Paul-Émile Javary

Jean, Baptiste, Paul-Émile Javary (1866-1945) est un ingénieur français et dirigeant d'entreprises, notamment la Compagnie des chemins de fer du Nord. Son nom reste attaché à la mobilisation du réseau pendant la Première Guerre mondiale, puis à sa reconstruction et sa réorganisation, y compris dans une dimension sociale.

Biographie

Paul-Émile Javary nait à Paris 7e le [1].

Il entre à l'École polytechnique en 1885 et en sort 4e de sa promotion, puis intègre l'École des Ponts et chaussée dont il sort major en 1890[2].

Il entre en 1897 à la Compagnie du chemin de fer du Nord en tant qu'ingénieur en chef[1], et devient le collaborateur d'Albert Sartiaux alors ingénieur en chef de l'exploitation[3]. En 1917, en pleine guerre, la santé déclinante d'Albert Sartiaux oblige ce dernier à se retirer[4]. Paul-Émile Javary le remplace et prend le poste d'ingénieur en chef de l'exploitation. Il devient ainsi le directeur de l'exploitation de la Compagnie[5].

Le réseau subissant, sans cesse, les attaques de l'armée adverse, Paul-Émile Javary trouve et applique les solutions propres au rétablissement de l'exploitation afin d'assurer un appui décisif à l'armée française; sa présence fréquente aux points les plus menacés lui permet de réagir instantanément et de s'assurer du moral du personnel[4]. En 1918, il est ainsi promu commandeur de la Légion d'honneur au titre militaire et décoré de la Croix de guerre avec citation à l'ordre de l'armée[6].

Au sortir du conflit, le réseau est au deux tiers détruit. Paul-Émile Javary y voit l'opportunité, non de reconstruire à l'identique, mais d'imaginer un nouveau réseau moderne, performant, et plus social, tourné vers l'avenir. En quelques semaines, l'exploitation reprend. Et en trois ans, les voies, les ponts, les gares sont reconstruites, les méthodes et l'organisation du travail sont revues, les cités-jardins conçues par Raoul Dautry, son collaborateur, sortent de terre et leur organisation est laissée à des comités de gestion constituées par les habitants de la cité[7]. Cela lui vaut en 1923, la promotion au grade de grand-officier de la Légion d'honneur puis la création, pour lui, du titre de directeur de l'exploitation de la compagnie[8].

À la faveur du développement économique, Paul-Émile Javary veut ouvrir le réseau du Nord au trafic international et développe de manière déterminante le port de Dunkerque; à ce titre, il participe à la création de la société anonyme de gérance et d'armement (SAGA)[4].

Il part en retraite le avec le titre de directeur honoraire[8].

En plus de ses responsabilités au sein de la Compagnie du chemin de fer du Nord, Paul-Émile Javary aura exercé les mandats de président des Hauts-fourneaux de la Chiers et de la Société des automobiles UNIC, d’administrateur-délégué de la Compagnie des chemins de fer sous-marins entre la France et l’Angleterre, d’administrateur de la Société de transports et entrepôts frigorifiques (STEFF), de la société Le Nickel, des Forges et chantiers de la Méditerranée, et des Consommateurs de pétrole[9],[1].

Paul-Émile Javary s'éteint à Montmorency (Val d'Oise), le [10].

Famille

Paul-Émile Javary est le fils d'Adrien Javary (1834-1913), polytechnicien[11], officier du Génie[12], mathématicien, photographe et plaisancier[13], officier de la Légion d'honneur[14], et de Julie Verdot (1844-1913)[15].

Il épouse en premières noces, en 1895, Constance Taratte (1873-1910)[16], fille de Ferdinand Taratte (1835-1882), polytechnicien[11], ingénieur en chef des Pont-et-Chaussées[16], chevalier de la Légion d'honneur[17], et de Léonie Baillard (1842-1921), avec qui il aura deux enfants[16]. Il épouse en secondes noces, en 1918, Thérèse Pralon (1872-1923), fille de Sosthène Pralon (1830-1911), banquier, et d'Henriette Goguyer-Deschaumes (née en 1842), sans postérité[16].

Son environnement familial est fait de polytechniciens, comme son père, son beau-père ou son fils[11] ; d’universitaires, comme, notamment, son grand-père maternel, Jean-Maurice Verdot (1807-1871)[18], normalien[19], membre du Conseil supérieur de l’Instruction publique, officier de la Légion d’honneur[20], et deux académiciens, son oncle[21], Louis Troost (1825-1911), chimiste, et son beau-frère[22] Maurice Holleaux (1861-1932), archéologue. Par son deuxième mariage, son entourage s’ouvre au monde de la banque et de l’industrie, notamment avec son cousin[23] Léopold Pralon (1855-1936), polytechnicien, président de la Société de Denain et d'Anzin, vice-président du Comité des Forges de France, président de l'Union des Industries Métallurgiques et Minières, commandeur de la Légion d’honneur[24], mais aussi au monde de l’Art avec une famille d’artistes, celle de son beau-frère[25], les Hamman, voir Edouard Hamman (1819-1888) et Jean Hamman (1883-1974).

Ses deux enfants sont :

  • François Javary (1898-1959), polytechnicien, administrateur de sociétés, chevalier de la Légion d’honneur[26] qui épouse la fille de Maurice Quentin (1870-1955), avocat et homme politique, avec qui il aura cinq fils, dont Manuel Javary (né en 1934), ESSEC, directeur et administrateur de sociétés, président d'association caritative, chevalier de la Légion d’honneur[27], et Cyrille J.-D. Javary (né en 1947), sinologue[16].
  • Marthe Javary (1901-1986) qui épouse le Dr Edmond Thin (1892-1976)[16].

