Paolo Dall'Oglio

Paolo Dall'Oglio, né le à Rome, est un prêtre jésuite italien, missionnaire en Syrie. Il est porté disparu depuis . Il refonde dans les années 1980 le monastère catholique syriaque de Mar Mûsa, aussi appelé monastère de Saint Moïse l'Abyssin, dans le désert au nord de Damas, en Syrie. Il est très engagé dans le dialogue islamo-chrétien.

Pour les articles homonymes, voir Dall'Oglio.

Paolo Dall'Oglio

Paolo Dall'Oglio décembre 2012 en Irak.
Biographie
Naissance
Rome, Italie
Ordre religieux Compagnie de Jésus
Ordination sacerdotale
Abbé de l'Église catholique
Supérieur du monastère Mar Mûsa
Depuis

À la suite de sa dénonciation ouverte des crimes commis par le régime de Bachar el-Assad dans le contexte de la Guerre civile syrienne, il est expulsé du pays le . En , il retourne en Syrie dans la partie Nord contrôlée par les rebelles, avant d'être enlevé à Raqqa le par l'État islamique en Irak et au Levant. Il est depuis porté disparu[1].

Biographie

Paolo Dall’Oglio entre dans la Compagnie de Jésus en 1975. Il fait son noviciat en Italie avant de commencer des études universitaires en langue arabe et en études de l'islam à l'université Saint-Joseph de Beyrouth au Liban, et à Damas, en Syrie.

En 1984, il est ordonné prêtre en rite syriaque catholique. La même année, il obtient des diplômes en langue arabe et en études de l'islam de l'Université de Naples - L'Orientale et en théologie de l'Université pontificale grégorienne. En 1986, il obtient un autre diplôme de l'Université pontificale grégorienne en missiologie. En 1989, il est promu docteur de l'Université pontificale grégorienne, ayant écrit son mémoire de thèse sur le sujet « L'espérance en Islam ». En 2009, il reçoit un doctorat honoris causa double de l'université catholique de Louvain et de la Katholieke Universiteit Leuven. Il collabore régulièrement à la revue Popoli, la revue missionnaire internationale des jésuites italiens, fondée en 1915.

En 1982, il découvre les ruines de l'ancien monastère catholique syriaque de Mar Mûsa, bâti au XIe siècle autour d'un ancien ermitage occupé dès le VIe siècle par saint Moïse l'Abyssin. Il y trouve un endroit de solitude religieuse pour se retirer du monde. En 1992, il y fonde la Communauté al-Khalil (« l'ami de Dieu », en arabe), une communauté religieuse œcuménique mixte, avec des hommes et des femmes, ce qui est normalement contraire au XXe canon du deuxième concile de Nicée[2]. Al-Khalil est le nom coranique du patriarche Abraham, père spirituel des trois monothéismes abrahamique. La communauté s'installe d'abord au monastère de Saint-Moïse-l'Abyssin[3].

En 2009, il reçoit un doctorat honoris causa double de l'Université catholique de Louvain et de la Katholieke Universiteit Leuven[4].

En 2011, Paolo Dall'Oglio écrit un texte - La démocratie consensuelle, pour l’unité nationale - publié le sur le site officiel du monastère de Deir Mar Moussa al-Habachi[5], dans lequel il propose une solution pacifique aux problèmes posés par les soulèvements populaires qui ont éclaté en Syrie depuis le début de l'année, en indiquant le chemin d'une transition politique vers l'instauration d'institutions démocratiques, fondées sur le consensus entre les différentes composantes de la sensibilité sociale et religieuse, qui cohabitent dans le pays[6]. La publication de ce texte a été suivie par une réaction immédiate du régime de Bachar el-Assad, impliqué dans la répression féroce des manifestations, qui a déclaré le père Dall'Oglio persona non grata et a décrété son expulsion de la Syrie[6]. N'ayant pas accepté l'arrêté d'expulsion, Paolo Dall'Oglio a continué à vivre en Syrie. À la suite d'une lettre ouverte à l'envoyé spécial des Nations unies, Kofi Annan, il quitte la Syrie le en obéissance à son évêque[7].

