Oued Righ
Oued Righ (Oued-R'hir ou Oued Rhir, en arabe وادي ريغ) est une région naturelle et historique algérienne, située au nord-est du Sahara algérien.
Oued Righ | |
Localisation de l'Oued Righ en Algérie. | |
Pays | Algérie |
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Subdivision administrative | wilaya de Touggourt, wilaya d'El M'Ghair |
Villes principales | Touggourt, El M'Ghair |
Siège du pays | Touggourt |
Coordonnées | 33° 30′ nord, 6° 00′ est |
Production | Dattes Maraîchage |
Population totale | 350 000 hab. (2008) |
Régions naturelles voisines |
Souf, Oued Mya, Zibans |
Régions et espaces connexes | Grand erg oriental |
C'est une des régions sahariennes les plus peuplées. L'Oued Righ est également une région à vocation agricole, connue pour sa production de dattes et comprend plusieurs oasis dont la capitale est Touggourt.
Géographie
L'oued Righ, situé à l'Est du Sahara septentrional, est un ensemble d'une cinquantaine d'oasis, qui s'allonge sur 160 km[2] et de 15 à 30 km de large[3]. Les oasis de Ouargla prolongent vers le sud celles de l'oued Righ[4].
L'oued Righ est un fleuve fossile[5]. Sa dépression topographique paraît bien trop immense pour être constituée par une vallée. Il s'agit d'une dépression structurale[3], en position de sandwich entre le grand Erg Oriental, et la zone des chotts au Nord[6].
L'Oued Righ est l'un des quatre « pays » qui constituent le Bas-Sahra, avec le Souf, les Zibans et l'Oued Mya (Ouargla)[7].
Histoire
Aux Xe et XIe siècles, Touggourt et sa région subissent l'influence de l'ibadisme, consécutive à l'arrivée de populations ibadites et de leurs chefs, refoulés de Tahert[8]. Ensuite, la région est rattachée à la sphère d'influence des sultans hammadites du Hodna. Puis, les Béni Obeidallah, gouverneurs locaux ibadites y règnent[8].
Depuis le XIVe siècle, la région est appelée le pays des Rghira, la tribu des Righa y sont majoritaires, mais on y rencontre aussi des Sindja, des Beni Ifren et d'autres populations zénètes[9]. Ibn Khaldoun constate que l'Oued Righ devait être bien plus peuplé autrefois et attribue la ruine du pays aux Banu Ghaniya qui, dans leurs guerres avec les Almohades avaient fait des incursions dévastatrices dans la région[9].
Il décrit « la plus grande de ces villes, Touggourt, renferme une nombreuse population[...] Temacine, ville qui est inférieure à Touggourt en étendue et en population. Elle est gouvernée par une famille Righa »[10]. Par la suite, le pays dépendait des Moznis qui gouvernait à Biskra au nom du Hafsides de Béjaïa[10]. Le malékisme est introduit via les réseaux du commerce transsaharien et des caravanes du pèlerinage[8].
Depuis le début du XVe siècle, la dynastie des Beni Djellab a régné sur Touggourt et sa région pendant quatre siècles[9]. Au milieu du XVIe siècle le Beylerbey d'Alger Salah Raïs fait, payer tribut aux populations de Touggourt. Au XVIIIe siècle, Touggourt est à nouveau mis sous tutelle soit par les tribus du Zab dirigées par le « Cheikh El Arab », soit par les Ben Gana de Biskra. Cette période est marquée par les luttes entre les cités sahariennes d'une part et les cités et les tribus bédouines d'autre part[10].
La prise de Biskra en 1844, amène les Beni Djellab, à reconnaître l'autorité française, mais après le soulèvement, auquel prend part le nouveau sultan de Touggourt, l'armée française entrera dans la ville en 1854[9]. Le potentiel agricole de l'oued Righ, explique qu'elle est la seule région saharienne à avoir attiré la colonisation, massivement installée dans la partie septentrionale[2]. Un chemin de fer a été construit pour sa traversée durant la période coloniale[11].
Administration et villes
L'Oued Righ est partagé entre les deux nouvelles wilayas : Touggourt et El M'Ghair. Il dépendait auparavant des wilayas d'Ouargla et d'El Oued[12].
Touggourt au centre, est la plus grande ville de la région qui compte aussi les villes de M'Rara, Djamaa, El Meghaier et Temacine[9]. L'urbanisation à Oued Righ est millénaire, sa relation étroite avec les échanges commerciaux transsahariens, a marqué ce territoire. Certains centres deviennent des carrefours importants dans le commerce caravanier, parmi lesquels Touggourt. Avec 120 000 habitants en 2008, elle est aujourd'hui la capitale de la région[6].
