Hafsides de Béjaïa

Émirat Hafside de Béjaïa

Émirat Hafside de Béjaïa
(ar) الإمارة الحفصيون ببجاية
(ber) Tagelda taḥafṣit n Vgayet

Drapeau de l'émirat Hafside de Béjaïa (1220 - 1472)
L'Émirat hafside de Béjaïa et celui de Tunis vers 1328.
Informations générales
Capitale Béjaïa
Langue(s) Berbère, Arabe maghrébin
Religion Islam Sunnite
Monnaie Dinar
Sultan
(1er) 1220-1301 Abū Zākārīyā
 Gouverneur de Béjaïa »)
(Der) 1224-1472 ‘Abd al-‘Abbās ‘Abd al-‘Azīz
 Dernier Émir »)

Entités précédentes :

Les Hafsides de Béjaïa sont une série d'émirs et sultans dissidents, le plus souvent issus de la dynastie berbère hafside (régnant à Tunis), qui vont constituer sur la marche occidentale des possessions hafsides un véritable royaume indépendant sur diverses périodes durant la domination des Hafsides (1236-1509). L'émir de Béjaïa se retrouve en effet à la tête d'une cité importante et prestigieuse, ancienne capitale Hammadide dotée d'une identité politique forte et aux confins du Maghreb central, relativement éloignée du centre du pouvoir hafside à Tunis. La tentation d'entrer en dissidence se concrétise donc à plusieurs reprises, parfois sur fond de querelle de succession entre différents princes hafsides[1].

Pièce de monnaie hafside de Béjaïa (1249-1276).

L'Ifriqiya, qui correspond globalement à l'est du Maghreb actuel, fait partie du royaume des Hafsides. Dans ce royaume, la ville de Béjaïa, ancienne capitale des Hammadides au XIe siècle, est une ville de premier plan. En effet, sa richesse et son emplacement de port stratégique en font un objet de convoitise pour les Zianides et Mérinides ; de plus, elle entre souvent en dissidence au sein du sultanat hafside, et jouit d'une certaine autonomie en temps normal. La ville est vue comme capitale des régions occidentales du sultanat hafside et « place-frontière » du sultanat.

Au XIIIe siècle et XIVe siècle, elle devient à diverses occasions le siège du pouvoir d'émirs-gouverneurs indépendants, ou de dissidents de la dynastie hafside. Ces « souverains de Béjaïa » étendent leur autorité  qui va souvent de pair avec une dissidence politique  à l'ensemble du domaine de l'ancien royaume des Hammadides : Alger, Dellys, Miliana, Constantine, Annaba et les oasis du Zab  :

  • Béjaïa devient pour la première fois le siège d'une principauté indépendante sous le règne d'Abū Zakariyā’ (1285-1301, fils d'un prétendant hafside) puis sous son fils Abūl-Baqā’ (1301-1309). Abū Zakariyā’ prend le titre d'émir et le titre pseudo-califale d’amīr al-muntaHab li-ihyādīn Allāh, il reconstitue l'ancien domaine hammadide : Constantine, le Zab, Dellys, et Alger sont intégrés à son domaine. Son but reste de réunifier le domaine hafside ; à partir de Béjaïa, il veut reconquérir Tunis. Son fils Abūl-Baqā’ y parvient, mais son chambellan Ibn G amr proclame sultan le frère de ce dernier, Abū Yahyā Abū Bakr, alors gouverneur de Constantine. Abū Bakr, entreprend donc la conquête de Béjaïa et règne sur la ville et ses possessions (1312-1318). Une entente se fait dans un premier temps avec Tunis, qui reconnaît une délimitation entre les deux États. Mais Abū Bakr finit par réunifier l'ensemble des possessions hafsides, clôturant ainsi cette période de dissidence[1].
  • Une autre période de dissidence politique s'ouvre à la suite de la crise provoquée par la brève conquête des Merinides. Abū‘Abd Allāh un émir est soutenu par les Merinides pour prendre Béjaïa au pouvoir central de Tunis. Il s'y installe avec l'aide des habitants qui voyant que le sultan hafside Abū Ishāq s'apprête à les quitter pour réimplanter sa capitale à Tunis basculent dans le camp de Abū‘Abd Allāh. Mais Abū‘Abd Allāh se rend vite impopulaire et le gouverneur de Constantine Abūl-’Abbās est appelé par les bougiotes. Ce dernier chasse Abū‘Abd Allāh et entreprend de réformer cet ensemble politique correspondant à la partie occidentale de l'Ifriqiya. En 1370-1, il reprend l'ensemble du domaine hafside et réinstalle son pouvoir à Tunis apportant une période de stabilité et d'unité.
  • La dernière période est celle telle que constatée par les chroniqueurs vers la fin du XVe siècle, dont Léon L’Africain qui rapporte que à la veille de la conquête espagnole, la région de Béjaïa est un royaume indépendant de Tunis. Al-Marīnī, plus précis, confirme qu'au XVIe siècle, l'émir de Béjaïa est indépendant de Tunis comme l'est par ailleurs l'émir de Constantine ou celui de Bône. L'espace politique hafside apparaît donc morcelé. À son époque, le sultan de Béjaïa est un certain Abūl-’Abbās ‘Abd al-’Azīz. Entre cet Abūl-Abbās et son frère Abū Bakr, émir de Constantine, il y a une lutte pour le contrôle de la région. Cet état d'hostilité entre divers émirs explique la manque de réaction face à l'invasion de Béjaïa par Perdo de Navarro en 1510[1].

Ibn Khaldoun les décrit comme gouvernant « Biğāya wa al-ṯagr al-garbī min Ifriqiya » (la ville de Béjaïa et la marche occidentale de l’Ifrīqiya). Ibn Khaldoun sera d'ailleurs le vizir de l'administration indépendante d'un prince hafside de Béjaïa, en 1365[2]. Le XVe siècle voit globalement un retour à la centralisation de l’État hafside. Mais à la fin du XVe siècle et au début du XVIe siècle, Léon l'Africain et Al-Marini décrivent un prince de Béjaïa, séparé de celui de Tunis, avec une situation similaire à Constantine et Annaba, ce qui traduit un morcellement du territoire hafside. Ces diverses périodes de dissidence ne traduisent pas de réelles velléités d’indépendance politique, ces souverains indépendants de Béjaïa ont la volonté de réunir l'espace politique hafside, excepté au XVIe siècle. Cette volonté d'unification de l'espace hafside n'est pas contradictoire avec l'affirmation d'une identité politique bougiotte renforcée par la position excentrée de la ville au sein du domaine hafside. En temps normal, hors période de dissidence, la ville et sa région jouissent ainsi d'une très large autonomie[1].

Référence

Bibliographie

  • Smaïn Goumeziane, Ibn Khaldoun, 1332-1406: un génie maghrébin, Alger, EDIF 2000, , 189 p. (ISBN 2352700019)
  • Dominique Valérian, Bougie, port maghrébin, 1067-1510, Rome, Publications de l’École française de Rome, , 795 p. (ISBN 9782728307487, lire en ligne)

Articles connexes

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