Parti wallon des travailleurs

Le Parti Wallon des Travailleurs (P.W.T.) est un parti politique belge né en 1965 orienté vers la gauche socialiste ainsi que le régionalisme. Il prône la défense des intérêts des travailleurs wallons. Les convictions politiques d'André Renard furent la principale source de la pensée du P.W.T.

André Renard (1911-1962).

Contexte historique

À la sortie de la guerre, un intérêt croissant est apporté à la question sociale. De nombreuses législations allant dans le sens des ouvriers apparaissent, ainsi que des organisations protégeant leurs droits pour les accompagner au mieux dans leurs intérêts communs. Celles-ci connaissent une forte augmentation au niveau des affiliations qui est notamment due à la crise industrielle après la seconde guerre mondiale. Ces associations sont les syndicats. Les trois plus importants sont ceux des chrétiens (CSC), ceux des libéraux ainsi que ceux des socialistes (FGTB) où André Renard fut le secrétaire adjoint.

Crise industrielle d'après-guerre

Après la seconde guerre mondiale, il a fallu reconstruire tout un système, le plan Marshall étant mis en place à cette fin. Il faut préciser qu’il y aura une grande période d’instabilité politique avec 21 gouvernements qui se succéderont en 6 ans. Malgré le fait que l’État ait un rôle simple, qui consiste à investir dans les industries innovantes au Nord, et remettre à jour les vieilles industries au Sud, de nombreux problèmes à gérer surgissent au même moment, au début des années 60.

Grève générale

Le troisième gouvernement mené par le premier ministre Eyskens est mis sur pied le . En plus des revendications ouvrières qui se font pressantes, le gouvernement connaît une crise économique ainsi qu’une crise coloniale.

La crise socio-économique sera celle qui prendra le plus d’importance et atteindra son apogée durant l’hiver de 1960-1961 avec l’épisode de la grande grève. C’est le plan d’austérité du gouvernement Eyskens qui a mis le feu aux poudres dans son projet de loi unique, ayant vu le jour à la suite d’un important endettement public et de la perte du Congo Belge[1].

L'ensemble des bassins industriels ont commencé à sombrer dans la crise et les mines ont toutes fermé les unes après les autres en Wallonie. Une prise de conscience du vieillissement des industries de la région est provoquée par cette crise charbonnière[2]. La Wallonie connait aussi une baisse conséquente des taux d’emploi allant jusqu’à 23%, alors qu’à l’opposé, la Flandre est en pleine expansion économique.

La grande grève de 1960-1961 fut portée par l’esprit d’André Renard qui s'apparente à un sentiment de révolution régionale. De cette grève découleront des réformes prônant une autonomie régionale tant au niveau économique qu’au niveau structurel. Dans l'objectif d'apporter une réponse aux problèmes rencontrés par la Wallonie, la grève fera également naître un premier parti régional, le Mouvement Populaire Wallon (M.P.W.). Ces grèves mèneront à un gouvernement de coalition entre social-chrétiens et socialistes, dirigé par Théo Lefèvre, président du P.S.C. La « grève du siècle » est considérée par plusieurs analystes comme un événement charnière dans l'évolution du sentiment autonomiste wallon[3].

Affaire des Fourons

À la suite de la grève de 1961 et malgré le remaniement de gouvernement de Gaston Eyskens, le premier ministre se fit renvoyé. Théo Lefèvre reprit le gouvernement en main. Il fit notamment passer une loi pour apaiser les esprits et reboucher le fossé qui se creuse d’années en années, depuis la sortie de la guerre, dans le clivage communautaire. Un compromis sera trouvé pour fixer les frontières entre les trois régions.

Les partis régionalistes se sont créés pour revendiquer une certaine autonomie et ne peuvent plus laisser leurs sorts entre les mains de l’État. Mais avec les lois Gilson et cette tentative d’apaisement, les autorités comprennent que s’il n’y a pas de dialogue entre ces régions, ce sera toute la conduite de l’État qui se trouvera entravée. C’est dans cette optique que le Parti Wallon des Travailleurs (P.W.T.) s’inscrit. En plus de revendiquer l’autonomie structurelle de la région wallonne pour régler des questions sociales (retraite des ouvriers, conditions de travail, ...) il prône aussi l’unionisme pour que les deux régions coopère dans les matières étatiques malgré leurs autonomies respectives.

Création du parti

Genèse du parti

Le Parti Wallon des Travailleurs (P.W.T.) apparaît en , sous le nom du Parti des Travailleurs de Wallonie, appellation provisoire au . Il était en partie soutenu par Pierre Bertrand, avocat, et François Perin, professeur à Liège. François Perin sera désigné comme président de la fédération liégeoise et Pierre Bertrand comme secrétaire à la suite de l’assemblée constitutive de la fédération liégeoise du Parti Wallon des Travailleurs, le . Lors de cette assemblée, les discussions menèrent à la possibilité de rentrer en contact et de s'engager avec d'autres groupes wallons, dont le Front Wallon. Une minorité des candidats, ayant des idées socialistes, décidèrent de retirer leurs candidatures au comité régional étant donné qu'ils s’opposent à une alliance avec d’autres formations wallonnes[4].

