[5][réf. à confirmer]. Il participe ensuite à la guerre d'Indochine[3]. Il commande le bataillon de marche du 6e régiment de tirailleurs marocains, puis devient en 1947 commandant du secteur de Sontay jusqu'en 1948[6]. En 1950, il revient en Indochine pour prendre le commandement du secteur de Biên Hòa, jusqu'en 1951[7]. Remarqué et estimé du général de Lattre de Tassigny[8], ce dernier lui confie la responsabilité du groupe mobile du Tonkin. Il revient une troisième fois en Orient comme adjoint au commandant de la division de marche du Tonkin, puis comme commandant du secteur de Hasong et enfin comme commandant de la zone sud du Tonkin[6]. Il est à ce titre chargé de l'évacuation d'Hanoï après les accords de Genève en 1954[3]. En 1975, il est accusé par des Sud-Vietnamiens d'avoir été responsable de la mort de milliers d'être eux pendant la guerre d'Indochine[6].
Il reçoit ses étoiles de général en 1955. En 1957, il est nommé commandant de la 2e division d'infanterie motorisée (2e DIM) et de la zone Est-Constantinois (ZEC) sur la frontière tunisienne.
Général de division, puis de corps d'armée, il prend le commandement de la 2e DIM et ZEC. Il soutient le coup d'État du 13 mai 1958[3],[9] mais s'oppose à l'envoi de militaires vers la France[10]. Il quitte son commandement le , disgracié par le président de Gaulle. Il est alors nommé adjoint au commandant des forces françaises en Allemagne[3].
Sa sympathie non dissimulée pour l'Algérie française[11] lui vaut d'être mis en disponibilité le . Soupçonné d'être l'individu désigné sous le pseudonyme de Verdun, chef de l'OAS en métropole, à la suite de la découverte de documents saisis lors de l'interpellation de Maurice Gingembre, il est arrêté le [3] et incarcéré à la prison de la Santé[12] en attente de son procès. Ses filles Françoise et Martine sont alors refusées à la Maison d'éducation de la Légion d'honneur[13] où elles étaient inscrites pour la rentrée scolaire. Deux ans plus tard, le , il est acquitté[11],[14], les témoins ayant nié la possibilité qu'il soit Verdun[10]. En octobre 1966, le décret du 31 mai 1961 qui l'avait placé en position de disponibilité est annulé par le Conseil d'État[15].
Il devient ensuite journaliste, notamment pour le magazine Carrefour. Il plaide par exemple en 1969 pour une revitalisation du service militaire par la conscription dès 18 ans, ce qui provoque une grève dans plusieurs lycées parisiens[16]. Dans le contexte de la guerre du Viêt Nam, il se fait surtout remarquer pour sa campagne anticommuniste en faveur du Sud-Vietnam, où il se rend à plusieurs reprises au titre de correspondant de guerre, notamment en 1966[17], et de Nguyễn Văn Thiệu, président du Sud-Viêt Nam[3], dans Carrefour[18], à la radio[19], et dans des conférences[20]. Cela explique sa présence aux conférences annuelles de la Ligue anticommuniste mondiale (WACL), notamment en décembre 1968 à Saïgon[21] et en septembre 1970 au Japon[22], et sa participation active en novembre 1970 à la conférence tenue à Bruxelles du Bloc des nations anti-bolchéviques (ABN) de l'exilé ukrainien Iaroslav Stetsko et du Conseil européen de la liberté ou European freedom council (EFC), liés à la WACL[23].
Il est vice-président de l'association Amitié France-Vietnam, présidée par l'ancien ministre Jean Letourneau et qui dénonce le Nord-Vietnam[24],[25] et co-préside avec André Chauvain, ancien président de la compagnie Shell, le Comité français pour l’information et les libertés européennes, fondé en 1970[26]. Présent à Saïgon en 1975, en tant qu'envoyé spécial de Carrefour, il est expulsé par le nouveau pouvoir communiste[27],[28].