La famille Javary, originaire du Vendômois, ancienne province de l’Orléanais, compta plusieurs branches dont est également issu Louis-Pierre Javary (1766-1838)[28].

Distinctions

  • Grand-officier de la Légion d'honneur
  • Croix de guerre 1914-1918 avec citation à l'ordre de l'armée
  • Chevalier-commandeur de l'Ordre de l'Empire britannique (KBE)

Hommages

  • Avion (Pas-de-Calais), stade et passage Paul-Émile Javary
  • Laon (Aisne), place et rue Paul-Émile Javary
  • Lille (Nord), rue Javary[29]
  • Le Paul-Émile Javary, cargo de la SAGA[30],

Bibliographie

  • Paul-Emile Javary, L'effort du Réseau du nord pendant et après la guerre, Lille, L. Danel, 1921, 124 p. Accessible en texte intégral sur NordNum.
  • Bulletin de la Société des ingénieurs civils de France, Paul-Émile Javary, septembre- et année 1945.
  • Nécrologie, Aux obsèques de M. Javary, directeur honoraire du Nord, Notre métier, revue de la SNCF, n°21 du .
  • François Caron, Histoire de l’exploitation d’un grand réseau, La Compagnie du chemin de fer du Nord, 1846-1937, Ed. Mouton, Paris-La Haye, 1973.
  • Georges Ribeill, Un grand manieur d’hommes, Paul-Émile Javary, directeur du Nord, Historail n°4, .
  • Christian Canivez, Javary, l’homme qui remit la région sur des rails, La Voix du Nord, dimanche .

Références

  1. Site Patrons de France http://www.patronsdefrance.fr/?q=sippaf-actor-record/5285 et État civil en ligne de la Ville de Paris http://archives.paris.fr/s/4/etat-civil-actes/?
  2. Base de données en ligne des anciens élèves de l'École Polytechnique, La famille polytechnicienne https://bibli-aleph.polytechnique.fr/F/S9DDLQ7UG8Q32I4VF84XDQ9QHDFFDDPQM2Q2I3DPLEIVR2V36U-13338?func=full-set-set&set_number=000591&set_entry=000003&format=999,
  3. Georges Ribeill, Un grand manieur d’hommes, Paul-Émile Javary, directeur du Nord, Historail n°4, janvier 2008.
  4. Georges Ribeill, op. cité.
  5. Christian Canivez, Javary, l’homme qui remit la région sur des rails, La Voix du Nord, dimanche 30 décembre 2018.
  6. Dictionnaire national des contemporains, Editions Lajeunesse, Paris 1936.
  7. Pour l'ensemble du paragraphe, Georges Ribeill, op. cité., Paul-Émile Javary, L'effort du réseau du Nord pendant et après la guerre : Conférence faite à la Société industrielle du Nord de la France, à Lille, le 16 janvier 1921, Imprimerie Danel, Lille, 1921, et base de données en ligne des anciens élèves de l'École Polytechnique, op. cité.
  8. Dictionnaire national des contemporains, op. cité.
  9. Georges Ribeill, op. cité..
  10. Nécrologie, Aux obsèques de M. Javary, directeur honoraire du Nord, Notre métier, revue de la SNCF, n°21 du 29 juin 1945 et État civil en ligne de la Ville de Paris, op. cité. (mention sur son acte de naissance).
  11. Base de données en ligne des anciens élèves de l'Ecole Polytechnique, La famille polytechnicienne, op. cité.
  12. Base de données Léonore des Archives nationales (personnes décorées de la Légion d'honneur), http://www2.culture.gouv.fr/LH/LH092/PG/FRDAFAN83_OL1358065v001.htm
  13. Biographie d'Adrien Javary, ressources en ligne des archives départementales de la Manche, http://www.archives-manche.fr/ark:/57115/a011427697717LCuigD/from/a011427698891wmaOTO
  14. Base Léonore, op. cité.
  15. Base de données généalogique Roglo http://roglo.eu/roglo
  16. Base Roglo, op. cité.
  17. Base Léonore, op. cité.
  18. Père de sa mère, Julie Verdot, voir base Roglo, op. cité.
  19. Annuaire en ligne des anciens élève de l'École normale, https://www.archicubes.ens.fr/lannuaire#annuaire_chercher?identite=verdot
  20. A la mémoire de Jean-Maurice Verdot, 27 décembre 1871, Société des chefs d'institution des départements de la Seine, de Seine-et-Marne et de Seine-et-Oise , 1872, Gallica, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64438088/f7.image.r=jean%20maurice%20verdot?rk=64378;0
  21. Louis Troost est le mari de Thérèse Verdot, sœur de Julie Verdot, voir base Roglo, op. cité.
  22. Maurice Holleaux est le mari d'Eugénie Taratte, sœur de Constance Taratte, voir base Roglo, op. cité.
  23. Léopold Pralon est un cousin germain de Thérèse Pralon, voir base Roglo. op. cité.
  24. Site Patrons de France, http://www.patronsdefrance.fr/?q=sippaf-actor-record/22667
  25. Maurice Hamman est le mari d'Henriette Pralon, sœur de Thérèse Pralon, voir base Roglo, op. cité.
  26. Who's who in France, 4e éd.
  27. Who's who in France, 43e éd.
  28. « Généalogie de la famille Javary », sur Base de données généalogiques Roglo
  29. Rue dénommée le 31 mars 1959 en hommage à Paul-Émile Javary, Au fil des rues. Histoire et origine des rues de Lille. Collectif, ed. Ravet-Anceau, Villeneuve d’Ascq, 2006.
  30. François Caron, Histoire de l’exploitation d’un grand réseau, La Compagnie du chemin de fer du Nord, 1846-1937, Ed. Mouton, Paris-La Haye, 1973.
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