Osorkon II

Osorkon II est un pharaon de la XXIIe dynastie, de -874 à -850, dont la capitale est à Tanis, dans le nord-est du delta du Nil. Il s'agit d'une des deux dynasties d'origine libyenne (berbère) (l'autre est la XXIIIe, installée à Bubastis).

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Osorkon II

Profil d'Osorkon II coiffé de la couronne blanche - Relief provenant de Bubastis - Musée du Louvre
Décès 850 avant notre ère
Période Troisième Période intermédiaire
Dynastie XXIIe dynastie
Prédécesseur Takélot Ier
Dates de fonction -874 à -850
Successeur Takélot II
Famille
Grand-père paternel Osorkon Ier
Grand-mère paternelle Tashedkhonsou
Père Takélot Ier
Mère Kapes
Conjoint Karoma II Méritmout
Enfant(s) Takélot II
Sheshonq (grand prêtre de Ptah)
Hornakht
Deuxième conjoint Djedmoutesânkh
Enfants avec le 2e conjoint Nimlot II (grand prêtre d'Amon)
Troisième conjoint Isetemhekhbet
Enfants avec le 3e conjoint Tjesbastperet
Sépulture
Nom Tombe NRT I
Type Tombeau
Emplacement Nécropole royale de Tanis
Date de découverte
Découvreur Pierre Montet
Objets Sarcophage externe en granit
momie à l'état d'ossements
débris de bijoux et parures funéraires
vases canopes en albâtre
ouchebti

L'épisode libyen de l'histoire égyptienne est compliqué, comme en témoigne le fait que jusqu'à cinq "roitelets" ont pu "régner" simultanément.

Osorkon nous est rendu célèbre en particulier par la splendide statuette d'or et de lapis-lazuli, dite « triade d'Osorkon II », qui se trouve au Musée du Louvre.

Elle représente au centre le dieu Osiris, accroupi sur un socle-pilier ; à sa gauche, debout et effectuant de la main un geste de protection, Isis ; de l'autre côté, et avec le geste symétrique, leur fils Horus. Une inscription comporte la titulature du roi, et des propos d'Osiris lui accordant ses bienfaits.

Généalogie

Il est le fils de Takélot Ier et de la reine Kapes.

Osorkon II a quatre épouses, dont Karoma II Méritmout, Djedmoutesânkh, et Isetemhekhbet ; il est le père de sept ou huit enfants, dont Takélot II qui lui succède, Nimlot II, qu'il nomme grand prêtre d'Amon (-855 à -845), et Sheshonq, qu'il nomme à la tête du clergé memphite.

Règne

Scène de la fête Sed d'Osorkon II, représentée sur les murs du grand temple de Bastet, à Bubastis.

Son règne est marqué, au début, par deux "orientations" contraires. Un début de règne contesté notamment au sud, à Thèbes, puis une seconde partie de règne qui voit le redressement du pouvoir royal.

Lors de son accession au trône, face aux pontifes de Thèbes, qui rejettent sa légitimité, Osorkon II doit démontrer qu’il est le vrai souverain. Il édicte cependant un décret, par lequel il reconnaît à la ville de Thèbes un statut de principauté autonome, et accepte que son cousin Harsiesi Ier succède à Sheshonq II, son père, dans la charge de grand prêtre d'Amon. Cette concession, qui instaure un précédent de transmission héréditaire de charges, affaiblit le pouvoir du roi. Cette décision va condamner l’Égypte à rester scindée en deux, et amorce la scission, car en -870, Harsiesi Ier se proclame roi à Thèbes.

À la disparition de ce dernier, Osorkon reprend la main. Imitant la politique de ses glorieux ancêtres, à commencer par celle du fondateur de la dynastie, Sheshonq Ier, il place ses fils aux postes clés du pays. À Memphis, il installe son fils Sheshonq, dont la lignée fera souche à la tête du pontificat memphite. À Tanis, il nomme à la tête du temple d'Amon son jeune fils Hornakht[1]. Enfin, une fois les mains libres, à Thèbes, il intronise son fils Nimlot comme grand prêtre d'Amon.

Osorkon II faisant une offrande au dieu Sokaris, suivi de la déesse Hathor - Relief provenant de Memphis - Musée du Caire.

Son trône assuré, Osorkon s'attache à poursuivre la politique monumentale de ses prédécesseurs, voire la développe :

  • il fait restaurer le temple d’Éléphantine par son petit-fils, vice-roi de Kouch.
  • Il intervient aussi à Memphis.
  • Il entreprend également des travaux à Léontopolis.
  • Il embellit le temple de Bastet, dans sa ville de Bubastis où, en l'an 22, il fait bâtir, à l'entrée du grand temple de Bastet, un édifice jubilaire en prévision de la fête-Sed. Ce portail monumental tout en granit est orné d'une colonnade à chapiteaux hathoriques colossaux, dont certains exemplaires sont visibles dans les grandes collections égyptologiques. L'étude des reliefs a révélé une haute maîtrise du bas-relief sur granit, et le programme iconographique des scènes rituelles représentées remonte au moins à la XVIIIe dynastie[2].
  • À Tanis, il entreprend un monumental programme architectural dans le grand temple d'Amon. Du côté ouest, face à l'entrée principale de l'enceinte, il fait édifier un grand pylône, qu'il fait précéder d'un kiosque à colonnes palmiformes. Ces monolithes de granit gisent encore au sol du site et sont toujours visibles aujourd'hui. À l'est, en dehors de l'enceinte, il fait construire un temple, qu'il dote également d'une grande colonnade palmiforme en granit. Enfin, il semble être le premier souverain de la XXIIe dynastie à réutiliser la nécropole royale de Tanis, aménageant, pour lui-même et ses proches parents, un véritable caveau familial.
« Triade d'Osorkon II » (Musée du Louvre), or, lapis-lazuli, verre, 9 × 6 cm.