Il est titulaire de 25 citations obtenues pendant les campagnes de France, d’Allemagne, d’Indochine et d’Algérie[réf. nécessaire]. Il meurt à l’hôpital du Val-de-Grâce le [3]. Sa deuxième épouse depuis 1955, née Monique Danjoud, décède le à 98 ans[29].
Une rue de Maubeuge porte son nom[30].
Publications
Notes et références
- Acte de naissance de Paul Fidèle Vanuxem [lire en ligne]
- Les contes du temps perdu : Paul Fidèle Félicien Vanuxem - Éditeur : Au fil d'Ariane, 1964 - 138 pages.
- « " Champion " de la guerre du Vietnam Le général Paul Vanuxem est mort Un centurion solitaire », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
- Marie Lenglet, « Argentan. Xavier Rousseau fait la une de sa propre revue », Ouest-France, (lire en ligne)
- « Dal Volturno a Cassino - L’attaco al paese di Lenola, nell’ambito delle operazioni del Corps de Montagne (21-23 maggio 1944) », sur Dal Volturno a Cassino (consulté le )
- « Les déboires du général Vanuxem », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- Marie-Catherine et Paul Villatoux, « Aux origines de la « guerre révolutionnaire » : le colonel Lacheroy parle », Revue historique des armées, no 268, , p. 45–53 (ISSN 0035-3299, lire en ligne, consulté le )
- Livre : Le général vainqueur - Le destin exemplaire de de Lattre en Indochine
- « Le général Vanuxem est nommé adjoint au commandant en chef des forces françaises en Allemagne », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
- « « Le général Vanuxem est totalement innocent », affirme le général Allard devant la cour de sûreté », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
- « Le général Vanuxem est acquitté après avoir passé deux ans en prison ; Maurice Gingembre, condamné à dix ans et le colonel de Blignières, à six ans de détention », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- Photo « Santé » photo/OFFOAS
- Question No 11938 d'André Marie J.O.R.F du 18 novembre 1961
- Le Parisien Libéré journaux-collection
- « Le décret mettant le général Vanuxem en disponibilité est annulé par le Conseil d'État », Le Monde, .
- « Mobilisation au lycée », sur L'Obs (consulté le )
- « Le général Vannure à Saïgon », Le Monde, .
- « Paul Vanuxem, « Carrefour : le prestige des « maquisards » est dangereusement compromis », Le Monde, .
- « Nord contre Sud à Radio-Luxembourg », Le Monde, .
- « Le général Vanuxem parle du conflit », Le Monde, .
- ABN correspondence, janvier-février 1969, p. 2 [PDF]. Son nom apparait déjà en 1966 dans un document de l'APACL, Proceedings of the conference, 1966, p. 11
- The Way of the world, octobre 1970, p. 123 [PDF] (Liste des participants)
- (en) « ABN correspondence », , p. 4-8.
- « L'association France-Vietnam déplore la détérioration des rapports entre Paris et Saïgon », Le Monde, .
- « Une protestation de l'association Amitié France-Vietnam », Le Monde, .
- Nicolas Lebourg, Les extrêmes droites françaises dans le champ magnétique de la Russie, Rapport de recherche, Carnegie council (New York), 2018, p. 30.
- « Les déboires du général Vanuxem », Le Monde, .
- « Le G.R.P. a expulsé le général Vanuxem », Le Monde, .
- « Faire-part de décès », sur Carnet du jour, Le Figaro, 2-3 août 2014.
- Rue du général Vanuxem (Maubeuge) streetdir.org
Annexes
Bibliographie
- Pierre Carles et Georges Lecomte, 6e régiment de tirailleurs marocains, chronique d'un régiment marocain (1921-1963), Amicale des anciens du 6e R.T.M., 1999
- Monique Danjou, Le 6e R.T.M. au Tonkin 1947-1949. Témoignages. Souvenirs du général Vanuxem recueillis par Monique Danjou-Vanuxem, Muller édition, Paris, 2008 (ISBN 978-2-904255-73-1)
Liens externes
- Armée et histoire militaire françaises
- Portail de la Seconde Guerre mondiale