Population
À l'instar du reste du Bas-Sahara, l'Oued Righ est une des régions sahariennes les plus peuplées, la troisième après le Ziban et le Souf. C'est une région traditionnellement nataliste[13]. En 2008, elle compte 350 000 habitants, Touggourt est son principal pôle[13].
Région essentiellement rurale avant l'indépendance, elle connaît un processus d'urbanisation rapide. Les taux d'urbanisation passe de 25 % en 1954 à 59 % en 1998 et la croissance démographique, très soutenue, dépasse la moyenne nationale[6].
L'Oued Righ appartient au grand ensemble des régions berbérophones du Sahara septentrional qui comprend, en outre le Mzab et le Touat[4].
La société traditionnelle est issue d'un brassage de populations qui a mêlé des nomades arabes et berbères à des cultivateurs noirs et des Rouagha[9]. Touggourt était habité par une population blanche (Moudjahirias), tandis que les noyaux villageois étaient peuplés par de cultivateurs noirs (Hachachnas). Dès l'époque précoloniale, les populations Hachachna savaient réaliser sous forme de puits coffrés de 60 m de profondeur[2].
Économie
L'Oued Righ est la première région dattière du Sahara algérien, par la quantité, et la qualité, grâce à la disponibilité en eau, et aux conditions climatiques. Elle regroupe près d'un million et demi de dattiers dont une forte proportion de Deglet Nour[2]. Elle est la première région mondiale exportatrice de dattes de qualité[4].
L'irrigation est assurée par des puits artésiens qui, sont forés jusqu'à la nappe du Continental intercalaire (Albien). Pour éviter la stérilisation par les dépôts de sel, il est nécessaire de drainer en conduisant les eaux par un long canal depuis Touggourt jusqu'au chott Melrhir[4].
L'Oued Righ est longé par la route nationale 3[2].
Références
- « Touggourt,la tribu des Righa », sur Djazairess (consulté le )
- Marc Côte, Guide d'Algérie : paysages et patrimoine, Algérie, Média-Plus, , 319 p. (ISBN 9961-9-2200-X), p. 252
- Jean-Louis Ballais, « Des oueds mythiques aux rivières artificielles : l'hydrographie du Bas-Sahara algérien », Physio-Géo. Géographie physique et environnement, no Volume 4, , p. 107–127 (ISSN 1958-573X, DOI 10.4000/physio-geo.1173, lire en ligne, consulté le )
- G. Camps, « Dattes/Dattiers », Encyclopédie berbère, no 15, , p. 2234–2245 (ISSN 1015-7344, DOI 10.4000/encyclopedieberbere.2224, lire en ligne, consulté le )
- Daniel Babo, Algérie, Éditions le Sureau, coll. « Des hommes et des lieux », (ISBN 978-2-911328-25-1), p. 165-166
- Chaouche Bencherif, « Touggourt ou la dynamique d'une ville aux sept ksour », Sciences & Technologie D – N°28, , p. 10 (lire en ligne)
- Marc Coté, La ville et le désert: le bas-Sahara algérien, KARTHALA Editions, (ISBN 978-2-84586-733-8, lire en ligne), p. 203
- Kouzmine Yaël, Fontaine Jacques, Yousfi Badr-Eddine et al., « Étapes de la structuration d'un désert : l'espace saharien algérien entre convoitises économiques, projets politiques et aménagement du territoire », Annales de géographie, 2009/6 (n° 670), p. 659-685. DOI : 10.3917/ag.670.0659. URL.
- Achour Cheurfi, Dictionnaire des localités algériennes : villes, villages, hameaux, ksars et douars, mechtas et lieux-dits, Casbah-Editions, impr. 2011, ©2011 (ISBN 978-9961-64-336-5 et 9961-64-336-4, OCLC 947843177, lire en ligne), p. 1155-1157
- Saïd Belguidoum et Aines Boudinar, « Les cités du Bas-Sahara. Eléments d'histoire urbaine », Les mutations de la ville saharienne – Approches croisées sur le changement social et les pratiques urbaines, Faculté des Sciences Sociales et Humaines-Université Kasdi Merbah, Ouargla., , p. 9-15 (lire en ligne, consulté le )
- Capot-Rey Robert. L'Oued R'ir. In: Annales de Géographie. 1925, t. 34, n°187. pp. 53-59.
- « D’In Salah à Ouargla, cette nouvelle carte est reçue comme «une mauvaise réponse» | El Watan », sur www.elwatan.com (consulté le )
- Yaël Kouzmine et Jacques Fontaine, « Démographie et urbanisation au Sahara algérien à l’aube du XXIe siècle », Les Cahiers d’EMAM En ligne, 30 | 2018, mis en ligne le 18 avril 2018, consulté le 29 décembre 2019. DOI : 10.4000/emam.1426
Annexes
Articles connexes
Liens externes
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