Le , Paolo Dall'Oglio, de retour en Syrie, après avoir traversé la frontière turque[8], se rend à Raqqa, fief de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL)[9], afin de négocier la libération de journalistes retenus en otages[10] et malgré les avertissements de son entourage, car plusieurs enlèvements de personnalités ont été signalés dans cette ville[8]. Deux jours plus tard, le lundi , des hommes de l'EIIL, après avoir tué un accompagnateur du père[10], enlèvent ce dernier[8],[11]. Depuis, son sort est incertain[10],[12],[13]. Le dimanche , à l'approche du 2e anniversaire de son enlèvement, le pape François a lancé un appel pour sa libération[14]. Le , le journal La Croix publie un article intitulé Daech affirme avoir tué le Père Paolo Dall’Oglio après son enlèvement en 2013. L'article précise toutefois qu'aucune preuve n'a été donnée[15].

Ses proches, dont la chercheuse Marie Peltier, plusieurs années après son enlèvement, estiment que le père Paolo a été oublié : « sa disparition est à l'image de celle des milliers de civils syriens dont l'histoire et le récit ont été éclipsés par des considérations géopolitiques »[16]. Un journaliste de La Croix qui a enquêté sur sa disparition s'interroge également sur la volonté réelle des autorités politiques et religieuses de lever le mystère de sa disparition[1].

Écrits

Bibliographie

  • Guyonne de Montjou, Mar Moussa, un monastère, un homme, un désert, Albin Michel, 2006
  • Paolo dall'Oglio, Amoureux de l'islam, croyant en Jésus, Les Éditions de l'Atelier, avec Églantine Gabaix-Hialé, préface de Régis Debray, 2009.
  • Manoël Pénicaud, Paolo Dall'Oglio, le père bâtisseur, article in Le Monde des religions, no 49, septembre-

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. « Père Paolo, enquête sur une disparition », La-croix.com, (lire en ligne, consulté le )
  2. « Le Second Concile de Nicée (787) - les vingt-deux canons » [html], sur insecula.com (consulté le )
  3. Marie Peltier, « Père Paolo, la Syrie et l’Europe », Migrations Société, no 174, , p. 91 à 95 (lire en ligne)
  4. L'UCL et la KULeuven décernent, ensemble, leurs doctorats honoris causa. Communiqué de presse du .
  5. « texte de Paolo Dall’Oglio, La démocratie consensuelle, pour l’unité nationale »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?)
  6. Siria, espulso il gesuita del dialogo, in Famiglia Cristiana, 30 novembre 2011
  7. Le père Dall’Oglio va quitter la Syrie à « la demande des autorités ». Article paru dans L'Orient Le Jour du .
  8. « Le jésuite Paolo Dall'Oglio enlevé en Syrie », sur La Vie,
  9. depuis le 29 juin 2014, l'EIIL a décidé de se renommer l’État islamique, voire L'EIIL annonce un "califat islamique" en Syrie et en Irak, article publié le 29 juin 2014, sur le site du Nouvel Observateur
  10. Secret, rusé, sanguinaire : le djihadiste qui fait trembler le monde, article de Sara Daniel, publié sur le site du Nouvel Observateur, le 22 juin 2014
  11. A l'encontre : Syrie. A Raqqa: «Pas question de nous imposer une tyrannie à la place d’une autre!»
  12. Syrie : incertitude sur le père Dall'Oglio, dépêche publiée sur le site du Figaro, le 25 août 2013.
  13. (en) « What became of the Italian priest kidnapped by ISIS in Raqqa? », The National, (lire en ligne, consulté le )
  14. Le pape réclame la libération du jésuite Paolo Dall’Oglio, La Croix, Claire Lesegretain, le 27/07/2015. « Après avoir rappelé que, « dans quelques jours, aura lieu le deuxième anniversaire de l’enlèvement, en Syrie, du P. Paolo Dall’Oglio », le pape a lancé, dimanche 26 juillet, depuis une fenêtre du palais apostolique place Saint-Pierre, un « appel affecté et pressant pour la libération de ce religieux estimé ». »
  15. Daech affirme avoir tué le Père Paolo Dall’Oglio après son enlèvement en 2013
  16. Le JDD, « Syrie : le père Paolo, enlevé il y a cinq ans et victime oubliée du conflit », lejdd.fr, (lire en ligne, consulté le )
  17. « Le miroir de Damas, avec Jean-Pierre Filiu. », France Culture, (lire en ligne, consulté le )
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