Les militants de gauche s'interrogent sur le fait de constituer une Union de la Gauche Socialiste (U.G.S.) de Liège, mais cette hypothèse est écartée suite aux contacts établis entre le nouveau parti et l'U.G.S. de Charleroi.

Ce n’est que le , après de nombreux débats, que le congrès constitutif[5] du parti a lieu, rassemblant environ 300 participants, présidé par Fernand Massart[6].

Idéologie du parti

Les idées proviennent principalement de la gauche et du socialisme. Le programme du P.W.T. est principalement orienté « sur le fédéralisme et les réformes des structures anticapitalistes »[6]. Le P.W.T., qui cherche à sauver la Wallonie, s’oppose aux partis traditionnels qui sont menés par des flamands et des bruxellois, ne portant aucune attention aux intérêts de la Wallonie. Le P.W.T. accorde de l’importance à la garantie du respect des convictions philosophiques et religieuses. Il invita vivement les démocrates-chrétiens à la participation de la réalisation d’un socialisme pondéré régénéré. Le premier objectif du parti sera la participation aux élections législatives de 1965, ce qui lui permettra d’affirmer sa présence auprès des autres formations politiques. Dans l'optique de ces élections, le congrès constitutif du P.W.T. accorde beaucoup d'intérêts à l'autonomie des fédérations régionales[6].

Les élections

Lors de la campagne qui précède les élections, un accord de propagande politique nommée l’« Action Commune Wallonne » fut constitué entre les listes de différents partis. Le P.W.T. en faisant partie, accompagné du Front Wallon, du Front Démocratique Wallon et du Rassemblement Démocratique Wallon. L’objectif de cet accord était de concentrer leurs forces dans le but d’avoir davantage de poids lors des élections, il avait été convenu qu'il serait dissout dès la fin de celles-ci.

Au lendemain des élections, l’« Action Commune Wallonne », qui eut ses effets escomptés au niveau des résultats fut dissoute, comme cela avait été convenu au moment de sa constitution. Ces résultats poussèrent le Parti Wallon des Travailleurs à prendre une décision. La dualité qui habite ce parti pose un problème, il y’a d’une part « la tendance action wallonne » et d’autre part « la tendance gauche socialiste ». Il y a donc une séparation de ces deux tendances au sein du parti[4].

Scission du parti

La tendance « Wallonne » opta logiquement pour une fusion avec les autres membres de l’« Action Commune Wallonne ». Cette action fut représentée par une majorité de la fédération de Liège ainsi que par les fédérations de Verviers, Huy et Namur. La fusion eut lieu lors du congrès du , et le parti naissant de cette fusion fut nommé « Parti Wallon »[4].

Le reste du parti, n’ayant pas accepté la fusion conserva simplement le nom « Parti Wallon des Travailleurs » en mentionnant « non fusionné » pour se distinguer de la « partie fusionnée » du parti ayant formé le Parti Wallon. Il y aura jusque fin 1965 une grande rivalité entre les responsables du nouveau Parti Wallon et ceux du Parti Wallon des Travailleurs « non fusionné »[6].

Après cette séparation, le P.W.T. « non fusionné » subsistera encore pendant une courte durée, montrant clairement des idées qui s’écartent de celle du Parti Wallon récemment formé. Les membres du parti accepteront par après de fusionner avec un autre parti, celui de l’Union de la Gauche socialiste de Bruxelles. Ils ne formeront alors plus qu’un seul parti : la Confédération Socialiste des Travailleurs[6].

Le Parti Wallon des Travailleurs ne s’éteint donc pas du jour au lendemain. Petit à petit le parti se scinde avec d’un côté l’opinion wallonne et de l’autre l’opinion socialiste qui prendront des chemins différents. Les deux tendances fusionnent chacune avec d’autres formations politiques dont les idées concordent avec les leurs. Il y’a d’une part le Parti Wallon qui est formé en 1965 et d’autre part la Confédération Socialiste des Travailleurs qui est créée en 1965 également[4],[6].

Construction d'un État fédéral

Le Parti Wallon des Travailleurs fut empreint de la pensée d'André Renard tout au long de son existence et ce jusqu'à sa mort prématurée. Il a eu le temps de poser les lignes conductrices de ce parti dans lequel il prône la réalisation de réformes structurelles et le fédéralisme, qui constitue une solution à la crise qui touche le régime belge.

Pour mieux comprendre ceci, il faut d'abord comprendre comment ce parti s'est créé. Le Parti Wallon des Travailleurs s'est formé en réponse aux menaces de déclin économique et industriel wallon mais aussi pour se faire entendre face à l'essor de la concurrence flamande qui prospère à cette période[7]. Comme tout parti régionaliste, le Parti Wallon des Travailleurs s'est d'abord construit dans l'objectif de répondre aux attentes de la population. Dans cette logique le parti réclame des « réformes de structures » qui doivent permettre à la Wallonie de mener sa propre politique économique, sociale et culturelle par le biais d'institution autonome propre à la Wallonie[8].

Le Parti Wallon des Travailleurs avait bien compris que la Belgique ne pouvait concentrer son énergie à entendre les arguments de tous les partis politiques. Elle se devait de créer des institutions supérieures qui englobaient d'une part les revendications régionales et d'autre part les revendications communautaires. Dans l'objectif d'aller de l'avant vers un avenir commun et national.

Notes et références

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