À l'étranger, le traité d'alliance avec Byblos est menacé par l’expansion des rois d’Assyrie, Assurnasirpal II et son fils Salmanazar III, qui étendent leurs frontières du nord de la Mésopotamie au Moyen Euphrate, jusqu'en Syrie, à l'Oronte et la côte d'Amourrou. Les royaumes de Damas et d’Israël s'allient, pour protéger la Syrie du nord des nouveaux envahisseurs.

En -853, pour prêter main-forte à cette alliance, Osorkon II envoie un contingent de mille mercenaires égyptiens à Adad-Idri, roi de Syrie, afin d'arrêter la progression assyrienne. Le combat a lieu dans la vallée de l'Oronte, près du village de Qarqar. Ceci marque une nouvelle phase de la politique extérieure égyptienne : celle d'un appui aux royaumes de Syro-Palestine.

L’Égypte, grâce à cette alliance avec les Hébreux et la Syrie, va résister aux soldats assyriens de Salmanazar III. Les royaumes de Syro-Palestine vont constituer désormais le dernier rempart qui protège l'Égypte de l’invasion Assyrienne.

La longueur du règne d'Osorkon II est estimée en général à 22 années, sur la foi de la plus haute date le concernant, retrouvée jusqu'à ce jour sur ses monuments.

Cependant, l'édifice jubilaire qu'il fait construire à Bubastis semble indiquer qu'il a régné plus longtemps. De plus, ses fils ne lui survivent pas.

À Memphis, Sheshonq meurt, et Osorkon le fait enterrer à l'ouest du temple de Ptah, dans une tombe surmontée d'une chapelle le représentant officiant devant les dieux. C'est alors Padiiset, petit-fils d'Osorkon, qui succède à son père à la fonction de pontife du clergé memphite. Ce dernier avait pour épouse la propre fille d'Osorkon, Tjesbastperet, qui elle aussi décède avant la fin du règne de son père. Avec son épouse Isetemhekhbet, Osorkon offre alors quatre vases canopes pour le viatique funéraire de leur fille, qui a probablement été enterrée dans la région de Memphis[3].

À Tanis, c'est son plus jeune fils Hornakht qui décède, et qu'il fait inhumer dans son propre caveau, qu'il agrandit pour la circonstance.

L'ensemble de ces inhumations, portant la trace de l'intervention directe ou de la dédicace du roi, militent en faveur d'un long règne, à l'instar d'autres exemples connus au cours de l'histoire dynastique égyptienne[4].

Dès la génération suivante, ses héritiers vont se disputer le pouvoir entre lignées différentes, et plusieurs rois vont régner en même temps. Sa succession varie selon la place du règne de Takélot II, qui est donné pour être son fils, et lui aurait donc succédé directement[5]. Cependant, l'étude du protocole royal de ce dernier révélerait que ce Takélot n'aurait en fait régné que sur la Haute-Égypte, à Thèbes où l'on trouve son intervention, en effet, dans certains monuments. Ce serait donc Sheshonq III, dont la généalogie reste discutée, qui aurait succédé à Osorkon, et vécu en effet l'éclatement des chefferies, créant les véritables conditions d'une anarchie qui ouvrira la voie à la XXIIIe dynastie.

Sépulture

Vue restituée de la tombe d'Osorkon II, et de son fils Hornakht - Nécropole royale de Tanis

Osorkon meurt après un règne d'au minimum vingt-quatre ans[6], et est enterré à Tanis, dans la nécropole royale, où son tombeau a été retrouvé pillé, par la mission Montet, le [7].

Il comprenait deux caveaux, dont la décoration et les textes indiquent clairement qu'ils ont été commandés par le roi. L'un d'eux est utilisé pour un "Takélot" qui pourrait être son père ; le second, pour lui-même, est bâti en granit. À la mort de son jeune fils Hornakht, Osorkon fait agrandir son propre caveau, afin d'ensevelir le prince grand prêtre de Tanis, dont le sarcophage a été retrouvé partiellement pillé.

Titulature

Notes et références

  1. Cf. N. Grimal, Les Libyens, p. 419.
  2. notamment les scènes du même événement représentées au temple de Soleb, fondation jubilaire d'Amenhotep III.
  3. Pour une copie des textes qu'ils portent, cf. K. R. Lepsius Abt. III. Bl. 255 fig, e, f, g et h.
  4. on citera, pour comparaison, les règnes d'Amenhotep III ou de Ramsès II, dont les fils aînés, héritiers de la couronne, sont morts avant eux. Le règne d'Osorkon II, sans aller jusqu'à la longueur de celui de Ramsès II, a très bien pu dépasser les trente années.
  5. Cf. G. Broekman, p. 21-34.
  6. Voir paragraphe précédent
  7. Cf. P. Montet, Lettre no 16.

Bibliographie

  • Nicolas Grimal, Histoire de l'Égypte ancienne [détail des éditions], « Les Libyens » ;
  • Pierre Montet, Lettres de Tanis – La découverte des trésors royaux - Présentées et commentées par Camille Montet-Beaucour et Jean Yoyotte, Editions du Rocher, .
  • Gerard Broekman, « The Reign of Takeloth II, a Controversial Matter », Göttinger Miszellen 205, .

Voir aussi

  • Portail de l’Égypte antique
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